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Tabac | 60 000 morts |
Alcool | 30 000 morts |
Héroïne | 500 morts |
Cannabis, Ecstasy | ça va, merci. |
Paradoxalement, la répression se concentre surtout sur les usagers... du Cannabis: près de 50 000 interpellations par an sur un total de 70 000 en 1995! A quand les contrôles de polices pour les buveurs de thé?
Il y a des millions de toxicomanes en France, et ils consomment d'abord du tabac ou de l'alcool. La majorité des toxicomanes aux opiacés ont d'ailleurs commencé par fumer et/ou boire avant de tâter de la poudre. Et on ne compte pas ceux qui ont essayé de décrocher en prenant de l'alcool (ne dit-on pas "qui abuse boira"?). Pratiquement tous les fumeurs de joints sont accrochés au tabac.
Contrairement à une idée reçue, seule une minorité de toxicomanes aux opiacés se retrouvent dépendants: quatre amateurs d'héro sur cinq se limitent prudemment à quelques grammes par an.
Le fait que certains produits soient interdits n'en a pas limité la consommation, le pétard du samedi soir, ou l'ecstasy dans les night-clubs font maintenant partie de la culture moderne, et la coke a toujours autant de succès auprès de ceux qui peuvent se l'offrir. Il semblerait même que l'attrait de l'interdit joue dans le mauvais sens et attire bon nombre de masochistes vers des produits dangereux. Il suffit de voir l'exemple des Pays-Bas où, contrairement à une autre idée reçue - décidément, il y en a beaucoup -, la toxicomanie a baissé depuis la dépénalisation de certaines drogues et l'autorisation de production et vente du cannabis. En plus, eux, ils peuvent vraiment compter les gens, alors que nos statistiques ne sont que des extrapolations: que répondriez vous si on vous interrogeait pour un sondage?
Non seulement la prohibition est inefficace, mais elle interdit la prévention: essayez d'attirer des toxicos dans un centre médical, vous m'en direz des nouvelles. Elle favorise la vente au marché noir de produits frelatés qui menacent la santé des consommateurs. Elle enrichit les petites frappes comme les gros truands. En bref, elle crée plus de nuisances qu'elle n'en enlève.
Pour compléter le tableau, signalons que la France détient le record Européen du SIDA, avec plus de 200 000 personnes séropositives, particulièrement dans les DOM-TOM, et que la pénalisation de l'usage des drogues est un obstacle de taille à la prévention.
La lutte contre la toxicomanie représente en france un budget annuel de 4,5 milliards de francs dépensés en pure perte, puisque depuis la mise en place du dispositif répréssif en 1970 le traffic de drogue en France a été multiplié par 10 et qu'on a surtout incarcéré des petits consommateurs (plus de 200 fumeurs de joints incarcérés à Fresne) en pure perte. Même les flics en ont marre: le 24 Septembre sur Radio FG, Yvon Castel, secrétaire général de la Fédération Autonome des Syndicats de Polices, qui représente quand même 55% des keufs, se prononçait pour une révision de la politique des drogues allant vers une dépénalisation de l'usage et une mise en place de circuits de distribution médicalisés des produits. Il avouait aussi que l'immobilisme des politiques en la matière venait à la fois d'une méconnaissance grave du terrain et d'un retour inquiétant de l'ordre moral dont la conséquence la plus voyante a été la fermeture des boites gay le 28 Aout 97.
L'ignorance des politiques est en effet particulièrement crasse, jugez-en sur cette déclaration d'Elisabeth Guigou, Garde des Sots: "Je crois qu'il ne faut pas qu'on mente aux jeunes, je crois qu'il faut qu'on dise qu'il y a à la fois des drogues dans lesquelles la dépendance est immédiate, comme l'ecstasy. Il y en a d'autres où la dépendance survient extrêmement rapidement, comme l'héroïne ou la cocaïne." (dit à Public/TF1 et repris par l'agence Reuter). Quand on entend de telles âneries, on se demande s'il faut en rire ou en pleurer: L'ecstasy qui accroche plus que l'héro ou la coke, ça je l'avais jamais entendu.
Tout commence aux Etats-Unis, au début de ce siècle, lorsque des milliers de Chinois émigrèrent et emportèrent avec eux l'opium, qu'ils utilisaient pour tenir le coup dans les travaux éreintants et sous-payés qu'on proposait alors. Comme les Chinois étaient de bons travailleurs, ils finirent par occuper de plus en plus de postes importants, devinrent de plus en plus riches, et firent venir leurs proches. La conséquence en fut le développement d'une vague de racisme envers la communauté chinoise, qui trouva son abcès de fixation sur l'opium. Des plans pour repousser l'immigration Chinoise, ou du moins la freiner, furent déployés, et le moyen choisi fût de prohiber l'usage de l'opium.
