How goudouyou do ?

( ou "Chronique d'un juillet pourri, pluvieux et déprimant")

LE journal lesbien de Toulouse n° 2 - juillet-août 1996

 

Edito :

Et bien voilà, ça devait arriver : c'est l'été, les vacances, tout devrait aller bien, mais non. Nous ça va pas... Y'a deux-trois trucs perso (et hélas généralisables) qui nous ont énervées sinon légèrement mises hors de nous. On va donc vous faire un truc genre style "numéro spécial salopes et coups foireux", parce que... ça va bien les conneries au bout d'un moment !

Donc vous aurez en vrac un article sur les comportements inadmissibles et celles qui les pratiquent, un article un poil cynique sur la drague et une rubrique linguistique un peu orientée. Un numéro un chti peu amer donc, mais bon il en faut aussi...

La rédaction

(Que cette fois y'a même un mec dedans)

Rubrique linguistique

(Un peu langue de vipère cette fois...)

P.C. incompatible

(Le contingent scientifique du Bagdam)

Bon, celles qui n'ont jamais vu un ordinateur de leur vie, sachez qu'en général, on parle de P.C. (Personal Computer) compatible avec IBM. Et qu'a partir de maintenant, on dira P.C. (Pure Connasse) incompatible. Nous on emploie ça pour quelqu'un qu'on ne peut pas voir et dont on nous demande si on la drague ("Elle ? ça va pas ? Moi je suis P.C. incompatible !"), ou plus mesquinement à propos de quelqu'un qui vous a largué pour "incompatibilité d'humeur" ("Ah ouais ? Ben ça tombe très bien, moi je suis P.C. incompatible"). Voilà.

Bitch Girl

(Collectif Yann-ZB-Carole)

Non ce n'est pas une gentille surfeuse américaine héritière de Brian Wilson (Genre IZa... elle est pas là on en profite)... Précisons pour plus de clarté que "bitch" en anglais, ça veut dire salope (Yann tient à signaler d'ailleurs que "salope", ça peut aussi être masculin)... C'est tout de suite plus clair, non ? Faites en bon usage.

ZB - Mode d'emploi

(où "chant de ZB la mal aimée")

Moi quand je vais au Bagdam, j'emporte mon masque a gaz, mon casque antibruit et ma ceinture de chasteté. Je rentre, mes yeux me piquent, mes poumons crient au secours et mes oreilles demandent pitié. Là s'offrent à moi plusieurs... options : le comptoir, la salle, ou le trottoir , qu'on appelle la terrasse. Mais bon, la terrasse, y'a la voisine qui supporte pas le bruit, le voisin qui peut pas encadrer les lesbiennes et puis en hiver il fait froid. Je reste donc à l'intérieur, au milieu d'une foule de goudous, agrippées à leurs tabourets de bar, ou groupées autour des tables, qui sirotent leur breuvage. Elles refont le monde, se refont une santé, font connaissance, et discutent de façon confuse pour qui n'est pas intégrée au groupe ("les filles vous avez vu ? C'est Solenn, la copine de Tiphen, la cousine de l'ex de Gwenn, celle qui a essayé de piquer Katell à Gaëlle en janvier".. ah ? si vous le dites !). J'écoute, j'observe, je rêvasse...

Pendant ce temps là, Carole est tombée dans le tonneau de punch, IZa drague comme une malade... Comme d'habitude, je suis affalée sur ma chaise... et je profite de cet espace pour lancer un message perso : oui, je m'appelle ZB et je suis une fille ; non, je ne m'ennuie pas ; oui, parfois je parle ; oui, il m'arrive de sourire ; et oui j'en ai marre qu'on me pose ces questions. Pour plus de précisions, vous pouvez une fois de plus contacter ma secrétaire Carole quand elle est à jeun (entre 13h30 et 14h30). Et mangez des produits laitiers.

  

Quelle dragueuse es-tu ?

(ou "20 ans, le retour", ou "Stop fucking kangaroos now !")

- Tu mates discrètement depuis le fond de la salle, tu t'emballes, et tu démarres.

