Les malheurs de Julie
Chapitre 1
Julie était vaguement inquiète. Assise à l'arrière de la voiture familiale, elle pouvait sentir la nervosité de ses parents. Ils ne lui avaient pas adressé la parole depuis le départ de la maison, et à vrai dire, pas depuis que les flics l'avaient ramenée au domicile la veille au soir. Il est vrai qu'avec cinq fugues en un an, ils avaient de quoi être légèrement énervés. Elle avait passé des soirées punies dans sa chambre, elle avait goûté le martinet, son père l'avait même attachée au lit la nuit mais rien n'y faisait, Julie se sauvait de la maison aussitôt que possible. Elle en avait maintenant le droit d'ailleurs, vu qu'elle venait de fêter ses dix-huit ans mais n'ayant ni ressources ni courage, elle revenait toujours au domicile parental, se résignant à chaque fois au punitions et aux remontrances. Elle aurait de plus été bien en peine de justifier ses errements. Il lui semblait juste qu'à son retour, ses parents lui témoignaient un certain intérêt, même si c'était pour lui infliger des châtiments qu'elle ne pouvait s'empêcher de trouver justifiés.
Julie était inquiète donc, mais comme à son habitude se montrait fataliste, pas plus curieuse que cela de savoir où on la menait. Aussi quand au bout d'une centaine de kilomètres, son père bifurqua au coin d'un haut mur de pierre pour pénétrer dans une vaste propriété, elle se contenta d'admirer le parc et ses arbres centenaires. Aux personnes se promenant dans parc, elle comprit néanmoins qu'elle se trouvait dans une clinique. La voiture garée sur le parking visiteurs, ses parents la conduisirent au travers de couloirs sentant le désinfectant ou s'affairait comme de coutume le personnel soignant. Sur un chariot roulant, Julie aperçut une pile de couches de taille adultes. Elle sourit en pensant aux pauvres infirmières. Tant d'années d'études pour laver des fesses, elle avait bien raison de ne rien faire en classe. A peine sortait elle de ses pensées que ses parents la firent entrer dans le bureau d'un médecin. Julie était surprise car elle pensait être là pour rendre visite à un parent quelconque. Elle compris enfin que cette consultation la concernerait au premier plan quand sa mère, d'un geste sévère lui désigna le fauteuil du milieu, juste en face du médecin.
"Jolie doctoresse" pensa la jeune fille. En effet, le médecin était une femme d'environ trente-cinq ans, brune aux cheveux tirés sévèrement en arrière par un chignon, mais dont les traits étaient adoucis par de beaux yeux noisettes et un sourire charmant. Sous sa blouse d'hôpital, elle portait un chemisier de soie que l'on devinait coûteux et un foulard Hermès.
Elle posa les papiers qu'elle était en train de lire et leva les yeux vers Julie. Elle souriait toujours. Elle commença à poser des questions à la jeune fille, d'abord de sujets généraux comme l'école, le sport, les amis puis la questionna sur sa santé et ses antécédents. Ensuite son père sortit et elle dut se déshabiller pour subir un rapide examen. Elle ôta donc son tee-shirt moulant, sa minijupe en strech, ses collants et ses baskets pour se faire ausculter. Le docteur lui passa une informe chemise d'hôpital, fermée au dos par trois lacets, et fit entrer son père à nouveau. Ses parents ne disaient rien et Julie commençait à se demander ce qu'elle faisait là. La réponse ne tarda pas.
- Julie, si tu es ici aujourd'hui, c'est que tu tes parents ont décelé des troubles du comportement que je suis en mesure de confirmer. Nous allons te soigner, tu n'as pas à t'inquiéter, et aussitôt que possible, tu pourras sortir d'ici.
La jeune fille était estomaquée. Elle se tourna vers ses parents qui ne desserraient toujours pas les lèvres. Quoi, cette femme semblait dire qu'elle devait rester ici ! Elle ne se sentait pas le moins du monde malade, elle ne s'était même jamais sentie aussi bien. Mais à peine commençait-elle à protester que ses parents se levaient déjà et l'embrassaient pour lui dire au revoir. Julie, secouée de sanglots, ne pouvait dire un mot. Elle hoqueta, essaya de se raccrocher à sa mère qui se dégagea fermement et en quelques secondes, ils étaient partis.
