(Ce que je vais ici dire, je le fais au meilleur de ma connaissance; la distortion des souvenirs
peut me faire dire des choses erronées. Si je fais une erreur, n'avez qu'à m'le dire, sapristi!)
Philippe et Martine Simard sont frère et sœur. Nous n'avons pas de liens de parenté officiels, mais
ça n'a aucune importance: Philippe est mon frère, Martine est ma sœur. Je les connais depuis
toujours.
Ma mère, Mireille Turgeon, était amie avec Diane Lefèbvre (mère de Philippe et Martine) alors
qu'elles étaient encore adolescentes. Quand Diane a marié Raoul, ils se sont installé à Jonquière.
C'est là que sont nés Philippe (en 1977), Martine (en 1979), Mathieu (en 1986), et Charles(en 1991).
Nos deux familles demeurant loin l'une de l'autre, c'est donc depuis ma plus lointaine jeunesse tout
un événement que de les voir, que ce soit lorsque que moi et ma famille nous allions chez eux, ou
quand eux venaient nous voir à McMasterville, ou encore lorsque l'on allait passer du temps au
Grand Lac Noir, au chalet des parents de Diane.
* * *
Je peux compter sur mes doigts les fois où je suis allé les voir à Jonquière…
- Une fois que j'étais très jeune, ma sœur (avec qui j'ai 8 ans de différence) n'était pas
encore née, je devais avoir peut-être 6 ans. Je me souviens m'être réveillé tôt le matin, et
avoir passé environ une heure seul avec mes deux amis, à jouer silencieusement pour ne pas
réveiller les parents qui avaient sûrement fêté fort le soir précédent. J'ai un drôle de souvenir,
une image, je suis dans leur salon et je les regarde, ils sont de l'autre côté des portes vitrées
qui se trouvent entre le salon et la section de leur maison où se trouve la salle de bain, ainsi
que les deux chambres d'enfants. Puis je regarde le foyer qui se trouve à la gauche des portes et,
dans une drôle de fantaisie, je me demande si je peux regarder dedans pour voir au travers du mur
et peut-être même passer par le foyer pour me rendre de l'autre côté et les attraper.
- Une autre fois, ma sœur a je crois deux ans, et donc moi j'en ai dix. Nous nous rendons chez
eux pendant les vacances d'été, et nous voulons faire une grande visite du Saguenay Lac St-Jean.
Nous visitons donc le Village Fantôme de Val-Jalbert, le Zoo de St-Félicien… À la fin du voyage,
mon père et ma mère voulait aller dans une carrière d'amazonite (une belle pierre turquoise).
Laissant ma sœur Geneviève aux soins de Diane et Raoul, il y avait donc de la place pour emmener
Philippe. Pour une raison que je ne peux expliquer, j'ai refusé, j'ai fait mon enfant gâté et
j'ai dit que je voulais y aller seul avec mes parents. Je me sens encore coupable de ça.
C'est aussi lors de ce voyage là qu'on s'est amusé à faire des bulles sur leur balcon, et que ma
sœur s'est ensuite amusé à dire sans cesse ce que je peux traduire en ces mots: "Ah des bulles".
- La fois suivante, un ou deux ans plus tard, cette fois c'était l'hiver. C'est, de toutes les
fois où j'y suis allé pendant mon enfance, la fois dont je me souviens le plus.
En montant j'ai lu beaucoup (l'époque où je commençais à lire autre chose que des bandes
dessinées). Je regardais dehors, un paysage enneigé, froid et hostile mais que je pouvais voir
par les fenêtres de la voiture chauffée, et dont je pouvais apprécier l'atmosphère sans en
ressentir le mordant. Dans le grand bout de route passant par le Parc des Laurentides le soleil
a commencé à se coucher, et mes parents m'ont dont dit d'arrêter de lire (je lisais alors
l'adaptation romanesque du film de "Ghostbusters") pour ne pas m'abîmer les yeux. On a arrêté
dans un centre d'achat (dans ma mémoire c'était à Québec, mais étant dépassé le Parc des
Laurentides, je réalise que c'est impossible), une grande ville toute éclairée dans cette nuit
d'hiver. On y a mangé, et dans un magasin j'ai vu une figurine de Star Wars que je n'avais
jamais vu avant, et mes parents me l'ont acheté (je vais éventuellement inclure la photo de cette
figurine). Puis on a poursuivi notre route. On est arrivé à Jonquière assez tard le soir, vers
9h peut-être. On est arrivé dans l'entrée au bout de ce cul-de-sac qu'est la rue Franklin, et
j'ai regardé la maison comme pour la première fois, une maison toute sombre en cette nuit, mais où
à quelques fenêtres je voyais de la lumière, signe que mes amis s'y trouvaient. On est entré dans
ce qui pour quelques jours seraient notre maison.