- Tu mates discrètement depuis le fond de la salle, tu t'emballes, et tu cales.

- Tu mates ostensiblement depuis ton tabouret de bar, et tu attaques (ZB et Carole te surnomment rhinocéros).

- Tu lui caresses "innocemment" le bras et tu lui demandes "c'est doux ? c'est neuf ?"... Non, ça a 57 ans et tu te prends une baffe.

- La salle est pleine à craquer. Généreusement, tu lui proposes un petit coin sur ta chaise, voire une cuisse accueillante. Tu déchantes rapidement parce qu'elle a le cul pointu (on a beau dire, il y a des détails qui tuent).

- Tu la fixes du regard toute la soirée, tu lui lances des clins d'œil à choper une crampe à la paupière (remarque, on a besoin de ventilation). Si elle se tord de rire sur son siège, tu peux laisser tomber la paupière et tes idées.

- Tu l'abordes et tu la captives pendant trois heures sur un sujet passionnant qui met bien en valeur ta suprématie intellectuelle, comme par exemple la description mathématique avec théorèmes à l'appui du fonctionnement d'un robot non-holonome (aïe ! Carole, pourquoi tu me frappes ?). Si ça marche ? Demandez à Carole (je t'emmerde ZB !).

- Tu t'approches, tu lui enfonces les ongles dans les muscles de la cuisse et tu lui dis d'un air conquérant "Ça va poulette ?". Ça allait pour elle jusqu'à ce que tu lui laboures le quadriceps. Enlève ta patte de là.

- Tu engages la conversation sur un sujet anodin qui ne lui mettra absolument pas la puce à l'oreille : "Tu vas à la Voûte samedi soir ? Oui ? Ça tombe bien, moi aussi". Méfie-toi, le bruit court que certains éléments du sexe féminin posséderaient un cerveau. Si, si !

- Tu t'installes en face d'elle et tu mises à fond sur le syndrome de l'infirmière. Tu prends ton air le plus malheureux et tu la regardes avec des yeux de chien battu. Si ça marche, elle sera fière d'être ta sauveuse et te consolera (et pensera qu'elle est efficace parce que tu te remets vachement vite...).

- Tu discutes de banalités avec elle pendant toute la soirée. Tu récupères ses coordonnées avant de partir sagement. Les jours suivants tu laisses régulièrement des messages de chatte en chaleur sur son répondeur : "Je t'embraaaaaaaaasse, mmmmmmmmh ! Je pense à toahhhhh". Le mien s'en souvient encore.

- Tu repères l'heureuse élue, tu fais en sorte qu'elle te remarque (tu te jettes dans le tonneau de punch, tu montres ton diplôme d'ingénieur à tout le monde, tu chantes un air d'opéra, tu te masturbes contre le pied de la table, tu récites un poème, tu exhibes l'hématome que tu t'es fait sur la fesse gauche en essayant les talons aiguilles de ton cousin, tu racontes ton dernier voyage chez les Papous...). Une fois repérée, tu joues les grandes indifférentes et tu attends. Si un an plus tard tu n'as pas de nouvelles, je crois que tu peux considérer que c'est raté.

- Tu fais comme moi, tu laisses tomber parce que de toute façon, c'est toutes des salopes. Na ! D'abord !

Si tu as plus de A que de B : Heu... tu appelles ça draguer ? Attends on va t'expliquer...

Si tu as plus de B que de C : Et oui, l'amour est une guerre, accroche-toi !

Si tu as plus de C que de A : Tu es irrésistible, et tu as gagné une nuit d'amour avec ZB (Miam !).

La très aguerrie ZB

(pour la liste d'attente, voir Carole, c'est elle qui fait le premier tri - heu... pas miam !)

 

Rubrique Ecolo

(Sur une idée originale de Françoise et Aurélie)

Safe sex : Luttez contre la déforestation amazonienne, protégez les hévéas, choisissez des ménopausées. Soyez vertes, prenez une femme mûre (enfin pas trop quand même... si la différence d'âge excède 25 ans... réfléchissez.).

