Les récits d'un chevalier errant...
Joanie et son archer
Je voudrais tout d'abord demander à ceux et celles qui ont le coeur fragile ou l'opinion fermée de ne pas lire ce qui suit. Dans ma vie errante, je n'ai pas eu que des chances et de belles rencontres. Ce premier récit en est la preuve. Ce sera un peu cru je l'avoue, mais c'est la vie... Merci.
L'horizon était clairsemé de rayons lunaires fauchant farouchement
la brume qui se préparait à embrasser la terre dès que celle-ci se réveillera.
Je la dispersais de mes pieds pesants; mais elle ne lâchait pas prise et les engouffrait
jusqu'aux genoux d'une manière presque machiavélique. On aurait dit une étrange
reine déjà lointaine, et je marchais sur sa traîne royale et fantomatique. Je
me surpris même à relever la tête fièrement. J'éclata d'un rire lugubre, libérateur
de cette angoisse maudite qui vous prend dans ces instants. Puis j'ai atterri
sur un sentier beaucoup plus fréquenté, bien longtemps après que la reine se fut
retirée dans ses appartements. La journée s'annonçait radieuse... Le soleil était
déjà rendu en mi-course. Depuis quelques jours j'allais à travers champs. En ce
territoire " bleue ", sous le règne du gros roi Forgat'h, donc en ces territoires
vallonnés, les plaines s'étendent longuement entre les montagnes du Tradhor. Cette
chaîne montagneuse encercle par l'est, le nord et l'ouest ces terres hospitalières.
J'avais le choix de tourner à gauche ou à droite. Je me rappelais
mon père me disant l'un de ces nombreux conseils : " Si tu as le choix, de toute
façon tu as TOUJOURS le choix, entre choisir ta main gauche ou ta main droite,
ne sachant quelle direction prendre, unis-les pour aller tout droit. " Ce que
je fis. Traversant le sentier à peine plus large qu'un gros ruisseau, un bruit
sourd et rapide vint vers moi. Un cheval gris (et son cavalier) faillit me frapper
de plein fouet. Je me jettai dans les bosquets. Il (le cavalier…) criait à tue-tête
: " Ils les ont eu! Ils vont les faire brûler! "
Pris d'une crise de curiosité intense, ce qui m'arrive rarement,
je suivis du regard l'étranger jusqu'à ce qu'il disparaisse, criant toujours
ces mots incongrus. La route conduisait sur une légère colline. Arrivé au faîte,
je pus contempler à ma guise la superbe vue. Le paysage dégringolait presque
en pente raide pendant presque un demi-mille. On distinguait bien quelques regroupement
rebelles d'arbres, mais ils étaient pratiquement rares. On pouvait deviner que
la main humaine se trouvait derrière ce travail. D'ailleurs, comme un champignon
venimeux, il y poussait une ville au beau milieu de ce paradis. Village fortifié
serait plus approprié. Même si on ne pouvait que laborieusement distinguer les
maisons à partir de mon point d'observation, il n'en reste que l'agitation y
transpirait. On voyait des hordes de chevaux montés venir de toute part, un
nuage de poussière étant leur seul poursuivant.
Je pris donc la décision d'aller voir.
J'eus raison de cacher Morior loin de la " ville ". Aux murailles, les gardiens fouillaient tous les voyageurs et habitants avant de les laisser entrer. Recouvert d'une longue tunique noire, ma tête encapuchonnée, ils tentèrent sans succès de m'impressionner. Deux gardes, disons deux colonnes de pierre fermaient la porte. Lances à la main, sabre à la taille, deux rochers prêts à l'avalanche si on parlait trop fort. Me dévisageant, ils écartèrent leurs armes et je pus passer. La foule était plus que nombreuse, l'atmosphère palpable. On aurait cru qu'un orage se préparait, malgré le ciel océan ; une mini tornade dans l'enceinte de ces murs. J'ouvrais ma marche qu'avec peine et misère, pour arriver finalement devant une des pires visions qui m'ait déjà été donné de voir. Donné… Je n'en veux plus… Trois enfants, à peine passé dix ans, attachés corps et âmes à un poteau, sur un bûcher. Une mise à mort. La flamme destructrice vacillait déjà sur une torche qu'un énorme paysan, sale et bourru, informe du visage, court sur jambes, brandissait. " À mort! À mort les scélérats! " scandait la foule à l'unisson. Ne comprenant pas la situation, je dus me retourner et demander au premier venu, un vieil homme debout grâce à son bâton de chêne, de quoi il en retournait.