Julie ne réalisait toujours pas. Elle chercha des yeux ses vêtements, prête à faire le forcing pour ficher le camp quand elle réalisa que sa mère les avaient emmenés. Elle leva un regard plein de détresse et de larmes vers le médecin qui l'avait prise dans ses bras. Elle sentait divinement bon, un parfum à la fois doux et capiteux que Julie ne sut pas reconnaître et la main qui lui caressait la joue était douce, si douce. Julie préféra s'abandonner et offrit sa reddition.
- Qu'est que vous allez faire de moi, docteur, demanda-t-elle d'une petite voix cassée.
- Tu vas voir, tout ira bien, nous allons prendre bien soin de toi.
Quelques instants plus tard, deux infirmière entraient dans le cabinet en poussant une chaise roulante.
L'une d'elle dans la force de l'age, la taille encore fine et les traits avenants lui souriait tandis que l'autre qui semblait à peine plus âgée que Julie semblait contrariée. Elle était pourtant bien jolie dans sa blouse d'infirmière avec ses cheveux blonds coupés au carré et ses beaux yeux bleus.
- Voila, Julie, ces deux dames vont t'emmener jusqu'à ta chambre ou tu pourras te reposer.
- Mais je n'ai aucune affaires, dit- Julie. Rien pour ma toilette, ni pour m'habiller.
Le docteur se mit à rire.
- Tu verras, ici, c'est comme à l'armée, on s'occupe de tout. Allez, assieds toi dans la chaise.
Julie s'assit docilement. A peine installée, la plus âgée lui saisit un poignet et lui immobilisa à l'accoudoir à l'aide de bandes velcro fixées au barres chromées de la chaise. Julie se tourna vers la doctoresse, toute à sa surprise.
La jeune femme devança sa question.
- C'est le règlement ici. Pour tout déplacement, nous nous assurons que nos patients voyagent en sécurité et qu'ils ne risquent pas de se blesser ou de blesser quelqu'un.
Julie était trop estomaquée pour réagir. Non seulement ses poignets étaient immobilisés aux accoudoirs mais ses chevilles subirent le même sort puis la plus jeune des infirmières lui fit passer la tête dans un étrange dans un étrange dispositif. Cela se présentait un peu comme un gigantesque bavoir pour bébé se terminant en pointe et dotée d'une courroie de cuir à chaque extrémité. L'infirmière lui passa la tête dans le trou prévu puis força la pointe entre les jambes de Julie pour passer la courroie sous le siège qu'elle accrocha à la courroie correspondante pendant derrière le dossier. Ainsi, même les bras libérés, Julie aurait été bien en peine de se lever du fauteuil. Elle se remit à pleurer.
Julie fut ainsi promenée dans la clinique, totalement sans défense. Ses infirmières discutaient comme si de rien n'était et Julie n'osait pas les interrompre. A un moment elles rencontrèrent une collègue avec qui elles discutèrent quelques minutes. Volontairement ou involontairement, elles avaient poussé le fauteuil dans un coin, face à un mur blanc, et Julie se sentait comme une vielle chaussette que l'on abandonne.
Enfin elles arrivèrent à sa chambre. Le sol était carrelé de blanc, les murs étaient gris clair, sans aucune autre décoration qu'un horrible tableau représentant une nature morte, et le seul ameublement était un lit chromé. Avant d'être libérée, Julie fut étrangement mise en garde par la jeune infirmière.
- Bon, la nouvelle, écoute bien parce que je ne répèterait pas. Si tu nous embêtes, on te fera la vie vraiment difficile, on en a les moyens. A vrai dire, on a même tous les moyens. Mais si tu es sage, alors tout se passera bien. C'est compris ?
Julie opina du chef.
- C'est sûr, repris l'infirmière, pas de coup de pied en vache comme j'ai eu ce matin ? Je peux te dire que celle qui m'a fait ca n'est pas prête de sortir du cabanon.