On trouve un modèle analogue avec la cocaïne, mais cette fois-ci avec les noirs Américains dans le rôle des Chinois, sauf qu'eux, ils n'avaient pas émigrés de leur plein gré, et que les sentiments racistes envers eux étaient incommensurablement plus forts. Ici, ce qu'on a cherché à faire, ce n'était pas freiner l'immigration mais mettre le plus possible de bâtons dans les pattes des blacks pour les empêcher de réussir. Des articles furent publiés qui mettaient la cocaïne à l'origine de crimes commis par les blacks. On a dépeint les noirs comme des bêtes sauvages dès lors qu'ils avaient pris de la coke. En capitalisant les sentiments racistes, un puissant lobby politique finit par obtenir la prohibition de la cocaïne et de l'opium.
Le Cannabis vint ensuite. Il était bien connu que les soldats mexicains qui avaient combattu les Etats-Unis fumaient de l'herbe. Poncho Villa était un amateur de fumette, ainsi que ses troupes. A la fin de la guerre, lorsque les Mexicains commencèrent à émigrer vers le sud-est des Etats-Unis, il y avait peu de problèmes de racisme: c'était le plein-emploi et les Chicanos travaillaient pour des clopinettes. Lorsque la dépression survint, ils devinrent très vite une nuisance. Des politiciens les accusèrent de vagues de crimes, malgré le démenti des statistiques de la police. Bien sûr, c'est une fois de plus la drogue de prédilection de cette communauté qui servit de bouc émissaire et beaucoup d'états émirent des lois contre son usage.
C'est là que les choses se compliquent. Au début de la grande dépression, un mouvement très influent se développait pour la prohibition de l'alcool, principalement sous l'influence des puritains. Comme l'alcool était alors la drogue la plus populaire, son interdiction créa un gigantesque marché noir où des spiritueux frelatés étaient vendus à prix d'or. Le crime organisé devint une institution, et les alcools forts, plus faciles à produire et à distribuer, prirent la place du vin et de la bière. Pour combattre cette vague de crime, on organisa une grande force de police qui a été popularisée par la série "les incorruptibles". Lorsque le gouvernement s'aperçut qu'il valait mieux abandonner la prohibition et rendre de nouveau l'alcool légal, il lui resta sur les bras un énorme bordel politique et des centaines de policiers sans fonction.
Etre un policier durant la Prohibition était plutôt agréable: salaire décent, respect, immunité partielle, etc.. et ces derniers n'étaient pas prêts à abandonner ces avantages. C'est à cet époque que fut restructuré le Bureau Fédéral des Narcotiques et des Drogues Dangereuses (FBNDD) et qu'un homme, Harry J. Anslinger, fut nommé à sa tête par son oncle, Andrew Mellon, qui était alors secrétaire d'état, une vieille histoire de famille. Anslinger fit une campagne impressionnante pour disposer d'une force de police importante. Le FBNDD est l'ancêtre de l'actuelle DEA, et était responsable de l'applications des nouvelles lois fédérales sur l'opium et la cocaïne. Anslinger veilla à ce que les lois locales des états Américains sur les stupéfiants s'uniformisent. Il lança des campagnes auprès des parents et des enseignants pour les mettre en garde contre les dangers prétendus de la marijuana. Anecdotiquement, Anslinger haïssait les musiciens de jazz black-américains, et passa des années à les poursuivre en rêvant de les arrêter tous lors d'une gigantesque rafle. Des policiers inutiles qui s'accrochent à leurs avantages acquis, un névropathe à la tête d'une administration puissante, et un mouvement général de racisme et de puritanisme, c'est ce cocktail qui a conduit à la prohibition que nous connaissons actuellement.
Le cas du Cannabis est très instructif. En effet, il existait alors une industrie du chanvre aux Etats-Unis, qui était utilisé pour produire du tissu, du papier ou des cordes. Cette industrie aurait été florissante si elle n'avait pas nécessité tant de main d'oeuvre, puisque les fibres de chanvre devaient être séparées à la main. En 1930, l'invention de machines adéquate permit de réduire la main d'oeuvre et de produire des fibres et du papier à très bas prix, à tel point qu'on prédit au chanvre un avenir radieux. Au même moment, la société Dupont de Nemours inventait un procédé chimique pour séparer les fibres de bois, procédé qui produisait un papier très bon marché mais qui jaunissait très vite: notre papier-journal d'aujourd'hui. Cette invention faisait partie d'un marché avec le magnat de la presse William Randolph Hearst qui voyait là un bon moyen d'avoir une source de papier bon marché et d'éreinter la concurrence. Malheureusement, le papier à base de chanvre aurait pu ruiner ses plans, et Hearst fit son possible pour qu'un le projet de taxe sur le chanvre voit le jour. Le Marijuana Tax Act de 1937 allait satisfaire les intérêts de Hearst et d'Anslinger et tuer l'industrie américaine du chanvre. Coïncidence, le projet de Dupont et Hearst était financé par un banquier nommé Andrew Mellon, le tonton d'Anslinger. Quand je vous disais qu'il s'agissait d'une histoire de famille...
