La Belgique |
Cette présentation ne se veut pas exhaustive; son but est de brosser un tableau de notre pays, afin d'aider tous nos amis internautes à mieux le comprendre.
Belgique - Géographie et économie
2. Economie (page suivante)
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Pays de dimension assez réduite (30 521 km 2), la Belgique comptait cependant neuf millions neuf cent quarante-sept mille huit cents habitants en 1990, plus de dix millions en cette fin 1997 ; la densité est donc très forte : 326 habitants au kilomètre carré. L'urbanisation est à l'échelle : la distance moyenne entre deux localités est de 3 km (30 km en France). Cest le neuvième exportateur mondial (3,88 millions de dollars au kilomètre carré ; en France : 0,38) ; le P.N.B. par habitant la place au quinzième rang mondial. Anvers est le deuxième port dEurope. Au Moyen Âge et au XVIe siècle, cette région était lune des plus riches, sinon la plus riche, dEurope. Les raisons de cette puissance sont à chercher dans la circulation, le commerce et la ténacité de ses habitants. La géographie physique joue son rôle, mais lhistoire a souvent fait varier les frontières ; le tracé actuel est récent (1839). Des problèmes linguistiques et culturels sajoutent aux coupures politiques et économiques pour opposer Wallons et Flamands, de part et dautre de Bruxelles, mais les arguments ne manquent pas pour défendre lunité, et cette dualité présente, quoi quon dise, des avantages certains.
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La Belgique a les traits propres à lEurope du Nord-Ouest : une population de lordre de 10 milions dhabitants et une densité, en 1990, de 326 habitants au kilomètre carré. Ce peuplement abondant existe depuis le Moyen Âge. Les chiffres ne varient guère actuellement car la fécondité est faible (1,6), la population vieillit, et il faut faire appel à des étrangers, qui constituent 9 p. 100 de la population (Italiens, Marocains, Turcs). Dans le sud-est du pays, la plus grande partie de la région wallonne, les densités sont inférieures à 100, mais, dans la partie flamande, elles sont généralement supérieures à 300. Les plus fortes densités dessinent deux lignes : lune, ouest-sud-ouest - est-nord-est, est laxe Haine-Sambre-Meuse ; lautre, nord-sud, est laxe ABC, Anvers-Bruxelles-Charleroi. Les campagnes ne se sont généralement pas dépeuplées, les densités y dépassent 100 ; on y trouve encore des services, et la ville nest jamais loin ; elles restent peuplées grâce aux industries disséminées et grâce aux rurbains, qui vont travailler en ville. Le contraste ville-campagne y est atténué (sauf en Ardenne et en Campine). Les villes sont un autre trait majeur : aucune dentre elles na atteint une taille démesurée, mais il y en a un très grand nombre qui ont des pouvoirs et offrent des services. Dans cette région du monde, la bourgeoisie urbaine a acquis des pouvoirs étendus face aux princes et à lÉglise dès les X e et XIe siècles. Actuellement, trois pôles se dégagent : Bruxelles, Anvers et Liège ; mais dautres villes sont puissantes, notamment Gand et Bruges, et même de petites villes, tel Roulers, ont une puissance financière. Cest une structure et un réseau urbain très différents de celui que lon rencontre généralement en France.La Belgique est devenue un État fédéral divisé en trois régions, flamande, wallonne et bruxelloise. Le partage des attributions est souvent complexe ; à tout propos, des querelles éclatent, et la situation semble saggraver. Après les périodes de prospérité de la Flandre au Moyen Âge et dAnvers au XVI e siècle, la partie flamande a traversé des siècles difficiles ; lors de lindépendance, la richesse appartenait au sillon Sambre-Meuse, et les Wallons prirent le pouvoir. La culture flamande releva la tête à la fin du XIXe siècle et, après la Seconde Guerre mondiale, la situation économique se renversa. La Wallonie fut touchée par la fin du charbon, la crise de la sidérurgie, lenclavement, tandis que la partie flamande jouissait dun débouché sur la mer et dune population nombreuse, désireuse de gagner. La population flamande est plus nombreuse (57,7 % contre 32,6 % en région wallonne et 9,7 % en région bruxelloise), car la natalité y était forte (mais cela est terminé). De ce fait, les étrangers sont très peu nombreux en Flandre (4,2 % contre 11,3 % en région wallonne et 27,2 % en région bruxelloise). 70 p. 100 des investissements industriels se font en Flandre, et la part de celle-ci dans le P.N.B. belge ne cesse de croître.La région bruxelloise sindividualise du fait quelle est située, pour sa plus grande partie, au nord de la limite linguistique, mais on y parle surtout le français. Cette région est trop exiguë ; située sur laxe ABC, elle sétait fortement industrialisée, mais les industries sont parties, remplacées par des bureaux. Curieuse capitale dont linfluence nationale diminue, mais dont les fonctions de capitale européenne attirent fonctionnaires, délégations étrangères et organes de décision. |
