Des ailes pour couler
Mon amour a des ailes, des ailes
de plomb.
Et je pleure comme je suis, je pleure,
Car depuis peu les étoiles brillent au ciel,
Depuis peu, elles brillent, mais je n'existe pas.
Mon amour a des ailes, des ailes
de plomb.
Qui voudrait s'envoler, vers la terre,
Qui voudrait s'élever, vers la tombe,
Toujours et encore, toujours vers le fond.
Celui qui devrait s'élever et
toucher les nuages,
Et toucher les étoiles, et frôler le soleil…
Celui qui devrait monter où jamais le tonnerre
Ne mets les pieds…
Celui qui retombe, sans appui, qui descend,
Qui s'enfonce sous les ombres,
Où le tonnerre gronde…
Ailes déployées pour mieux sombrer,
Bateau des heures mortes, qui coule,
Une larme se repose, une larme de rose,
Je n'attends plus que vienne le temps.
Le temps qui ne fera rien que
je n'ose,
Le bleu qui regarde les montagnes,
Le bleu qui enivre, et qui fait
Jaillir un oiseau, puis le fige.
Les ailes ont des chairs
Déchirées par le vent,
Une main qui attend
Qui offre des cieux.
Qui offre
en courant
Les semaines du jour
Qui viennent d'ailleurs,
Et seront moins demain.
Elbereth Gilthoniel, 13 févr., 98
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