"Ne me retacez point cette foule insensée,
Dont l'aspect m'épouvante et glace ma pensée,
Ce tourbillon vulgaire, et rongé par l'ennui,
Qui dans son monde oisif nous entraîne avec lui;"
"Ayez le sentiment, la passion, le feu !
C'est tout... Et la folie! Il en faut bien un peu."
"C'est bien, je fais grand cas du génie et de l'art:
Usez-en, mais laissez quelque chose au Hazard,
C'est l'amour, C'est la vie... on se voit, on s'enchaîne,
Qui sait comment? La pente est douce et vous entraîne;
Puis,sitôt qu'au bonheur on s'est cru destiné,
Le chagrin vient: voilà le roman terminé !..
Tenez, c'est justement ce qu'il faudra peindre:
Dans l'éxistance, ami, lancez-vous sans rien craindre;
Tout le monde y prend part, et fait, sans le savoir,
Des choses que vous seul pourrez comprendre et voir !
Mettez un peu de vrai parmis beaucoup d'images,
D'un seul rayon de jour colorez vos nuages;
Alors, vous êtes sûre d'avoir tout surmonté;
Alors, votre auditoire est ému, transporté !..."
Poèmes par LAMARTINE:
"Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qi'importe le soleil? je n'attends rien des jours."
"En vain le jour succède au jour,
Ils glissent sans laisser de trace ;
Dans mon âme rien ne t'efface,
O dernier songe de l'amour !"
"Tandis que la terre sommeille,
Si j'entends le vent soupirer,
Je crois t'entendre murmurer
Des mots sacrés à mon oreille."
"-Mais puisque je nacquis, sans doute il fallait naître ;
Si l'on m'eût consulté, j'aurais refusé l'être.
Vains regrêts ! Le destin me condamnait au jour,
Et je viens, ô soleil, te maudire à mon tour."
"Que ce rêve est brillant! mais, hélas! c'est un rêve.
Il commençait alors; maintenant il s'achève.
la douleur lentement m'entr'ouvre le tombeau :
Salut, mon dernier jour ! Sois mon jour le plus beau! "
"Je ne veux pas d'un monde où tout change, où tout passe ;
Où jusqu'au souvenir, tout s'use et tout s'efface :
Où tout est fugitif, périssable, incertain ;
Où le jour du bonheur n'a pas de lendemain."
"Ainsi tout change, ainsi tout passe ;
Ainsi nous-même nous passons,
Hélas! sans laisser plus de trace
Que cette barque où nous glissons
Sur cette mer où tout s'efface."
"Et j'ai dis dans mon coeur :" Que faire de la vie ?
Irai-je encore, suivant ceux qui m'ont devancé,
Comme l'agneau qui passe où sa mère a passé,
Imiter des mortels l'immortelle folie ? "
Poèmes par VERLAINE
"Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, Delà,
Pareil à la
Feuille morte."
"c'est étonnant comme ça vous soûle,
D'aller ainsi dans ce cirque bête :
Bien dans le ventre et mal dans la tête
Du mal en masse, et du bien en foule."
"Des odeurs ! Des bruits vains ! où que vague le coeur
Toujours ce poudroiement vestineux de sable,
Toujours ce remuement de la chose coupable,
Dans cette solitude où s'écoeure le coeur !"
"L'ennemi se déguise en l'Ennui,
Et me dit: " A quoi bon, pauvre dupe?"
Moi je passe et me moque de lui."
"Je me souviens, je me souviens
Des heures et des entretiens,
Et c'est le meilleur de mes biens."
"Un grand sommeil noir
Tombe sur ma vie :
Dormez, tout espoir,
Dormez, toute envie !"
Je ne vois plus rien,
Je perd la mémoire
Du mal et du bien...
O la triste histoire !
Je suis un berceau
Qu'une main balance
Au creux d'un caveau :
Silence, silence !"