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La Belgique et une partie du département du Nord, en France, forment le sud des bas pays au sud du delta commun de lEscaut, de la Meuse et du Rhin ; les cours deau y coulent vers le nord avant deffectuer le grand virage à quatre-vingt-dix degrés qui les mène vers la mer du Nord. Le relief forme un amphithéâtre avec un haut pays, lArdenne, puis un palier de plateaux et de collines, enfin, à lextrême nord, quelques plaines de la partie méridionale du delta. Ce palier topographique correspond à un palier géologique, et ce palier est la base de lexplication de léconomie et de lhistoire de ce pays. Au sud-est, lArdenne au sens strict est formée par de hauts plateaux qui vont de 350-400 m à louest à près de 700 m à lest (Baraque Michel : 674 m ; signal de Botrange : 694 m ; Baraque Fraiture : 652 m). Les rivières (Meuse, Semois, Ourthe) y encaissent leurs méandres ; le climat est rude et les sols peu fertiles ; la forêt y tient une large place ; cest la partie la moins peuplée de la Belgique. Ce haut relief correspond à un soulèvement de roches dures, primaires (grès, quartz, phyllades). Au sud de lArdenne, un petit morceau de " bassin parisien ", la Gaume, a un relief de côtes, et on y a extrait du minerai de fer, comme en Lorraine française. Au nord de lArdenne, au sens strict, se succèdent des reliefs orientés ouest-sud-ouest - est-nord-est. Dabord une dépression assez large, la Fagne et la Famenne, qui correspond à des affleurements de schistes ; ensuite, plus au nord, le Condroz où, selon la même direction, alternent des lignes de hauteurs boisées, appelées " tiges ", dont laltitude est de lordre de 300 m, et des creux où se logent les cultures ; ce relief, très doux, est dû à lalternance de grès et de calcaires recouverts dargiles. Cest une région plus riche où des terres labourées voisinent avec les herbages. Au nord du Condroz, les roches primaires les plus anciennes et les plus dures réapparaissent pour former une étroite ligne de hauteurs boisées : la Petite Ardenne. Toujours selon la même orientation, un grand creux oriente la Sambre jusquà Namur, puis la Meuse jusquà Liège, et enfin la Vesdre ; cest le sillon Sambre-Meuse. Il se prolonge vers louest par la dépression de la Haine. Axe de circulation sous lequel sest conservé du charbon, cest la région la plus active de la Wallonie avec lalignement des villes de Mons, Charleroi, Namur, Liège et Verviers. Cest une région qui saffaisse, par rapport à lArdenne, qui se soulève. Au nord du sillon se trouvent des plateaux peu élevés (de 100 à 200 m), formés de roches tendres craie crétacée, sables tertiaires mais maintenues par le socle de roches dures primaires qui reste très près de la surface : cest le début du " palier ". À lest de Liège, le pays de Herve élève encore ses grands versants herbeux et bocagers à 300 m, mais, à louest, la Hesbaye est, au contraire, un plateau peu disséqué, avec de belles cultures et des champs ouverts, formé de craie recouverte de limons. Le Brabant est une région historique où il serait vain de chercher une trop grande unité de relief : les plateaux cultivés, limoneux au sud, font place, peu à peu, à des collines boisées à mesure quon se dirige vers le nord. Le Hainaut, plus varié encore, comprend, au sud, la retombée de lArdenne, au centre, la dépression de Mons et, au nord, une région de collines annonçant la Flandre. Ces régions appartiennent à ce que les Allemands appellent la Börde : une bande de terrains, au nord des massifs de roches anciennes, recouverte de limons (lss) et qui, venant dUkraine, arrive à la mer du Nord entre Ostende et Calais ; ces limons ont été apportés par le vent aux époques glaciaires ; ces mêmes vents déposaient, au