Que fait Pierre Micheau après avoir mis pied à terre ? Fait-il l'apprentissage d'un métier ? Il est permis de supposer que c'est dans la région de la côte de Beaupré que s'écoulèrent les premières années passées ici. En effet, en 1661, Pierre Micheau accomplit deux journées de travail pour le compte de la paroisse Sainte-Anne-du-Petit-Cap, pour un salaire global de trois livres. En août 1663, dans un contrat de vente, nous apprenons que Pierre Micheau est l'associé de Michel Marquiseau et qu'il possède une terre de trois arpents, dans le village actuel de Beaupré, à l'est de la rivière Sainte-Anne. Pierre la revendra le 6 septembre 1665 à François Daniaud.
Après 1665, Pierre transporte ses pénates quelque part dans la région au service d'un habitant probablement. Peut-être aussi goûte-t-il un instant à l'aventure des coureurs des bois ou à la guerre menée par le Régiment de Carignan, puisque les recensements faits durant les hivers 1666 et 1667 ne mentionnent pas sa présence. Pierre Micheau est de retour dans la région de Québec à l'automne car, le 2 octobre, il se présente chez Claude Auber pour y fixer le texte de son contrat de mariage avec Marie Ancelin, âgée de 16 ans, fille de René Ancelin et de Claire Rousselot. Le notaire écrivit: "Pierre Michel, habitant de Sainte-Anne-du-Petit-Cap, coste de la seigneurie de Beaupré". Ce contrat ne fut jamais signé. Pierre Micheau et Marie Ancelin se sont épousés en l'église de Château-Richer au tout début d'octobre 1667. Celui qui a transcrit le mariage au registre a omit le quantième du mois. Comme le contrat inachevé et non signé a réuni les Ancelin et les amis de Pierre en ce dimanche 2 octobre 1667, il a été conseillé aux deux fiancés de se présenter "en face de Nostre Mere Ste Esglise Catholique Apostolique et Romaine...le plustost que faire ce pourra." On présume que le mariage a été célébré le lendemain. Pierre et Marie demeurent ensuite à l'Île d'Orléans, paroisse actuelle de Saint-Jean, puisque celui-ci avait obtenu de Monseigneur de Laval, en juin 1667, une concession de terre de trois arpents de front.
À l'été 1671, Pierre Micheau et Marie Ancelin déménagent à l'Île-aux-Oies. La preuve en est que leur premier enfant, Pierre, né le 11 février 1672, baptisé par l'abbé Morel le 8 mars, eut comme marraine Anne Macart, femme du Sieur de Grandville, résident de l'île en question. De plus, le 9 septembre 1673, "Pierre Michel demeurant à l'Île-aux-Oyes" vendait à Jean Mourier sa terre de l'Île d'Orléans où il avait cinq arpents de défrichés. Pierre Micheau travailla probablement au service de M. de Grandville durant quelques années puis il s'établit à l'Île-aux-Grues, vis-à-vis Cap-Saint-Ignace. C'est là que naquit l'aînée de ses filles, Marie-Anne, le 12 novembre 1675. Le 17 juillet 1674, lui avait été concédé six arpents de terre de front sur toute la profondeur de l'île, avec comme voisins Jean Soucy et Pierre Terrien. La famille Micheau, comptant maintenant 5 enfants, demeurait encore dans cette ferme à l'hiver de 1681; elle possédait six arpents de terre en culture et dix bêtes à cornes.
Vers la fin de 1682, âgé de 44 ans,
Pierre Micheau débarque avec sa famille à la rive sud, à
l'Islet. À cet endroit, furent consignés les actes
de baptême de ses 5 derniers enfants. Il possède une
terre
de six arpents par une demi-lieue à l'ouest de la rivière
des Trois-Saumons. Il y séjourne 11 ans, jusqu'en 1692.