 

Beignes de lesbiennes vertes au Bagdam Cafée

(ou "Les bébés bouteront les salopes hors du Bagdam")

Aujourd'hui nous aimerions être encore plus hargneuses que d'habitude parce que, on vous le dit tout de go : nous sommes méchamment en colère. Et furieusement. Et durablement. Contre qui ? Et bien contre vous, ou plutôt contre celles d'entre vous qui ont en amour un comportement que nous jugeons inadmissible. Vous nous direz "ça ne vous regarde pas". Ben si, un peu quand même, dans la mesure où nous et nos ami(e)s en ont été victimes et où il arrive un moment où ça gave. Alors à partir de maintenant, si vous voulez éviter qu'on vous fasse une reput' de salope, vous allez arrêter tout ça :

· Les excuses pipeau pour se débarrasser d'une fille qu'on n'aime pas. D'accord des fois ça part de bons sentiments : on ne veut pas balancer brutalement un "je ne t'aime pas, lâche moi" alors on raconte n'importe quoi. Petits exemples vécus :

- "T'es trop jeune" (Entendu par au moins 3 des 4 rédactrices/eur de cet article)

- "T'es trop vieille" ("T'as au moins 2 ans de plus que moi")

- "T'es trop gentille, je ne veux pas te faire de mal" (Ben voyons !)

- "T'es trop speed, tu parles trop" (Et ta sœur ?)

- "De toute façon tu ne peux pas me comprendre" ("Allez, va jouer !")

Alors ça vous arrêtez, parce que c'est immonde. Même si on sait bien que c'est pipeau, une partie de nous y croit, et ça détruit parce que ce sont des choses contre lesquelles on ne peut rien (et en plus on a la légère impression d'être prises pour des connes). Alors apprenez à dire "Je ne t'aime pas/plus" ou 'Non, désolée", mais PLUS JAMAIS DE FAUX PRETEXTES !

· Les parallèles. Apprenez à terminer une histoire avant d'en commencer une autre, parce que deux en même temps, ça veut dire qu'il y en a au moins une qui morfle (ça parait simple comme ça mais il faut croire que c'est pas évident). Et puis ça vous évitera des problèmes d'emploi du temps (et de boites aux lettres...).

· Autre variante du point précédent : Ne prenez pas les autres pour des roues de secours affectives ou des bouche-trou, genre "elle m'a plaquée, elle va peut-être revenir, en attendant meublons avec la première venue". Parce que la première venue, elle est peut-être sincèrement amoureuse (et oui, ça arrive). Ça évitera des plaquages IMMONDES genre "Ben, celle que j'aime est revenue ! Arrêtons là, elle je l'aime." (Et là nous visons quelqu'un en particulier, celle qui a indirectement rendu gérontophobe les trois quarts de la rédaction... Fuck la vioque ! Ceci est une remarque perso).

· Arrêtez les trips genre "J'ai souffert donc elles vont toutes morfler", c'est immonde pour les autres, celles qui sont "honnêtes". Si vous avez été blessée et que pour un temps vous voulez vous la jouer "du cul, du cul, du cul et surtout pas d'amour !", prévenez les principales intéressées (celles avec qui vous avez l'intention de folâtrer) et évitez d'allumer celles qui présentent le moindre symptôme d'amour pour vous (à la réflexion, ceci est aussi une remarque perso).

· Enfin, et peut être surtout, rappelez-vous que vous avez affaire à des ÊTRES HUMAINS qui ont parfois des SENTIMENTS, pas à des chiens ou à des poupées gonflables.

On vous parait aigries ? moralisatrices ? sentimentales à l'excès (ben oui et alors ?) ? Et bien regardez donc autour de vous, discutez avec vos amies qui font la tronche parce qu'elles sont mal, et vous vous rendrez compte que les salopes sont bien parmi nous. Et qu'elles sont actives. Et en plus contagieuses (voir point numéro 4). Et que ça commence à bien faire. Donc ça va bien les conneries, reprenez-vous et apprenez à avoir un peu plus de respect pour les femmes qui vous entourent (et par la même occasion pour vous-mêmes). Sinon, on vous jure que l'on va se lancer dans une croisade anti-salopes qui risque d'être sanglante. Et ça c'est pas du pipeau.

