La première fois que j'ai entendu le nom de Jim Jarmusch, c'était un soir d'été, je m'emmerdais chez moi, ma mère faisait quelque chose à la table de cuisine, peut-être faisait-elle un casse-tête ou encore peut-être est-ce qu'elle faisait des mots croisés, j'avais donc la télé pour moi. Je suis tombé, vers 10h du soir, sur un documentaire à PBS traitant des plus "grands" cinéastes américains.

On y parlait bien entendu de ces 'jeunes loups' ayant eu énormément de succès: Steven Spielberg avec Duel, Jaws, Close Encounter of the Third Kind; Francis Ford Coppola avec Apocalypse Now et The Godfather; Martin Sorcese avec Taxi Driver, Raging Bull; George Lucas et THX 1138, American Graffiti, Star Wars. Mais on parlait aussi de réalisateurs moins connu, comme ce jeune oriental dont j'ai oublié le nom qui a réalisé des films violents, ayant comme trame sonore des pièces de Slayer. Mais le réalisateur qui m'a le plus intéressé, c'est ce jeune aux cheveux blancs et peignés à la mode des années 50. Jim Jarmusch. Je ne me souviens pas vraiment de ce qu'il a dit pour m'impressionner autant, ça remonte à 1993 ou 1994 je crois, mais l'important c'est qu'il m'ait resté en tête.

En 1996, lors de mon voyage en France, j'étais avec mon amie Marie, son copain (maintenant mari) François, ainsi que leur ami Marc, à Paris. Après s'être promené toute la journée nous avons décidé d'aller voir un film. Assis dans un McDonald on regardait le journal pour choisir le film, quand je suis tombé sur la description d'un film appelé Dead Man fait par Jim Jarmusch. J'ai lu la description, curieux. Ça disait être un western hallucinogène racontant les aventures d'un homme appelé William Blake, réincarnation du poète et artiste anglais du même nom. Deux facteurs… Jim Jarmusch, et William Blake (que j'appréciais déjà beaucoup, sans le connaître autant qu'aujourd'hui). C'était décidé. C'est ce que je voulais voir.

En plus, je pouvais voir dans la distribution que Jonny Depp jouait le rôle principal, et depuis que je le connais j'ai beaucoup de respect pour lui et les films dans lesquels il choisit de jouer (je l'avais aussi vu ou plutôt entendu quelques mois auparavant dans un autre documentaire à PBS, celui là sur la poésie américaine; il récitait un poème de Jack Kerouac… une connexion, un autre facteur me poussant à aller voir ce film… tout se connecte et conspire pour m'épater).

Marie aussi était intéressé, mais François et Marc étaient réticents. La décision s'est finalement prise de se séparer: moi et Marie on irait voir Dead Man, tandis qu'eux iraient voir autre chose.

Moi et Marie on est partit, on se dépêchait car le film commençait dans peu de temps. On a prit le métro, on s'est perdu, finalement on cherchait le cinéma quand Marc est apparu pour nous y guider, ils avaient finalement prit la décision de venir voir le film aussi. On est arrivé, on a acheté nos billets, et on est entré dans la salle noire du film déjà commencé. Dans l'obscurité presque totale on s'est déniché une place, c'était complètement déroutant d'y aller à tâtons, de ne pas même savoir à côté de qui on est assis.

Puis j'ai été assis, j'ai dit à Marie que j'étais content que ça soit en noir et blanc. On avait manqué les quelques premières minutes du film, je voyais le personnage de Jonny Depp dans un train. Puis je suis tombé dans le film. Complètement hypnotisé.

On est sortit, moi je me disais à ce moment là que c'était le meilleur film que j'avais vu, mais je sentais que ce n'était pas le cas pour François et Marc, alors complètement exalté j'ai eu le courage de marcher un peu en avant d'eux et de chanter tout bas pour ne pas entendre leurs commentaires. On a passé près d'une fouille archéologique, puis on est passé par la cours du Musée du Louvres, où on s'est arrêté un peu, j'ai regardé une statue et je lui ai parlé. J'étais complètement drogué d'enthousiasme.


Quelques mois plus tard, revenu de voyage et passant de longues journées méditatives en attendant de retourner à l'école, je suis allé me louer Night on Earth et Mystery Train. J'ai beaucoup aimé les deux, mais Night on Earth m'a touché particulièrement. C'est en plus ce film qui m'a donné la poussée nécessaire à ma recherche plus poussée de Tom Waits (cette chanson du début du film qui, à ce jour, reste une de mes pièces de Tom Waits préférée... le film commence, on approche de la Terre, et on entend ce rythme, puis cette voix, la tristesse incarnée, qui atteint des intensités musicales inégalées).


Je n'ai toujours pas vu Stranger than Paradise, ou Permanent Vacation, ou Down by Law (avec Tom Waits). Ça viendra. Quant à son dernier film, Ghost Dog: The Way of the Samuraï, j'attends patiemment qu'il sorte en salle pour aller le voir.


On le voit ici avec son ami Tom Waits.



Les rares sites Web qui parlent de Jim Jarmusch:



- 18 septembre 2000 1