Les récits d'un chevalier errant...
L'étincelle...

Courant toujours les pays, pour rencontrer quelque destin, je m'arrêtai soudainement au milieu d'une clairière. Il y faisait bon ; un ruisseau chantait sa mélodie. Tout près le soleil pénétrait pour une rare fois cette forêt que je parcourais avec extase, la brise était fraîche et radieuse. Sourire aux lèvres, je réunis quelques brindilles et commençai à frotter un silex contre la lame de mon épée, dans l'espoir que les quelques flammèches embrasent le bois mort. À mon grand étonnement, du premier coup, le feu prit une ampleur d'incendie. Je dus me reculer pour ne pas me faire mordre. J'entendis alors un petit ricanement, tout léger. Croyant au vent qui jouait dans les branches, je n'en fit point cas. Il ne me manquait plus que le gibier. Il fut aisé à trouver: quelques lapins siégeaient non loin du ruisseau. En prenant un, je le vida, l'embrocha, puis fait cuire. Il fut excellent. Rassasié, je me couchai sur le dos. Quelque chose frôla ma joue; je me releva d'un bond et aperçu une petite fée, assise, me fixant droit dans les yeux. La crainte qui m'avait assailli se transforma en douceur et tranquillité. Je m'agenouilla, toujours en la contemplant: elle me semblait familière, comme si je la connaissais du fond du cœur. De longs cheveux de miel, des yeux aussi pur que la mer elle-même, un corps élancé, ferme. La plus belle fée qui m'est pu être apparu.
- Mais qui es-tu donc ?
- Ton étincelle…
- Mais ce n'est pas un nom, répliquais-je en souriant. Tu as un nom ?
- Oui…
- Et quel est-il?
- Il ne se prononce pas dans ta langue chevalier…
- Alors je t'appellerai Elwen, ce qui signifie "jeune fille d'étoile"… Elle sourit, puis rougit. Tu es là depuis quand?
- Depuis que tu y es.
- Comment…
- Je te suis depuis longtemps, doux chevalier, me cachant sous ton immense ombre… Tu te rappelles de ce dragon noir que tu as tué, un peu après le sorcier, pour libérer ce pauvre Drakkor?? - les souvenirs refirent surface - Ce sorcier avait pour nom Gornath'l. Il nous avait tous capturés, moi et tout mon peuple, fées des Lueurs. Il créa le dragon noir et nous donna à lui, pour que sa force décuple. J'ai vu ton épée lui transpercer le cœur, tout près de moi. La brèche que tu lui as faite permis à tout mon peuple d'en sortir. Quelle joie immuable de ressentir le soleil, le vent, la pluie!!! Je te cherchai du regard, ne sachant même pas qui trouver. Tu fut quand même assez facile à rattraper, penaud, traînant derrière toi ton épée ensanglantée. Et puis tu t'évanouis. Je pus enfin te contempler, te regarder. Admirer l'homme, le chevalier qui nous avait délivré. Ton visage me stupéfia; je tremblais en remontant ta chevelure de sur ton visage pour te voir en entier… À ces mots elle frissonna. Tu avais l'air si pur… Je fis le vœu, à cet instant-même, de ne plus te quitter, de toujours te protéger…

Elle parlait avec tellement de sincérité qu'elle me bouleversa jusqu'au fond du cœur. Ce sentiment de familiarité remonta à mon esprit; sa présence m'enivrait, son être me désarçonnait. Mais elle continuait toujours…

- J'ai le malheur, bel Astyanax, d'être maintenant… amoureuse de toi… accepte…

Sans trop savoir quoi ni pourquoi, je fis signe que oui, mêlant sourire innocent, joie intense, et naïveté amoureuse. Elle ferma les yeux. Pour la première fois, et peut-être la dernière, elle s'offrit un vœu, elle mit à son service ses pouvoirs magiques. Et elle devint Femme.

Au réveil, couchée sur moi, sa tête sur mon épaule, elle frissonna, malgré la tiédeur du matin. Je sentis une larme sur ma poitrine, et un " merci " s'échappa de ma douce fée.

- Je te serai toujours dévouée, te suivant, cachée derrière ton ombre… Je t'aime bel Ax…

Puis d'un regard désespéré qui me transperça le cœur, d'un baiser si tendre et tremblant, des ailes lui repoussaient dans le dos, et elle disparut de mon regard.

Ne sachant plus quoi penser, j'allai prendre un bain au ruisseau. Un sentiment que quelqu'un m'épiait me traversa l'esprit. Me retournant de tout côté, le sourire vint se placer de lui-même sur mes lèvres, sachant bien sûr qui me regardait. Et un léger rire sortit de l'ombre…


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