un délire de Peter ValiumLégumineuseles péripéties légumiques de Peter Valium

Un conseil. Ne prenez jamais de légumes au petit déjeuner. il y des matins où il vaut mieux rester au pieu. et puis le matin, les légumes vous jouent toujours des tours. C'est comme ça. Il y en avait en avait une floppée sur la table. De la cuisine. Quelques concombres, artichaux. Des haricots,... Oui, beaucoup de haricots. Des poivrons. Des pois. Des pois. Puis de tomates bien sûr. De la laitue. Des épinards et des andives.

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Juste quelques taches sur la table. De la Cuisine. Surtout vertes mais aussi rouges. Les taches. Parfois bleues même. Il y avait de la fumée; celle de l'odeur d'un café mauvais. Brûlé. Le mien. Et le bruit du robinait qui gouttait. Ploc... Ploc... Puis Blop. Blop. Les taches entraient en ébullition. Des bulles colorées sortaient de la table. Les légumes se mirent à danser. Les épinards étaient cuits. Ils rampaient fûmant du jaune, vers le plafond. Le café fumait encore. les petites pois colorés valsaient. Comme un sac de billes en lévitation. et les concombres en apnée. Les laitues se froissaient dans un bruit de papillons en copulation. Ca giclait de partout. De l'orange sur les murs. Sur la table. Au plafond. Par terre. Partout. Quelques battements d'ailes. Et. Les artichaux s'ouvraient, lentement comme un corail sous acide. Les haricots bleus tournaient. Dans un aquarium. Mais tout ça dans une sonorité inaudible.

Les caresses fûmantes des épinards qui rampaient. Les cris aigus des pois multicolores. Les Blups et les Blups des concombres. Les Flop-Flops des tomates en trance. Les gémissements des haricots tristes. Puis les bruits sourds d'un orgasme papillonique. Une quincaphonie aquatique dodécaphonique. Dailleurs ma vision ondulait. Au gré d'ondes. Une goutte m'enveloppait la tête. Et les pois me rentrèrent par les oreilles. Chaques fois des sifflements: Fcchhhiiiuuuu... Ffcchhiiiuuuu... Ils bondissaient dans mon crâne, comme des gosses sur un château gonflable. Et s'éjectaient brusquement par mes pupilles. Ca les amusait. Les salauds! Les concombres battaient la mesure. Les haricots, eux, étaient morts depuis longtemps. Haricots morts. Sur le sol, échoués. Et ils puaient comme des champignons pourris. Une odeur qui me brûlaient les yeux.

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Puis tout s'adouçit. Les couleurs se calmèrent. Plus acides. Plutôt pastelles maintenant. Les andives coulaient comme une nappe alcoolique. Un ether et de la fumée rose. L'artichaux me regardait bouche bée. Son coeur s'ouvrait à moi. Et j'y plongeais tout entier.

A l'intérieur il faisait doux. Un bruit de velours. Des galeries. Par là. Par ici, Par là. Un sol pneumatique. Des caresses. Des cavernes. Des souterrains. Je croise une fourmis mauve. elle me salue.

Des dessins étranges sur les murs. Je continue. Je marche. Je plane. Ca commence à descendre. Une odeur de lait d'amande et de miel chaud. L'air se fait matière. Une sorte de beurre ethylique qui me caresse de partout. je ferme les yeux et je me laisse glisser. Laisse glisser.

Il commence à faire froid. Des bruits de grillons métalliques. J'ouvre les yeux. Des choses brillent. Ce sont des dents géantes! Aaah elles me courent après! Je dois m'échapper à tout prix!

Je cours.

Mmmff-Mmmmf-Mmmmfff... heuuheuurr...

Je cours.

Je cours.

Elles me poursuivent en criant. En hurlant de leurs cris stridents. Des lumières dilatées fuient brusquement; à ma droite, à ma gauche... Tout devient flou. Et j'ai l'impression de me liquéfier. Une douleur brûlante se rapproche. Mais je cours toujours dans la buée. de toutes mes forces. soudain un flux d'ondes. Je saute. Je m'extirpe. On m'expulse.

Je me suis éjecté de l'artichaux encore chaud. A peine voilà les pois m'assaillant. Les concombres me frappent la tête. Les tomates giclent partout. J'ai mal et l'odeur me brûle les poumons. Puis ils me sautent tous dessus. Même les laitues qui me fouettent. les épinards qui m'attaquent par les narines. Ils vont m'avoir, je dois faire quelque chose!

Je rampe au sol. Ces restes oranges d'orgies. Je ne sens pus mes jambes. On continue à cogner ma tête à coups de bananes. Ou je ne sais plus quoi, enfin. Des poissons bleus furieux qui frappent. Je me traine vers l'évier.

Il me reste assez de force pour fermer le robinet. Tout s'arrête.

Tout est calme. Le calme est revenu. Encore juste l'air qui vibre un peu. Comme un corps après l'orgasme. Mes yeux brûlent encore. Mais je suis sain et sauf. Je bois mon café brulé et je retourne dans mon lit. Il y a des jours où il ne vaut mieux pas se lever.

peter valium

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