Mais prohiber les drogues sur le marché Américain ne suffisait pas, il fallait les éradiquer sur toute la planète pour que le plan fonctionne, et les Américains employèrent toute la puissance de leur diplomatie pour entraîner les autres pays. La suite, vous la connaissez.
Ce n'est donc pas pour des raisons de santé
publique que ces drogues furent prohibées, mais bien pour satisfaire
les intérêts politiques, le racisme et la cupidité.
Les arguments de propagande utilisés à cette époque
(ragots, rapports pseudo-scientifiques, etc...) perdurent encore aujourd'hui:
dans les années 70, toute l'histoire du chanvre fut même effacée
des manuels d'histoire américains, afin de bien asseoir les idées
reçues. On retrouve ces arguments jusque dans des rapports récents,
comme le rapport sur les drogues commandé par le gouvernement Français.
Usage, par exemple tirer sur un joint sans acheter ni posséder | Cure de désintoxication ou un an de prison, et 25 000 F d'amende |
Détention, achat, petit deal | Deux ans de prison et 200 000 F d'amende |
Importation, par exemple ramener des graines d'Amsterdam | Dix ans de prison et 50 000 000 F d'amende |
Deal (détail) | Cinq ans de prison et 500 000 F d'amende |
Production ou culture, y compris culture sur balcon | Vingt ans de prison et 50 000 000 F d'amende |
Incitation, comme par exemple sur ce site où je dis qu'il vaut mieux cultiver son herbe que de l'acheter à des dealers | Cinq ans de prison et 500 000 F d'amende |
Sans compter les peines complémentaires: annulation du permis de conduire, fermeture d'établissement, etc...
Juste pour votre gouverne, en publiant ce texte, je risque tout simplement d'aller en taule, moi aussi. Dans mon beau pays de France, la liberté d'expression s'arrête au bord du champ de pavot. Il est interdit de publier un texte qui puisse être interprété - y compris par le cerveau dérangé d'un juge rétrograde - comme favorable à la consommation de drogue. Et bien entendu, si on se prononce pour la légalisation, c'est qu'on est favorable à la consommation, non?
La politique de la France en matière de drogue est probablement une des plus délirante du monde. J'ai bien dit 'probablement', je suis sûre qu'en allant chercher au bout du monde on peut trouver pire. La France est l'un des derniers pays à condamner l'usage, comme quoi un malheur ne vient jamais seul: c'est déjà pas marrant d'être accros à quelque chose mais en plus vous avez les flics au cul. Ceci dit, aucun bataillon de police n'a jamais empêché quiconque en ayant le désir de se droguer. Par contre, qu'est ce que ça fait le bonheur des trafiquants: c'est parce qu'il y a répression que certains enfoirés se font des couilles en or en revendant de la merde au prix du diamant.
Rendre certaines drogues illégales et pas d'autres parce qu'il faut préserver l'industrie locale est un scandale. Si vous ne vous empoisonnez pas avec les produits recommandés par la CGT ou le PCF (Ricard, Gauloise, etc...), on va vous rosser à coup de matraque. Peu importe que le cannabis soit moins toxique que l'alcool: le pinard, ça c'est Français, nom de dieu! Peu importe si l'alcool tue des milliers de gens par an et le cannabis aucun: le cannabis, ça vous fait des chevelus marginaux pédés qui vont manifester à coup de musique techno contre la fermeture du Queen, alors qu'avec le pinard on est tellement abruti qu'on n'a pas de problème à faire ses huit heures et à s'endormir devant Patrick Sébastien à la télé. Une drogue de vrais Français quoi. Je sens que je vais me faire des amis...
Le seul effet de la pénalisation des drogues, c'est d'enrichir la mafia. Le seul effet de la pénalisation de l'usage, c'est d'encombrer les prisons avec des innocents. La seule réponse c'est la légalisation inconditionnelle des drogues, de toutes les drogues, bien sûr pas en les mettant en vente dans les supermarchés, accompagnée d'une information complète et objective ainsi que de certaines mesures restrictives de bon sens (interdiction de la vente aux mineurs, interdiction de la publicité, interdiction de consommer en public, limitation des lieux de vente, etc...) qu'on doit absolument étendre à ces drogues dangereuses que sont l'alcool et le tabac.
