Chapitre 3 b - Les tendances subjectives et les obstacles mentaux
LES SIX TENDANCES Chacun développe un certain nombre d'affinités qui forment ensemble une tendance de caractère ou d'attitude globale appelée Carita en Pâli. Chacun des 40 thèmes développés ci-dessus doit être adéquat avec chacune des tendances propres à chaque individu.
Il est courant qu'un maître de méditation évalue patiemment le caractère d'une personne souhaitant s'initier à la méditation avant de lui proposer un thème de méditation adapté.
La connaissance des tendances est donc un préalable indispensable dans l'enseignement de la méditation conduisant à la tranquillité.
Les différentes tendances sont regroupées en 6 classes de Carita :
1 - Râgacarita, l'inclinaison vers le plaisir des sens (le beau, sons, goûts, parfums et sensations agréables)Bien entendu ces tendances se mêlent les unes aux autres pour former un caractère bien déterminé propre à chaque individu.2 - Dosacarita, l'inclinaison vers la fâcherie, l'insatisfaction chronique, préférant l'hostilité et la conflictualité
3 - Mohacarita, l'inclinaison à la désillusion et au découragement.
4 - Saddhâcarita, l'inclinaison à la confiance et à l'ouverture
5 - Buddhicarita, l'inclinaison à l'intellect et à l'introspection
6 - Vitakkacarita, l'inclinaison vers l'état de préoccupation, d'inquiétude et de distraction.
Ces six Carita peuvent être regroupés en trois paires de deux termes complémentaires. La première paire est Râga et Saddhâ, la seconde paire est Dosa et Buddhi, la troisième paire est Moha et Vitakka.
LES SIX TENDANCES DANS LE DÉTAIL Les six tendances peuvent être longuement détaillées. Cette partie pourra être développée dans une version ultérieure de la présente page.
LES THEMES DE MÉDITATION ADAPTÉS À CHAQUE GROUPE Buddhaghosâcâriya a développé une classification mettant en correspondance chaque type de tendance avec certains thèmes de méditation dans le texte Visuddhimagga.
1 - Ceux qui sont enclins aux plaisirs sensuels devraient pratiquer la méditation sur les 10 états du corps et sur les rappels sur le non-attachement sur le corps.Il faut bien préciser que cette correspondance entre les 6 caractéristiques de la nature des individus (Carita) et les thèmes de méditation ne figure pas dans les textes originaux du canon Pâli, ni dans les commentaires. Elle a été établit au vue de l'expérimentation de certains maîtres de méditation. Il est de fait qu'une personne peut être à la fois dans un groupe de comportement et dans un autre, ce qui confirme l'idée que le thème de méditation conduisant à la tranquillité doit être convenablement choisi.2 - Ceux qui se laissent entraîner facilement à l'animosité devraient pratiquer la méditation sur les 4 couleurs et sur les 4 nobles attitudes.
3 - Ceux qui sont désabusés et distraits devraient développer l'attention sur la respiration.
4 - Ceux qui sont volontiers confiants devraient pratiquer les six premiers rappels de la loi.
5 - Ceux qui sont enclins aux choses de l'intellect devraient pratiquer les rappels sur la mort, la paix, le non- attachement à la nourriture et la méditation sur les 4 éléments.
Du temps du bouddha, il n'était pas fait de division stricte entre le caractère des différents aspirants, et il leur était donné et un seul et unique thème; celui du non-attachement aux cinq éléments externes du corps ~ Tapacañcaka Kammatthâna ~ : les cheveux, les système pileux du corps, les ongles, les dents et la peau.
En Asie du sud-est aujourd'hui, les maîtres de méditation enseignent le thème sur lequel ils se sont eux mêmes exercé. Les deux thèmes les plus répandus sont le non-attachement sur le corps et l'attention sur la respiration.
LE DISCIPLE DE SÂRIPÛTTA Cf. le commentaire du Dhammapada.
LES CINQ OBSTACLES MENTAUX La pratique de la méditation dans les premiers temps rencontre la paresse physique et mentale, la distraction et tous les autres phénomènes déjà décrits. Ils ont été regroupés dans les cinq catégories des obstacles mentaux ~ Nivarana ~, qui sont les pires ennemis de la pratique de la méditation conduisant à la tranquillité.
En réalité, la pensée est brillante et claire. Elle se laisse polluer et envahir par les tendances externes qui la pervertissent. Le bouddha a bien précisé cette nature parfaite de la pensée :
Pabhassaramidani bhikkave cittam.
Tañca kho âgantukchi upakkilesehi upakkilittham"Cette pensée, ô bhikkhus, est brillante, mais elle est plombée par des pollutions venant du dehors".
La pensée est brillante quand elle peut être débarrassée de ces pollutions. C'est le but de la méditation et du développement mental conduisant par la concentration à la sagesse.
Les obstacles mentaux sont au nombre de cinq :
1 ~ Kâmachanda ~ les plaisirs sensuels
2 ~ Byâpâda ~ l'animosité
3 ~ Thînamiddha ~ la torpeur et la somnolence
4 ~ Uddhaccakukkucca ~ la distraction et l'irritation
5 ~ Vickicchâ ~ le doute et l'hésitation
L'ATTENTISME Certains ne tentent pas véritablement la pratique de la méditation, soit par manque de confiance dans les concepts, soit par réticence, soit par méconnaissance. Leur pensée ne fait donc aucun progrès et reste exposée à ses tendances spontanées.