Lors de ce séjour nous avons fait beaucoup de choses. J'en retiens particulièrement ceci…
Je suis tout habillé pour la température hivernale, tuque, mitaines, foulard, bottes, gros bas de
laines, salopettes et manteau d'hiver. On joue dans la neige, je saute et atterris dans ce que mes
amis appellent la Coulée, précipice au bout de leur terrain qui descend très bas. Puis on marche
dans les rues, je découvre cette ville de Jonquière, ils m'emmènent à un parc où l'on s'amuse
jusqu'à ce qu'on ait trop froid.
Je me souviens de Martine qui me montre sa chambre, avec ce lit surélevé qui maintenant appartient
à Charles, une petite chambre rose toute mignonne avec des jouets partout. Et Philippe qui me
montre sa chambre à lui, avec des jouets à profusion là aussi. Lors de ce séjour on a aussi joué
beaucoup avec leur Sega, tout particulièrement à Wonder Boy. Le début des jeux vidéos, déjà les
parents nous disaient de ne pas faire seulement ça, d'aller jouer dehors, etc.
- La prochaine fois que j'y suis retourné, je crois (j'en oublie peut-être), c'était après la
séparation de mes parents. C'est donc au mois de février 1996, deux mois avant mon départ pour la
France, que je suis allé là-bas avec ma sœur Geneviève et ma mère Mireille, faisant le trajet en
train. Nous n'étions pas riche, et c'est en payant moi-même une grosse partie de nos billets de
train avec mon argent de prêts et bourses que ce voyage a été possible. On y allait pour le
plaisir de la chose, bien sûr, mais aussi pour être là pour la fête de Diane. Ça serait pour elle
une surprise.
On est arrivé là, Raoul est venu nous chercher à la gare avec Philippe et Martine. On est allé
veiller dans la cave pour ne pas réveiller Diane qui dormait déjà. Moi et Geneviève on s'est
couché, et près de nous Raoul et ma mère on parlé longtemps. Je ne dormais pas mais je faisais
tout comme, et je les ai écouté parler jusqu'à ce que je m'endorme. Raoul a dit que la personne
qui l'a aidé à payer pour les billets est un ange; ma mère a dit que c'était moi, et il a dit que
j'étais un ange. Ça m'a touché.
Nous sommes restés là quelques jours. Il y a eu le party de fête de Diane, où il y avait beaucoup
de monde, où j'ai pu goûter à ce plaisir suprême de passer une soirée dans une maison, l'hiver,
avec beaucoup d'amis. Il y avait là leur cousin, ainsi que beaucoup d'autres invités.
C'est aussi lors de ce voyage que j'ai appris à connaître Charles, le petit dernier bien drôle.
Le dernier jour, après le déjeuner, ils sont venus nous mener à la gare. On a passé près d'un
McDonald et Charles (qui avait mangé un bon déjeuner déjà) a dit: "Est-ce qu'on peut arrêter là
pour manger juste un p'tit peu?" On a bien rit…
- Le prochain séjour à Jonquière a été spécial, dans ce sens que c'était le voyage de noces que
l'on avait choisi, moi et mon épouse Mélissa. Donc, du ? au ? mai nous avons séjourné chez eux,
avons été accueilli comme toujours avec gentillesse, générosité et sourires. Nous avons passé des
après-midi dehors, nous avons veillé devant des feux de camps, nous nous sommes retrouvés…
* * *
Mais il y a aussi les fois où c'est eux qui sont venus chez moi. Je n'arrive pas à me souvenir des
séjours de façon aussi spécifique, alors j'y vais de mes divers souvenirs…
- Moi, Martine et Philippe jouons dans ma chambre. Nous nous souvenons particulièrement d'un
jeu où l'un de nous était un vampire, et devait aller mordre un autre dans le cou pour le
transformer à son tour (jeu qui sans aucun doute venait de moi, de ma fascination/peur des
vampires). On luttait l'un contre l'autre, on luttait contre la gravité en escaladant mon lit à
deux étages dans tous les sens, dans toutes les manières…
- Ils couchaient chez nous, mais quand le dernier jour arrivait, le dernier soir, et que l'on
sentait que l'heure du départ approchait, on faisait semblant de dormir pour qu'ils disent: "Ah,
ils dorment… on va rester une autre nuit d'abord…". À ce que je sache, cette stratégie n'a jamais
marché.
