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La Belgique


Cette présentation ne se veut pas exhaustive; son but est de brosser un tableau de notre pays, afin d'aider tous nos amis internautes à mieux le comprendre.

 

 

Belgique - Géographie et économie

1. Le cadre géographique

 

2. Economie   (page suivante)

  • Les performances de l'économie belge à moyen terme
    • Evolution et niveau du produit national brut
    • Emploi et chômage
    • Les prix
    • L'équilibre extérieur
  • Origine sectorielle du produit national brut
  • Affectation du produit national
  • L'équilibre spatial des activités économiques
  • Les finances publiques

 

 

 

BELGIQUE - Géographie et économie politique

 

 

Pays de dimension assez réduite (30 521 km2), la Belgique comptait cependant neuf millions neuf cent quarante-sept mille huit cents habitants en 1990, plus de dix millions en cette fin 1997 ; la densité est donc très forte : 326 habitants au kilomètre carré. L'urbanisation est à l'échelle : la distance moyenne entre deux localités est de 3 km (30 km en France). C’est le neuvième exportateur mondial (3,88 millions de dollars au kilomètre carré ; en France : 0,38) ; le P.N.B. par habitant la place au quinzième rang mondial. Anvers est le deuxième port d’Europe. Au Moyen Âge et au XVIe siècle, cette région était l’une des plus riches, sinon la plus riche, d’Europe. Les raisons de cette puissance sont à chercher dans la circulation, le commerce et la ténacité de ses habitants. La géographie physique joue son rôle, mais l’histoire a souvent fait varier les frontières ; le tracé actuel est récent (1839). Des problèmes linguistiques et culturels s’ajoutent aux coupures politiques et économiques pour opposer Wallons et Flamands, de part et d’autre de Bruxelles, mais les arguments ne manquent pas pour défendre l’unité, et cette dualité présente, quoi qu’on dise, des avantages certains.

 

 

1. Le cadre géographique

 

Un pays peuplé, urbanisé, mais divisé

 

La Belgique a les traits propres à l’Europe du Nord-Ouest : une population de l’ordre de 10 milions d’habitants et une densité, en 1990, de 326 habitants au kilomètre carré. Ce peuplement abondant existe depuis le Moyen Âge. Les chiffres ne varient guère actuellement car la fécondité est faible (1,6), la population vieillit, et il faut faire appel à des étrangers, qui constituent 9 p. 100 de la population (Italiens, Marocains, Turcs). Dans le sud-est du pays, la plus grande partie de la région wallonne, les densités sont inférieures à 100, mais, dans la partie flamande, elles sont généralement supérieures à 300. Les plus fortes densités dessinent deux lignes : l’une, ouest-sud-ouest - est-nord-est, est l’axe Haine-Sambre-Meuse ; l’autre, nord-sud, est l’axe ABC, Anvers-Bruxelles-Charleroi.

Les campagnes ne se sont généralement pas dépeuplées, les densités y dépassent 100 ; on y trouve encore des services, et la ville n’est jamais loin ; elles restent peuplées grâce aux industries disséminées et grâce aux rurbains, qui vont travailler en ville. Le contraste ville-campagne y est atténué (sauf en Ardenne et en Campine).

Les villes sont un autre trait majeur : aucune d’entre elles n’a atteint une taille démesurée, mais il y en a un très grand nombre qui ont des pouvoirs et offrent des services. Dans cette région du monde, la bourgeoisie urbaine a acquis des pouvoirs étendus face aux princes et à l’Église dès les Xe et XIe siècles. Actuellement, trois pôles se dégagent : Bruxelles, Anvers et Liège ; mais d’autres villes sont puissantes, notamment Gand et Bruges, et même de petites villes, tel Roulers, ont une puissance financière. C’est une structure et un réseau urbain très différents de celui que l’on rencontre généralement en France.