Au premier regard il me paraissait calme et indifférent à tout
ça. Comment pouvait-on l'être??
" Ces petits ont commis l'une des fautes les plus graves. Après s'être rebellés
contre l'Autorité, ils ont évoqué les mauvais esprits qu'un malin étranger comme
toi leur avait appris. C'est à cet instant que plusieurs villageois ont été
atteints par la foudre. Oui la foudre! Brûlés vifs. On les a pris par chance
après ce tour de manège. Voilà ce qu'il en coûte de troubler nos esprits superstitieux
et rusés! À MORT!!! " rajouta-t-il d'une voix sénile et criarde. Je ne me possédais
plus. Les punir pour un acte si " enfantin " d'accord, de toute façon je ne
croyais pas à cette histoire de foudre. Mais de là à les châtier sur le bûcher,
des enfants de dix ans, c'en était trop. Je m'éloignai de la foule pour aller
vers les remparts. Je m'approchai d'un garde; quelques-uns en cette ruche maudite
étaient armés d'arcs et de flèches, souvent d'épées longues, sinon de masses
et de haches de guerre. De quoi faire une boucherie si ça tournait mal. Je me
plaçai juste derrière lui et lui assenai un coup terrible sur la nuque, qui
se brisa avec le son d'une branche qui craque. Je le retins debout et le couchai
dans un coin sombre, sur un tas de paille déversé d'une charrette. Mon plan
était de dévier l'attention et de les convaincre de tout ça. Le dialogue parfois
peut mener loin. Des cris aigus et perçants vinrent à mes oreilles. Mon cœur
arrêta de battre. Le feu rongeait déjà le bûcher, léchant sauvagement leur peau.
Je pris sans réfléchir l'arc du garde et une flèche et décidai de faire quelque
chose. Une petite fille blonde, belle, me regardait très calmement, me disant
de ces yeux de la soulager. Une larme traversa ma joue, aussi douloureuse qu'un
entaille de couteau. Ma flèche partit d'un trait en s'engouffra dans sa chair
tendre au niveau du cœur. Son sourire éclaircit son visage une seconde pour
me remercier. Me remercier. Ses yeux perdirent leur éclat de jeunesse pour devenir
noir et profonds. Sa tête tomba sur sa poitrine nue. La pointe de la flèche
touchait son front. Un cri de souffrance troua ma gorge, long et dévastateur.
Le silence tomba soudain sur tous les gens réunis. Je m'aperçus à cet instant
que je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée. Un deuxième enfant fut frappé
au milieu de front. Un sourire démoniaque lui décousait la figure. J'entendis
un arc se détendre dans une des tours et toucher le troisième, traversant l'œil
gauche qui coula sur sa joue, flasque et têtu. Par réflexe, voyant que j'avais
été le premier à tirer, à défier leur jugement, la foule se rua sur moi. Je
courus le long de la muraille mais je fus bien vite pris au piège. Des mains
m'agrippèrent de partout, me soulevant de terre. Ils m'amenèrent de la sorte
au milieu de la place publique. Ils étaient tous fous, possédés par je ne sais
quoi. Je me sentis tout à coup voler, transporté par le vent. Mais le rêve s'estompa
quand j'atteignis le milieu du bûcher enflammé. J'avais traversé par l'élan
une muraille de feu gigantesque. Ma tunique se consuma sur-le-champ. Mes cheveux
prenaient en feu. Je criai une seconde fois, si fort que le silence revint parmi
eux. Mais on y sentait quelque chose de plus, de l'angoisse, de la peur. Qui
étais-je donc pour eux? Je sautai par instinct dans le mur de flammes et retomba
en boule sur la terre froide. Tout mon corps brûlait. Je me roulais par terre
pour tout étouffer.