- Une bataille de ballounes d'eau autour de chez moi. C'est terrible, c'est violent, et Mathieu
en recevant une dans le bas des jambes s'en trouve déséquilibré, et tombe à pleine face dans la
gravelle, se faisant mal, pleurant, mais nous les 'vieux' on continue… Plus tard dans la journée,
pour se rafraîchir on s'assoit dans ma petite piscine Tortue, s'arrosant avec le boyau d'arrosage.
- Un soir d'été qu'ils nous visitaient, j'ai filmé Philippe qui jouait dans la cave au Nintendo.
Sa concentration intense s'apparentant à celle des fakirs qui avec le seul pouvoir de leur
intellect réussissent à plier des cuillères, sa langue lui jouait des tours et s'activait à des
exercices aérobiques fort complexes…
Un jour je mettrai ce film sur mon site…
Ce même soir, nous avons laissé le Nintendo pour aller veiller près du feu, regarder les
étincelles s'envoler dans le ciel de McMasterville.
- Dans ma cave je m'efforce de leur faire peur… je me chamaille avec Philippe, horrible ogre que
je suis, vil tyran, sadique psychopathe, je le chatouille et je lui fais manger ses bas.
- On va jouer dans mon parc, on se balance, je dois m'occuper de ma jeune sœur, et il n'y a pas
encore de clôture pour séparer mon terrain du parc, alors on peut retourner chez moi en quelques
secondes pour aller manger de bons hamburgers sur le BBQ.
* * *
Et finalement, les fois où on a passé du temps ensemble au Grand Lac Noir…
- Des journées passées sur une petite plage privée (mais que nous pouvions utiliser avec la
permission du propriétaire), une plage où nous étions toujours seuls, une plage qui à toutes fins
pratiques nous appartenait. Tout près, à côté de l'endroit où on stationnait les voitures, un
petit abri à bateau vieux et mal en point, vaguement sinistre mais intéressant pour les nombreux
nids d'hirondelles qui s'y trouvaient. On se baignait, on regardait sous l'eau pour apercevoir les
gros têtards, que l'on aimait mais que, parallèlement, on craignait aussi un peu. La boue
sous-marine que l'on se lançait, que je me mettais de le costume de bain de Philippe. Les fois
où on nageait loin, jusqu'au milieu du lac où les algues venaient nous chatouiller les pieds (et
à chaque fois, rendu là, j'avais une petite peur qui m'apparaissait dans la poitrine, pensant à
un requin qui surgirait des algues sous moi pour me manger).
- Souvent, particulièrement dans les premiers temps, on dormait avec eux au chalet (chalet qui
se trouve en haut d'une pente très prononcée, et que l'on a eu beaucoup de difficulté à gravir la
fois où nous y sommes allé avec notre roulotte). Le matin on se levait, on déjeunait tous
ensemble sur le balcon, avec la nature autour de nous. Puis on se rendait à la Plage, parfois en
voiture avec les parents, et parfois à pied juste moi Philippe et Martine, marchant ensemble au
milieu de la route, nos serviettes autour de notre cou.
- Une fois, on était dans le chalet, ne pouvant pas aller se baigner en raison de la pluie. On
s'est donc amusé dans une des chambres du haut du chalet, où souvent leur oncle restait dans son
jeune temps. Sur une des étagères se trouvaient des Pif Gadget que je n'avais pas (j'étais
un grand collectionneur de Pif Gadget, les achetant chaque samedi, mais aussi dénichant de
vieux numéros partout où je le pouvais). Je ne me souviens plus exactement ce qui arriva, mais
je sais que j'ai exprimé mon désir de les avoir, si personne n'y tenait, et j'ai fini par les
obtenir.
- Une autre fois où moi et mes amis on a décidé de dormir dehors dans une grande tente. Là, le
soir, j'ai essayé de leur faire peur en leur racontant des histoires (dont une histoire appelée
"La Petite Fille Chauve aux Yeux Bleus" que j'avais entendu dans un camp d'hiver avec les
louveteaux), je les ai agacé, on s'est amusé.
- Des soirées sur le balcon, à rire, à jouer à des jeux de sociétés, à gratter nos piqures de
maringouins. Et aussi moi qui fait le Père Noël, qui les fait asseoir sur mes genoux pour leur
demander ce qu'ils voulaient pour Noël). Et moi qui était crampé quand j'entendais le nom des
voisins d'en haut, les McDermott.
- On jouait au badminton ou au ballon sur le terrain, et on redoutait les fois où le projectile,
quel qu'il soit, allait trop loin et se retrouvait dans la forêt ou dans le précipice.
- Les jeux que l'on faisait dans les petits bois derrière le chalet, moi et Philippe on se
battait à l'épée avec des bâtons. Et quand on se tapait sur les doigts on hurlait de douleur, on
hurlait de rire. Et Martine nous regardait, amusée par nos comportements étranges de jeunes
garçons.
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