100 ans de Socialisme en Belgique |
Chers Internautes,
Dans la cadre de nos activités nous vous inviterons dans plusieurs cycles à faire un retour en arrière dans lhistoire du Parti Socialiste et ceci sur le thème de :
100 ans de Socialisme de 1885 à 1985 |
Le premier chapitre sera la révolution industrielle, ses conséquences économiques et sociales.
La présence de ressources naturelles déjà exploitées, lexistence dun capitalisme commerciale séculaire disposant de moyens financiers importants, labondance de main-duvre liée à laccroissement de la population, la haute spécialisation dune frange de lartisanat et ladoption rapide de nouvelles techniques en provenance de lAngleterre, conjugués aux principes dune idéologie libérale conquérante et à lattitude positive des différents gouvernants, apparaissent comme autant déléments déterminants dans le développement économique des régions qui formeront la Belgique de 1830. | |||
La révolution industrielle Belge, première du continent, après une période préparatoire de 1770 à 1798 connaît dans les années suivantes une phase de développement à partir des pôles moteurs constitués par lindustrie cotonnière à Gand, drapière à Verviers, métallurgique et verrière à Liège et Charleroi, charbonnière enfin dans les bassins Liégeois, carolorégiens et borains. Après lindépendance, lindustrie est progressivement dominée par la haute finance bruxelloise et, entre 1840 et 1847, passe à un stade de consolidation, point de départ dune croissance continue jusquen 1873. Ce processus dont les acteurs sont Simonis et Biolley à Verviers, Cockerill, Orban et Lamarche à Liège Degorge-Legrand dans le Borinage, suivis bientôt par les Gendebien et Puissant à Charleroi, les Warocqué à Mariemont, les Braconier et Nagelmackers à Liège..., et auquel lEtat a participé de façon déterminante en se lançant, dès 1834, dans la construction dun réseau de chemin de fer, se caractérise par lintroduction massive du machinisme, lutilisation grandissante de la force motrice, la mise en place dindustries mécanisées, le développement des moyens de communication et par conséquent des échanges commerciaux, mais aussi par la constitution dimportants groupes financiers tels la Société Générale ou la Banque de Belgique et la conversion des entreprises familiales en sociétés anonymes. La formation de ce capitalisme national entraîne une nouvelle structuration des classes sociales. |
|||
Au sommet de la hiérarchie les sphères dirigeantes, - composées à la fois de bourgeois, fabricants, banquiers, commerçants mais également de juristes, parlementaires, hommes de loi et de membres de lancienne noblesse sadonnant aux affaires -, elles sont unies par des liens familiaux et des intérêts convergents et concentrent dans leurs mains le pouvoir économiques, financier et politique. A la base, le prolétariat en prise à une profonde mutation : alors quen 1846 on dénombre 300.000 ouvriers de fabrique, 20 ans plus tard on en recense un demi-million de plus ; Laugmentation se produit dans les bassins wallons qui, en pleine expansion économique, absorbent la population excédentaire des villes et des campagnes, alors que la Flandre non-industrialisée stagne. A la concentration industrielle correspond la concentration démographique que la crise agricole de 1880-1895 viendra accentuer et qui continuera à se manifester jusquau début du XXe siècle. |
|||
La mise au travail de cette main-duvre abondante, peu coûteuse et désarmée se déroule dans des conditions de misère et doppression que révèlent les enquêtes de 1843 sur la condition ouvrière et de 1870 sur le travail des enfants, ainsi que les descriptions des contemporains. |
|||
Lindustrialisation qui, durant la première moitié du XXe siècle, na entraîné aucune résorption du paupérisme déjà existant, engendre en revanche laliénation croissante des travailleurs à la merci de larbitraire patronal et des vicissitudes de la vie économique périodiquement en crise comme cest le cas pendant les années 1873-1895. Simples rouages, les ouvriers, parmi lesquels on compte une proportion non négligeable de femmes et denfants, connaissent une existence particulièrement pénible : journées de 12 à 14 heures de travail, salaires insuffisants, habitations surpeuplées, exiguës et dépourvues de toute commodité, alimentation pauvre et mal équilibrée ... Cette situation qui provoque lextension de fléaux tels que la prostitution et lalcoolisme et qui se traduit par une grande vulnérabilité aux maladies et des taux de mortalités élevés, ne retient pas lattention des gouvernements bourgeois préoccupés par leurs seuls intérêts. |
|||
Létat dinfériorité sociale se double dune infériorité politique et juridique : le droit de vote, basé sur le cens, nest réservé quà une minorité, -40.000 électeurs en 1830, 100.000 en 1848 sur 4 millions dhabitants -, partis catholique et libéral détiennent alternativement le monopole exclusif du pouvoir jusquen 1914, la législation interdisant les coalitions ne sera abrogée quen 1866 et le livret douvrier obligatoire, sorte de " passeport " que le détenteur était tenu de présenter lorsquil souhaitait se faire embaucher, reste en vigueur jusquen1883. |
|||
Cest de ce réseau serré de contraintes que louvrier va tenter de saffranchir. Après plusieurs tentatives infructueuses liées à la fois au manque de maturité dun prolétariat maintenu volontairement dans lignorance, mais surtout à la capacité de réaction et à la cohésion dun système capitaliste qui a su simposer tous azimuts, la classe ouvrière va progressivement sorganiser. La création des premiers syndicats à la fin des années 1850, de la section belge de lassociation Internationale des travailleurs en 1865, des partis socialistes flamand et brabançon en 1877 et enfin du Parti Ouvrier Belge constituent les principaux jalons de cette émancipation. |
|||
A suivre... |
|||