Les récits d'un chevalier errant...
La Muerte, le Dragon, Dahfkan...

Bien que j'aie frôlé la Muerte de près plusieurs fois sans lui donner ma vie, elle m'a aussi appelé par d'autres manières... Après tant de larmes et d'inerties séniles, après bien des échecs d'une vie à errer, Elle me disait de regarder de l'autre côté du miroir... Mais la tentation vint rapidement... Prenant l'épée qui me sauva plus d'une fois, je me disais qu'elle pourrait me rendre ce service et me 'guérir'... Je pointai mon épée vers mon ventre, et laissant une larme couler sur ma joue, je m'exécutai. Mais un bruit grandiose arrêta mon élan. Je regardai au ciel mais ne vis que le bleu. Une ombre soudainement se détacha de l'horizon; un dragon noir comme il n'en existe plus semblait mener une bagarre... J'accourus pour admirer le spectacle et je découvris qu'il n'était pas seul: un sorcier l'aidait à exterminer un autre dragon. Je n'avais jamais entendu parler que les dragons s'attaquaient entre eux que par le vouloir. Toujours Morior dans les mains, je sautai sur le sorcier, l'éliminant d'un coup rapide et bien porté. Le sang gicla de son dos et aspergea les fleurs tout autour. Ces dernières moururent sans reprendre leur souffle. Ma rage de mourir se transformait en une rage meurtrière, prêt à voler l'âme qui oserait regarder mon ombrage. Le dragon noir ne fit pas long feu: l'attaque fut instantanée, plantant mon arme entre deux écailles de son ventre... L'autre dragon me regarda perplexe, apeuré. Je lui dis de se calmer, que tout était fini. Il s'envola, laissant derrière lui qu'un simple merci. J'admirai l'épée qui pendait au bout de mon bras, ensanglantée, et me répétai que ça aurait pu être le mien... le mien...

Épuisé, je marchai quand même toute la nuit. Je dus m'évanouir en marchant. Quand mes yeux se décidèrent enfin de revoir la beauté de la lumière, elle vit au lieu du soleil un visage souriant, paisible. Je ne pus m'empêcher de sourire aussi. "Tiens on se réveille?? juste à temps pour le déjeuner!" Je m'assieds sur mon lit de fortune, fait de paille et de foin. J'étais dans une maisonnette de paysan mais accueillante et chaleureuse. Qu'une table et quelques bancs meublaient la pièce. L'homme s'apprêtait à faire cuire quelque chose qui commençait à sentir drôlement bon. "Je crois que tu as passé une sale nuit cher inconnu, me dit-il, mais nous allons réparer cela en un tour de main!!" Sa joie était tellement envoûtante qu'on ne pouvait pas lutter contre ce bonheur. Je me levai et m'attablai. C'est alors que je sus où j'étais et qui était cet homme; il se nommait Dahfkan et je me trouvais tout simplement chez lui. Il avait une petite fille magnifique, qui gambadait partout. Il disait qu'elle était sa fierté. Après le repas des plus alléchant, nous sortîmes. Il s'appuya sur un arbre et regarda au loin, avec un air beaucoup plus sérieux. Je le remarquai aussitôt. "Et que fais-tu par ici avec cette épée à ta ceinture Chevalier?
-Elle n'est là que pour m'accompagner et me défendre cher ami! répliquai-je. Je ne déclare pas la guerre à quiconque.
-La guerre... pourquoi existe-t-elle? Ce n'est qu'un fléau de plus, mais le plus grave d'entre tous. Elle nous vole le plus grand bien que cette terre nous donne: la Vie. Et pourquoi l'Homme décide, ose décider de la vie ou de la mort d'un des siens en claquant des doigts? Ça me dépasse complètement." Un soupir de désespoir sortit de sa bouche. Plus jamais je ne vis la guerre du même oeil.

Bientôt je dus quitter mon hôte. Je le remerciai avec gratitude et lui jurai sur mon honneur que s'il avait besoin d'aide j'accourrai aussitôt. Et rien n'est plus sacré qu'une promesse de chevalier, croyez-moi.


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