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97

*Doulcin, quand quelquefois je voy ces pauvres filles,
Qui ont le diable au corps, ou le semblent avoir,
D'une horrible façon corps & teste mouvoir,
Et faire ce qu'on dit de ces vieilles Sibylles :

Quand je voy les plus forts se retrouver debiles,
Voulant forcer en vain leur forcené pouvoir :
Et quand mesme j'y voy perdre tout leur sçavoir
Ceulx qui sont en vostre art tenuz des plus habiles :

Quand effroyablement escrier je les oy,
Et quand le blanc des yeux renverser je leur voy,
Tout le poil me herisse, & ne sçay plus que dire.

Mais quand je voy un moine avec son Latin
Leur taster hault & bas le ventre & le tetin,
Ceste frayeur se passe, & suis contraint de rire.


 98

D'où vient que nous voyons à *Rome si souvent
Ces garses forcener, & la pluspart d'içelles
N'estre vieilles (*Ronsard) mais d'aage de pucelles,
Et se trouver tousjours en un mesme convent ?

Qui parle par leur voix ? quel Demon leur defend
De respondre à ceulx-la qui ne sont cogneuz d'elles ?
Et d'où vient que soudain on ne les voit plus telles
Ayant une chandelle esteinte de leur vent ?

D'où vient que les saincts lieux telles fureurs augmentent ?
D'où vient que tant d'espritz une seule tormentent ?
Et que sortans les uns, le reste ne sort pas ?

Dy je te pry (*Ronsard) toy qui sçais leurs natures,
Ceulx qui faschent ainsi ces pauvres creatures,
Sont-ilz des plus haultains, des moiens, ou plus bas ? 1