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LA NOUVELLE INTERACTIVE






La nouvelle interactive

Ce que vous allez lire est entièrement véridique. Seuls les noms des personnages ont été changés (pour des raisons évidentes), mais l'endroit du récit y est clairement précisé.

Si vous habitez la région, avec un peu de flair, vous reconnaîtrez les lieux. Quant à la fin de l'histoire, elle demeure votre fiction personnelle; nous vous invitons à l'écrire et à la faire partager aux visiteurs de ce site. La vie n'est-elle pas une grande aventure où l'on ne sait jamais ce qui nous attend au tournant? C'est ce que nous allons tous découvrir, au fil des jours et des visites sur cette page. Et peut-être, qui sait, apprendrons-nous ainsi "vraiment" ce qui aurait bien pu se passer cette nuit-là...

N'hésitez pas à nous faire parvenir la suite que vous imaginez, et nous la publierons pour le bénéfice de tous. (Vous pouvez mentionner votre nom ou faire usage d'un pseudonyme.)

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La mise en situation

L'histoire se déroule durant l'automne de 1983, entre deux municipalités de la banlieue sud de Montréal, soit St-Hubert et Carignan. Cette région compte encore quelques secteurs agricoles. À Carignan, on pratique la culture du maïs, mets recherché par les chevreuils qui y abondent.

Trois hommes y tiennent les rôles principaux. Nous les appellerons Fred, Daniel et Gaston. Les deux premiers sont des compagnons de travail, à l'emploi d'une importante compagnie de câblo-distribution de la rive-sud. Fred est l'aîné du groupe, et c'est d'ailleurs lui qui racontera cette aventure rocambolesque.

Quant à Daniel, c'est un gars qui peut parler du ciel et des étoiles qu'il connaît par coeur, comme s'il était déjà sorti avec elles: le Grand Chariot, la Constellation du chien, Andromède, Céphée, et des dizaines d'autres. Il les connaît toutes comme le creux de sa poche. Ah oui, c'est vrai, lui ne chasse pas, mais son frère est supposément un tireur d'élite... Il paraît même que ce dernier braconne le chevreuil à Carignan...

Gaston est l'ami, le compagnon de chasse et le voisin de Fred depuis de nombreuses années. Il est employé des Forces Armées Canadiennes où il est affecté aux communications. Par déformation professionelle puisqu'il est lié au secret, cet homme est donc de nature plutôt taciturne. Il n'en demeure pas moins un bon vivant, avide d'aventures.

Les trois compères avaient décidé d'un commun accord, un soir de quasi beuverie, de partir pour la chasse à Carignan et ce, deux semaines avant l'ouverture officielle.

Daniel semblait emballé de la chose (il était un peu vantard): il pourrait prendre la vedette, encore une fois, avec ses récits sur les étoiles, et aussi ce que Gaston et Fred appelaient ironiquement "ses rumeurs".

Daniel raconta donc à ses deux copains les exploits de son frère braconnier. Il leur fit mention du nombre époustouflant de chevreuils disséminés dans ce secteur des terres à maïs de Carignan. Les chiffres, en effet, étaient très impressionnants. "J'ai déjà vu, au petit matin, alors que j'y avais passé la nuit, jusqu'à 17 chevreuils!" Là, ils crurent que Daniel poussait un peu fort, et ils ne se gênèrent pas pour le lui dire, ce qui l'avait vexé un peu. Il avait alors répliqué très calmement: "Vous me croyez pas, hein? Je vais vous montrer que je suis pas un menteur."

Le grand départ

Prenant Daniel au mot, ils montèrent donc à bord de la jeep avec armes et bagages, et prirent le chemin de Carignan qui se trouvait à peine à quinze minutes de chez Fred. Quand ils se mirent en route ce soir-là, le temps était magnifique. La lune brillait, le ciel était rempli d'étoiles que Daniel leur présentait, l'une à la suite de l'autre.

"Bon, c'est ici qu'on doit tourner", annonça Daniel, sitôt qu'il aperçut l'enseigne lumineuse du dépositaire automobile de l'endroit, tout en indiquant une route désaffectée qui longeait la piste d'atterrissage d'un petit aéroport privé, voisin des champs de maïs s'étendant à perte de vue.

Sur le chemin plein de trous et de bosses, la jeep roulait sans problème, car elle en avait déjà vu bien d'autres. Daniel demanda de ralentir car, dit-il, "on va voir une entrée de tracteurs sur la gauche, et c'est là qu'on va se poster". Oui, c'était bien ça: l'entrée était repérée et la jeep s'y engageait. Elle franchit sans peine le profond fossé qui coupait ce semblant de chemin, et aboutit alors dans le champ en question. Le véhicule passa à travers une deuxième pièce de culture et arriva à l'orée d'un bois.

La surveillance

Daniel commanda alors de stationner la jeep de façon à pouvoir surveiller le petit sentier qui en sortait. Il nous le désigna comme étant "une passe naturelle" où débouchaient tous les chevreuils du secteur. Il fut donc décidé que Fred ferait le guet, alors que Gaston et Daniel agiraient comme rabatteurs.

Le plan d'attaque

Les hommes sortent les armes des étuis, et les plans sont tirés. "Fred, ouvre l'oeil: c'est de là que viendront les bêtes... Gaston, toi, tu pars vers la droite, à environ un quart de mille, tu vas voir un ruisseau. Tu traverses le ruisseau, tu bifurques à gauche, et tu marches droit devant jusqu'à un ponceau. Traverse le ruisseau à nouveau, et fonce droit devant. Tu sortiras alors du bois, à l'endroit exact d'où tu es parti. Moi, je prends sur la gauche et je reviens ici. En marchant d'un pas normal, on devrait se retrouver dans... environ deux heures." Fred, lui, demeurera sur place à surveiller très sérieusement la passe, bien dissimulé parmi les hauts épis dont la tête tremble à peine, agitée par une brise très légère.

