On est allé en Turquie! Tout un voyage à part de ça...
Comme d'habitude, on est arrivés à l'aéroport à la dernière minute samedi matin. Dans notre sprint pour se rendre à la porte d'embarquement, on est tombés face à face avec Arold et sa copine Nathalie. Cette dernière l'ammenait à Prague pour son anniversaire et ne lui avait pas encore dévoilé leur destination! Il a dû être content...
Le vol a duré un peu plus de 3h, on était tout excités d'attérir à la limite de l'Europe et de l'Asie (Istanbul est à cheval sur ces 2 continents). En débarquant de l'avion j'étais intimidé: les gens parlaient une langue que je ne connaissais pas et je m'imaginais que c'est peut-être là que c'est déroulée l'action du film "Midnight Express"... On récupère nos bagages sur l'îlot du vol de Stockolm (!) et on se prépare à sortir du "no man's land" de l'aéroport.
Quand les portes se sont ouvertes, on s'est sentis comme les joueurs des Avalanches quand ils sont rentrés au Colorado après avoir gagné la coupe: y'avait du monde partout, ce qui ne laissait qu'un étroit corridor pour se rendre à la sortie vers le stationnement. Il fallait alors trouver le comptoir de "Airtour Rent A Car" pour récupérer la voiture qui nous attendait. Après quelques minutes de tournage en rond, j'ai finalement pris mon courage à 2 mains et suis allé me renseigner pour savoir où se trouvait le fameux comptoir... Le gars m'a finalement compris et m'a fait comprendre qu'il ne connaissait pas cette compagnie de location. C'est à ce moment, merci mon Dieu (!), qu'un espèce de Turc est arrivé près de moi en disant "Gagnonne?, Gagnonne?" et en brandissant une feuille avec mon nom d'écrit dessus! Je n'ai jamais su comment il m'a trouvé, mais c'était la personne que je cherchais. Airtour Rent A Car n'ont pas de comptoir à l'aéroport d'Istanbul...
Après quelques formalités les gars nous remettent les clés de notre belle "Tofas" (Fiat en Turquie), qui avait l'air un peu plus vieille que son âge (97)... On prend la route d'Ankara sans trop se poser de question, pour s'apercevoir que la traversée du pont qui franchit le Bosphore coûte 250000TL! On n'avait pas de liquide!! Le gars au poste de péage ne parlait que le turc, pis nous on n'avait que des francs pis nos cartes de crédit. Je me disais qu'il allait bien finir par nous laisser passer, mais comme c'était pas le cas le bon samaritain qui attendait derrière nous depuis le début est descendu de son auto et est venu nous donner de l'argent! Ce fut notre premier contact avec la gentillesse des gens en Turquie. 250,000TL c'est à peu près 6F, mais quand même...
Enfin on roulait, mais en sachant qu'on aurait un péage plus loin pour sortir de l'autoroute. On s'est donc arrêté dans une halte routière afin d'échanger quelques francs contre quelques millions de lires. C'était un nouveau départ, un peu de notre stress est parti une fois qu'on a eu un peu d'argent local.
L'objectif du jour était Ankara (environ 400km d'Istanbul), mais rendu à Bolu y'avait plus d'autoroute pis on était pogné dans un convoi de camions. Comme on était en vacances, on a décidé de se trouver un hotel et de se rendre à Ankara le lendemain. C'est là que le deuxième volet de notre choc culturel s'est déclenché...