Julie promit de se tenir sage. Elle fut alors libérée et dut s'allonger sur le lit. Il était recouvert d'une alèse de caoutchouc beige qui la fit frissonner malgré la chaleur qu'il faisait dans la chambre. A peine était elle allongée que l'infirmière sortit de la table de nuit un change complet pour adulte. Julie était horrifiée.
- Vous n'allez quand même pas me mettre ca, cria-t-elle, je ne suis pas malade.
- Si tu es ici ma petite, lui répondit la jeune infirmière, c'est que tu es malade. Et ici, tous nos pensionnaires sont protégés. On n'est pas payées pour nettoyer vos cochonneries.
Et d'autorité, elle souleva les fesses de la jeune fille pour lui passer la couche. D'un geste expert, elle rabattit les deux cotés sur les hanches et fixa les collants de la couche.
- Pour l'instant, on va aussi te mettre une culotte, repris l'infirmière, on verra par la suite si tu es une pisseuse ou pas.
Elle enfila alors sur la couche une culotte de plastique rose translucide, serrée à la taille et aux cuisses par des élastiques. Julie ne s'était jamais sentie aussi humiliée. Elle était bien décidée à ôter tout cela dès qu'elles auraient le dos tourné et à trouver le moyen de fiche le camp d'ici. Elle fut donc bien désappointée quand elle vit ses tortionnaires sortir de sous le lit de nouvelles entraves. Avant d'avoir put protester, elle était sanglée par de grosses courroies de cuir garnies de feutre épais aux chevilles et aux poignets, la tenant écartelée sur le lit, puis deux autres courroies, plus larges encore, lui passèrent l'une au-dessus des seins et l'autre au niveau des hanches. Elles étaient si serrées par des boucles de métal chromées que la seule chose qu'elle pouvait faire était de bouger la tête.
Prise de panique, incapable du moindre mouvement et toujours nue sous sa chemise d'hôpital, excepté la satané couche et la culotte de plastique, Julie se mit à crier. Elle voulait sortir, et tout de suite. Deux paires de claques la ramenèrent sur terre.
- Si tu cries encore, je te bâillonne, lui dit encore la jeune infirmière. Tu vas attendre le docteur bien sagement. Elle passera demain dans la matinée.
- Mais il n'est pas encore midi, protesta Julie.
- Et bien en attendant, repose toi, et que l'on ne t'entende pas. Si tu as été sage, tu mangeras à six heures. Si ce n'est pas le cas, je te nourrirai autrement et tu verras, ce n'est pas très agréable.
- Non non, promit Julie, je vais attendre la doctoresse, je ne crierais plus.
Les deux infirmières se regardèrent et éclatèrent de rire.
- Oh ! Ca, pour crier, je crois que tu n'as fini de crier, lui répliqua la plus jeune. Au fait, je suis Mademoiselle Vernes. A plus tard.
-Et moi je suis Madame Léger, ajouta la plus âgée en relevant les barres chromées du lit.. Médite bien ce que l'on t'as dit.
Et c'est ainsi qu'en moins d'une heure, Julie, qui vivait insouciante se retrouvait abandonnée par ses parents, attachée et sanglée sur un drap de caoutchouc inconfortable, en couche et culotte plastique et en plus avec une envie de faire pipi qui devenait pressante. Elle ne put retenir ses larmes.
Chapitre 2
Au début, la situation n'était pas trop inconfortable. Julie était un peu assommée par toutes ces émotions, la chambre était bien chauffée et malgré l'odeur entêtante de l'alèse en caoutchouc et le fait de ne pouvoir pratiquement pas remuer d'un pouce, elle se sentait plutôt bien. Paradoxalement, le fait d'être ainsi maintenue lui donnait une étrange impression de sécurité. La couche, épaisse et bien chaude, lui faisait redécouvrir des sensation depuis longtemps oubliées. Elle s'endormit sans s'en rendre compte, n'ayant rien de mieux à faire, et rêva de choses douces et humides dont elle fut incapable de se rappeler à son réveil.
