DEBUREAU

              


Production : Raymond Borderie et Jean Bérard (C.I.G.C.) - Distribution : Filmsonor
Scénario et dialogues : Sacha Guitry, d'après la pièce Debureau.
Réalisation : Sacha Guitry
Musiques : André Messager et Louis Beydts

Interprètes :
Sacha Guitry, Lana Marconi, Duvaleix, Jeanne Fusier-Gir, Jacques de Féraudy, Michel François, Robert Seller, Béver, Jacques Dérives, Jean Danet, Henri Belly, André Gombert, Morana, Henry Laverne, Andrée Guise, Lucie Fabiole, Claire Brilletti, Françoise Fechter, Christine Darbel.

Durée: 120 mn. Sortie : 29 juin 1951 aux cinémas Le Royal et Le Meliès - Paris.

L' histoire :
Art, amours et désillusions d'un grand mime du XIXme siècle: Jean-Gaspard Debureau. Sa passion impossible pour la Dame aux camélias, ses joies et ses échecs, ses conflits avec son fils qui veut suivre ses traces... Une vie revue et magnifiée par Guitry, dans un film adapté de sa célèbre et étincelante pièce. Séduisant et impressionnant.

Extraits des dialogues du film.



Quelques réflexions de l'auteur :
J'ai toujours eu dans mon travail beaucoup de chance.
J'entends par là qu'à plusieurs reprises le hasard m'a singulièrement favorisé.
En 1914, j'écrivais Debureau.
Alfred Bloch, notre cher agent général, vient déjeuner chez moi. Il me demande à quoi je travaille. Je lui dis, alors, lui :
- Pourquoi n'allez-vous pas voir Mme Debureau. Elle pourrait vous donner bien des renseignements qui vous seraient utiles.
- Vous plaisantez ?
Et j'étais convaincu qu'il voulait plaisanter.
Il ne plaisantait pas. Mme Debureau était vivante encore, et je dirais, bien vivante même.
- Dans quel pays vit-elle ? Est-ce au fond de l'Ardèche ou bien de la Vendée ?
- Mais non, c'est à Paris.
- J'irai demain.
- Allez-y donc tout de suite.
- Elle doit habiter au diable.
Moi, j'habitais, à cette époque, dans la rue Pergolèse. Et Alfred Bloch me répondit.
- Elle habite au coin de la rue Pergolèse et de la rue Malakoff.
Je n'avais pas cent pas à faire pour aller chez elle. Trois minutes plus tard je sonnais à sa porte. Une vieille dame, avec un ravissant visage et des cheveux tout blancs, m'ouvrit la porte.
- Madame Debureau ?
- C'est moi, Monsieur.
Je n'en croyais pas mes oreilles et j'étais très ému. Par bonheur, je n'étais pas un inconnu pour elle et elle voulait bien me montrer les mille souvenirs dont elle était entourée. Les murs étaient couverts de tableaux, de dessins, d'aquarelles et de lithographies, mais il n'y avait pas de toutes les couleurs, car ce n'étaient que des Pierrots. Pierrot pleurant, Pierrot riant, Pierrot mangeant, Pierrot buvant. Il y avait un Pierrot d'ivoire sur la pendule. Il y en avait partout, vraiment, et j'en étais émerveillé. Lorsque j'eus bien tout regardé, elle me dit:
- Et maintenant, je vais vous montrer ce que j'ai de plus précieux.
Et elle me conduisit devant un long coffre de bois noir dont elle souleva lentement, pieusement le couvercle. Dans le fond de ce coffre, il y avait, bien à plat dans ses plis, le costume blanc à longues manches et la petite calotte noire qu'avait portés vers 1840 le plus admirable mime qu'on eût jamais connu...
Sacha Guitry, Le petit carnet rouge.

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