Pour ne pas se compliquer la vie, la fille de l'information touristique est venue nous reconduire à un hotel pas cher (au lieu de nous expliquer où c'était!). L'endroit était propre et confortable, pour un gros 2,500,000TL (environ 60F!) la nuit. On a déchargé l'auto, pis quand on est ressorti pour aller manger c'était l'heure de la prière... C'est presque indescriptible le mystère que ça dégage d'entendre partout dans la ville un gars qui chante des prières en turc! C'était très bizarre. Même aller au resto nous mettait mal à l'aise! Faut dire que le soir y'a pas de filles dans les rues, pis qu'en dehors des sites touristiques les gens ne sont pas habitués de voir du monde avec la shape de Martine (grande, cheveux pâles, yeux bleus...). On en a choisi un où il n'y avait pas trop de monde, le propriétaire nous a assigné des places puis nous a apporté le menu... On ne comprenait rien du menu, pis quand il nous l'expliquait c'était encore pire! Je suis donc allé aux cuisines pour choisir ce qu'ON allait manger. Là-bas c'est l'homme qui décide. C'était bon, assez pour qu'on aille dormir à poing fermé jusqu'à la prière de 4h45 am... Ca aussi c'était bizarre! Sur la dizaine de nuits qu'on a passées en Turquie, y'a que la dernière où on ne s'est pas réveillé.
Le lendemain matin on a découvert une ville grise, poussièreuse et remplie de soldats. On s'est par la suite laissé dire que Bolu abrite une base militaire (le service militaire est obligatoire) et que le dimanche est leur journée de permission. C'est drôle pcq presque tout le monde se promenait en habit de camouflage dans les rues!
Direction Ankara... On a découvert des paysages pas tellement différents du Québec (des montagnes et des lacs), sauf qu'on aurait dit que la plupart des maisons n'étaient pas tout à fait finies! Souvent le dernier étage n'avait pas de toit ou pas de vitres dans les fenêtres. Il y avait aussi pas mal plus de neige que ce à quoi on s'attendait. C'est cette journée là que j'ai conclu que j'avais apporté une paire de culottes courtes pour rien!
Ankara... Je m'attendais à découvrir une ville exotique comme dans le premier Indiana Jones (c'est au chateau d'Ankara qu'ils mangent de la soupe aux yeux!), mais c'était un peu plus terre à terre... En arrivant dans la ville on a été pogné un bon bout de temps dans le traffic (l'anarchie totale), pis on a croisé un berger qui faisait paître ses moutons sous un viaduc le long du boulevard (comme le long du métropolitain à Montréal). On ne savait pas trop ce qu'on cherchait (l'information touristique?), ça fait qu'on a cherché longtemps... On s'est résigné à choisir un hotel au hasard, pis on n'est pas si mal tombé. Le gars qui nous a conduits à notre chambre semble m'avoir trouvé cheap de ne lui laisser que 100,000TL de pourboire. On s'est ensuite promené dans la ville, qu'on a trouvée triste et grise une fois de plus. Les gens semblaient très pauvres (on a vu des kids jouer dans un genre de dépotoir le long d'un bidonville), mais c'était pas rare de les voir sourire avec des yeux brillants. Le seul endroit possible pour prendre l'apéro étant rempli exclusivement d'hommes, on s'est acheté des bières au "büfe" (prononcer "buffet") du coin pis on est rentré à l'hotel.
L'objectif du voyage étant de visiter la Cappadoce, on n'a pas trainé lontemps à Ankara. Je me suis encore une fois fait peur en conduisant dans la ville, mais on a vite retrouvé la "tranquillité" des p'tite routes de campagne remplies de camions.
C'est après beaucoup de kilomètres dans un décor plutôt morne qu'on a vu notre premier paysage "lunaire"... C'était comme si on arrivait sur une autre planète tellement c'était différent de ce qu'on connaissait, je ne trouve même pas les mots pour décrire comment c'était! En plus c'est là qu'est apparu le premier rayon de soleil de la journée...
Sur le chemin qui menait à Urgup (capitale touristique de la Cappadoce) il y avait plein d'affiches dans toutes les langues invitant les touristes à séjourner dans tel ou tel hotel ou a visiter tel ou tel producteur de vin. A l'information touristique on a même été reçu en français! Ca faisait vraiment changement de la Turquie qu'on connaissait jusqu'alors. On s'est trouvé un p'tit hotel, on est allé manger dans un resto où on pouvait boire du vin pis je me suis fait fourrer en achetant une belle pipe en écume de mer (pour mon chum Jean-François), le tout en buvant un bon thé aux pommes... A notre retour à l'hotel on a fait la connaissance du sympathique Ismaïl qui nous a invité à boire le thé, question de jaser un peu. Comme on était très fatigué de notre journée, on a sauté notre tour en lui disant qu'on se reprendrait...
