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FOURRURE - SYMBOLE D’ÉGOÏSME SANGLANT |
Le nombre élevé de loups piégés peut être relié au fait que le Ministère de l’Environnement de la Faune (MEF) offre aux trappeurs, sur une base volontaire, un cours spécialisé, dans le domaine du piégeage du renard, du coyote et du loup, intitulé : « Piégeage et gestion des canidés », et ce, en association avec la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec (F.T.G. Q.). Ce cours a pour objectif, entre autres, « d’assurer une récolte soutenue de ce groupe d’animaux à fourrure et de définir le rôle du trappeur dans la gestion de ces espèces ». Malheureusement, au Québec, le loup est loin d’être la seule espèce à être piégée puisqu’il fait partie des 23 espèces considérées comme animaux à fourrure dont 18 sont exploitées actuellement. Certaines espèces comme le lynx, l’ours noir, la loutre, la martre ou le pékan connaissent déjà une situation critique. Au Québec, tout animal qui est susceptible d’être en compétition avec l’homme, pose problème, selon certains. Dans notre province, le renard, qui se nourrit de lièvres, est difficilement apprécié, tout comme le martin-pêcheur et le bec-scie qui mangent des salmonidés, le castor qui s’intéresse aux arbres, la belette qui prélève la souris à la martre et au pékan, dont les fourrures valent davantage, etc. Pour une majorité de chasseurs, le loup s’interpose en concurrent direct pour leur gibier puisqu’il leur « soustrait » des cerfs de Virginie, des orignaux et d’autres animaux. Cette mentalité n’est guère nouvelle puisqu’en 1786, 12,923 loups furent tués pour leur fourrure ainsi que pour éviter qu’ils entrent en compétition avec le chasseur et le trappeur. L’homme oublie-t-il que le loup sélectionne principalement les animaux malades, jeunes, malformés ou âgés, participant ainsi à l’équilibre naturel, d’où son rôle sanitaire important. Le loup ne tue jamais par plaisir ni par jeu mais par nécessité, ce qui le diffère grandement de l’homme. Au Québec, les chasseurs effectuent un prélèvement important sur la faune. En 1998, au cours de la saison de chasse au gros gibier, 47,859 cerfs de Virginie, 11,348 orignaux, 18,372 caribous et 2,267 ours noirs, ont été tués. En 1998, les trappeurs québécois ont sacrifié 281,642 animaux sauvages afin de satisfaire les besoins de l’industrie de la mode. On a tendance à croire que les espèces québécoises sont toutes protégées. La réalité est tout autre. Dans notre province, un animal est perçu comme une ressource économique naturelle renouvelable... d'où le risque potentiel de la surexploitation des espèces. Au Québec, il ne subsiste que d’infimes parties du territoire où la faune, dont les loups, est protégée des activités de chasse et de piégeage soit : les réserves écologiques ainsi que les parcs provinciaux et fédéraux, lesquels représentent seulement 0,47% de la superficie du Québec, soit 7,116 km2 sur 1,521,140 km2. Ce pourcentage diminue à 0,28% pour la part de ces mêmes territoires protégés, susceptible d’abriter des loups, soit 4,271 km2 sur 1,521,140 km2 . (Ces données datent de 1996) Le Ministère de l’Environnement et de la Faune (MEF), responsable de la gestion du loup au Québec, a une position ambiguë par rapport à l’avenir de Canis Lupus. Le ministère est convaincu d’avoir une politique de conservation du loup « comme espèce typique et authentique de la faune du Québec », jugeant « inestimable la présence de cette espèce » sur son territoire. « Il entend ainsi maintenir de façon inconditionnelle le loup comme symbole et élément essentiel et représentatif de la biodiversité naturelle de la faune du Québec ». Cependant, parallèlement, il «envisage de poursuivre ses objectifs de mise en valeur de cette espèce à titre d’animal à fourrure par la chasse et le piégeage pour le bénéfice de la société québécoise ». Pour le MEF, le loup est considéré comme un animal protégé puisqu’il existe une saison de chasse et de piégeage spécifique à cette espèce. Le MEF se réserve également le droit de procéder à un contrôle strict et efficace des canidés si toute une population de cervidés était en danger sur un territoire donné. Il est important de souligner que le MEF encourage les activités de piégeage, tout en ignorant toujours le nombre de loups vivant sur les 1,521,140 km2 de son territoire. Le gouvernement hypothèque donc directement l’avenir de cette espèce puisqu’il autorise, chaque année, le prélèvement de 400 à 600 loups