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Maudict soit mille fois le Borgne de *Libye,
Qui le coeur des rochers persant de part en part
Des *Alpes renversa le naturel rampart,
Pour ouvrir le chemin de *France en *Italie.
*Mars n'eust empoisonné d'une eternelle envie
Le coeur de l'Espaignol, & du François soldart,
Et tant de gens de bien ne seroient en hasart
De venir perdre icy & l'honneur & la vie.
Le François corrompu par le vice estranger
Sa langue & son habit n'eust appris à changer,
Il n'eust changé ses moeurs en une autre nature.
Il n'eust point esprouvé le mal qui fait peler,
Il n'eust fait de son nom la verole appeller,
Et n'eust fait si souvent d'un bufle sa monture.
O Deesse, qui peuls aux Princes egaler
Un pauvre mendiant, qui n'a que la parole,
Et qui peuls d'un grand roy faire un maistre d'escole,
S'il te plaist de son lieu le faire devaller :
Je ne te prie pas de me faire enroller
Au rang de ces messieurs que la faveur accolle,
Que lon parle de moy, & que mon renom vole
De l'aile dont tu fais ces grands Princes voler :
Je ne demande pas mille & mille autres choses,
Qui dessous ton pouvoir sont largement encloses,
Aussi je n'eu jamais de tant de biens soucy.
Je demande sans plus que le mien on ne mange,
Et que j'aye bien tost une lettre de change,
Pour n'aller sur le bufle au departir d'icy.