Comme prévu on s'est rencontré le lendemain matin. On a bien discuté tout en mangeant le traditionnel déjeuner pain-fromage-olives-tomates-concombre-thé (une salade grecque pas mélangée!) et on a convenu que le lendemain on partait en expédition ensemble dans la "vraie Turquie"...
Toujours est-il qu'on avait quand même une journée bien remplie qui nous attendait si on voulait voir les principales attractions de la région. On s'est donc rendus dans la vallée de Zelve pour visiter ce célèbre site rempli de maisons troglodytiques. Après ça on est allé manger dans un terrain vague avec 2 p'tits chiens errants. Ensuite on est s'est rendu au village d'Uchisar, un piton rocheux (dont l'intérieur était habité autrefois) entouré d'un beau p'tit village un peu touristique. La preuve qu'on était dans une région touristique: les bains publics étaient mixtes! On en a profité puis on est allé souper dans un bon resto près de Gorëme avant de retourner se coucher sagement.
Le jour suivant on est parti avec Ismaïl rencontrer sa famille. On a dîné chez sa soeur, assis en indien (ceux qui connaissent ma grande souplesse doivent rire!) dans le salon, pis on est allé visiter le reste de la famille dans un p'tit village près d'Aksaray. Ca c'était pas pire... L'été ils sont nomades, ils promènent leurs moutons un peu partout dans la région. Le reste de l'année ils habitent dans une petite maison dans un bled perdu et ils traitent et tissent la laine de leurs moutons pour en faire des tapis. Quand on est allé ils étaient justement en train d'en tisser un et Martine a pu faire quelques noeuds. Elle est très habile, mais pas autant que les filles qui en font depuis l'âge de 8 ans... Après 4-5 autres tasses de thé on est retourné en ville pour rencontrer les frères de notre guide afins qu'ils nous expliquent le processus de transformation de la laine.
On est ensuite aller voir la ville souterraine de Derinkuyu, construite pour échapper aux envahisseurs durant les nombreuses guerres survenues dans cette région. Avant de retourner à Nevsehir pour dormir, on s'est arrêté dans une vallée (dont j'ai malheureusement oublié le nom, un an plus tard), remplie d'églises rupestres. Ce sont les chrétiens qui les ont construites vers le 6ème siècle pour pouvoir adorer leurs idoles en paix. Quand on pense que ça date de plus d'un millénaire on se rend compte que la France n'est pas un si vieux pays que ça!
On est arrivé de noirceur à Nevsehir, c'est une petite ville très ordinaire où ça sent le charbon. On s'est trouvé un hotel très "d'entrée de gamme" où il y avait une toilette et une douche pour l'étage, mais pas d'eau chaude. Le resto était pas mal typique, la soupe et le pain y étaient très bons (c'est fou comment les Turcs mangent de pain!).
Le lendemain on a filé jusqu'à Bursa, une ville reconnue pour ses stations thermales et très touristique. On est arrêté mettre de l'essence entre Ankara et Istanbul (sur la seule autoroute de la Turquie). Quand est venu le temps de payer le gars m'a dit qu'ils n'acceptaient pas les cartes de crédit. Martine s'en va au toilettes, pis là je m'aperçois que je n'ai pas assez d'argent pour payer! Comme je commençais à être nerveux, le pompiste m'a offert un p'tit çay (thé) en attendant de voir si Martine était plus riche que moi. Finalement elle avait un 200 francs français dans le fond de son portefeuille, une chance! On a dit au gars combien ça valait et il nous a même rendu la monnaie... On était ben content! Encore une bonne personne.
Bursa. C'est là qu'on a dormi dans notre plus gros hotel (on le méritait!): ça a coûté plusieurs millions, bains turcs inclus... Il y avait même un porteur qui a monté nos bagages par l'escalier pendant que nous on prenait l'ascenseur! Pic-nic sur la terrasse, sieste, bain, souper au resto, marche, dodo.