L'après-midi était bien avancé quand elle émergea, d'abord dans un demi-sommeil. Elle se sentait à la fois merveilleusement bien mais commençait à ressentir une gêne familière. Une envie de faire pipi, plus pressante à mesure qu'elle se réveillait, se faisait sentir. Machinalement, elle essaya de se lever et s'aperçut qu'elle était toujours attachée. Un vent de panique la souleva. Elle devait faire pipi, tout de suite. Elle entendit des pas dans le couloir et appela, d'abord faiblement, puis de plus en plus fort, un voile de panique perçant sous ses appels, jusqu'à ce qu'une tête apparut à la porte. C'était la jeune infirmière, mademoiselle Vernes.
La jeune femme éclata de rire.
Julie devint écarlate.
L'infirmière redevint sérieuse.
Elle montra une poire de plastique blanc qui pendait au bout d'un fil à côté de la tête de l'internée.
Elle appuya sur un bouton au mur et le lit se souleva sous le dos de Julie, la mettant presque en position assise. Elle versa alors un grand verre d'eau qu'elle approcha de ses lèvres. Rien que le bruit de l'eau qui remplissait le verre était une torture. Julie serra les cuisses avec courage, affrontant l'inéluctable et commença à boire l'eau qui lui était donnée. Mademoiselle Vernes versait trop vite et Julie était obligée de se dépêcher de boire et avant la fin du verre, elle se mit à hoqueter. Et horreur, à chaque hoquet, elle sentait un jet de pipi s'échapper et mouiller sa couche. Elle se mit à pleurer et s'abandonna, laissant l'urine lui couler entre les fesses et imprégner le change. La verseuse s'en aperçut et lui dit, mi en colère, mi-amusée.
Julie ne put bredouiller qu'un malheureux : Je suis désolée.
Il était bien loin à présent le temps du bien être. Julie se sentait mal, très mal. Elle avait sué et collait à l'alèse de caoutchouc, son nez était plein et elle ne pouvait se moucher. Elle était obligée de renifler bruyamment et elle aurait voulu sécher ses larmes. Et le pire, c'était cette horrible couche souillée de sa propre urine. Julie sentait la moiteur de son pipi, lui rappellent à chaque instant qu'elle avait pissé dans ses couches, comme un bébé.
Julie se remit à pleurer à gros sanglots, prenant soin tout de même de le faire en silence.
Le temps fut bien long jusqu'au moment du repas et Julie accueillit son infirmière avec le sourire, trop heureuse de voir une tête familière. Mademoiselle était de charmante humeur elle aussi. Elle portait un plateau garni d'un récipient fumant qui sentait bon les légumes verts. Elle régla le lit en position assise et attacha un bavoir en plastique rose au cou de la malade. Une sorte de gouttière au bas du bavoir servait à retenir les aliments tombés de la bouche du patient. Julie compris bien vite qu'elle ne serait pas détachée pour manger. Elle se sentait un peu bête avec cet accessoire autour du cou mais jugea plus prudent de se taire. Le plat unique était une sorte de bouillie de légumes, sans sel et sans saveur mais Julie était trop affamée pour se plaindre. Mademoiselle lui donnait la becquée, et elle avalait docilement au fur et à mesure. De temps en temps, elle lui essuyait la bouche et la faisait boire. La jeune patiente faisait alors bien attention de ne pas s'étouffer. Julie dut aussi absorber plusieurs pilules dont elle n'osa pas demander l'utilité. A la fin de ce maigre repas, l'infirmière la recoucha et lui souhaita bonne nuit. En partant, elle lui fit une dernière recommandation.
Je serai de retour demain. En attendant, je te conseille de ne pas importuner ma collègue de nuit ou tu pourrais bien te retrouver au cabanon pour un moment. De toute façon, avec le somnifère que tu as pris, cela m'étonnerais que tu fasses du scandale.
Quelques minutes plus tard, en effet, Julie, s'enfonça dans un sommeil sans rêves.
