Introduction
En septembre 2002, avec l’autorisation de M. Marc
Labelle et de M. Manuel de Diéguez, je mets leurs textes relatifs à un échange
au sujet des notions de surmoi, de moi et de ça de Freud en ligne sur mon site.
À la suite de la lecture des deux textes, je découvre que les
deux auteurs se demandent «qu’est-ce que le philosophe?»
M. Labelle, situant la pensée philosophique entre le ça et le
surmoi de Freud écrit ce qui suit : «…les simianthropes éclairés
refuseront d'absolutiser le ça ou le surmoi, tout en évitant de supprimer le
dynamisme et la fécondité réciproques de ces instances.
La séparation entière supprimerait la possibilité de la proximité.
La fusion totale, celle de la distanciation…» Il voit en la conscience
du philosophe « Une conscience affichant une impassibilité souriante, qui ne
cherche à saisir définitivement ni le vide ni le plein. »
M. de Diéguez, «accotant» le penseur au néant écrit :
« C’est pourquoi le vide ne sera jamais qu’un nouvel habitat de notre stérilité,
de notre piétinement et de notre
harassement si nous nous cherchons une autre corde, une autre flèche, une autre
rive. » Pour lui, le philosophe doit avoir le courage de «porter le fardeau le
plus lourd. La philosophie porte seule, désormais, la charge de conjurer notre
chute dans le péché de légèreté…» et il salue le combat de M. Labelle «pour
le surmoi de la philosophie».
Pour ma part, je vois en des philosophes comme M. de Diéguez et
M. Labelle, une présence qui, sans tomber dans le péché de légèreté, est
celle de l’artiste. L’artiste en cet être humain, entremêlé au
philosophe, vibre, a une grande passion et possède un immense besoin de créer
et de penser ou, d’un point de vue imagé, un besoin de faire « bouillir ses
neurones ». Cette belle créature vibre, non pas comme la corde d’un arc et
une flèche, mais comme une corde de violoncelle, l’artiste et le philosophe
étant les deux rives de la corde, donc les deux attaches.
La passion et la vibration ne s’estompent pas et c’est ce qui donne
leur jeunesse à M. Labelle et à M. de Diéguez et qui nous permet de lire,
aujourd’hui, un dialogue vigoureux. D’ailleurs, M. Labelle m’écrit, à
propos de la lettre de M. de Diéguez, qu’il s’agit d’une «vigoureuse et
adroite passe d’armes » … « on ne peut plus stimulante».
Voyons la suite du vigoureux dialogue avec M. Labelle
et peut-être avec d’autres penseurs…
Marilyse Devoyault