Je me relevai avec peine, n'ayant sur moi que lambeaux de tissus consumés. Mais je m'en foutais. Par chance ma peau était quasiment intacte, que quelques morsures au visage, aux bras et aux mains. Mes bottes avaient tenu le coup. À cet instant, je n'étais plus moi-même. Le regard meurtrier, le dos courbé, près à tuer de mes mains le plus abruti qui oserait avancer. Je ne sais comment mais je réussis à sortir de la ville et à courir. Leur angoisse passée, ils me poursuivirent comme des déchaînés. En me retournant, je croyais bien me faire sauter dessus, mais un couple fuyait aussi. Un homme et une femme, lui un arc à la main, sûrement l'archer de la tour, elle, une épée courte mais déjà dégoulinante de rouge écarlate. Il se retournait quelques fois pour tirer ici et là. Mais qu'est-ce que quelques flèches pouvaient contre cinq milles personnes et même plus? Je retournai sur mes pas à leur aide, voyant de toute façon aucune retraite possible. Pourquoi ne pas mourir comme un brave?
Plusieurs tombèrent. Mais notre trio résistait. Par contre
les villageois avaient la rage au ventre, aveuglés et animés par je ne sais
quel sentiment de vengeance, venant peut-être de l'esprit malin du vieil homme
sénile. Nous fûmes donc repoussés vers la colline. Je suivais les deux pourchassés
quand la dame me cria :
" Qui que vous soyez, suivez-nous à la trace si vous tenez à la vie! "
Ce que je fis avec sans trop de problème. Je commençais à avoir froid, presque
nu. Pendant la bataille, je m'étais servi d'une des armes que j'avais arrachée
à un des leurs. Le hasard fit en sorte que l'on passe tout près de la cachette
de Morior. Je fis un crochet et la prit au vol. À mon contact elle s'illumina
quelque seconde. Comme un sourire. J'élançai le bras qui tenait mon épée vers
l'arrière, décapitant du même coup un des gardes qui me talonnait. Par un miracle
les boisés nous enveloppèrent et ils nous perdirent de vue. On courut jusqu'à
ce que le grand archer s'arrêta net, semblant chercher quelque chose par terre.
Je pus enfin le regarder à ma guise; il était grand, même très grand, les épaules
larges, les traits réguliers mais sévère, comme s'il ne souriait jamais. Les
cheveux longs et grisonnants, de la barbe qu'autour des lèvres, des bras d'une
longueur incroyable. Il donnait des coups de pied par terre, comme s'il ruminait.
Je tournai mon regard vers notre compagne de fortune. Elle avait une tête et
demi de moins que lui, mais était quand même un peu plus grande que moi. Elle
était mince, les cheveux blonds épars, les yeux vert forêt, un petit nez droit
légèrement retroussé, de belles lèvres, de longues jambes. Elle était tout de
noir vêtu mais je devinais à sa ceinture deux petits poignards. Elle avait l'air
beaucoup plus guerrière que paysanne. Du moins à ce moment-là.
D'un coup, la terre sonna creux, comme un tronc d'arbre vide.
Il se pencha (ce qui prit une éternité de plus que moi quand je fais le même
mouvement) et ouvrit un panneau de bois bien camouflé. Il y avait un trou qui
menait à une grotte souterraine, genre de bouche qui avale tout intrus aventureux.
Et que l'on ne revoit jamais. La fille se glissa à l'intérieur, imité par moi
et le gaillard. Il faisait humide mais étrangement plus chaud. On s'assit tout
près de la sortie. J'allais commencer à parler quand ils me firent signe de
me taire. Après quelques minutes, elle se cala dans ses bras et ferma les yeux.