En Asie, on compare souvent cette forme de doute et d'hésitation à une personne située au centre d'un carrefour au coeur de la jungle. Il y a un tigre qui attend dans chacune des quatre directions. Il ne veut plus bouger de peur que ses gestes ne provoquent l'attaque d'un des tigres. Mais aussi longtemps qu'il ne bouge pas, aussi longtemps il restera dévoré par ses craintes et par ses doutes.
Cet attentisme fait que le sujet se trouve comme redevable d'une dette, comme un prisonnier, comme un esclave et comme pris dans une aventure dans un environnement hostile.
LES CAUSES DES OBSTACLES MENTAUX Un aspirant à la méditation conduisant à la tranquillité doit connaître les causes des obstacles mentaux avant de les dépasser.
Les causes ont été décrites comme suit :
1 - Subhanimitta (la vision du beau et de la beauté) entretenue par tout ce qui est supposé être beau et agréable au sens est la cause de Kâmachanda (les plaisirs sensuels)En surveillant les causes on doit être en mesure de stopper l'apparition des obstacles mentaux.2 - Pattighanimitta (l'attachement à l'irritation) est la cause Byâpâda (l'animosité)
3 - Arati (l'insatisfaction), Tandi (la paresse), Vijambhikâ (la fatigue), Bhattasammada (indigestion du fait de l'excès d'alimentation), Cetaso Linattam (les états dépressifs) sont les cinq causes de Thînamiddha ( la torpeur et la somnolence).
4 - Cetaso Avûpasama (le défaut de repos mental) est la cause de Uddhaccakukkucca (la distraction, l'irritation, l'inquiétude maladive)
5 - Ayonisomanasikâra (les pensées non pertinentes)sont la causes de Vickicchâ (le doute et l'hésitation).
L'EXTINCTION DES OBSTACLES MENTAUX Dans le Pañcakanipâta du Anguttaranikâya, sont envisagés des moyens pour abolir les obstacles mentaux :
1 - la détermination à rejeter les attachements (Asubhanimitta) conduit à l'extinction des plaisirs sensuels.2 - la libération grâce à l'affection (Mettacetovimutti) conduit à l'extinction de l'animosité.
3 - la patience (Viriya) conduit à l'extinction de la distraction et de somnolence.
4 - la paix intérieur (Cetaso Vûpasama) conduit à l'extinction de la distraction et de l'inquiétude.
5 - une attitude pertinente de la pensée (Yoniso Manasikâra) conduit à l'extinction du doute et de l'hésitation.
CONDITIONS FAVORABLES À LA MÉDITATION L'environnement influence les conditions et le déroulement même de la méditation. Avec un environnement favorable, la bienveillance des amis et des proches, le cadre de vie, les lectures, le travail peut progresser plus facilement. Au contraire, avec des conditions défavorables, ce travail peut être plus difficile.
L'environnement favorable est appelé Sappâya et l'environnement défavorable est appelé Asappâya. Le Visuddhimagga dénombre sept groupes de conditions susceptibles de favoriser la pratique : le lieu, l'activité, les paroles, les personnes, la nourriture et les postures du corps.
1 - Le lieu
Si l'endroit que l'on se choisi pour méditer est bruyant, parcouru d'activités de toutes sortes, il n'est pas propice à la méditation.Le bouddha recommandait toujours aux bhikkhus de choisir une place tranquille, abandonnée, à l'ombre d'un arbre.
De fait, en Asie, beaucoup de temples célèbres où l'on pratique la méditation sont perdus au coeurs de forêts difficilement accessibles.
2 - L'activité
Certaines activités sont incompatibles avec le développement mental. Il s'agit de toutes les activités qui causent des difficultés à autrui. Le commerce des armes en est le meilleur exemple.
3 - Les paroles
Là encore certains sujets de conversations ne sont pas compatibles avec le développement mental. Il est inutile de les décrire ici.
4 - Les personnes
L'environnement de bonzes érudits, de novices connaissant les phénomènes est naturellement plus favorable que la discussion autour de sujets futiles et mesquins.
5 - La nourriture
La qualité et la quantité de nourriture sont des éléments importants dans la pratique de la méditation. L'excès de nourriture est proscrit, non seulement par qu'il incite à une certaine paresse mais aussi parce que l'activité excessive des organes de digestions gêne le travail de respiration.
6 - La saison
En Asie du sud-est, l'été était préféré pour les méditations, car les autres mois la chaleur et l'humidité provoquent un climat lourd difficile à supporter.En outre, la saison des pluies est aussi celle où de nombreux petits animaux et insectes vivent au dehors et risquent d'être écrasés sous les pas des bhikkhus. Leur respect de toute forme de vie, les a toujours conduits à éviter de se déplacer durant ces périodes.
7 - Les postures du corps
Bien que le développement mental puisse être pratiqué dans toutes les positions, un certain nombre de postures favorisent la méditation.Ces positions sont la position assise, la position debout, la position "en marchant" et la position couchée.
Ces postures sont largement reprises dans la statuaire et dans tout l'art bouddhique.
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