nord de la Börde, des sables nivéo-éoliens. Au nord-ouest, les reliefs continuent de descendre en même temps que les roches deviennent plus récentes. La Campine culmine encore entre 70 et 100 m ; les Flandres sont faites de collines (de 20 à 50 m) taillées dans des sables et dans des argiles ; le relief ne sélève que le long dune ligne ouest-est, les monts de Flandre. Ce sont enfin les premières plaines des bas pays : elles longent la côte et, au nord, sétendent à lintérieur le long de la vallée flamande ; celle-ci a joué un rôle essentiel, puisque toutes les grandes villes se sont fixées sur son versant sud : Bruges, Gand, Bruxelles, Louvain. Cest un ancien golfe, occupé par la mer entre les deux dernières glaciations, et qui est encore très modestement occupé par ce qui reste du Zwin, la plus méridionale des avancées marines au Moyen Âge. Cela annonce les pays bas au sens strict, où la mer pénètre vers lintérieur et où convergent Escaut, Meuse et Rhin. Au nord des dernières modestes hauteurs du pays de Waes se trouve lestuaire de lEscaut ; mais il appartient, depuis 1648, aux Pays-Bas. Désormais, dans le sous-sol, les couches plongent profondément : cest la fin du palier topographique et tectonique qui constitue la Belgique. |
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La circulation a presque toujours été, et elle demeure, le moteur de lactivité, jouant sur la position du pays au sud du delta et au sud-est de la mer du Nord. Pour les Wallons, cest la Meuse qui joue ce rôle ; grand axe dune civilisation brillante dès le haut Moyen Âge, plus tard elle fut, en partie, lorigine de lévêché de Liège, puis de la région industrielle wallonne. Au cours des dernières décennies, les ambitions liégeoises ont été déçues ; on a enlevé à lactuelle Belgique une large partie de la Meuse : les frontières de ses voisins savancent en " doigt de gant " jusquà Maastricht et Givet ; de plus, comme la Meuse, en aval, mène aux Pays-Bas, il a fallu " détourner " le trafic par le canal Albert, et en amont la France na pas fait de la Meuse une grande voie navigable. Du côté flamand, le moteur est larrivée de la route de la Börde, sur le sud-est de la mer du Nord : la route des hanséates, venant de Lübeck, sur la Baltique, rejoignait la route de la Börde à Hanovre ; un peu avant son arrivée à la mer, elle passait très légèrement au nord de la Börde pour atteindre le Zwin. Ce fut lorigine de la grandeur de Bruges : située au carrefour des voies entre Baltique et Méditerranée, bien placée également pour le passage vers lAngleterre grâce au resserrement du pas de Calais, Bruges fut, du XI e au XVe siècle, la plus grande place portuaire dEurope ; tandis que Gand devenait la plus grande cité industrielle, grâce, notamment, à la laine. Au XVIe siècle, Anvers supplante Bruges, toujours grâce à la mer et à la route. Les raisons de ce changement sont à rechercher moins dans le comblement du Zwin que dans des causes politiques. En revanche, quand au XVIIe siècle Amsterdam supplante à son tour Anvers, pour entrer dans son Siècle dor, cest un profond bouleversement : le grand port nest plus sur le palier, mais dans les pays bas au sens strict. Ici encore, histoire et géographie sont inséparables ; sil faut sans doute y voir une conséquence de lindépendance des Provinces-Unies, lévolution des transports joue son rôle ; vers lintérieur, on circule par la voie deau, cela donne lavantage à la partie la plus basse et proche de la mer, les horizons sont désormais lointains : les ports sinstallent dans des sortes dîles.Au XIX e siècle, Anvers devient le premier port de la Belgique. Avec le rôle grandissant de la mer, la Flandre va posséder un atout capital alors que la Wallonie subit les conséquences de lépuisement des mines de charbon et la crise de ses industries ; mais la façade maritime de la Belgique est restreinte ; après le traité de Münster et les conquêtes de Louis XIV, la situation des grands ports est paradoxale : Anvers et Gand doivent passer par lestuaire de lEscaut, qui appartient aux Pays-Bas ; Gand latteint même par un canal qui est, pour moitié, situé aux Pays-Bas ; le seul port " sur mer " est le nouveau port de Zeebrugge, qui débouche sur la mer par un espace étroit, laissé libre dinfrastructures touristiques.La Belgique vit essentiellement du commerce et a su mettre en place des moyens de transport efficaces.