Je baissa les miens et le sommeil me prit par derrière. Quand enfin je refis
surface, l'archer regardait par la porte prudemment. Il faisait jour. On était
sûrement le lendemain. La chaleur du soleil entrait et caressait ma peau. Je
sentais la douleur sourde des brûlures sur mon corps. Surtout sur mon visage.
Mais par chance, en me regardant par après dans l'eau d'un ruisseau, je vis
que ce n'était pas très grave. Une voix, sa voix, résonna avec l'écho de la
roche, grave, respectueuse : " On peut sortir maintenant. " Je fus le dernier
à m'exiler de ce trou. Même si rester terré comme un rat à attendre que l'orage
passe n'est pas mon genre. Nous sommes retournés sur nos pas. On voyait qu'ils
étaient passés par ici, fougères piétinés, arbrisseaux cassés. Sur le champ
de bataille, restaient les cadavres qu'ils n'avaient même pas pris la peine
de ramener au village. Ainsi je pus emprunter des vêtements. Maintenant habillé
'convenablement', je me retournai en faisant claquer ma cape capuchonnée au
vent.
-Je suis Astyanax, chevalier errant. Fils de Drax, sous les ordres de Léandre,
le jeune Roi.
Par politesse, je m'adressais surtout à la dame. Elle me regardait, une lueur
que je n'aimais guère dans ses yeux. Elle sortit un des ses poignards de sa
ceinture, rapidement, avec le son métallique de la lame qui suivait le mouvement.
Je reculai par réflexe, serrant Morior dans ma main. Son mouvement fut si rapide
que j'en fus abasourdi. Une mèche de mes cheveux tomba.
-Il faut couper tes cheveux brûlés avant qu'ils ne pourrissent. Et c'est ainsi
que pour la première fois je me trouvai les cheveux aux oreilles.
Après l'opération, me passant la main dans les cheveux, moitié-enjoué
moitié-déçu, elle se reprit.
-Mon fiancé s'appelle Drek, et je suis Joanie. Enchantée gentilhomme. Mais qu'est-ce
qui t'amène ici? Et pourquoi as-tu fait cette bêtise avec ton arc?
Je me mis à rire.
-De toute façon à ce que je sache, je ne suis pas le seul à y avoir pensé…
-Le jeune garçon qui est décédé en dernier fut le mien, me dit-il soudainement,
baissant les yeux. Elle lui prit la main par compassion. Cette ville était sous
mon règne avant ce cauchemar. Avant cet 'étranger'. Je dois reprendre à tout
prix cette ville. (Son regard alla vers les fortifications) Coûte que coûte.
-Mais que s'est-il passé? Cet étranger en a fait des bêtises à ce que je voie…
-Oui. Il se disait druide, devin. Il a embobiné tout le monde. Moi, contre lui,
on ne l'accepta pas et je fus réduit à simple fuyard. Mais je dois reconquérir
cette ville. Le malin qui y est maintenant va tout détruire. Il ne pense qu'à
prendre et à manipuler. Il a même assassiner les parents de Joanie.
-Qui étaient tes parents? Demandai-je.
-Any et Rodain, du royaume de Thorian. Et ils furent tué sous l'ordre du devin…
Je les connaissais, il était un vieil ami à mon père. La rage me pris au cœur.
Mais je n'en soufflai mot.
-Offrandes par dessus offrandes.. C'est imbécile. (Son regard fut éclairci par
une lumière vascillante soudainement) Tu as dis que tu t'appelais Astyanax?
Le devin a parlé contre toi, c'est vrai, facile à te reconnaître qu'il disait.
Je parie qu'ils t'avaient reconnu par la description… Mes oreilles ne le croyaient
pas.
-Alors vous ne serez pas trop de trois, je crois…
-On ne peut accepter! s'écria Joanie. Ce n'est pas ta guerre…
-Vous vous tromper belle dame; maintenant, c'est personnel.
Pour la première fois de ma vie je pense, mon visage montra tellement de détermination
qu'elle se tût sur-le-champ, et hocha de la tête. Comme si j'allais tout simplement
les quitter après cette annonce, après qu'ils aient tous voulu me prendre mon
âme?
