Le Château de Nagelmackers

 

L'Histoire d'un des (anciens) fleurons de la commune d'Angleur.

 

La rue Vaudrée s’appelait jadis " Chemin de la Vaudrée ". Au départ de la place de l’église, c’était un chemin de terre.

Côtoyant le château d’Angleur, la ferme Gilliaux, traversant les quatre bras, il conduisait au château de Péralta.

Au temps de sa splendeur, le château d’Angleur était entouré d’un grand parc, de prairies et d’étangs. A l’avant, une allée le reliait à la rue Val Benoît. IL appartenait à cette époque à la famille Nagelmackers et c’est le nom de " château Nagelmackers " que les Angleurois lui donnaient.

L’origine du château est mal connue. Il fut probablement construit entre 1720 et 1730.

Dans son livre " Les délices du Pays de Liège ", Saumery signale qu’il est la propriété de monsieur de Thier, échevin de la Souveraine Justice de Liège.

Il a acheté le bien à Gérard Assuète de Horion, Grand Mayeur de Liège. Le château d’Angleur devait passer en la possession de Gérard Théodore Nagelmackers et devenir la maison de campagne de la famille

En néerlandais, Nagelmackers veut dire " fabricant de clous ".

Ce n’était pas un hasard car, au XIIIe siècle, des Nagelmackers excerçaient le métier de cloutiers à Oerle, en Brabant néerlandais. Puis les cloutiers devinrent meuniers...

Peter était le fils d’un de ces meuniers. Il fut baptisé en 1705 à Aachel, dans le Limbourg belge. C’est lui qui fonda à Liège la banque qui porta son nom et qui est la plus ancienne de l’actuelle Belgique.

Son fils Gérard naquit à Exel en 1731.

Gérard Théodore, son petit-fils, vit le jour en 1777. Ce fut un politicien influent, membre du Conseil de Régence, des Etats Provinciaux et des Etats Généraux en 1830 et président du Conseil Provincial de 1836 à 1855.

Ce fut lui qui acheta le château d’Angleur. A sa mort, le 25 juillet 1859, il en avait fait don à sa fille Valérie, épouse du Compte de Stainlein-Saalenstein.

Edmond, son fils né en 1820, fut banquier et Georges, fils d’Edmond, naquit en 1845 et devint ingénieur des mines de l’école de Liège. C’est lui qui fonda, en 1876, la Compagnie Internationale des wagons-lits.

Il devait mourir au château de Villepreux, en France, mais il fut inhumé à Angleur dans le caveau de la famille (toujours visible au vieux cimetière de la Diguette.).

Dans cette fameuse entreprise qui vit les " sleeping cars " parcourir toutes les voies ferrées d’Europe et d’Asie, Georges Nagelmackers fut aidé notamment par son père Edmond, son fils Gaston et son cousin Louis-Albert Saint Paul de Sinçay, directeur de la Vieille Montagne.

Valérie résida au château jusqu’en 1880, c’est-à-dire jusqu'à la mort de son fils Herman.

De 1880 à 1890, le château fut occupé par Jules Nagelmackers, puis par ses descendants.

Après la guerre de 1914-1918, le château fut acquis par une société immobilière anversoise qui voulait le détruire pour y faire un lotissement.

Il fallut attendre 1930 pour que monsieur Ulrich de Fraipont le rachète à son tour et décide également de le détruire pour la même raison. Mais Monsieur Jadot, bourgmestre d’Angleur à l’époque, avertit le propriétaire que jamais on ne lotirait sur l’emplacement du château.

Finalement, le Conseil Communal décida de l’acheter le 21 février 1939 pour la somme de 250.000 francs.

Désormais patrimoine communal d’Angleur, le château servit d’école professionnelle pour jeunes filles.

L’inauguration officielle devait avoir lieu le 10 mai 1940. L’envahissement du territoire par les armées allemandes ce jour-là empêcha toute cérémonie.

L’école professionnelle se maintint jusqu’en 1943.

De 1941 à 1947, une aile fut mise à disposition du corps des pompiers.

DE 1943 à 1944, s’y installa également l’école de police du grand Liège.

De 1944 à 1951, il devint l’hôtel de ville d’Angleur en attendant la reconstruction du château de Péralta détruit par les bombardements alliés visant le pont du Val Benoît. L’école professionnelle pour jeunes filles y revint jusqu’en 1969, époque où fut créée l’athénée royale mixte d’Angleur. Acquis par l’Etat en 1971 pour la somme de 12.500.000 francs, le bâtiment resta libre d’occupation après le transfert des activités scolaires vers l’athénée au pied de la route du Condroz.

C’est en 1975 qu’un incendie détruisit une partie de l’aile gauche où se tenait l’atelier du C.E.M.E.A. (Centre d’Entraînement aux méthodes d’Education Active) que dirigeait Hubert Rémy.

Après une brève occupation par la police communale, le bâtiment demeure inoccupé et détruit. Plaie ouverte, indigne de ce site historique, ce qui en reste est toujours à l’abandon.

(c) PAC d'Angleur

 

Retour

1