How goudouyou do ?

( "Noël sous la glace, Pâques en terrasse")

 

LE journal lesbien de Toulouse n° 4 - janvier 1997

 

Edito : How Goudouyou do? vous souhaite de joyeuses Pâques !

Bon, d'accord, notre cadence de parution est un peu chaotique et du coup on a raté le nouvel an. Mais bon comme traditionnellement on a tout le mois de janvier pour présenter ses vœux, vous allez pas nous.. hein ?! Passe que sinon nous on part en vacances aux Bahamas avec les bénéfices du journal, hein ! Ça va être vite vu !

Mais non rhooooo ! Revenez, ne boudez pas ! C'était une blague ! On vous souhaite à toutes une bonne année, pleine de trucs sympas et de femmes merveilleuses (sauf à quelques-unes unes d'entre vous mais ça... c'est plus perso...) ! En fait si on prend notre temps c'est pour écrire moins de conneries (c'est notre seule bonne résolution de l'année) alors... ne nous dites pas que vous allez vous en plaindre...

Alors cette fois, on a fait un article chacune : IZa s'est préoccupée de votre avenir, j'ai poussé un gros coup de gueule hystérique toute seule dans ma chambre et ZB a regardé la télé... Prêtes ? Alors c'est parti !

 

Culture Pubis

(ou "ZB ne lit pas Play Boy, elle regarde la pub")

Ce n'est en aucun cas une nouveauté : l'image de la femme est un excellent vecteur de promotion publicitaire. Pour créer le besoin, qu'il s'agisse d'un immonde cassoulet ou d'une voiture rutilante, la recette est simple : un joli morceau de sein, un échantillon de jambes splendides et un zeste de sourire ravageur. En effet, il parait que le mâle fonctionne par désir de possession, la femelle par désir d'identification... Dans tous les cas, ce qui est important, c'est la création de ce fameux DÉSIR. Dans le cerveau de l'homo-erectus, le désir de l'image se transforme en désir du produit et le tour est joué. Enfin ceci n'est que le schéma classique du conditionnement typique du consommateur basique. Car "nous ne nous laissons pas avoir, nous !" D'abord, nous n'avons pas la télé ou, si nous l'avons, elle est bloquée sur Arte ! Ensuite, nous ne nous laissons jamais influencer par ces images stupides qui émanent directement des stéréotypes hétérosexuels tant exécrés... D'ailleurs, nous haïssons les stéréotypes de tout poil (Horreur, des poils !). Pour en être convaincues, il suffit d'observer notre petite communauté : rares sont celles d'entre nous qui arborent boucle "d'oreille gauche", tatouages, piercings, clope au bec ou canette de bière à la main. Comme preuve suprême de notre refus des stéréotypes, je citerai l'incapacité que nous avons à nous repérer dans la rue...

Mais revenons à mon sujet. J'ai un aveu à vous faire : je regarde la pub à la télé. Je regarde, hébétée, ces femmes tour à tour sportives et ménagères, naturelles et sophistiquées, lascives et pressées, aventurières et maternelles, rêveuses et pragmatiques, belles et... très belles. Je regarde, désabusée, ces femmes qui trouvent le bonheur au fond d'une boite de conserve ou qui voient leur existence transformée par la dernière serviette hygiénique. Je regarde, intriguée, ces femmes au sang mauve, à la peau impeccable, au visage rayonnant, y compris les mains plongées dans le linge sale. Même en faisant preuve de l'imagination la plus délirante, aucun désir d'identification ne naît en moi. Je continue à revendiquer le droit au petit bouton mal placé, aux cinq poils rescapés d'une épilation laborieuse, aux rides non dissimulées et aux poches adipeuses qui ne gâchent pas la vie.

Bref, en conclusion, le jour où la pub découvrira "la perfection au féminin", c'est-à-dire la féminité avec ses petits défauts, les gouines auront des couilles !

 

ZB "du cul, du cul, du cul"

(Présidente du "BA ça fait du bien à l'intérieur" fan club)

 

XX Files - Aux frontières du réel...

(ou "à la découverte d'une troisième voie entre la rose et le chou")

Vous êtes deux femmes. Vous vous aimez, et vous voulez que de cet amour naisse... la vie. C'est mieux que de prendre un caniche qui reviendrait cher en toilettage et qui vous causerait plus de problèmes qu'un enfant en cas de séparation (témoignage de Martina N.). La question de la procréation hante bon nombre d'entre nous. Qui n'a jamais vécu un dimanche matin sur l'oreiller le fameux "Dis Chérie, tu me fais un bébé ?" Si ça ne vous est pas encore arrivé, sachez qu'il est inutile de jeter un œil discret à votre anatomie : vous n'êtes pas équipée pour, et toute prothèse sera, hélas, inefficace (témoignage de ZB B. de retour de la rue Denfert).

