Depuis ma première photo de ‘touriste’ à la tour d’Eiffel (voir BC-News N° 49) j’en ai fait d’autres photos du même style. En plus des photos à Paris il se trouvent dans ma collection entre temps : le Manneken Pis (Bruxelles), la maison blanche à Washington, la ville de Québec et divers photos à Londres. J’ai aussi fait d’autres villes en jupe etc. sans avoir des photos.
Récemment, j’ai eu l’occasion d’aller à Copenhague, ville nordique d’un peuple très acceptant pour tout. Après quelques jours de boulot enfin le week-end commençait, et j’avais prévu de passer le samedi en ville en mode Béatrice. La journée s’est passée sans problèmes, j’ai fait du lèche-vitrines et des courses et, bien sûr, je suis allée voir la petite sirène pour faire prendre ma photo devant elle (voir photo).
Enfin : le soir, une fois rentrée dans mon hôtel j’ai appelée mon épouse et j’ai donné un petit récit de ma journée. J’étais tellement contente de celle là que j’ai dit " ca c’est tellement bien passé, j’ai presque envie de rentrer en ‘nana’ demain " . J’espérais bien sur qu’elle allait me dire " arrête des conneries, et rentre ‘normalement’ " . Mais elle m’a déçu en disant " c’est a toi de voir !" . Mais c’est quoi cette épouse qui m’empêche pas de faire des conneries pareils ! (et que j’adore bien sûr!) J’y croyais pas encore en me couchant , mais on ne sait jamais je n’enlevais pas encore mon vernis à ongles.
Le lendemain, toujours tentée mais toujours pas décidée, je fais ma valise. Comme par hasard, je me trouve avec mes affaires de garçon rangés dans ma petite valise et mes habilles de fille et mes outils de maquillage toujours dehors.
Eh bien temps pis je me rase et maquille et commence à m’habiller. Quand j’enfile mes bas noirs – zut – un d’eux vient de filer. Panique, est-ce un signe d’arrêter ? Mais non, on est pas superstitieux quand même ! Je fouille dans mes affaires et trouve une autre paire, claire cette fois ci. Ca ira aussi, mais il faut faire attention, c’est la dernière paire. Comme habillement j’ai choisi le même tailleur que pour ma sortie d’hier. J’estime comme il faut déjà que je me maquille peut-être un peu plus fort que la femme moyenne, ca doit passer un peux mieux avec un vêtement ‘BCBG’, mais sans exagération.
Je quitte ma chambre et descends à la réception. Dans la minuscule cabine de l’ascenseur il y a déjà un monsieur, tant pis, je ne peux pas éviter d’être vu par les autres toute la journée. Pas de réaction apparente quand je règle ma note et demande de m’appeler un taxi. J’attends cinq minutes dans le hall de l’hôtel, entourée de touristes qui discutent quoi faire avec cette journée pluvieuse. Personne ne semble rien remarquer, de tout façon il est trop tard pour changer d’avis !
Le taxi arrive, je m’installe plus mal que bien. La jupe droite du tailleur s’arrête bien au dessus du genoux quand je suis debout, beaucoup plus haut sur les cuisses une fois assis, mais le pire, je n’ai pas encore trouvée l’astuce comment rentrer dans une voiture avec ce tailleur sans montrer le haut de mes bas. Ceci n’échappe pas aux jeux du chauffeur de taxi. Il me conduit à l’aéroport sans dire un mot.
Un peux plus tard je me trouve dans la hall de départ de l’aérogare. Je suis très tôt pour mon vol, le billet étant non échangeable et surtout en anticipation d’éventuels problèmes. Mon vol est annoncé mais il n’y a pas encore un numéro de comptoir pour enregistrer. Je vais au premier qui est libre et demande si je peux déjà enregistrer (j’ai envie de me débarrasser de ma valise et surtout je voudrais entrer dans la zone détaxé. C’est pas le première fois que je passe ici et je sais qu’il y a plein de boutiques et restaurants à l’intérieur.) La gentil dame me réponds qu’il y a pas de problème pour ca, elle prend mon billet et demande mon passeport. C’est tout le temps comme ca maintenant, je le sais, mais comment va-t-elle réagir ? Elle regarde vaguement mon passeport et compare le nom avec celui du billet. Elle me le rend sans remarque. Ouff ! Faut pas rêver, bien sur elle avait tout compris depuis je me suis approchée et commençait à parler. Ils sont si sympa ces danois !
Je rentre dans la zone de transit. Il n’y a pas d’autre contrôle d’identité dans cette aéroport, juste un contrôle des sacs par rayons X. Première chose à faire, je vais dans une boutique que vent de la lingerie et des bas (je n’invente rien). Je m’achète des bas noirs et me dirige vers des toilettes (de dames bien sûr). Je m’enferme dans une des cabines et change mes bas et garde les autres, claires, dans mon sac à main. Retour dans la zone public, sans traîner devant la glace des toilettes, ce que je considère trop risque quand même. Je flâne dans l’allée des boutiques vois un manteau superbe (mais dix mille francs ! je vais me faire fusiller si je ramène ca à la maison). Je trouves aussi des superbes boucles d’oreilles, mais malheureusement pour oreilles percés. Mon épouse n’aurait rien contre, si je me laissais percer des oreilles, mais mon patron sûrement que oui ! Tant pis alors. Je m’achète une revue et m’installe dans un des restaurants. Indifférence complète de mon entourage, c’est presque décevant !