J'enfonce le clou. J'ai consommé pratiquement toutes les sortes de drogues existant sur le marché, et je ne m'en suis pas privée. Comme disait Keith Richards, je n'ai jamais eu d'ennuis avec les drogues, juste avec la police. J'ai près de 40 ans, je suis en bonne santé, mon casier judiciaire est vierge, j'ai un poste de responsabilité, mon bonus d'assurance est au maxi, je paye mes impôts, je vote à chaque élection en espérant sans trop y croire que cela changera quelque chose, je n'ai jamais eu de problèmes à l'école, au travail ou avec ma famille (à part ceux causés par ma transsexualité), je suis donc une vraie marginale dégénérée et dépravée. Et j'affirme: non seulement je m'en suis mise jusque-là, mais en plus j'aime ça. Et je vous emmerde.
C'est pourquoi ce texte n'est pas publié sur un site Français: ainsi, j'échappe à une législation qui me l'aurait fait effacer illico. Ce qui ne me protège pas des foudres de la justice: écrire qu'il vaut mieux cultiver son cannabis que l'acheter à la sauvette est condamnable, c'est une incitation à la culture d'une plante interdite. Vaut il mieux écrire qu'il faut l'acheter à un dealer de rue? Ecrire que le cannabis permet de soigner le glaucome, c'est le présenter sous un jour favorable, et certains ont été condamné pour ça à la prison, comme Jean-Pierre Galland, le président du CIRC. Faut il mentir et dire que cette plante ne présente aucun interêt médicinal? Comment voulez-vous faire de l'information: dire que la morphine soulage la douleur, c'est la présenter sous un jour favorable, donc c'est condamnable. Alors...
Alors il faut dire la Sainte Vérité: la morphine n'a aucun intérêt en médecine, la cocaïne n'est pas un anesthésique local, le cannabis ne sert pas à faire des cordes, les champignons hallucinogènes tuent, le LSD provoque une dépendance, le pavot rend fou, l'opium fera de vous une bête fauve et tous les gobeurs d'ecstasy sont des pédés voués aux flammes de l'enfer. Prêchons donc le Dogme Sacré: acheter des cigarettes c'est protéger des emplois, boire du vin, c'est préserver les traditions de notre terroir, et la publicité pour l'alcool nous aide à maintenir notre produit intérieur brut. Alors, la justice sera clémente, car la Voix de la Raison aura été entendue. Big Brother, je t'aime.
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Café et Chocolat sont exclus de la liste des produits contrôlés et demeurent en vente libre. Pour le reste, il est décidé des mesures globales:
Bière, Vin et alcools de moins
de 14 degrés.
Lieu de vente: licence spéciale
pour épiceries, supermarchés, débits de boisson, restaurants
Marques autorisées.
Dérogations possibles pour fêtes
régionales, commices agricoles, etc... La vente ambulante, par exemple
lors de manifestations, est par contre interdite, ainsi que la vente en
buvette lors de spectacles ou de manifestations sportives.
Tabac:
Lieu de vente: licence spéciale
pour les bureaux de tabac, bars, cafés, hôtels, etc...
Marques autorisées.
Mentions obligatoires, du type: ce produit
provoque le cancer, etc...
Prix de vente: environ 1,50 F le gramme,
soit 30 F le paquet de 20 cigarettes.
Cannabis, Haschich:
Lieu de vente, marques et mentions: comme
pour le tabac.
Prix: aligné sur celui du tabac,
pour casser le marché.
Alcools de plus de 15 degrés:
Lieu de vente: licence spéciale
avec numérus clausus pour la vente directe, sinon comme aujourd'hui
pour les bars et restaurants.
Marques autorisées.
Mentions obligatoires indiquant les risques.
Ecstasy:
Lieu de vente: pharmacie, sans ordonnance,
non remboursé
Marques autorisées.
Mentions: mode d'emploi informant des
risques
Limitation de vente: pas plus de 2 doses
par personnes, refus de vente possible par le pharmacien.
Prix: environ 30F la dose.
Opium:
Lieu de vente: pharmacie, sans ordonnance,
non remboursé
Marques interdites.
Mentions: mode d'emploi informant des
risques
Limitation de vente: pas plus de 2 g par
personne, refus de vente possible par le pharmacien.
Prix: environ 30F le gramme.
Cocaïne:
Lieu de vente: pharmacie, nécessite
un visa médical, non remboursé
Marques interdites
Mentions: mode d'emploi informant des
risques
Limitation de vente: pas plus de 1 g par
personne et par mois.
Prix: environ 100 F le gramme.
Héroïne:
Lieu de vente: pharmacie, nécessite
un visa médical, possibilité de remboursement
Marques interdites
Mentions: mode d'emploi informant des
risques
Limitation de vente: pas plus de 1 g par
personne et par mois, sauf avis médical.
Prix: environ 100 F le gramme, moins en
cas de prise en charge.