La Belgique est devenue un État fédéral divisé en trois régions, flamande, wallonne et bruxelloise. Le partage des attributions est souvent complexe ; à tout propos, des querelles éclatent, et la situation semble s’aggraver. Après les périodes de prospérité de la Flandre au Moyen Âge et d’Anvers au XVIe siècle, la partie flamande a traversé des siècles difficiles ; lors de l’indépendance, la richesse appartenait au sillon Sambre-Meuse, et les Wallons prirent le pouvoir. La culture flamande releva la tête à la fin du XIXe siècle et, après la Seconde Guerre mondiale, la situation économique se renversa. La Wallonie fut touchée par la fin du charbon, la crise de la sidérurgie, l’enclavement, tandis que la partie flamande jouissait d’un débouché sur la mer et d’une population nombreuse, désireuse de gagner. La population flamande est plus nombreuse (57,7 % contre 32,6 % en région wallonne et 9,7 % en région bruxelloise), car la natalité y était forte (mais cela est terminé). De ce fait, les étrangers sont très peu nombreux en Flandre (4,2 % contre 11,3 % en région wallonne et 27,2 % en région bruxelloise). 70 p. 100 des investissements industriels se font en Flandre, et la part de celle-ci dans le P.N.B. belge ne cesse de croître.

La région bruxelloise s’individualise du fait qu’elle est située, pour sa plus grande partie, au nord de la limite linguistique, mais on y parle surtout le français. Cette région est trop exiguë ; située sur l’axe ABC, elle s’était fortement industrialisée, mais les industries sont parties, remplacées par des bureaux. Curieuse capitale dont l’influence nationale diminue, mais dont les fonctions de capitale européenne attirent fonctionnaires, délégations étrangères et organes de décision.

 

Le cadre naturel

 

La Belgique et une partie du département du Nord, en France, forment le sud des bas pays au sud du delta commun de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin ; les cours d’eau y coulent vers le nord avant d’effectuer le grand virage à quatre-vingt-dix degrés qui les mène vers la mer du Nord. Le relief forme un amphithéâtre avec un haut pays, l’Ardenne, puis un palier de plateaux et de collines, enfin, à l’extrême nord, quelques plaines de la partie méridionale du delta. Ce palier topographique correspond à un palier géologique, et ce palier est la base de l’explication de l’économie et de l’histoire de ce pays.

Au sud-est, l’Ardenne au sens strict est formée par de hauts plateaux qui vont de 350-400 m à l’ouest à près de 700 m à l’est (Baraque Michel : 674 m ; signal de Botrange : 694 m ; Baraque Fraiture : 652 m). Les rivières (Meuse, Semois, Ourthe) y encaissent leurs méandres ; le climat est rude et les sols peu fertiles ; la forêt y tient une large place ; c’est la partie la moins peuplée de la Belgique. Ce haut relief correspond à un soulèvement de roches dures, primaires (grès, quartz, phyllades).

Au sud de l’Ardenne, un petit morceau de " bassin parisien ", la Gaume, a un relief de côtes, et on y a extrait du minerai de fer, comme en Lorraine française. Au nord de l’Ardenne, au sens strict, se succèdent des reliefs orientés ouest-sud-ouest - est-nord-est. D’abord une dépression assez large, la Fagne et la Famenne, qui correspond à des affleurements de schistes ; ensuite, plus au nord, le Condroz où, selon la même direction, alternent des lignes de hauteurs boisées, appelées " tiges ", dont l’altitude est de l’ordre de 300 m, et des creux où se logent les cultures ; ce relief, très doux, est dû à l’alternance de grès et de calcaires recouverts d’argiles. C’est une région plus riche où des terres labourées voisinent avec les herbages. Au nord du Condroz, les roches primaires les plus anciennes et les plus dures réapparaissent pour former une étroite ligne de hauteurs boisées : la Petite Ardenne.

Toujours selon la même orientation, un grand creux oriente la Sambre jusqu’à Namur, puis la Meuse jusqu’à Liège, et enfin la Vesdre ; c’est le sillon Sambre-Meuse.  Il se prolonge vers l’ouest par la dépression de la Haine. Axe de circulation sous lequel s’est conservé du charbon, c’est la région la plus active de la Wallonie avec l’alignement des villes de Mons, Charleroi, Namur, Liège et Verviers. C’est une région qui s’affaisse, par rapport à l’Ardenne, qui se soulève.

