Etude syntaxique de l'infinitif

0. Préalables

L'infinitif est un mode (quant à la "conjugaison") non personnel du verbe : les marques de personne, de temps et de mode (au sens morphologique) ne relèvent pas de cette forme. L'on peut donc considérer que, du point de vue sémantique, le verbe à l'infinitif réfère non à un procès actualisé, mais à l'idée même du procès. Dans une perspective guillaumienne, l'on considérerait que l'infinitif représente une "saisie" précoce du procès, au plan sémantique, avant que l'actualisation en discours ait pu se réaliser. D'un point de vue opposé, l'on peut considérer que le verbe à l'infinitif subsume par abstraction référentielle (en les "nommant") l'ensemble des occurrences d'un procès réalisées dans un contexte langagier donné, qu'il réfère ainsi à une classe de procès, la "désactualisant" pour nommer le procès lui-même [la discussion reste ouverte, mais nous pensons que sur le fond le nom prime sur le verbe].
S'il est invariable, l'infinitif admet les marques de l'aspect accompli et du pasif, par auxiliation :
surprendre - avoir surpris // être surpris - avoir été surpris
Cette forme du verbe ressortit en fait du nom, ou substantif, et du verbe, notamment au plan syntaxique.
 

1. Morphologie

Le verbe à l'infinitif, en français, constitue l'entrée lexicographique de l'article de dictionnaire. Toutefois les désinences restent variées :
  • -er pour les verbes du "premier groupe", le plus productif ; aller, irrégulier, appartient au troisème groupe ;
  • -ir pour les verbes du "deuxième groupe" ;
  • formes en -r- pour le troisième groupe (qui comporte en fait l'ensemble des verbes irréguliers, et divers groupes) : -ir, -oir, -re (consonne+-re, -oire, -ire).
  • 2. Syntaxe

    L'on distingue, du point de vue syntaxique, deux grandes catégories parmi les emplois de l'infinitif, subdivisables ensuite :

    2.1. L'infinitif substantivé, voire substantif

    L'infinitif est employé comme substantif dès lors que, précédé d'un déterminant, il accepte les fonctions nominales et les marques morphologiques du nombre (-s au pluriel).
    Dans le texte, déjeuner est ainsi à considérer comme un substantif à part entière (du point de vue sémantique, il ne réfère guère à un procès).
    [ici, il conviendrait de relever les occurrences de déjeuner, en indiquant leur référence et leur fonction]


    Lorsque la relation à un infinitif verbal contemporain a totalement disparu ou reste par trop ténue, l'on peut considérer que l'on a affaire à un simple substantif : plaisir, par exemple, dans le texte.

    [ici, il conviendrait de relever les occurrences de déjeuner, en indiquant leur référence et leur fonction]

    2.2. L'infinitif - verbe

    L'on considère que l'infinitif est verbe dès lors qu'il régit des compléments à l'instar du verbe, et constitue de ce fait le "noyau" d'un procès.
     

    2.2.1. L'infinitif en proposition indépendante (ou principale).

    Le texte n'en présente pas d'occurrence. De façon générale, l'on peut distinguer :
  • la phrase infinitive : trop parler nuit ; ne pas fumer ; prendre à droite
  • l'infinitif de narration : Et grenouilles de sauter dans l'onde (peu employé en ce siècle).
  • [pas d'occurrence dans le texte]

    2.2.2. L'infinitif "noyau" d'une proposition subordonnée.

    Notre grammaire tend à se débarrasser des incidences de la grammaire latine (depuis l'expansion des "sciences du langage" et surtout la vision diachronique qu'elles prônent). L'on distinguera toutefois encore la proposition subordonnée infinitive de la proposition conjonctive réduite à l'infinitif.
    La proposition subordonnée infinitive a pour "noyau" un verbe à l'infinitif qui a (régit) un sujet propre : on allait voir arriver des endives précoces, une omelette de faveur, un bifteck immérité ; en voyant passer les deux coups du clocher de Saint-Hilaire .

    La proposition subordonnée conjonctive réduite à l'infinitif n'a pas un sujet "en propre" :

    s'il lui avait fallu (...) attendre pour déjeuner   Ct circ de but de "attendre" [l'on notera que ce pourrait être une proposition infinitive : s'il lui avait fallu attendre pour que l'on déjeunât / que nous déjeunassions ]
    Dès le matin, avant d'être habillés, ... on se disait ... Ct circ de temps de "on se disait"
    chacun était enchanté d'avoir à lui dire Ct circ de cause de "chacun était enchanté"
    on se promettait de monter (1) raconter cet oubli à ma tante (2) pour l'amuser (3)  (1) Ct Objet direct de "promettait" [il faudrait commenter l'emploi de "de"] ; (2) Ct circ de but de "monter" ; (3) Ct circi de but de "raconter".

    2.3.3. Les périphrases verbales.

    Contestées depuis quelques années, les périphrases verbales comprennent un verbe à l'infinitif précédé d'un verbe conjugué (auxiliaire). Ce dernier, s'il porte les marques de temps, personne et mode, n'a pas de valeur sémantique "pleine" et réfère soit à un aspect temporel du procès, soit à la dimension aspectuelle ou modale du procès qu'il constitue avec l'infinitif auxilié :
    s'il lui avait fallu attendre : périphrase à valeur modale /falloir/
    si elle avait dû (...) avancer son déjeuner à l'heure du samedi : périphrase à valeur modale /devoir/
    chacun était enchanté d'avoir à lui dire : périphrase modale /devoir/
    qui ont l'habitude de ne rencontrer encore personne : périphrase à valeur aspectuelle /itératif/
    il n'y a pas de temps à perdre : périphrase modale /devoir/

    2.3.4. Le groupe infinitif.

    Il s'agit la plupart du temps de la résultante, endiscours, d'une complétive réduite à l'infinitif, mais n'étant pas régi par un verbe, cet ensemble relève du complément déterminatif en structure de surface (et la relation hypotaxique reste difficile à établir).
    on a encore une heure à vivre avant la détente du repas : Ct déterminatif de "une heure"
    pour le plaisir d'éprouver la force de la solidarité : Ct déterminatif du nom "plaisir"
     

     
    retour au sommaire
    retour au sujet
    suite des questions

     
     
     
     
    1