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*Gordes, il m'est advis que je suis esveillé,
Comme un qui tout esmeu d'un effroyable songe
Se resveille en sursault, & par le lict s'alonge,
S'esmerveillant d'avoir si long temps sommeillé.
*Roger devint ainsi (ce croy-je) esmerveillé :
Et croy que tout ainsi la vergongne me ronge,
Comme luy, quand il eut descouvert la mensonge
Du fard magicien qui l'avoit aveuglé.
Et comme luy aussi je veulx changer de stile,
Pour vivre desormais au sein de *Logistile,
Qui des coeurs langoureux est le commun support.
Sus donc (*Gordes) sus donc, à la voile, à
la rame,
Fuions, gaignons le hault, je voy la belle Dame
Qui d'un heureux signal nous appelle à son port.
Ne pense pas (*Bouju) que les Nymphes Latines
Pour couvrir leur traison d'une humble privauté,
Ny pour masquer leur teint d'une faulse beauté,
Me facent oublier noz Nymphes Angevines.
L'Angevine douceur, les paroles divines,
L'habit qui ne tient rien de l'impudicité,
La grace, la jeunesse, & la simplicité
Me desgoustent (*Bouju) de ces vieilles *Alcines.
Qui les voit par dehors, ne peult rien voir plus beau,
Mais le dedans resemble au dedans d'un tombeau,
Et si rien entre nous moins honneste se nomme.
O quelle gourmandise ! ô quelle pauvreté
!
O quelle horreur de voir leur immundicité !
C'est vrayment de les voir le salut d'un jeune homme.