Au nord du sillon se trouvent des plateaux peu élevés (de 100 à 200 m), formés de roches tendres – craie crétacée, sables tertiaires – mais maintenues par le socle de roches dures primaires qui reste très près de la surface : c’est le début du " palier ". À l’est de Liège, le pays de Herve élève encore ses grands versants herbeux et bocagers à 300 m, mais, à l’ouest, la Hesbaye est, au contraire, un plateau peu disséqué, avec de belles cultures et des champs ouverts, formé de craie recouverte de limons. Le Brabant est une région historique où il serait vain de chercher une trop grande unité de relief : les plateaux cultivés, limoneux au sud, font place, peu à peu, à des collines boisées à mesure qu’on se dirige vers le nord. Le Hainaut, plus varié encore, comprend, au sud, la retombée de l’Ardenne, au centre, la dépression de Mons et, au nord, une région de collines annonçant la Flandre. Ces régions appartiennent à ce que les Allemands appellent la Börde : une bande de terrains, au nord des massifs de roches anciennes, recouverte de limons (lœss) et qui, venant d’Ukraine, arrive à la mer du Nord entre Ostende et Calais ; ces limons ont été apportés par le vent aux époques glaciaires ; ces mêmes vents déposaient, au nord de la Börde, des sables nivéo-éoliens.

Au nord-ouest, les reliefs continuent de descendre en même temps que les roches deviennent plus récentes. La Campine culmine encore entre 70 et 100 m ; les Flandres sont faites de collines (de 20 à 50 m) taillées dans des sables et dans des argiles ; le relief ne s’élève que le long d’une ligne ouest-est, les monts de Flandre. Ce sont enfin les premières plaines des bas pays : elles longent la côte et, au nord, s’étendent à l’intérieur le long de la vallée flamande ; celle-ci a joué un rôle essentiel, puisque toutes les grandes villes se sont fixées sur son versant sud : Bruges, Gand, Bruxelles, Louvain. C’est un ancien golfe, occupé par la mer entre les deux dernières glaciations, et qui est encore très modestement occupé par ce qui reste du Zwin, la plus méridionale des avancées marines au Moyen Âge. Cela annonce les pays bas au sens strict, où la mer pénètre vers l’intérieur et où convergent Escaut, Meuse et Rhin. Au nord des dernières modestes hauteurs du pays de Waes se trouve l’estuaire de l’Escaut ; mais il appartient, depuis 1648, aux Pays-Bas. Désormais, dans le sous-sol, les couches plongent profondément : c’est la fin du palier topographique et tectonique qui constitue la Belgique.

 

La circulation, moteur principal

 

La circulation a presque toujours été, et elle demeure, le moteur de l’activité, jouant sur la position du pays au sud du delta et au sud-est de la mer du Nord. Pour les Wallons, c’est la Meuse qui joue ce rôle ; grand axe d’une civilisation brillante dès le haut Moyen Âge, plus tard elle fut, en partie, l’origine de l’évêché de Liège, puis de la région industrielle wallonne. Au cours des dernières décennies, les ambitions liégeoises ont été déçues ; on a enlevé à l’actuelle Belgique une large partie de la Meuse : les frontières de ses voisins s’avancent en " doigt de gant " jusqu’à Maastricht et Givet ; de plus, comme la Meuse, en aval, mène aux Pays-Bas, il a fallu " détourner " le trafic par le canal Albert, et en amont la France n’a pas fait de la Meuse une grande voie navigable. Du côté flamand, le moteur est l’arrivée de la route de la Börde, sur le sud-est de la mer du Nord : la route des hanséates, venant de Lübeck, sur la Baltique, rejoignait la route de la Börde à Hanovre ; un peu avant son arrivée à la mer, elle passait très légèrement au nord de la Börde pour atteindre le Zwin. Ce fut l’origine de la grandeur de Bruges : située au carrefour des voies entre Baltique et Méditerranée, bien placée également pour le passage vers l’Angleterre grâce au resserrement du pas de Calais, Bruges fut, du XIe au XVe siècle, la plus grande place portuaire d’Europe ; tandis que Gand devenait la plus grande cité industrielle, grâce, notamment, à la laine. Au XVIe siècle, Anvers supplante Bruges, toujours grâce à la mer et à la route. Les raisons de ce changement sont à rechercher moins dans le comblement du Zwin que dans des causes politiques. En revanche, quand au XVIIe siècle Amsterdam supplante à son tour Anvers, pour entrer dans son Siècle d’or, c’est un profond bouleversement : le grand port n’est plus sur le palier, mais dans les pays bas au sens strict. Ici encore, histoire et géographie sont inséparables ; s’il faut sans doute y voir une conséquence de l’indépendance des Provinces-Unies, l’évolution des transports joue son rôle ; vers l’intérieur, on circule par la voie d’eau, cela donne l’avantage à la partie la plus basse et proche de la mer, les horizons sont désormais lointains : les ports s’installent dans des sortes d’îles.