sur une population qu’il n’a jamais sérieusement estimée. De plus, certains des meilleurs territoires de piégeage dans les zones structurées, sont aux mains d’employés du MEF (biologistes, techniciens de la faune, agent de la conservation). L’attribution de ces territoires est effectuée par tirage au sort. Par la SEDAQ, un organisme gouvernemental relié de très près au MEF… Cette gestion québécoise du loup met en jeu de nombreux intérêts personnels, politiques et financiers. Les trappeurs sont de puissants lobbies, même si ces derniers constituent seulement un groupe de 9,000 individus. Pourtant, un constat demeure : les activités « non-consommatrices de faune », telle que l’observation animale, génèrent beaucoup plus de retombées économiques que la chasse et le piégeage. En 1992, les activités sans prélèvement de faune, liées à l’observation animale pratiquée par 925,000 Québécois, généraient des retombées économiques de l’ordre de 457 millions de dollars, tandis que les activités de chasse et de piégeage généraient des revenus de l’ordre de 282.8 millions de dollars. Malheureusement, ceci n’est pas pris en considération dans les politiques actuelles. Bien des Québécois sont conscients que leur capital faunique diminue réellement depuis des années. « On est en train de tout vider ! », voilà leur opinion. Pourtant, aucune remise en question de l’impact du piégeage n’est envisagée…
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LA VALEUR DES ANIMAUX SE MESURENT-T-ELLE SEULEMENT À L'AVANTAGE QU'ON PEUT EN TIRER? |
LA VALEUR DES ANIMAUX SE MESURENT-T-ELLE SEULEMENT À L'AVANTAGE QU'ON PEUT EN TIRER? Le loup possède des sens remarquablement aiguisés. Ses yeux perçants détectent facilement les mouvements et voient bien dans le noir. Il a une excellente ouïe. Mais son sens le plus développé est sans aucun doute son odorat, qui serait plusieurs centaines de fois supérieur à celui de l’humain. Le loup peut détecter un orignal à plus de 2 kilomètres lorsque les vents sont favorables. Bien que les loups courent à seulement 45 km/h, ils peuvent parcourir jusqu’à 60 km par jour lorsqu’ils chassent. Il s’attaque de préférence aux spécimens très jeunes, âgés ou malades. Le loup hurle pour rassembler les membres de la meute et proclamer leur présence sur un territoire donné. On pense aussi qu’ils hurlent seuls ou à l’unisson pour le simple plaisir de le faire. Ce serait une forme d’activité sociale. Le renard d’élevage est généralement tué par électrocution. On le sort de sa cage à l’aide d’un étau; une électrode est enfoncée dans le rectum alors que l’autre, émergeant d’une pince en forme de muselière, est insérée dans la gueule. Le choc traverse le cerveau, étourdissant l’animal, puis descend vers le corps. Cette méthode n’assure pas une mort instantanée mais elle tue par fibrillation cardiaque, laquelle peut-être précédée d’une douleur intense. Le vison d’élevage est placé dans une chambre à gaz, électrocuté ou, méthode fort répandue, il se fera casser le cou au moyen d’une tenaille spécialement conçue à cet effet, qui fonctionne à la manière d’un casse-noix. Un manche est inséré dans la bouche, l’autre appuyé à la base du crâne, et on presse pour briser les vertèbres cervicales. Certains éleveurs procèdent par injection intra-sternale de sulfate de nicotine ou par empoisonnement à la strychnine, deux méthodes qui occasionnent des souffrances atroces. On piège le loup et les autres canidés comme le coyote et le renard avec le piège à patte ou les collets. Les animaux capturés ainsi demeurent souvent en vie pendant de longues heures. Lorsque le trappeur arrive sur les lieux du crime, il doit achever l’animal, soit en lui logeant une balle en plein front, soit en l’étouffant en mettant un pied sous la gorge et un autre sur la poitrine de la bête prise au piège. Les loups forment des couples très unis qui restent parfois ensemble toute leur vie. Les deux parents participent au soin des louveteaux mais le reste de la bande peut prendre la relève, si les parents viennent à disparaître. Les loups sont dotés d’un mécanisme d’auto-régulation de leurs populations qui détermine leur taux de survie en fonction des proies disponibles. Ils n’ont absolument pas besoin des trappeurs pour contrôler leur population, pas plus d’ailleurs que les autres animaux sauvages. Pour les trappeurs, le piégeage est « un outil d’aménagement de la faune ». Sous ce pieux vocable se cache une activité dont le seul but est de faire de l’argent. |