Le temps de mon embarquement et proche maintenant et je décide d’arriver un peu tard pour ne pas être au scrutin des autres voyageurs dans la zone d’attente devant la porte pour trop longtemps. J’en profite de me rendre dans une autre ‘aile’ da l’aérogare qui est réservé pour des vols internes et semble complètement déserté. Je rentre ‘chez les dames’ ans cette partie pour vérifier mon maquillage et faire autre chose aussi. Quand je sors de la cabine je me trouve face à face avec une dame d’une quarantaine d’années et sa fille qui a peut-être quinze ans. La dame me regarde, je lui fais un sourire et sors des locaux.
Arrivée à la porte, bien un peu tard par rapport à l’heure annoncé, je vois qu’ils annoncent juste l’ouverture de la porte pour embarquement immédiatement. A oui, je vole avec la compagnie nationale, ca aurais été étonnant si le vol partait à l’heure prévu. Mais cette fois ci c’est favorable, je me précipite devant la porte avant tous les autres se lèvent de leurs sièges et prennent leur bagages à main pour faire pareil.
Je monte deuxième ou troisième dans l’avion. Heureusement il est loin d’être plein, il y a quasiment que les places à la fenêtre qui sont occupées. Faut pas rêver, bien sur la hôtesse et le steward ont tout compris, mais c’est égal, je me régale ! Une fois en vol je commande une petite bouteille de champagne, noblesse oblige ! Malheureusement, quand je suis en train de me servir une deuxième fois de cette bouteille elle tombe et la petite tablette est mouillée. Je suis obligée de demander une serviette pour éponger. Le steward est gentille et m’apporte une nouvelle bouteille. " Merci, ce n’était pas la peine " " Mais bien sur Madame !" Ca fait du bien, il joue le jeux.
Mais les catastrophes sont pas encore finis. Je croise les jambes, exercice difficile en vu de la distance avec la rangé devant moi en classe touriste par rapport à la longueur de mes jambes. J’accroche le talon de ma chaussure sur le bas de l’autre jambe au niveau de la cheville : crack ! Oh non, c’est pas possible, ca file encore, ca fait même pas deux heures que je les porte ces bas ! Je me lève et vais aux toilettes pour remettre les bas claires qui sont toujouts dans mon sac, après tout, c’est joli comme ca.
Pour que vous ne me traitez pas de menteuse et pour mon propre souvenir je demande le gentil steward s’il veut bien prendre une photo de moi. Il en prend deux, une avec et une sans flash. Me voilà dans l’avion :
Le 737 se pose à Roissy, ma tension monte, comment vais je passer le contrôle de passeport ? J’espère qu’il y a personne comme c‘est des fois le cas le dimanche. J’ai pas cette chance, une longue queue m’attend et ca avance très lentement. L’avion avant le mien venait d’un pays en dehors de la CE, ce qui explique la rigueur des contrôles. Peut-être il va me laisser passer quand il voit mon passeport européen ? Penses tu, il me regarde (aucun signe détectable), prend mon passeport, l’ouvre, me regarde de nouveau et s’exclame : " NON !" Je lui passe ma carte de l’ABC à trois volets et dis aussi nonchalant que possible : " si, si, c’est bien moi " . Il regarde la carte, lit le texte et hésite. Que va-t-il faire ? Il faut dire que la photo dans mon passeport ne ressemble même pas à celle de garçon sur la carte ABC, au moins la photo de fille est assez proche de ma présentation actuelle. Finalement il me laisse passer sans dire un autre mot. Wow ! Je l’ai fait !
Le reste est facile. J’attends ma valise entre des centaines de personnes et me demande même plus si quelqu'un réalise ou non. J’essaye de téléphoner à ma femme pour qu’elle m’attend en fille, c.a.d quelle fasse attention aux enfants. Le téléphone sonne mais elle décroche pas. Je vous jure, il y a des journées comme ca ! Tant pis, je n’ai pas le choix. Je m’organise un taxi sans problème et on rentre. Notre rue est tellement tranquille que ma femme regarde par la fenêtre quand elle entend la voiture arriver. Je lui fais un geste montrant ma perruque mais elle me fait signe que tout est OK, les enfants sont vraisemblablement dans leurs chambres.
Voilà mon petit vol en avion. Depuis, j ‘ai repris l’avion en garçon et vous pouvez me croire que c’est beaucoup moins drôle, mais moins stressant aussi. Peut-être je répéterai l’expérience un jour.
J’ai appris deux choses ce jour là : on peut, si on le veut vraiment et si l’apparence est correct pour la situation. Et depuis cette journée je porte toujours une paire de bas de rechange dans mon sac à main.
Amicalement, votre Béatrice
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