Chapitre 3
Le lendemain matin, Julie fut réveillée brutalement. Deux femmes qu'elle n'avait jamais vue avaient fait irruption dans la chambre et plaisantaient bruyamment. Julie, qui émergeait à grand peine de son sommeil artificiel devin qu'il s'agissait de deux aides-soignantes à leurs blouses roses. Plus étrange, elles portaient aussi des bottes, de longs tabliers et des gants qui montaient jusqu'au coudes, le tout de caoutchouc blanc, et leurs cheveux étaient cachés sous des bonnets de plastique transparents. Les deux étaient d'age mur et plutôt fortes. Elles entreprirent de détacher la pensionnaire.
Elles se mirent à rire.
Julie était affolée, cela ne pouvait pas être vrai. Elle pencha son cou au maximum mais ne voyait rien. Par contre en effet, elle sentait une affreuse odeur de caca flotter dans la chambre. En deux temps, trois mouvement, elle fut détachée, assise dans une chaise roulante et re-sanglée pieds et poings. Quand elle fut assise, sa couche émit un bruit écurant et elle sentit une matière molle se faufiler entre ses cuisses et remonter dans le bas du dos. A ce moment, la malheureuse put voir qu'en effet, on voyait la couche sous la culotte de plastique souillée par une grosse tache de couleur brune qui ne pouvait laisser planer le doute. Comment avait-elle pu faire cela ? Elle n'en revenait pas.
Elle ne voyagea que jusqu'au bout du couloir. Là, les deux acolytes la firent entrer dans une pièce entièrement carrelée qui sentait l'humidité : la salle de douche. Il n'y avait aucune cabine ni aucune douche elle-même. La pièce était vide, excepté une barre métallique qui pendait à une poulie et une lance à incendie qui traînait par terre. La pauvre compris sans qu'on lui fasse un dessin. Elle commença à se débattre en criant, essayant vainement de se libérer de la chaise roulante.
L'aide soignante qui s'appelait Josiane se planta devant elle, les mains sur les hanches.
Elle fut si rapide que Julie ne vit rien venir. Elle reçut une formidable paire de claques qui la laissa groggy plusieurs secondes. La femme en profita pour lui pincer durement le nez et Julie dut ouvrir la bouche pour reprendre sa respiration, coupée par la paire de gifles. Sa tortionnaire en profita pour lui glisser entre les dents une boule de caoutchouc. Deux lanières de cuir permettaient de l'attacher derrière la nuque, ce qui fut fait sans attendre. Julie essaya de crier mais seul un gargouillis ridicule évoqua sa détresse. Ainsi baillonnée, impuissante elle fut traînée jusqu'au fond de la pièce. Sa chemise d'hôpital fut retirée, la culotte de plastique ôtée, puis la couche qui tomba par terre dans un floc écurant. Une horrible odeur de selles envahit la douche. Une des deux femmes lui passa la barre chromée sous les aisselles. Le contact glacé la fit frissonner. Ses main furent attachées derrière le dos et grâce à une poulie attachée au plafond, elle fut soulevée par la barre d'acier jusqu'à ce que ses pieds touchent à peine le sol carrelé.
La douche commença enfin. C'était bien pire que ce qu'elle avait imaginé. L'eau était glacée et la pression si forte qu'elle la faisait tourner comme un pantin. Elle sentait le jet s'attarder spécialement sur ses parties intimes et avait du mal à contrôler sa respiration. Elle se forçait à respirer par le nez mais des gouttes d'eau arrivaient à rentrer et elle avait peur de s'étouffer. Au bout d'un moment qui lui sembla une éternité, le jet s'arrêta.