Anvers , dont le trafic maritime dépasse 100 millions de tonnes (Mt), est le deuxième port européen, après Rotterdam ; bien quil " perde " quelque 30 à 35 Mt dhydrocarbures qui, par suite des profondeurs insuffisantes de lEscaut, doivent transiter par Rotterdam. Le port attire les marchandises des pays voisins, et notamment de la France. La puissance dAnvers réussit à vaincre les difficultés dun estuaire qui appartient aux Pays-Bas ; elle repose sur une solide réputation de savoir-faire, de fiabilité, de prix, sur le nombre de lignes régulières, les infrastructures de liaisons avec larrière-pays, et sur une place portuaire dirigée par sa ville. Gand , qui fut la plus grande ville manufacturière du Moyen Âge, est resté un pôle industriel très lié à la mer mais aussi à son carrefour de voies navigables ; le trafic maritime, de lordre de 25 Mt, nest quun aspect de lactivité de la capitale de la Flandre orientale. Bruges , après six siècles de gloire, était devenue " Bruges la Morte " ; le XX e siècle, surtout dans sa seconde moitié, la fait revenir sur mer, à Zeebrugge : port en eau profonde, rapide, qui connaît de beaux succès, particulièrement sur le trafic transmanche et sur celui des conteneurs ; son trafic maritime dépasse 30 Mt, tandis que Bruges brille des édifices de son prestigieux passé et de son rôle actuel de capitale de la Flandre occidentale. Ostende est, surtout, un port de circulation transmanche avec près de 2 millions de passagers.La voie deau (rivières aménagées ou canaux) joue un très grand rôle évacuation et régulation des eaux, tourisme, paysages , et notamment dans les transports, dont elle assure 20 % avec près de 1 600 km de voies navigables. Le sillon Sambre-Meuse, qui débouche aux Pays-Bas, a été mis en communication avec Anvers par le canal Albert (il peut accueillir des convois de 9 000 t, et son trafic est de 30 Mt) et par des voies deau reliant Charleroi, Bruxelles et Anvers ; Anvers dispose aussi dun canal la reliant au Rhin. Gand, à la confluence de lEscaut et de la Lys, est relié par un canal à Bruges, par le canal maritime de Terneuzen à lestuaire de lEscaut et par la Lys ou lEscaut à la France. Les deux ports sont ainsi de grands carrefours européens de navigation intérieure. Dès les années 1950-1960, la Belgique a compris le rôle déterminant des autoroutes ; elle sest dotée dun réseau aux mailles serrées : une autoroute, gratuite, tous les 25 à 30 km (une densité cinq fois supérieure à celle de la France), des échangeurs nombreux et un éclairage nocturne. Voies deau et autoroutes accrochent ainsi fortement la Belgique à lEurope rhénane et à la France. Le train a permis dimportants déplacements journaliers de main-duvre dès le XIX e siècle. Le projet de mise en place du T.G.V., à partir de Lille, soulève les habituelles querelles entre Wallons et Flamands et leurs retards consécutifs. Ce projet prévoit une ligne Lille-Bruxelles et, de là, Bruxelles-Anvers puis les Pays-Bas, et une ligne Bruxelles-Liège et, de là, lAllemagne ; on peut en espérer lachèvement en 1998. Un aéroport international, près de Bruxelles, natteint pas la taille de Schiphol aux Pays-Bas, et la compagnie nationale, la Sabena, connaît quelques problèmes financiers. |
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La Belgique sest, dès le Moyen Âge, fortement industrialisée, développant surtout des industries de transformation de produits importés, sappuyant sur lexportation des productions et sur son potentiel humain. Les ressources locales ont toujours été limitées ; la laine brute, au Moyen Âge, était importée ; lArdenne a fourni un peu de minerai (fer, plomb, zinc) ; on trouve des sables et des argiles. Seul le charbon du bassin wallon a joué un grand rôle ; il était connu déjà au Moyen Âge ; sa production sest élevée à 55 Mt en 1955. Mais, en raison de coûts trop élevés, le dernier puits wallon a fermé, le 28 septembre 1984 ; le bassin de Campine, en région flamande, exploité dans laprès-guerre (6 Mt en 1974), ferme aussi, progressivement, au cours des années 1980-1990 ; il devrait néanmoins produire jusquen 1997. En 1991, la Belgique nextrait plus que 636 000 t. La pauvreté est encore plus grande dans les autres