"Ça ne
me fait rien si vous ètes homosexuel mais les gens ici n'ont
pas l'habitude de voir des hommes porter des talons hauts!"
Avant de
m'apostropher de cette manière, la préposée à la
réception du
camp de nudistes avait répondu aux quelques
questions que j'avais à lui poser et elle avait prit
la peine de faire sortir de son bureau les trois
personnes qui attendaient derrière moi. Pour une
réception c'est toute une
réception!
Nous
sommes en août, de l'année 2002. Je réside au sud de la ville de Montréal
(Canada) et, par une journée particulièrement chaude
et ensoleillée, je me retrouve
seule, à la maison, à la recherche, sur internet,
d'une piscine intéressante afin de me soulager
quelque peu de la chaleur accablante.
Je n'ai jamais auparavant vécu l'expérience de me
retrouver parmi des nudistes. Mais, en faisant mes
recherches, je tombe sur un endroit de ce
genre, situé à environ une heure de route de ma
résidence et ils annoncent la tenue d'un méchoui,
justement aujourd'hui.
Avant de
me rendre à cet endroit, j'ai placé un appel
téléphonique afin d'obtenir les informations que la
plupart des nudistes en herbe cherchent probablement
à savoir. J'ai même demandé quel genre de vêtements
je devais apporter (la personne au bout du fil n'a
même pas rit) et ils ont confirmé que je n'avais pas
besoin de faire de réservations à l'avance pour
profiter du méchoui.
À mon
arrivée au camp de nudistes, je suis accueillie par
une préposée, à son bureau, à qui je pose toutes
sortes de questions. Au moment où je signifie que je
suis prête à m'enregistrer pour la journée, elle me
surprend un peu en demandant aux trois personnes qui
attendent en ligne derrière moi de sortir.
Lorsqu'ils ont quitté et qu'elle a fermé la porte de
son bureau, elle m'informe que je ne dois pas porter
de talons hauts sur le site.
Pour ceux
qui ne me connaissent pas encore, je dois vous dire
que je suis un travesti qui, lorsque je ne suis pas
habillée en femme, porte, presque tous les jours,
talons hauts, boucles d'oreilles et verni sur mes
ongles. En particulier, cette journée-là, je porte
une mini-jupe noire et un t-shirt beige mais pas de
perruque, ni de maquillage.
Comme je
n'ai aucune intention de porter mes talons hauts
pour circuler sur le gazon ou le sable, je ne
m'objecte pas mais je me sens, quand même, un peu
débalancée par son discours à mon intention. De
plus, sur la route, pendant le trajet pour venir à
ce camp, j'avais dû m'arrêter dans une station
libre-service pour prendre de l'essence et je
m'étais sentie plutôt à l'aise.
J'admet
aussi que c'est non seulement ma première expérience
dans un lieu réservé exclusivement aux nudistes mais
c'est aussi une première en ce qui concerne ce genre
de commentaires à propos de mes talons hauts.
Après
avoir stationné mon auto à l'endroit prévu à cette
fin et enlevé tout mes vêtements, je me dirige vers
la piscine où je nage quelque peu et, pendant le
reste de l'après-midi, je fais la lecture du livre
que j'ai apporté.
Pendant
une partie de la première heure, je ne me sens pas
tellement à mon aise mais, après avoir observé les
gens circuler tout naturellement, faisant leurs
affaires, je fini par oublier que je suis nue parmi
eux. Je dois même admettre que je me considère
chanceuse de pouvoir observer, à ma grande surprise,
un si grand nombre de très belles femmes qui
circulent, de temps à autres, dans leur costume
d'Ève.
Vers la
fin de l'après-midi, au moment où je me prépare à
sortir de la piscine, une jolie petite fille, de
neuf ou dix ans, me dit: "Est-ce que vous voulez
utiliser l'échelle?" Je réponds: "Oui! S'il vous
plait". Alors, elle ajoute: "C'est surprenant de
voir un homme porter du vernis sur ses ongles mais
vous avez de beaux ongles". Je lui répond: "Merci
beaucoup" et je sors de la piscine.
Autour
des 18:30, je marche la courte distance qui me
sépare de la salle-à-manger, où, à l'extérieur, le
méchoui est en train de griller. Une merveilleuse
odeur remplit tout les alentours et je commence à
ressentir la faim. Mais, contrairement à ce que l'on
m'avait dit précédemment, le cuisinier m'informe
qu'il fallait avoir réservé à l'avance et qu'il est
maintenant trop tard parce qu'ils ont déjà plus de
réservations que de places disponibles.
Je suis
réellement désappointée et, malgré toutes mes
protestations, je ne peux faire autrement que de me
résigner. Je retourne à mon auto pour remettre ma
jupe et mes talons hauts avant de reprendre la
route, où je n'aurai de meilleur choix que de me
contenter d'un hamburger, dans un petit restaurant.
En
passant en face du bureau d'admission, je ne peut
résister à l'envie de dire ma façon de penser à la
préposée qui m'avait avisée de ne pas porter de
talons hauts sur le site. Tout ce qu'elle trouve à
me dire pour sa défense, c'est que ses patrons m'ont
gardée à l'oeil, au cours de la journée, et qu'elle
doit me féliciter pour mon conportement. Piètre
consolation!
En dépit de mon désapointement, j'ai bien
apprécié ma première expérience dans un camp de
nudistes. J'espère bien revivre ce genre
d'expérience, un jour, mais je ne suis pas
convaincue que je retournerai au même endroit?