Désormais, c’est une certitude, Radiohead est destiné à voltiger aux plus hautes sphères du Rock. Si U2 fait toujours figure de mammouth indétrônable, et Oasis de panthère mal rasée alimentée au GinTonic; Il en va tout autrement pour Radiohead. Thom Yorke, avec sa "gueule de martien qui s’est écrasé sur Terre" nous comble.

U2 peut se vanter d’être le groupe le plus populaire du globe. C’est justifié. Oasis peut être fier de son fan club à faire pâlir Michaël Jackson et Prince réunis; Mais là où s’arrête ces deux groupes, commençe Radiohead… Artistiquement parlant.
.

.

Effectivement, Ok Computer est assurément un des meilleurs album de l’année si pas de la décennie. Et si pas plus. Depuis Pablo Honey, Radiohead s’est sublimé pour nous livrer un véritable chef-d’oeuvre, à tous points de vue:

Le son est parfait. Il est minutieux mais spontané. Il paraît à la fois proche et éloigné, profond. Comme les sculptures déchiquettées de Giacommetti. Les nombreuses trouvailles sonores sont géniales. Radiohead supperpose les textures, avec beaucoup d’audace et de talent: tantôt électroniques, tantôt acoustiques, tantôt à la guitare… Admirez la texture des parties rythmiques de Airbag, par exemple. On dirait des colleurs d’affiches, haut-perchés sur leurs échelles… La tête dans les nuages?

La musique, les mélodies, et les parties vocales sont maginfiques. Plein d’émotions. Le chant de Thom Yorke: l’élan aérien dans Paranoid Android, l’outro acapella d’Exit (Music). Plein d’émotions. De superbes mélodies qui fascinent dès la première fois, et qui ne lassent jamais. Certains titres, aussi, bénéfiçient d’introductions tout simplement géniales: Que dire du vibrant ronronnement qui amène Lucky? Que dire des 4 "tut" qui introduisent Paranoid Android? Que dire du premier coup de batterie de Karma Police?

Un autre coup de génie est la chanson Fitter Happier, qui n’en est pas une. Il faut assurément beaucoup d’audace pour pour placer un tel morceau, quand on devine le prix de la production d’un album. Mais il est une des pièces essentielles du disque; Car c’est grâce à lui, que beaucoup de choses s’éclaircissent; notement le titre de l’album… Une voix d’ordinateur prononce une sorte de manuel du bien-vivre. Références au Big Brother d’Orwell? Cynisme, désillusion, mise en garde? Le pamphlétaire Fitter Happier est chargé en émotions, et met en jeux la plus part des sentiments illustrés par l’album.

Ok Computer est riche en ambiances, et c’est là où le groupe transcende les U2, Oasis, et autres Smashing Pumkins. Il y a quelque chose de différent qui se passe au niveaux des émotions, quelque chose de plus profond, de plus intéressant, de plus subtil. Radiohead, désanchante la société. Radiohead désabusé? Dramatique, Cynique, doux et violent… Les 4 d’Oxford dressent une immense toile, à l’image des cieux étoilés? Tant de questions, sans jamais vraimant de réponses… Voilà ce qui est mis en jeu…?…

Autre fait, non moins important, est la réussite graphique du livret. C’est absolument superbe. Les pistes sont brouillées; un collage feuilletté, supperposition de plans. Allégorie à l’iconologie formelle, à la vie privée, à la société moderne. Les voies de communications sont enchevêtrées: aéroports, avions, autoroutes, métro,… L’être se fait petit. Imagerie populaire et language informatique, à la manière naïve du surréalisme. Une conception graphique, à l’image des collages de Rauschenberg. .

.

Enfin, le tout fonctionne parfaitement bien. L’album est impeccablement cohérent. Ce qui n’est pas aussi évident, qu’on veut bien le dire. Tout se tient de façon admirable. Ok Computer est donc un chef-d’oeuvre. Cynisme, douceur, mélancolie, violence; tout ça dans un mélange doux-amère; entre désillusion et espoir peut-être? Thom Yorke voit le monde d’un oeil mis-clos, et pourvu qu’il ne le referme jamais.

alcor .

.

home