Le plan fut très simple à concocter. Tout ce qu'il fallait, c'était de reprendre le commandement, donc anéantir le présent chef. Mais plus facile à dire qu'à faire. La nuit allait être plus propice à nos actions; on attendit donc Mère Lune.
La nuit vint, et avec elle ses cauchemars. On réussit avec peine à cambrioler une charrette remplie de paille et de foin. Je me cachai dans le foin avec Joanie. Drek conduisait le bœuf, ayant l'air plus 'familier', du pays, avec son accent et son allure. Joanie dut se couler le long de moi. Je sentais sa chaleur et son souffle sur mon épaule. Elle semblait en possession d'elle comme une louve prête à chasser. Rendus aux grandes portes, deux gardes (les mêmes montagnes?) vinrent piquer dans la paille. Une lame me toucha la joue, et une autre mon flanc que je pus rattraper. Ils ne touchèrent donc que dalle. On passa.
La ville dormait, heureusement. Nous nous étions entendus que je m'occupais du chef et qu'ils faisaient le reste du boulot. Devenir assassin ne me plaisait guère, bien au contraire. Un poignard à double lame dans une main, je filai tout droit vers sa hutte. Aucun bruit ne me suivait, aucune ombre ne m'accompagnait. J'entrai par la fenêtre et le surpris au lit, à la fin d'un règne sur une jeune fille. Quand il eut terminé, grognant, la fille riant aux éclats, nus, en sueur, il voulut la contempler de loin, voir sa victoire. Se jetant littéralement sur un banc, celui qui faisait dos à la fenêtre, donc ma cachette, il souriait sûrement. Je le devinais. Il était quand même grand, les cheveux longs, noirs, quelques cicatrices sur son dos. Ce fut subi. Ma main sortie seule de sa cachette, venant de nul part. Le prit au menton : il fut surpris mais ne broncha pas. Sa conquête étouffa son dernier rire. Ma tête se leva, fantomatique dans la lueur des flammes de l'âtre. Mes yeux n'indiquaient ni peine, ni joie, ma bouche était fermée à tout commentaire. La lame du couteau glissa doucement sur la gorge de l'inconnu, brillant d'un feu mortel. Le sang coula joyeusement sur son cou, en rigoles écarlates. Un gribouillis de sons vint chatouiller ses lèvres et plus rien. Sa tête roula vers l'arrière et je vis ses yeux noirs, sans scrupules, maintenant battu par un étranger. Je voyais sa vie défiler, comment il voulait le pouvoir, ce qu'il a fait, en chassant Drek et en l'abaissant devant le reste du village, complètement ébahis, comme des moutons qui ne demandent que de suivre le plus fort. Et finalement, même l'enfant y passa. Je le vis, c'était son œuvre, sa décadence. Son règne s'achevait. Et le scrupule d'assassinat me quitta. Voyant l'ampleur de la situation dans les yeux de la fille, je lui fis signe du doigt de se taire, de ne faire aucun bruit. Elle m'écouta. Je glissai sur la nuit et repris le chemin du retour. Il ne fallait pas me faire voir. Me cacher jusqu'au matin. Un témoin m'avait vu et pouvait me dénoncer. Une lassitude me surprit. Je m'endormis comme ça, dans un coin, entre un tonneau d'eau de pluie et un muret.
Quand enfin je revis le jour, après un sommeil sans rêve, les gens criaient de joie dans les rues. On avait sûrement retrouvé le vieux chef, Drek. En effet, on le portait fièrement sur les épaules. Je me tenais dans l'entrée de la ruelle et le regardais passer. De là-haut il me vit, je lui adressai un sourire et un salut du bout des doigts. Pour la première fois je le vis sourire. Et je quittai cette ville, voulant être loin de cette plaine. Drek m'avait donné la description sommaire de l'étranger. Je me mis à sa poursuite. Car qu'allait-il faire d'autre contre moi? Qui était-il? Et je n'avais qu'une seule envie, revoir ma douce Eve…
Mais je revis Joanie et son archer, longtemps après… Mais c'est une autre histoire…