Le récit de Fred

Fred regarde ses copains s'éloigner, chacun de son côté. "Bon, j'ai tout mon temps et j'admire la beauté de ces champs, prêts à couper et à ensiler. Je contemple cette mer d'étoiles, dont je n'ai évidemment pas retenu les noms, et je suis tout ébloui par tout ce faste. À un certain moment donné, je suis intrigué par un point lumineux, très, très haut dans le ciel, tellement haut que j'ai peine à discerner qu'il se déplace. Il se déplace effectivement, mais tellement lentement que ce mouvement est à peine perceptible. J'avais d'abord cru à une étoile filante, mais j'ai ensuite plutôt opté pour un petit avion puisqu'on était quand même pas très loin de l'aéroport de St-Hubert...

Tout à coup, le point lumineux change de trajectoire et se met à... reculer. WOW les moteurs. C'est sûrement pas un avion, ça, puisque les avions ne volent pas de reculon, à moins que... Oui, c'est ça! C'est un avion expérimental secret, puisque St-Hubert est un aéroport militaire. Hi-hi... Je vais coincer Gaston quand il va revenir, et je lui dirai que j'ai vu un des avions secrets des Forces Armées. On verra bien sa réaction...

Le temps passe, il y a maintenant plus d'une heure que les gars sont entrés dans le bois, je devrais commencer à surveiller plus sérieusement. Je quitte donc des yeux le bizarre de point lumineux et me concentre sur la passe.

À un certain moment donné, j'aperçois à l'horizon, du côté de St-Hubert, une lueur bleuâtre comme s'il venait de survenir une explosion. Un moment plus tard, dans le calme de cette nuit étoilée d'automne, j'entends un sifflement de très basse fréquence. Un bruit semblable à celui qui s'échappe des transformateurs de haute tension, entendu près des centrales d'Hydro-Québec. Tout ça dure environ une dizaine de minutes et c'est à nouveau le silence.

Les coyotes

Soudain, dans le lointain, j'entends hurler un coyote... Je ris dans ma barbe, car je sais très bien que Gaston imite parfaitement ce cri-là. Et puis un deuxième cri vient d'une autre direction, et un troisième, juste derrière moi... Hummmm! Ça, ça peut pas être Gaston qui se déplace aussi rapidement, me dis-je aussitôt. Comme pour confirmer mes dires, trois plaintes se font entendre, et en même temps. Je ne savais pas qu'il y avait autant de coyotes ici, c'est pourtant tout près de la ville.

Après quelques "bourrées", les bêtes se taisent. Mon oreille est alors en mesure d'entendre un déplacement à travers le bois, oui c'est ça, ça court dans le bois, il va y avoir de l'action! J'épaule mon arme pour observer dans le télescope, car c'est beaucoup plus facile pour l'observation de nuit. Qu'est-ce que j'aperçois? Oui, c'est bien Daniel qui court comme un vrai fou parmi les branches! Mais y va finir par se crever un oeil ou par se tuer à courir comme ça dans le bois en pleine nuit!

Je baisse ma carabine, et le voilà qu'en courant comme un perdu, il rejoint la jeep sur laquelle il s'adosse pour reprendre haleine. "Qu'est-ce qui se passe, maudit? Vous êtes-vous fait courir par les garde-chasse?" Il me faisait signe de la main d'attendre, il ne pouvait pas parler avant d'avoir repris son souffle. Dans la nuit claire, j'observais son visage, pâle comme la mort, si pâle qu'il paraîssait être vert.

Le mystère

Finalement, Daniel reprit un rythme plus normal de respiration et me demanda si Gaston était revenu. "Non, que je lui répondis, mais dis-moi donc ce qui s'est passé?"

"Écoute, Fred, tu vas pas me croire si je te le dis." -- "Bon ben là, Daniel, t'arrêtes de niaiser pis t'accouches. Qu'est-ce qui est arrivé, au juste?" -- "Fred, j'ai vu un extra-terrestre!" -- "Whouahahahahaha... Il était-y vert?" que je lui demandai en riant. -- "C'est sérieux, Fred! J'ai vu un extraterrestre qui portait un masque du genre "full face", mais je peux pas dire sa couleur." Moi, je le regardais, un peu choqué, trouvant que la farce commençait à comporter des longueurs. Il monta finalement à bord de la jeep.

Tout à coup, nouveau ravage qui vient du bois. C'est Gaston qui sort à la belle épouvante et se dirige vers le véhicule. Dès qu'il arrive à la portière qu'il ouvre à toute volée, il ne dit pas, mais il crie plutôt: "Envoye, tasse-toi, pis donne-moi ma place! Va falloir que je vende cette jeep-la!" Je risque à nouveau ma question: "Avez-vous vu les garde-chasse?" et j'obtiens pour toute réponse: "Laisse faire!"

La jeep démarre alors en trombe et Gaston fonce à toute vitesse à travers champs et fossés, sans dire un seul mot. Daniel est mort de peur sur la banquette arrière, alors que les épis volent au ciel en cette nuit étoilée.

Que s'est-il donc passé au juste, dans le secret des bois de Carignan?




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[La Page à BOUCAN].Copyright © 1997 par [Claude Guidi].


Revisé:20/07/99


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