Julie, trop soulagée que ce soit terminé, s'entendait même pas les sarcasmes mais au moment ou on la décrochais, elle glissa pieds nus sur le carrelage mouillé et, se sentant partir en arrière se raccrocha à la femme qui s'appelait Josiane. Elle s'accrocha malencontreusement à un sein, ce qui la fit glapir instantanément. Pire, de l'autre main, elle avait accroché la bavette du tablier de l'autre et arraché en tombant. Les quatre fers en l'air, elle ne put que constater l'air furibard des deux mégères, l'une se tenant le sein et l'autre à moitié débraillée. Toujours bâillonnée, elle tenta en vain de bafouiller des excuses. Les deux furies se jetèrent sur elle. Elle fut retournée comme une crêpe et ses bras furent douloureusement tordus dans le dos par la plus costaude qui s'assit sur elle, l'immobilisant complètement. Julie, qui n'avait comme vision que le carrelage blanc entendit le bruit d'une armoire métallique que l'on ouvre puis quelques instants plus tard, un de ses bras fut libéré pour être enfilé dans la manche rêche. Puis ce fut au tour de son deuxième bras et le vêtement fut passé sous son ventre. C'est quand la première boucle fut fermée dans son dos que la jeune fille compris. On était en train de lui passer une camisole de force. Elle essaya de se dégager mais la grosse femme était trop lourde. Sa collègue fermait impitoyablement chaque boucle, serrant au maximum. Quand ce fut fait, Julie fut remise sur pieds, chaque tortionnaire tenant un bras, et ceux ci furent croisés et plaqués contre son ventre puis les sangles qui terminaient les manches fermées furent attachées dans son dos. La camisole, de grosse toile grise, était incroyablement ajustée et ses seins étaient douloureusement écrasés. Elle fut traînée jusqu'à une table métallique et couchée sur le dos sans ménagement. Là, elles lui écartèrent les jambes pour lui mettre une couche et une culotte de plastiques propres puis une dernière sangle lui fut passée entre les jambes, lui plaquant la couche contre le minou.
De nouveau dans sa chaise roulante, Julie fut étonnée de repasser devant sa chambre sans s'arrêter. Elle leva un regard éploré vers l'une des conductrices.
Julie fut menée à l'étage du dessous, qui était en fait un sous-sol. Le couloir était fermé par une grille et elles durent patienter pour qu'une infirmière entre deux ages, sanglée dans une blouse blanche impeccable, un trousseau de clefs pendant à la ceinture, vienne leur ouvrir. Elle posa un il intéressé sur la jeune fille et demanda aux deux aides-soignantes la raison de leur venue. Elles expliquèrent la situation à leur façon, avec véhémence, la décrivant comme une folle furieuse qui les avait délibérément agressée. Julie, toujours baillonnée, ne pouvait se défendre face à ces mensonges.
L'infirmière, qui avait écouté sans broncher le récit déformé des évènement consigna quelques mots dans un cahier puis les guida jusqu'à un porte d'acier. Elle l'ouvrit et Julie fut poussée dans la pièce. Elle était au cabanon ! La cellule, car l'on ne pouvait parler de chambre, faisait à peine trois mètres sur deux et moins de deux mètres de plafond. Les murs étaient entièrement capitonnés de toile beige, y compris la porte. Seule une ampoule derrière une vitre grillagée éclairait la sinistre pièce. Julie trébucha sur le capitonnage du sol et tomba. L'infirmière, toujours aussi calme, en profita pour lui attacher ensemble les chevilles avec une sangle de cuir, puis recommença avec une autre juste au-dessus des genoux. Elle se releva pour admirer son uvre.
Et ainsi fut abandonnée Julie, seulement vêtue d'une camisole de force et d'une couche, baillonnée, les jambes attachées. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, sans pouvoir s'arrêter avant un long moment.
Chapitre 4
Il y avait bien longtemps que la panique avait fait place à l'aphatie quand la porte s'ouvrit à nouveau. Au début, elle avait essayé désespérément de se libérer, mais en vain. La seule façon d'ôter la camisole aurait été de la passer par la tête mais la maudite sangle sui passait à l'entrecuisse éliminait cette solution. Julie avait aussi pensé à faire glisser ses bras par-dessus sa tête mais la encore, la sangle qui maintenait les manches attachées passaient dans un anneau interdisant tout mouvement vers le haut. La situation était désespérée. De plus elle était vraiment inconfortable. La grosse toile de la camisole de force lui faisait l'effet d'être garnie de papier de verre. Ses jambes s'ankylosaient et la pauvre devait rouler d'un côté sur l'autre régulièrement pour éviter les crampes. Elle avait essayé de se mettre debout mais n'avait pas réussi. Son bâillon aussi la faisait souffrir. Elle avait des crampes dans la mâchoire et devait ravaler tout le temps sa bave.