Au XIXe siècle, Anvers devient le premier port de la Belgique. Avec le rôle grandissant de la mer, la Flandre va posséder un atout capital alors que la Wallonie subit les conséquences de l’épuisement des mines de charbon et la crise de ses industries ; mais la façade maritime de la Belgique est restreinte ; après le traité de Münster et les conquêtes de Louis XIV, la situation des grands ports est paradoxale : Anvers et Gand doivent passer par l’estuaire de l’Escaut, qui appartient aux Pays-Bas ; Gand l’atteint même par un canal qui est, pour moitié, situé aux Pays-Bas ; le seul port " sur mer " est le nouveau port de Zeebrugge, qui débouche sur la mer par un espace étroit, laissé libre d’infrastructures touristiques.

La Belgique vit essentiellement du commerce et a su mettre en place des moyens de transport efficaces.

 

Anvers , dont le trafic maritime dépasse 100 millions de tonnes (Mt), est le deuxième port européen, après Rotterdam ; bien qu’il " perde " quelque 30 à 35 Mt d’hydrocarbures qui, par suite des profondeurs insuffisantes de l’Escaut, doivent transiter par Rotterdam. Le port attire les marchandises des pays voisins, et notamment de la France. La puissance d’Anvers réussit à vaincre les difficultés d’un estuaire qui appartient aux Pays-Bas ; elle repose sur une solide réputation de savoir-faire, de fiabilité, de prix, sur le nombre de lignes régulières, les infrastructures de liaisons avec l’arrière-pays, et sur une place portuaire dirigée par sa ville. Gand , qui fut la plus grande ville manufacturière du Moyen Âge, est resté un pôle industriel très lié à la mer mais aussi à son carrefour de voies navigables ; le trafic maritime, de l’ordre de 25 Mt, n’est qu’un aspect de l’activité de la capitale de la Flandre orientale. Bruges , après six siècles de gloire, était devenue " Bruges la Morte " ; le XXe siècle, surtout dans sa seconde moitié, l’a fait revenir sur mer, à Zeebrugge : port en eau profonde, rapide, qui connaît de beaux succès, particulièrement sur le trafic transmanche et sur celui des conteneurs ; son trafic maritime dépasse 30 Mt, tandis que Bruges brille des édifices de son prestigieux passé et de son rôle actuel de capitale de la Flandre occidentale. Ostende  est, surtout, un port de circulation transmanche avec près de 2 millions de passagers.

La voie d’eau (rivières aménagées ou canaux) joue un très grand rôle – évacuation et régulation des eaux, tourisme, paysages –, et notamment dans les transports, dont elle assure 20 % avec près de 1 600 km de voies navigables. Le sillon Sambre-Meuse, qui débouche aux Pays-Bas, a été mis en communication avec Anvers par le canal Albert (il peut accueillir des convois de 9 000 t, et son trafic est de 30 Mt) et par des voies d’eau reliant Charleroi, Bruxelles et Anvers ; Anvers dispose aussi d’un canal la reliant au Rhin. Gand, à la confluence de l’Escaut et de la Lys, est relié par un canal à Bruges, par le canal maritime de Terneuzen à l’estuaire de l’Escaut et par la Lys ou l’Escaut à la France. Les deux ports sont ainsi de grands carrefours européens de navigation intérieure.

Dès les années 1950-1960, la Belgique a compris le rôle déterminant des autoroutes ; elle s’est dotée d’un réseau aux mailles serrées : une autoroute, gratuite, tous les 25 à 30 km (une densité cinq fois supérieure à celle de la France), des échangeurs nombreux et un éclairage nocturne. Voies d’eau et autoroutes accrochent ainsi fortement la Belgique à l’Europe rhénane et à la France.

Le train a permis d’importants déplacements journaliers de main-d’œuvre dès le XIXe siècle. Le projet de mise en place du T.G.V., à partir de Lille, soulève les habituelles querelles entre Wallons et Flamands et leurs retards consécutifs. Ce projet prévoit une ligne Lille-Bruxelles et, de là, Bruxelles-Anvers puis les Pays-Bas, et une ligne Bruxelles-Liège et, de là, l’Allemagne ; on peut en espérer l’achèvement en 1998. Un aéroport international, près de Bruxelles, n’atteint pas la taille de Schiphol aux Pays-Bas, et la compagnie nationale, la Sabena, connaît quelques problèmes financiers.