Il vous faudra donc vous résoudre à vivre votre Amour à deux. Après tout, "tu me fais un bébé", peut se traduire de diverses manières, tout est question de sens. Si le désir -d'enfant- est trop fort, vous pouvez :

1. Tenter une adoption dans un de ces pays lointains...

2. Tirer à la courte paille l'heureuse élue qui aura la joie et le bonheur de passer à la casserole avant de jouer les kangourous pendant neufs mois (ZB propose une alternative digne d'elle "JE passe à la casserole et TU joues les kangourous".. On reconnaît bien là la marque du clic-clac !). Encore faut-il trouver un étalon consentant et correspondant à vos critères.

3. Récupérer la seringue du vaxigrip pour procéder à une insémination artificielle maison (Côté technique, on vous prévient c'est pire que le pilotage d'un Boeing SANS manuel).

Aucune de ces solutions n'est séduisante. Mais ne désespérez pas : l'équipe de Recherche et Développement de How Goudouyou do? est toujours en avance sur Science et Vie.

Vous pourrez en effet bientôt engendrer votre progéniture à vous sans la moindre intervention masculine. Non ! Il ne s'agit pas de la visite de l'ange Gabrielle à Marie, ni de la dernière lessive qui fait tout à votre place. La vérité est ailleurs : la génétique humaine fait des miracles (n'en déplaise au Saint Esprit). Le principe est simple : vous disposez chacune de 46 chromosomes (Si si ! Regardez bien au fond de votre sac à main !). Mettez 23 de l'une et 23 de l'autre en commun et dès que les chercheurs auront résolu quelques petits problèmes techniques (des broutilles...) vous obtiendrez un joli bébé joufflu, chair de votre chair. Alléluiah !

En plus, histoire de perpétuer la race, je peux d'emblée vous assurer que ça sera une fille. Le salut de notre communauté est là : dans la fusion des gamètes. Toutes à vos microscopes !

IZa

XX

Youhou ? Y'a quelqu'un ?

(ou "Grand concours d'autruches")

Vous vous rappelez, il y a deux numéros... Nous vous avions imprudemment parlé de la communauté lesbienne en promettant de faire un article sur le sujet. Mais voilà, comme nous ne sommes pas vraiment aptes à trancher toutes seules, nous aurions besoin de votre avis, vous qui constituez cette communauté, si communauté il y a... Alors si toutes celles qui sont intéressées pouvaient nous glisser dans la boite à idées des petits papiers avec, résumé en une ou deux lignes, ce qui les fait penser que cette communauté existe (ou n'existe pas)... Ben... Comme ça on pourrait avoir une idée de ce que vous pensez...

 

Carole, IZa et ZB

(Ashram rédactionnel lesbien, communauté à elles toutes seules)

Beignes de lesbiennes vertes au Bagdam Cafée productions présentent :

Merci de nous avoir prévenues !

(ou "Allons-nous oui ou non nous prendre ce pot de géraniums sur le groin ?")

 

Et bien aujourd'hui je fais le coup de gueule toute seule parce que je suis très énervée... Outrée qu'elle est la Carole ! Pourquoi ? Ben parce que le débat auquel j'ai assisté s'appelait en gros "Le SIDA chez les lesbiennes, parlons-en" et qu'à mon sens on a plutôt assisté à "Oui-Oui à la corrida"...

Je m'explique. Moi, lesbienne de base, au courant qu'il y'a des risques possibles, mais pas de leur importance, et plus ou moins de comment on s'en protège, je m'imaginais naïvement qu'on allait enfin m'apprendre quels étaient vraiment ces risques, et ensuite comment s'en protéger. En clair, j'attendais qu'on infirme ou confirme l'affirmation d'Ellula Perrin qui dit que le risque d'attraper le SIDA entre lesbiennes est à peu près le même que celui de se prendre un pot de géranium du quatrième étage en passant devant un immeuble. Et ben non, pas du tout.

Déjà ça a commencé très fort... Après une petite intro rappelant le sujet et les présentations, les deux filles d'AIDES et les deux filles d'Act Up chargées de notre prévention ont attaqué direct par "quelqu'un a des questions ?"... Alors ça, quand on veut qu'un débat sorte illico du sujet, c'est radical... Et ça n'a pas raté...

Il faut dire qu'Act Up nous avait distribué une brochure avec de zoulies photos, explicites et claires quant à la prévention, mais légendées par un texte... qui a, disons-le, mis un sacré coup dans l'aile de mon romantisme. À vrai dire, le langage était tellement cru que beaucoup des filles ont été choquées... Alors vous pensez qu'elles avaient des choses à dire à défaut de questions à poser. Et c'est là que moi j'ai commencé à être choquée. Parce que le "dialogue" s'est enlisé net. Les filles du Bagdam ont essayé d'exprimer, certes un peu vertement pour certaines, qu'elles étaient tellement choquées par ces mots qu'elles n'arrivaient plus à entendre le message de prévention. Et la seule réponse de notre groupe de prévention (Act Up en tête, faut bien le dire...) a vraiment sonné comme un définitif "Ben vous êtes vraiment trop connes d'être choquées par ça." Ouaiiiis ! Bravo, ça c'est de l'écoute et du respect de l'autre ou je ne m'y connais pas.