Aussi, quand elle entendit la lourde porte s'ouvrir, elle était prête à toutes les excuses. Dans la minuscule pièce entrèrent le docteur qu'elle avait vu la veille, l'infirmière de garde et la jolie infirmière Vernes. Le docteur commença par leur faire ôter son bâillon. Elle hochait la tête d'un air désolé.
Tss tss tss, fit-elle en soupirant. Tu n'es la que depuis hier
et tu es déjà au pavillon des agitées. Quelle déception pour
moi. Je pensais que tu pourrais ne rester que quelques semaines
parmi nous. Mais avec les plaintes du personnel et le danger que
tu fais courir aux autres et à toi-même, nous allons être
obligés de te garder beaucoup plus longtemps. J'ai téléphoné
à tes parents dès que su ce qui s'était passé ce matin. Ils
sont effondrés. Ils ne reviendront te voir que quand tu iras
mieux. En attendant, tu vas passer quelques jours ici. Tu pourras
y libérer ton agressivité et crier autant que tu le souhaites.
Ensuite nous adopterons un traitement approprié, mais je crains
que tout cela ne prenne du temps, beaucoup de temps.
Quel gâchis! Enfin, je suis sûre que nous arriverons à te
guérir. Tu ne peux tout de même pas passer le reste de tes
jours avec nous. Même, continua t-elle en souriant à
mademoiselle Vernes, si certains apprécie ta présence.
Julie voulut s'expliquer, protester, mais sa bouche encore ankylosée par la contrainte du bâillon ne put qu'émettre de pitoyables bafouillements. La doctoresse sourit.
Nous continuerons cette intéressante conversation quand vous serez un peu plus cohérente.
Sur ce, elle tourna les talons, suivie de l'infirmière de garde, la laissant seule avec la jolie demoiselle Vernes . Celles-ci fut extrêmement gentilles. Elles lui donna à boire et à manger, car elle n'avait rien avalé depuis la veille. Elle l'avait assise dans un coin du cachot, le dos reposant contre le capiton. Ses jambes restaient attachées. Ensuite elles la coiffa et lui brossa les dents. Julie se sentait presque bien, ainsi prise en charge. La jeune femme étaient douces et le tissu de sa blouse laissait entrevoir des formes que Julie, qui disait rarement non aux filles, aurait bien aimé pouvoir caresser. Mademoiselle Vernes s'en aperçut sûrement car Julie voyait bien qu'elle ne se privait pas de la frôler avec ses seins, qu'elle avait fort jolis, d'ailleurs.
Le docteur m'a demandé de veiller personnellement sur toi, lui dit-elle, alors si tu es bien sage, je serais gentille avec toi. Mais si tu m'embêtes, je te remets dans les mains des deux braves personnes que tu as agressé ce matin.
Julie pensa bien à raconter sa version de l'histoire mais trop heureuse d'avoir enfin une alliée, se contenta d'opiner.
Oui, oui, je ferais tout ce que vous dites, je vous le promets. Mais est-ce que vous pourriez m'enlever cette horrible camisole, ou au moins me détacher les jambes.
L'infirmière sourit tristement et lui déposa un baiser sur la joue.
Je crains que cela ne soit impossible, lui répondit-elle. Je crois qu'il va falloir que tu t'y habitue, comme tu t'es habituée à ta couche, car je crois que ce n'est pas le dernier jour que tu passe habillée ainsi. Mais comme tu as été bien sage, je vais tout de même te faire une fleur.
Et sans plus attendre, elle embrassa sa prisonnière comme une amante, y mettant tout son cur. Julie ne put s'empêcher d'y répondre aussi passionnément. Aussi brusquement, l'infirmière se releva et s'apprêtais à sortir quand elle se retourna.
Au fait, je m'appelle Sandrine, tu peux m'appeler comme cela maintenant.
La porte claqua et Julie entendit le verrou se fermer.