Les très énervées ZB et Carole,

activement soutenues par IZa et Yann (et par le collectif des victimes des salopes)

 

Toutes les femmes ont le droit de Voûte

(ou "Rubrique savoir-vivre" - suite)

Une fois par mois avoir le droit de Voûte. S'amuser, se défouler, se retrouver... Tout cela dans un lieu bien singulier. Après sélection (sonnerie foireuse, porte, reniflement de Sylvianne, re-porte, escalier casse-gueule), enfin accéder à la matrice, coupées du monde, au chaud, à l'abri sous les formes arrondies de la Voûte.

Tout n'y est pas parfait pour autant. On a deux-trois remarques à faire...

Aaaaah oui, la musique par exemple... C'est dommage, le cadre est correct, les lumières sont intimes à souhait... alors pourquoi le brio est-il à 2 zouks, 3 reggae, et 48 dream d'écart de should I stay or should I go...? On a à peine le temps de se mettre en jambes, de se préparer à pogoter sec et une lambada endiablée vient nous couper tous nos effets. Ce serait pourtant le pied de pouvoir se tortiller sur un enchaînement logique de quelques titres de chaque style (sans aller puiser dans les discos inconnus !).

Et puis quand la musique et bonne, pourquoi persistez-vous à vous agglutiner dans une seule salle alors qu'une deuxième pièce vous tend les bras ? D'accord, elle est un peu moins bien éclairée, mais depuis quand avez-vous besoin d'être sous les projecteurs pour vous trémousser ?

Enfin, et surtout, on a remarqué que la courtoisie et la délicatesse n'étaient pas toujours au rendez-vous. Entre les éructations éthyliques du style "toi, j't'encule", les coudes à coudes agressifs pour arriver aux toilettes avant la voisine, les plans "j'emballe un max de filles avant trois heures du mat'", on n'est pas toujours gâtées.

Malgré ces quelques défauts, ces soirées restent heureusement un agréable moment à passer entre amies. Quand vient l'heure de quitter la matrice, il faut encore gravir les escaliers, s'accrocher au cordon puis l'abandonner pour renaître au monde extérieur encore assoupi... alors ne poussez pas de cri : ça fait longtemps que vous ne pesez plus 3,5 kg.

 

iZa et ZB

(Born to be chieuses...)

On aurait pu faire pire mais on n'a pas dit notre dernier mot !

Comme d'habitude, ce à quoi vous avez échappé... pour le moment. Mais alors là, comme c'est les vacances, c'est grave !

· Grand dossier "Quand vos parents vous rendent visite dans votre placard", tout ce qu'il faut savoir quand on n'est pas out : où planquer les trucs compromettant, comment réapprendre rapidement à parler hétéro, comment les virer de la façon la plus expéditive possible ("Wouah tu sais j'ai vaaaachement de boulot M'man")... ou bien comment sortir...

· 50 bonnes raisons de ne pas se flinguer en cas de largage

· Vache folle, ornithorynque ou colibri : quelle lesbienne êtes-vous ?

· Fleur bleue blues : comment assumer votre romantisme.

· Les goudoumobiles : entre les lesbiennes et leurs voitures, une grande histoire d'amour (ah les bielles qui coulent sur les vis platinées !)

· Rubrique people : le concert de l'année : Joan Baez - k.d.lang (parce que Stéphane Eicher ? (Rhaaaaaaaa, Stéphane, baisse tes tarifs !)

· Bientôt la fermeture du Bagdam, comment survivre un mois sans endroit purement lesbien (Toutes au Scott nom de Dieu !).

 

Bon, c'est tout pour cette fois. Bonnes vacances, bronzez bien, draguez comme des folles et revenez-nous en forme parce que nous on le sera !

Allez, salut et... lesbiennes de tous les pays, UNISSEZ VOUS !

 

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