énergies : il ny a pas dhydrocarbures, et cependant le pays a une capacité de raffinage de 35 Mt ; lélectricité est dorigine thermique, dont 60 p. 100 nucléaire. La consommation est cependant forte : 52 millions de tep (tonnes déquivalent pétrole). La Belgique produit des métaux bruts : de lacier (Charleroi, Liège, Gand), du cuivre, du plomb, du zinc, beaucoup de produits métalliques (machines, moteurs, appareillage électrique et 1,2 million de voitures automobiles). Même si la carbochimie recule, lindustrie chimique est globalement la branche la plus dynamique : chimie minérale (la société Solvay, connue pour son procédé de fabrication de la soude, a été créée en 1863), engrais, pétrochimie (plastiques, caoutchouc synthétique, fibres synthétiques), produits pharmaceutiques. Une forte industrie agroalimentaire utilise les productions locales et les produits tropicaux : environ 1 Mt de sucre, 15 Mhl de bière ; laiteries, biscuiteries, chocolateries et aliments pour le bétail. Lindustrie textile se situe dans la grande tradition du Moyen Âge, mais la laine est partie à lest, à Verviers, et elle est revenue en Flandre, près de la frontière française ; après le Moyen Âge, elle fut remplacée par le lin puis par le coton le long de la vallée de la Lys et à Gand et, récemment, par les textiles chimiques, les tapis et les revêtements (Beaulieu). Charbon, textile et sidérurgie posent également des problèmes dans les autres pays de lEurope occidentale. Pays " anciennement industrialisé ", la Belgique souffre, comme beaucoup dautres, de lourdeurs. Dans son cas, il sagit dun problème de structure : elle produisait trop de produits semi-finis, pas assez enrichis en valeur ajoutée, et elle paraissait avoir beaucoup de difficultés à évoluer. À la fin de la décennie 1980, la situation était très sensiblement meilleure. Mais lévolution a été très différente de part et dautre de la frontière linguistique. La région flamande est, surtout depuis les années 1950, la partie la plus dynamique. Un réveil sétait esquissé à partir des années 1920, après une longue période noire. Des centaines dentreprises se sont disséminées dans toutes les villes ainsi quen milieu rural, mais plus spécialement le long de quelques axes. De Courtrai à Gand, la Lys est longée par lautoroute E 17 ; la tradition du lin et du coton et celle de la laine (au sud) sy maintiennent également ; cest le domaine du textile synthétique, des tapis et moquettes. Outre le textile, cette région possède des dizaines de zones industrielles : industries de transformation, industries chimiques et électroniques. Gand accumule depuis le début du XIX e siècle, mais surtout depuis les années 1960, tout ce quun port peut compter dindustries : chimie minérale et pétrochimie, métaux non ferreux, sidérurgie (Sidmar), construction automobile (Volvo), coton, matières plastiques, papier. De Gand partent deux axes : lun suit le canal de Terneuzen et passe aux Pays-Bas, lautre continue vers Anvers, engendrant le même développement, notamment autour de la dynamique ville de Saint-Nicolas. Anvers et son port perpétuent des traditions : industries alimentaires, taille des diamants, constructions navales (Hoboken) ; depuis les années 1960, cest devenu le grand foyer industriel du pays avec la chimie minérale (Bayer), la pétrochimie, la construction automobile (General Motors et Ford). DAnvers part laxe nord-sud ABC (Anvers-Bruxelles-Charleroi) ; entre le port et la capitale, par Malines et Vilvoorde, se succèdent chimie, métallurgie, industries de transformation. Un axe moins important part de Courtrai, passe par Roulers et se dirige vers Bruges ; Bruges et Zeebrugge ont relativement peu dindustries mais ont de vastes projets. La Campine ne sest développée quau XIXe siècle ; elle a de bons axes de circulation entre Anvers et Liège. En liaison avec le port dAnvers se sont développées, à louest, des industries liées aux métaux non ferreux et au nucléaire (Mol) ainsi que des industries diverses (Turnhout) ; à lest, mécanique et électronique se sont implantées à Hasselt. Le bassin houiller na guère suscité dindustries, mais, dans le cadre de la conversion, on y a créé des zones industrielles et installé les automobiles