Alors forcément ça a commencé à tourner à l'aigre. Dans un moment de calme, une autre interrogation majeure a été exprimée : quels sont vraiment les risques encourus par les lesbiennes entre elles, quelles sont les statistiques, en bref quels moyens avons-nous de nous CONVAINCRE que le risque existe vraiment, s'il existe ? Ah ben... On n'aurait pas dû la poser cette question parce qu'on s'est toutes faites engueuler !! "Ouais qu'est-ce que vous venez nous parler de chiffres ?? (Ben... ça nous travaille quand même...) Il vous faut des mortes pour réagir ?? (Ben non mais on voudrait savoir ce qu'on risque, vous savez le pot de géraniums, tout ça..) On est dégoûtées !!! Y'a des millions de morts du SIDA (Ben oui ça on sait on perdu assez de potes... mais nous, les lesbiennes...) De toute façon les chiffres on les a pas !!!! (Ah ben voilà une réponse honnête ! Et pourquoi on les a pas ?) Nan mais vraiment si il vous faut des chiffres pour réagir c'est même pas la peine d'aller plus loin !!! (C'est vous qui prévenez, c'est vous qui voyez... )". Over. Roger out.

Je crois que c'est là que j'ai décroché. J'en avais assez entendu. Encore un débat sur le SIDA et les lesbiennes où on m'a parlé des risques des hétéros, des gays et des toxicos mais pas des miens. Et je suis repartie vraiment dégoûtée parce que si j'avais des questions en entrant, non seulement je les ai toujours, mais en plus maintenant j'ai l'impression que même les associations spécialisées ne peuvent rien pour moi. Elles n'en savent pas plus que moi, et si j'émets un doute sur ce qu'elles veulent me faire croire (vous voyez où j'en suis arrivée...) je me fais traiter de monstre irresponsable.

 

Bref, pour moi ce débat a été tellement lamentable et néfaste que je ne peux m'empêcher de rappeler à notre vaillant groupe de prévention quelques règles de base. À savoir que quand on prétend faire de la prévention tout public (c'est à dire hors militants Act Up-AIDES) et organiser un débat il faudrait :

- savoir animer un débat.

- avoir un minimum d'arguments et de fond (vous savez cette chose qu'on appelle "travail préparatoire").

- avoir un minimum de pédagogie (vous savez, cet art difficile qui consiste à faire passer ses arguments en douceur, principalement en employant un langage adapté et accessible au public ciblé...).

- ne pas se servir des ses exemples personnels douloureux comme arme (genre "je sors les violons pour vous faire culpabiliser à mort") sans les relier au sujet parce que c'est assez immonde comme procédé...

- savoir écouter son public et ne pas le prendre systématiquement pour un ramassis de connasses décérébrées.

Pour conclure, je dirai que vue l'anarchie qui a régné pendant deux heures, tant du fait des filles censées animer que du fait du public (Les filles nom d'une digue dentaire, apprenez à ne pas aboyer quand vous vous exprimez, même si la personne en face vous en donne vraiment envie !!! Oui Brigitte, je parle AUSSI pour toi !), moi je ne vois plus qu'une solution. Et je demande par l'intermédiaire de cet article la nomination d'une meneuse de débat/médiatrice qui fera peut-être des débats de Bagdam sur les sujets sensibles de vrais débats et pas un remake du marché de Brive-la-Gaillarde...

 

La très très (mais alors vraiment) énervée et dégoûtée Carole

(qui ne va pas brûler ses T-shirt Act Up pour autant mais le cœur y est)

 

Rubrique linguistique

La rubrique linguistique est absente ce mois-ci : elle est occupée à tourner sept fois dans une bouche quelconque... On ne peut plus compter sur personne...

 

On aurait pu faire pire mais on n'a pas dit notre dernier mot !

(ou "Et non nous n'avons pas pris de bonnes résolutions, nous !")

Comme d'habitude, voici tout ce à quoi vous avez échappé... momentanément. Si vous avez des idées de ce genre à nous soumettre, n'hésitez pas !!

 

· Lesbiennes et lait grenadine : une symbiose ignorée.

· Ophélie Winter largue Mallaury pour Vanessa !

· "Mais où vont-elles chercher tout ça ?", 24h dans la vie des rédactrices de votre journal préféré (avec photos de ZB rue Denfert !)

· Caniche, hamster ou dogue allemand : la tendance 1997.

· Souris des champs : lesbiennes champêtres, savoir les apprécier.

 

Voilà, voilà, c'est fini. Ah si ! LE proverbe breton du mois (courtesy of ZB de Plougastel Dahoulaz) "La souris qui n'a qu'un trou est vite prise"... Démerdez-vous avec.

 Allez, salut et... lesbiennes de tous les pays, UNISSEZ-VOUS !

 

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