Le bouddhisme et la mort
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Réponse :Vous demandez à quelle souffrance je fais référence, souffrance physique ou souffrance psychologique. Je comprends bien que, de part votre activité hospitalière, vous ayez une perception de la souffrance comme étant physique.Texte complet de la questionLa souffrance quelle soit physique et psychologique passe obligatoirement par le système des sens et des représentations mentales. Même seulement physique, la souffrance est vécue. Ce vécu est déjà une donnée fondamentalement subjective.
Dans le secteur hospitalier la première des souffrances, c'est la coupure, même provisoire, avec l'environnement affectif familier, le domicile, la privation de liberté, le caractère abrupte et soudain de la maladie ou de l'accident, l'interruption de l'activité professionnelle ou des rythmes quotidiens, la perte de capacité physique et parfois intellectuelle, la perte d'autonomie, la dépendance totale à un système sur lequel on n'a aucune prise toutes ces situations de rupture brutale sont déjà en tant que telles, des causes d'inquiétude et de préoccupation.
Au delà de ce contexte, il y a la réalité de la souffrance physique ressentie par le corps, il y a la réalité des séquelles occasionnées par la maladie ou l'accident. A côté de ces facteurs, il y a la réponse que le sujet apporte à ces sollicitations. Les individus ne sont pas égaux devant ces phénomènes, certains seront plus forts à surmonter ces difficultés, d'autres se sentiront complètement démunis.
Enfin, il y a toute la dimension psychologique induite, la souffrance physique pouvant réveiller et amplifier une souffrance psychologique latente (pour citer les plus négatifs : mal être, sentiment d'inutilité de la vie ou de soi même, solitude ...). Ces circonstances pouvant aussi avoir un effet contraire et éveiller un courage inattendu face à l'adversité, un sens de la relativité de toutes choses et une sérénité face à la maladie ou à la mort.
Dans le bouddhisme, la souffrance renvoie à l'ignorance du fonctionnement de l'appareil mental.
C'est le centre même de la notion de dukkha tellement développée dans le bouddhisme.
Vous comprendrez bien qu'il ne soit pas possible de vous répondre simplement à cette question. La mort est certainement le fait qui, de tout temps, a marqué le plus l'imaginaire des hommes, leurs mythes, leurs croyances et leurs cultures.
Sur ces questions comme sur tant d'autres, l'orient à des réponses inédites. Naturellement, ces positions sur la vie, sur la mort ne sont pas uniques à l'orient. On trouve dans de nombreuses cultures des mythes qui convergent avec ce que le bouddhisme évoque, mais les sociétés bouddhistes sont les seules où ils subsistent encore aujourd'hui.
Pour commencer sur un souvenir, l'une des choses qui m'a le plus marqué, quand je me rendais régulièrement en Thaïlande dans le début des années 80, c'était la vivacité de la végétation. Je rendais visite à des amis dans des pavillons neufs et puis l'année suivante une végétation luxuriante envahissait déjà leurs jardins. L'un de mes amis de Denpasar planta un jour un manguier et, bien une année plus tard, nous étions en équilibre sur des bambous afin de faire tomber ses fruits. Il y a en Asie, une dynamique du vivant qui « porte » cette philosophie de la vie plutôt qu'une pensée concentrée inutilement sur la mort.
Vous imaginez bien qu'une civilisation qui brûle les corps, qui disperse les cendres dans les tourbillons du vent, ou dans les eaux filantes du Gange, ou encore qui les expose aux intempéries de terrains abruptes et inaccessibles en haute montagne, ne s'attache pas à la mort. Il y a une fin physique, une disparition de la vie, mais les orientaux observent que quand la vie disparaît ici, elle resurgit toujours ailleurs. Pour dire simplement, la mort ne les impressionne pas beaucoup et ils ne se soucient guère de ce qu'il y a après.
Ce qui est remarquable dans la culture orientale depuis l'Inde jusqu'au Japon, est bien là, la mort n'est pas hypothéquée de théories transcendantales. La mort n'est pas un domaine de spéculations métaphysiques (à l'exception notable de la réincarnation). Que peut bien apporter à l'homme de conjecturer sur la mort ou sur l'après mort ? La mort n'est que la dispersion des énergies, un point c'est tout.
On retrouve bien là cette vision propre au bouddhisme sur l'absence totale de valeur de toutes les spéculations. Le bouddha historique dit qu'il ne sert à rien de spéculer sur ce sujet comme sur d'autres, car ces spéculations ne peuvent en aucun cas conduire à la libération.
Concernant la réincarnation et l'influence de l'état de pensée d'un sujet sur son hypothétique réincarnation, franchement je ne suis pas compétent pour répondre. Je considère, comme beaucoup de bouddhistes, que les constituants d'une personne se désagrègent après la mort et que rien n'en subsiste. Vous pouvez consulter sur ce point la petite note sur la réincarnation de ce site. Toutefois, si cette idée peut aider une personne à mieux supporter cette transition, les auteurs spécialisés de cette question, estiment que l'état d'esprit au moment de la mort influence le caractère et les conditions de la réincarnation ... (?) (Il est vrai qu'on dispose de peu d'informations fiables sur le sujet).
J'espère avoir répondu à votre question.
Je voudrais avoir un complément d'information sur la manière dont le bouddhiste envisage la souffrance au moment de sa mort comment il s'y prépare et à t-elle une influence notoire sur sa prochaine réincarnation?
Merci de bien vouloir m'éclairer à ce sujet et éventuellement me conseiller des ouvrages sur le sujet.
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