Ford à Genk.Cette renaissance de la Flandre sest appuyée sur une main-duvre abondante, réputée pour son aptitude au travail et son courage. Elle était autrefois sous-employée et depuis longtemps émigrait en Wallonie ou à létranger pour y trouver des emplois. La Flandre a lavantage de disposer de la façade maritime belge alors que la Wallonie est enclavée, à un moment où lindustrie partait " sur leau " et dans un pays où le commerce maritime joue un rôle essentiel. Elle a aussi bénéficié de la présence de nombreux " acteurs " osant créer des entreprises et de la confiance que lui ont accordée les investisseurs étrangers. Enfin, ce renouveau est soutenu par la volonté de procurer aux Flamands du travail chez eux, de redonner sa place à la culture flamande et de renaître après un siècle et demi de domination wallonne. Lindustrie flamande avait connu, au Moyen Âge, une prospérité exceptionnelle ; grâce au travail de la laine, la Flandre était la plus grande région manufacturière de lEurope ; Gand en était le centre principal, et Bruges la place portuaire internationale ; lart y rayonnait avec éclat. Cela dura du X e au XVe siècle. Au XVIe, les draps anglais entrèrent en Europe par Anvers, et ce port devint la grande place ; Anvers avait su assimiler la nouvelle économie. Le textile flamand employa progressivement du lin, puis du coton ; crises et reprises se succédèrent, et lindépendance de la Belgique fut suivie dune période noire, de pauvreté et démigration.La région wallonne, en revanche, est confrontée, depuis les années 1960, à des conversions difficiles. Laxe Haine-Sambre-Meuse-Vesdre est une " région anciennement industrialisée ". LArdenne possédait leau (et la force motrice), des minerais et du bois, le tanin de ses chênes et son bétail ; elle bénéficiait des facilités de circulation offertes par la Meuse, et des industries sy étaient développées : métaux, bois, cuir. Liège, notamment, était célèbre pour la fabrication des armes ; le charbon était exploité dès le Moyen Âge. Au XIX e siècle, la sidérurgie glissa vers le sillon Sambre-Meuse, attirée dabord par laxe de circulation puis par le charbon. Se développa alors le cortège des industries liées à la houille : outre la sidérurgie à Charleroi et à Liège, la carbochimie, la chimie minérale (Solvay), les industries métalliques, la verrerie...En plus des problèmes que connaissent toutes les régions houillères et sidérurgiques de lEurope occidentale, la Wallonie a de nombreux handicaps. Elle est enclavée, et, pour atteindre la mer, doù viennent charbon et minerai de fer, il faut passer par des ports néerlandais ou flamands. Le manque chronique de main-duvre dû à une très faible natalité depuis le XIX e siècle la obligée, pour se développer, à faire appel aux Flamands, puis aux Italiens, enfin aux Nord-Africains. La population a perdu une grande partie de sa confiance au cours des années 1970-1980. La Wallonie manque de capitaux propres ; cest particulièrement net dans la région Mons-Borinage. Enfin, la Wallonie ne tient plus les rênes du pouvoir comme au XIXe siècle, et elle accuse le gouvernement, trop flamand à son gré, de favoriser la partie flamande du pays, par exemple pour la mise en place des infrastructures de transport. Cest pourquoi la Wallonie sest, peu à peu, ralliée à lidée du fédéralisme.Lextraction de la houille a pris fin en 1984. La sidérurgie a réussi à se maintenir ; les compagnies se sont regroupées en une seule société, Cockerill-Sambre ; la productivité a augmenté et des accords de synergie (partage des types de produits) ont été signés avec le Luxembourgeois A.R.B.E.D. Mais une nouvelle sidérurgie sest installée sur leau, en Flandre, à Gand. Dans la région Mons-Borinage, on a créé quelques industries et développé le tertiaire. Charleroi a bénéficié de sa situation au sud de laxe ABC : plusieurs industries de transformation sy sont installées, on sest orienté vers les équipements télématiques, la récupération dénergie, mais une raffinerie na eu quune existence éphémère. Liège a joué ses cartes traditionnelles : position de carrefour, passé et cadre historique, pôle de recherche, environnement privilégié, enthousiasme, pour attirer de nombreuses industries modernes ; des P.M.E. se sont orientées vers la haute technologie. La situation demeure préoccupante mais, à la fin de la décennie 1980, les Wallons avaient commencé à reprendre confiance dans leur avenir. La région bruxelloise est située au milieu de laxe ABC, qui est fortement industrialisé. Sy sont installées des industries de transformation (automobile) et aussi des industries lourdes (chimie), mais Bruxelles et sa proche banlieue se sont fortement désindustrialisées. |