En allant visiter la mosquée le lendemain matin y'a un gars qui nous a offert de stationner l'auto sur son terrain. Y'avait enguille sous roche... C'était en fait un vendeur de tapis très sympathique qui revenait d'un séjour au Canada (il avait de l'argent canadien dans ses poches!). On a visité notre mosquée et on est allé prendre le thé avec notre nouvel ami. On a jasé tapis pendant presque 2 heures, pis on est reparti avec un petit paquet sous le bras. Il avait réussi à nous vendre quelque chose (un exploit), mais c'était un tout petit tapis vraiment pas cher... Il est au pied de notre lit aujourd'hui.
Avec tout ça on était rendu en retard sur l'horaire, on avait rendez-vous à Istanbul pour rendre la voiture en fin d'après-midi. On a roulé vite (plus vite mais moins mal que les locaux d'après moi!) et pris un bateau pour traverser le Bosphore, mais on est quand même arrivé pas mal en retard à l'agence de location qui était maintenant fermée... J'allais glisser les clés sous la porte quand le gars qui nous les avait remises à l'aéroport est arrivé. On était encore une fois ben contents!
Ca faisait longtemps qu'on avait été dans une vraie ville! On s'est trouvé un p'tit resto où on a pu prendre l'apéro avant de souper, pis on est allé se promener avant de rentrer à notre auberge de jeunesse, juste à côté de la mosquée Bleue.
Le lendemain c'était notre dernière journée complète en Turquie et on en a bien profité. On a commencé par les classiques: la mosquée Bleue (le foulard de Martine a servi!) et l'immense réservoir d'eau souterrain juste à côté. On s'est fait harceler par des jeunes qui voulaient cirer nos soulier, même que ça a failli mal tourner... Après avoir marché pas mal on a découvert le quartier des terrasses, près du port... On a commencé par se faire payer le raki par un serveur puis on est allé se promener au bord de l'eau. On a bu une bière assis sur le quai jusqu'à ce qu'on se fasse inviter par 3 gars qui mangeaient des sardines en buvant du raki dans les roches entre le quai et l'eau... Moyen mélange: raki, sardines, oignons crus, sel et pain! On a jasé un peu, malgré qu'on ne parlait pas de langue commune... Tout ce qu'on avait c'était notre très mini dictionnaire français-turc. C'est là qu'on a appris qu'on ne doit pas boire d'alcool quand on entend la prière dans les hauts-parleurs.
Comme on n'avait pas assez mangé à notre goût, on est retourné manger au resto où le serveur nous avait payé à boire. On a eu des places de choix au dernier étage du resto, là où il y avait une danseuse du ventre... C'était pas mal trippant, la fille n'a pas dansé longtemps mais le "band" est resté après qu'elle soit partie. On s'est mis chum avec une gang de Turcs (des gars et des filles) qui étaient sur le party pis ils nous ont ammenés finir la soirée dans un genre de resto-bar où il y avait un genre de chansonnier. Ca faisait pas une demi-heure qu'on était là que la table était pleine de bouffe et de boisson, tout ça sur le bras du riche de la gang... On a eu ben du fun, on a eu l'air fou en essayant de danser comme tout le monde, pis on est rentré à l'aj en taxi un peu fatigués...
Le matin suivant c'était pas la grande forme. On s'est levé tard pis on est parti prendre l'avion pour retourner à Paris, se reposer de nos vacances...
C'était un voyage formidable. Il a commencé avec tout un choc culturel (on pensait être à l'épreuve de ça, mais non!) mais à partir de la Cappadoce on est revenu sur terre pis ça a bien été. On a trouvé les gens vraiment chaleureux, même si des fois Martine avait l'air d'un extra-terrestre avec ses cheveux blonds sans foulard, ses yeux bleus et ses pantalons...
Un bon site sur la Turquie: Turkish Odyssey.