Mes impressions du Népal - écrit décembre 1994

Une journée typique durant la randonnée commençait à 5:30 AM. Nous nous couchions très tôt, épuisées, alors nous nous réveillions très tôt. Nous avions une petite tente toilette, un trou dans la terre et un siège, ou, si nous étions dans un village, les toilettes communes, d'habitude un bâtiment de pierres ou de cément avec un trou puant dans la terre. Pas d'eau courante évidement. Ensuite, bien au chaud dans notre sac de couchage, nous commencions à préparer les sacs pour la journée, à dégonfler le matelas, etc. Puis, les garçons de cuisine apportaient notre thé dans la tente à 6 heures et un bol d'eau chaude quelques minutes plus tard. C'est possible de se sentir très propre avec seulement un bol d'eau pour se laver. Puis on se dépêchaient à s'habiller et à fermer le gros sac car les porteurs les attendaient. Les porteurs sont petits, maigres, tout en nerfs et en muscles. Ils ont l'air plus jeunes que leur âge. Ils se dandinaient pour se protéger du froid car ils n'étaient pas habillés chaudement, culottes courtes, chemises, sandales en plastique, parfois un châle sur leur tête et autour de leurs épaules. Ou ils s'enroulaient dans les sacs en toile qui servaient à transporter nos tables et bancs. Le déjeuner suivait, souvent du gruau délicieux, des oeufs, du pain ou des chapatis, du beurre d'arachide et de la confiture, du thé et du lait chaud.

Il faisait froid le matin, le ciel était clair, les montagnes éblouissantes. On commençait à marcher, et on se réchauffait rapidement. A basses altitudes, on a traversé des forêts de rhododendrons, de sapins ou de bambous, comme des jungles tropicales sans la chaleur, l'humidité et les insectes. Un matin, une bande de gros singes se balançait dans les arbres. On traversait des villages, rencontrait d'autres porteurs, voyageurs, etc. La salutation la-bas est Namasté, on devait le dire 50 fois par jours. A hautes altitudes, nous étions très lents, et les paysages étaient rocheux, lichen, dépourvus d'arbres, lunaires. On marchait de 3 à 4 heures avant d'arrêter pour un dîner chaud et copieux. Les cuisiniers étaient arrivés avant nous et nous attendaient avec du jus chaud et pour moi une tasse d'eau chaude avec du citron frais. Ensuite on nous servait une assiette contenant un morceau de fromage de yak, un légume chaud (souvent des fèves vertes), du chou haché, du thon en conserve ou sardines ou salami, et beaucoup de pain ou chapati. Puis, du thé et souvent un fruit frais. On se reposait et on repartait pour l'après-midi, souvent un autre 3 ou 4 heures. Quand on arrivait au camp, les tentes étaient déjà montées.

Physiquement, c'était épuisant, mais mentalement, ça change nos valeurs. On oublie notre vie ordinaire, j'ai très peu souvent penser à Barry ou à la job. On vit au jour le jour, on s'émerveille des paysages, de la nature, du complet dépaysement, des villages qu'on traverse. Les besoins physiques deviennent très importants. Bien manger et boire, la fatigue, les malaises, l'altitude, si les toilettes sont propres, etc. Un jeune homme de notre groupe a commenté un jour: "nous étions des étrangers la semaine passée, maintenant nous parlons beaucoup du fonctionnement de nos intestins"! Nous avons beaucoup ri ensemble, nous avions un bon sens de l'humour.

Nous étions dix nord-américains de l'ouest Canadien, incluant notre guide Bob. On a commencé avec 33 porteurs et à mesure que les provisions étaient consommées, le nombre de porteurs diminuait. On a fini avec 12. On avait 3 sherpas (guides Népalais) et leur patron qu'on appelle un surdar. Son nom était Wang Chu et il était très drôle mais aussi très bien organisé et informé. Tous les soirs après souper dans notre tente salle à manger il venait nous informer de l'itinéraire du lendemain. Il était le seul à bien parler l'anglais, les autres sherpas comprenaient assez pour faire leur job mais c'était impossible d'avoir des conversations profondes avec eux. Ils étaient nos anges gardiens, si on était fatigués ils transportaient nos sacs, ils nous tenaient par le bras quand les roches étaient glissantes, nous aidaient à traverser les rivières, quand s'était très à pic, etc. Ils étaient toujours de bonne humeur, un des sherpas chantait souvent, ils nous enseignaient des mots en népalais, servaient nos repas, gardaient un oeil sur nous, marchaient avec les lents, etc. 80% des Népalais sont Musulmans, 20%, Boudhistes. Les sherpas sont tous Boudhistes. Les népalais vivent au jour le jour, ils travaillent fort, mais ne connaissent pas le stress comme nous en Amérique. Ils sont beaucoup plus heureux que nous et contents de leur vie malgré leur bas standard de vie, leur manque d'argent, leurs problèmes de santé, etc. Passer trois semaines avec eux nous fait réfléchir.

On mangeait très bien au souper aussi. Notre cuisinier, Hari, avait été à une école de cuisine à Kathmandou et était célèbre pour ses soupes. On a beaucoup mangé de patates, elles sont très bonnes au Népal. On avait souvent du chou, des onions, du chou-fleur, parfois des nouilles ou du riz, parfois du poulet, presque toujours une sauce aux lentilles délicieuse. Parfois c'était trop gras, mais la plupart du temps c'était très bon. Pour déssert, les autres avaient des fruits en conserve, moi, un fruit frais. On a eu une tarte aux pommes une fois, et un gâteau au chocolat deux fois. Le gâteau était un pouding à la vapeur, les désserts pas tellement sucrés alors j'ai pu en manger. Thé, lait chaud, café instant ou chocolat chaud à volonté. Hari cuisinait dans des conditions très primitives, sur des petits poêles à propane. Ses créations culinaires nous ont émerveillées.

Nos bouteilles étaient remplies d'eau bouillie à tous les repas et quand il faisait froid la nuit, on s'en servait comme bouillotte d'eau chaude dans nos sacs de couchage! Quand on était dans les villages, on achetait de l'eau en bouteille, pour faire changement de l'eau à saveur de fumée. Aussi, elle était froide. Les hommes achetaient des bouteilles de bière, mais l'alcool ne m'intéressait pas, peut-être l'altitude. J'ai bu de la bière à Kathmandou, elle était bonne, et comme on ne peut pas boire l'eau au restaurant...

Nous étions désolées quand la randonnée s'est terminée. Mais le séjour dans la ville médiévale de Kathmandou était excitant. Il y a tant de choses à voir: des temples, les rues tortueuses, l'architecture orientale et médiévale des maisons, les magasins, les gens, les vaches, etc. Tout était peu cher et exotique alors on a acheté beaucoup de souvenirs. Darlene et moi sommes devenus très bonnes aux négociations pour les prix. C'est une coutume qu'il faut respecter et quand on s'y habitue, c'est excitant.

On a beaucoup aimé Hong Kong où on a passé 5 jours après que le groupe soit parti. On a surtout aimé nos croisières en traversiers vers les petites îles. Hong Kong ressemble à un Vancouver oriental, avec la mer et les montagnes, mais beaucoup plus de grattes-ciel que chez nous. 1