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Lagriculture, qui ne contribue plus que pour 1,9 % au P.N.B., nemploie que 2,4 % des actifs (140 000 personnes), dont un peu plus de la moitié seulement travaille à temps plein. Sa productivité, cependant, est remarquable : elle fournit 3 % des productions de la C.E.E., avec seulement 1 % des actifs et 1,1 % des terres cultivées de la Communauté. La petite exploitation de type familial reste la règle ; la superficie moyenne (horticulture exclue) est de 22,4 ha. Cette agriculture est principalement tournée vers lélevage de bovins et de porcins, et aussi vers les cultures horticoles et florales, souvent sous serre et avec chauffage. Les prairies et les cultures fourragères occupent 57,8 % de la surface cultivée, lhorticulture 3,7 %, et lagriculture 38,2 %. Cest une agriculture qui obtient de hauts rendements : 67 ou 68 q/ha pour le blé, 53 à 56 t/ha pour la betterave à sucre, 40 à 43 t/ha pour les pommes de terre. La culture est intensive depuis le Moyen Âge, période où la jachère disparut pour la première fois en Europe ; on faisait ainsi quatre récoltes en trois ans. Cependant, les conditions naturelles nétaient pas exceptionnelles : on avait, certes, des limons au sud, mais des sables au nord et des sols alourdis par une eau quil a fallu maîtriser. Il fallait nourrir une population, abondante grâce au commerce et à lindustrie ; une industrie textile qui trouvait sa main-duvre grâce à lagriculture : pour un laboureur, il fallait deux à trois journaliers, qui étaient tisserands en dehors des périodes de pointe agricoles. Le sol est devenu fertile grâce aux engrais urbains mais surtout à la suite dun travail opiniâtre. Les diversités régionales sont grandes. Dans le Sud-Est ardennais, en Lorraine belge, lherbe occupe les deux tiers du sol, les fermes se groupent en villages allongés comme en Lorraine française. En Ardenne au sens strict, la forêt tient une très grande place ; lélevage est lactivité principale, et lherbe occupe, dans la partie centrale, plus de la moitié de la superficie cultivée ; les exploitations sétendent sur 20 à 50 ha ; cest le faire-valoir direct qui prédomine. Les fermes sont des maisons-blocs groupées en villages. En Famenne et en Fagne, on trouve moins de forêts (surtout des petits bois) et, dans cette région humide, le pourcentage des sols en herbe peut atteindre de 65 à 85 % ; les exploitations ont 30 ha et plus. Le Condroz bénéficie de ses calcaires recouverts dargiles et de limons ; les terres labourées y occupent à peu près autant de place que lherbe ; on y cultive du blé et de la betterave à sucre, mais la ressource principale reste lélevage : on cultive pour nourrir le bétail. Les exploitations sont parmi les plus grandes de Belgique avec une moyenne de 33 ha, et beaucoup dépassent 100 ha. Les fermes se groupent en gros villages alignés au sud des tiges ; la maison-bloc ardennaise fait place, au nord, à une ferme à cour fermée. Le faire-valoir indirect prédomine : les exploitations appartiennent souvent à la noblesse. Au nord de lArdenne sétendent des plateaux limoneux. À lextrémité est, le haut pays de Herve est un bocage herbeux consacré à lélevage ; ses fermes sont dispersées. À louest commence la " région limoneuse ", et la Hesbaye offre un contraste violent avec ses champs ouverts et ses gros villages, ses labours qui occupent près de 70 % de la surface agricole ; on y cultive blé et betterave à sucre. De grosses exploitations de plus de 100 ha, qui sécartent des villages où se groupent des fermes plus modestes. Plus à louest, encore, Brabant et Hainaut ont des traits assez semblables, mais avec un peu plus de forêts. Puis viennent les plaines et collines flamandes. En