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Vol de nuit
Depuis peu, je survole l’Océan. Je ne le
vois pas, mais je le devine par le vaste gouffre de noirceur qui s’étend
sous moi. On m’avait dit de poser le planeur avant le coucher du
soleil, mais la mort ne m’effraie plus. Plus depuis que je suis montée
à bord. Voler était ton rêve, pas le mien. J’ai toujours eu peur
des hauteurs. Maintenant je vole à ta place.
Ce soir les caresses du vent remplacent tes
mains, la clarté des étoiles remplace tes yeux. J’ai froid seule
ici, entourée d’ombre. Pourtant le ciel était si beau, le soleil
si chaud… La Terre entière était belle, accueillante, rayonnante…
Pour la première fois depuis ces longs mois d’attente je voyais la
lumière. Je n’ai pas voulu redescendre. Puis le soleil a pâli et
s’est effacé peu à peu, pour finalement sombrer dans un éclat de
sang. Mon amour, écrasé par ce mal cruel, un éclair rouge éclaboussant
les tuiles, puis la nuit éternelle. Je ne t’ai jamais dit que j’étais
malade. Et me voici qui dépéris à mon tour…
Combien de temps un planeur peut-il flotter
au-dessus de l’Océan? Peu m’importe. Je ne veux plus jamais
me poser. Je finirai par m’endormir et tomber du ciel. Il ne restera
plus alors qu’un éclair brillant entre moi et la nuit.
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