 

Le développement industriel

 

La Belgique s’est, dès le Moyen Âge, fortement industrialisée, développant surtout des industries de transformation de produits importés, s’appuyant sur l’exportation des productions et sur son potentiel humain. Les ressources locales ont toujours été limitées ; la laine brute, au Moyen Âge, était importée ; l’Ardenne a fourni un peu de minerai (fer, plomb, zinc) ; on trouve des sables et des argiles. Seul le charbon du bassin wallon a joué un grand rôle ; il était connu déjà au Moyen Âge ; sa production s’est élevée à 55 Mt en 1955. Mais, en raison de coûts trop élevés, le dernier puits wallon a fermé, le 28 septembre 1984 ; le bassin de Campine, en région flamande, exploité dans l’après-guerre (6 Mt en 1974), ferme aussi, progressivement, au cours des années 1980-1990 ; il devrait néanmoins produire jusqu’en 1997. En 1991, la Belgique n’extrait plus que 636 000 t. La pauvreté est encore plus grande dans les autres énergies : il n’y a pas d’hydrocarbures, et cependant le pays a une capacité de raffinage de 35 Mt ; l’électricité est d’origine thermique, dont 60 p. 100 nucléaire. La consommation est cependant forte : 52 millions de tep (tonnes d’équivalent pétrole).

La Belgique produit des métaux bruts : de l’acier (Charleroi, Liège, Gand), du cuivre, du plomb, du zinc, beaucoup de produits métalliques (machines, moteurs, appareillage électrique et 1,2 million de voitures automobiles). Même si la carbochimie recule, l’industrie chimique est globalement la branche la plus dynamique : chimie minérale (la société Solvay, connue pour son procédé de fabrication de la soude, a été créée en 1863), engrais, pétrochimie (plastiques, caoutchouc synthétique, fibres synthétiques), produits pharmaceutiques. Une forte industrie agroalimentaire utilise les productions locales et les produits tropicaux : environ 1 Mt de sucre, 15 Mhl de bière ; laiteries, biscuiteries, chocolateries et aliments pour le bétail. L’industrie textile se situe dans la grande tradition du Moyen Âge, mais la laine est partie à l’est, à Verviers, et elle est revenue en Flandre, près de la frontière française ; après le Moyen Âge, elle fut remplacée par le lin puis par le coton le long de la vallée de la Lys et à Gand et, récemment, par les textiles chimiques, les tapis et les revêtements (Beaulieu).

Charbon, textile et sidérurgie posent également des problèmes dans les autres pays de l’Europe occidentale. Pays " anciennement industrialisé ", la Belgique souffre, comme beaucoup d’autres, de lourdeurs. Dans son cas, il s’agit d’un problème de structure : elle produisait trop de produits semi-finis, pas assez enrichis en valeur ajoutée, et elle paraissait avoir beaucoup de difficultés à évoluer. À la fin de la décennie 1980, la situation était très sensiblement meilleure. Mais l’évolution a été très différente de part et d’autre de la frontière linguistique.

