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Tu ne me vois jamais (*Pierre) que tu ne die
Que j'estudie trop, que je face l'amour,
Et que d'avoir tousjours ces livres à l'entour,
Rend les yeux esblouis, & la teste eslourdie.
Mais tu ne l'entends pas : car ceste maladie
Ne me vient du trop lire, ou du trop long sejour,
Ains de voir le bureau, qui se tient chacun jour :
C'est, *Pierre mon amy, le livre ou j'estudie.
Ne m'en parle donc plus, autant que tu as cher
De me donner plaisir, & de ne me fascher :
Mais bien en ce pendant que d'une main habile
Tu me laves la barbe, & me tonds les cheveulx,
Pour me desennuyer, conte moy si tu veulx
Des nouvelles du Pape, & du bruit de la ville.
Seigneur, ne pensez pas d'ouir chanter icy
Les louanges du Roy, ny la gloire de *Guyse,
Ny celle que se sont les Chastillons acquise,
Ny ce Temple sacré au grand *Montmorancy.
N'y pensez voir encor' le severe sourcy
De madame Sagesse, ou la brave entreprise,
Qui au Ciel, aux Demons, aux Estoilles s'est prise,
La Fortune, la Mort, & la Justice aussi,
De l'Or encore moins, de luy je ne suis digne :
Mais bien d'un petit Chat j'ay fait un petit hymne,
Lequel je vous envoye : autre present je n'ay.
Prenez le donc (Seigneur) & m'excusez de grace,
Si pour le bal ayant la musique trop basse,
Je sonne un passepied, ou quelque branle gay.