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Introduction L’homme durant son existance, est constamment appellé à être en mouvement. Un être immobile équivaudrait à un être mort. L’homme doit donc se déplacer dans un espace qu’il connaît relativement peu, dans un univers cosmique qui le dépasse. Le voilà confronté à des forces surnaturelles qu’il détourne en peurs et superstitions: exhumation de ses craintes les plus profondes.
Ainsi, lorsque l’être humain sort de chez lui, il appréhende toujours le moment où il devra passer sous une échelle, glisser sur une peau de banane, ou être la cible d’un caca de pigeon.

L’angoisse de passer sous une échelle peut facilement s’expliquer par un phénomène de déduction: "Il y a une échelle; des traveux sont en cours; il se pourrait que quelque chose me tombe sur la tête". Quant à ce vieux gag de la peau de banane, l’homme en redoute autant par peur de se ridiculiser, que par peur de se faire mal. Mais il y a quelque chose de plus terrible encore: sentir rebondir des excréments d’oiseaux sur son épaule. D’où provient cette hantise quasi mythique? Est-elle justifiée?
Cette crainte obsessionelle des crottes d’oiseaux est d’autant plus fascinante, qu’elle est porteuse d’une grande valeur symbolique. Voilà ce que nous allons tenter d’éclairer: essayer de comprendre l’origine de ce dégoût opiniâtre de la merde, et de surrcroît celle d’oiseaux; ainsi qu’en appréçier toute la symbolique, surtout lorsqu’elle tombe du ciel.
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Le naturel le plus ignoble Il y a d’abord le fait incontestable que de la crotte d’oiseaux, c’est avant tout de la merde; la matière la plus vulgaire, le naturel le plus ignoble. La merde qui, de tous temps et dans toute société a toujours suscité un des plus grand mépris. Les raisons sont multiples et directement fondées: 1) La merde est sale. 2) La merde ne sent pas bon. Et 3) La merde est un déchêt. En réalité, ces trois points sont intimement liés; et il est facile d’admettre que ce que nous rejettons, que ce dont nous n’avons plus besoin et qui circule dans notre organisme, sente mauvais et possède une texture dégoûtante. Il serait en effet paradoxal d’appréçier ce que notre corps rejette! Mais il y a autre chose; la merde, cette matière informe et primaire nous renseigne sur ce que nous sommes vraimant, nous les êtres humains.
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La vérité cachée de la merde La merde est une traçe, elle marque le sol de notre passage, comme si elle était le signe inéxorable de notre lien à la terre; comme la bave que laisse l’escargot ou la limaçe qui peine à avancer. Il est un fait que l’homme pense et invente, construit des ponts et fait de l’art; il aime, il va sur la Lune et il philosophe; et pourtant il chie! L’être humain est condamné à laisser ses excréments sur son passage, comme s’il ne devait pas oublier qu’il n’est qu’un corps, qui de doit se nourrir et déféquer; prendre et rejetter; la condition sine qua non pour exister. "Je prenais tout au sérieux comme si j’avais été immortel" dit Sartre. Seulement voilà, l’homme n’est pas éternel. Finalement, il n’est peut-être qu’un organisme qui fonctionne selon le schéma bicyclique: inspirer-expirer, prendre-rejetter, manger-déféquer,… Ce n’est pas joyeux, mais il ne faut pas se voiler la face: de la bouche à l’anus, ce n’est peut-être que du vide… "Le monde est informe comme un crachat" disait Bataille…
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La pesanteur de la merde Ce n’est pas tant la crotte d’oiseaux qui fait peur à l’homme, mais plutôt de se retrouver si petit, tout désigné par des forces supérieures, face à sa pitoyable condition humaine, au milieu d’un monde qui le dépasse et qui le montre du doigt.

La merde est méprisée, et comme si sa valeur ignoble intrinsèque ne suffisait pas, ce mépris ne fait qu’accroître lorsqu’elle tombe du ciel. La crotte d’oiseaux devient alors un phénomène dynamique; un corps en mouvement; l’attraction terrestre lui imprime toute sa force. Cela bien sûr dérange l’être humain. Sa grâce aérienne est remise en question. L’homme est sujet à la pesanteur, tout comme l’excrément d’oiseaux.

La quête spirituelle de l’homme n’est finalement pas si éloignée de son désir d’échapper à l’attraction terrestre. Si la recherche philosophique élève l’âme, de la même façon, l’être humain tend à se détacher physiquement de la matérialité de la Terre. Depuis Icare jusqu’à Columbia 5, en passant par toute les tentatives d’aviations, de parachutisme, de trampoline, de danse, rien de cela n’est totalement innocent dans cette volonté d’élévation physique. La danse classique charme souvent le regard, car elle a le don de laisser croire à une pesanteur quasi inexistante. Comme si lêtre portait son corps et tout son poids sans efforts. Pourtant, il en faut des muscles pour se lever avec grâce, pour faire "des pointes" comme on dit,… C’est un trompe l’oeil, la danse n’est qu’une illusion, alors que la merde, elle, est bien réelle. Elle pue, elle est immonde, elle tombe du ciel et s’écrase sur vous! Voilà l’insoutenable vérité!

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L’homme redoute donc ce moment horrible, où tout ce qui fait de lui une noble créature s’écroule d’un seul coup. Un crotte d’oiseaux qui tombe sur vous; c’est la fatalité! Oui, pourquoi vous? Etes-vous innocent? Il y a-t-il seulement des innocents? Vous voilà minable parmis les minables, rabaissé au rang de vermiceau. Vous devenez la cible, le déchu tout désigné de quelques entités célestes. L’ego se liquéfie, vous nêtes plus rien, tout est éclaté. Il ne vous reste plus qu’à vous terrer comme l’autruche, en espérant qu’on oublie votre nom… Oui, les oiseaux ont beaucoup à nous apprendre.

Monsieur Moustache et Merchantyl .

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