Campine, la mise en valeur date des XVIII e et XIXe siècles ; la lande a fait place à des forêts ou à des exploitations agricoles ; les bois occupent un septième du sol ; lherbe occupe les deux tiers de la superficie cultivée dans des exploitations très petites, de lordre de 10 ha, le plus souvent en faire-valoir direct. Dans les deux provinces de Flandre, héritières dune grande tradition, le travail minutieux et la polyculture étaient la règle, associant céréales, plantes industrielles, horticulture et élevage ; là, en revanche, peu dherbe : un peu plus de 20 % de la S.A.U. dans le Sud, limoneux, et environ 35 % dans le Nord, sablo-limoneux ; on sest orienté vers un élevage semi-industriel et, plus spécialement dans un triangle Anvers-Bruxelles-Gand, vers des spécialisations : légumes, fruits, plantes ornementales, fleurs (30 millions dazalées par an), parfois de plein champ, mais souvent en serres chauffées au gaz. Les exploitations sont petites : 10 ha en moyenne, souvent moins de 5 ha, car cette agriculture à haute valeur ajoutée nécessite beaucoup de travail, et peu de familles travaillent leur terre à plein temps ; cela se situe dans un milieu où les densités dépassent, souvent largement, 100 et où une ville reste toujours à proximité. Les fermes sont isolées et de gros " bourgs " regroupent services et rurbains. |
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Léconomie belge a toujours reposé sur le commerce : elle doit importer matières premières et énergie et elle exporte ses produits fabriqués ; en outre, des marchandises étrangères transitent par son territoire. Belgique et Luxembourg sont le neuvième exportateur mondial avec 3,5 % du total mondial. On réalise mieux limportance en tenant compte des exportations par habitant : 11 500 dollars (contre 3 700 en France). Cela explique la tradition libre-échangiste, ainsi que la création de lunion douanière avec le Luxembourg (Union économique belgo-luxembourgeoise, ou U.E.B.L.), le 28 juillet 1921, et la formation, avec les Pays-Bas, le 3 février 1958, du Benelux. Le premier partenaire est lAllemagne, suivie par la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. La balance commerciale est souvent légèrement négative, en raison de limportance des achats de produits énergétiques et du fait que la Belgique nincorpore pas assez de valeur ajoutée à ses productions. |
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Des points noirs subsistent, aggravés par les querelles linguistiques et les complexités du système fédéral, mais les rivalités peuvent être des stimulants. Le budget est fortement déficitaire (375 milliards de francs belges en 1991) ; cela entraîne une politique daustérité qui, parfois, assombrit le climat social. La dette est assez lourde : ses intérêts absorbent 35 % des dépenses publiques. Les capitaux belges ont eu tendance à partir à létranger, les investissements nont pas été assez importants en Belgique, et des capitaux étrangers y ont acquis des positions importantes ; notamment la Compagnie de Suez, qui a pris le contrôle de la Société générale, dont dépend un tiers de léconomie belge ; 44 % du P.N.B. sont fournis par des entreprises multinationales. Le chômage est important : plus de 372 000 sans-emploi en décembre 1991 (10,9 % de la population active). Au début des années 1980, la Belgique sessoufflait, et lon pouvait se demander si elle serait capable de rajeunir ses structures. Dès la fin de la décennie 1980, léconomie belge montrait sa valeur. Les départs de capitaux étaient freinés, les investissements augmentaient ; la balance des paiements est devenue positive ; le franc belge, amarré au mark allemand, est solide. La Belgique occupe une position remarquable, au sud du delta de lEscaut, de la Meuse et du Rhin ; elle appartient à la partie la plus peuplée de lEurope, lEurope rhénane, dont elle est un débouché sur la mer du Nord ; elle est bien placée pour les relations Ouest-Est. Elle est aussi au contact des civilisations latines et germaniques : cette double appartenance en fait un microcosme de lEurope et constitue un atout considérable au moment de la construction européenne. |
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