La région flamande est, surtout depuis les années 1950, la partie la plus dynamique. Un réveil s’était esquissé à partir des années 1920, après une longue période noire. Des centaines d’entreprises se sont disséminées dans toutes les villes ainsi qu’en milieu rural, mais plus spécialement le long de quelques axes. De Courtrai à Gand, la Lys est longée par l’autoroute E 17 ; la tradition du lin et du coton et celle de la laine (au sud) s’y maintiennent également ; c’est le domaine du textile synthétique, des tapis et moquettes. Outre le textile, cette région possède des dizaines de zones industrielles : industries de transformation, industries chimiques et électroniques. Gand accumule depuis le début du XIXe siècle, mais surtout depuis les années 1960, tout ce qu’un port peut compter d’industries : chimie minérale et pétrochimie, métaux non ferreux, sidérurgie (Sidmar), construction automobile (Volvo), coton, matières plastiques, papier. De Gand partent deux axes : l’un suit le canal de Terneuzen et passe aux Pays-Bas, l’autre continue vers Anvers, engendrant le même développement, notamment autour de la dynamique ville de Saint-Nicolas. Anvers et son port perpétuent des traditions : industries alimentaires, taille des diamants, constructions navales (Hoboken) ; depuis les années 1960, c’est devenu le grand foyer industriel du pays avec la chimie minérale (Bayer), la pétrochimie, la construction automobile (General Motors et Ford). D’Anvers part l’axe nord-sud ABC (Anvers-Bruxelles-Charleroi) ; entre le port et la capitale, par Malines et Vilvoorde, se succèdent chimie, métallurgie, industries de transformation. Un axe moins important part de Courtrai, passe par Roulers et se dirige vers Bruges ; Bruges et Zeebrugge ont relativement peu d’industries mais ont de vastes projets. La Campine ne s’est développée qu’au XIXe siècle ; elle a de bons axes de circulation entre Anvers et Liège. En liaison avec le port d’Anvers se sont développées, à l’ouest, des industries liées aux métaux non ferreux et au nucléaire (Mol) ainsi que des industries diverses (Turnhout) ; à l’est, mécanique et électronique se sont implantées à Hasselt. Le bassin houiller n’a guère suscité d’industries, mais, dans le cadre de la conversion, on y a créé des zones industrielles et installé les automobiles Ford à Genk.

Cette renaissance de la Flandre s’est appuyée sur une main-d’œuvre abondante, réputée pour son aptitude au travail et son courage. Elle était autrefois sous-employée et depuis longtemps émigrait en Wallonie ou à l’étranger pour y trouver des emplois. La Flandre a l’avantage de disposer de la façade maritime belge alors que la Wallonie est enclavée, à un moment où l’industrie partait " sur l’eau " et dans un pays où le commerce maritime joue un rôle essentiel. Elle a aussi bénéficié de la présence de nombreux " acteurs " osant créer des entreprises et de la confiance que lui ont accordée les investisseurs étrangers. Enfin, ce renouveau est soutenu par la volonté de procurer aux Flamands du travail chez eux, de redonner sa place à la culture flamande et de renaître après un siècle et demi de domination wallonne.

L’industrie flamande avait connu, au Moyen Âge, une prospérité exceptionnelle ; grâce au travail de la laine, la Flandre était la plus grande région manufacturière de l’Europe ; Gand en était le centre principal, et Bruges la place portuaire internationale ; l’art y rayonnait avec éclat. Cela dura du Xe au XVe siècle. Au XVIe, les draps anglais entrèrent en Europe par Anvers, et ce port devint la grande place ; Anvers avait su assimiler la nouvelle économie. Le textile flamand employa progressivement du lin, puis du coton ; crises et reprises se succédèrent, et l’indépendance de la Belgique fut suivie d’une période noire, de pauvreté et d’émigration.

La région wallonne, en revanche, est confrontée, depuis les années 1960, à des conversions difficiles. L’axe Haine-Sambre-Meuse-Vesdre est une " région anciennement industrialisée ". L’Ardenne possédait l’eau (et la force motrice), des minerais et du bois, le tanin de ses chênes et son bétail ; elle bénéficiait des facilités de circulation offertes par la Meuse, et des industries s’y étaient développées : métaux, bois, cuir. Liège, notamment, était célèbre pour la fabrication des armes ; le charbon était exploité dès le Moyen Âge. Au XIXe siècle, la sidérurgie glissa vers le sillon Sambre-Meuse, attirée d’abord par l’axe de circulation puis par le charbon. Se développa alors le cortège des industries liées à la houille : outre la sidérurgie à Charleroi et à Liège, la carbochimie, la chimie minérale (Solvay), les industries métalliques, la verrerie...

En plus des problèmes que connaissent toutes les régions houillères et sidérurgiques de l’Europe occidentale, la Wallonie a de nombreux handicaps. Elle est enclavée, et, pour atteindre la mer, d’où viennent charbon et minerai de fer, il faut passer par des ports néerlandais ou flamands. Le manque chronique de main-d’œuvre dû à une très faible natalité depuis le XIXe siècle l’a obligée, pour se développer, à faire appel aux Flamands, puis aux Italiens, enfin aux Nord-Africains. La population a perdu une grande partie de sa confiance au cours des années 1970-1980. La Wallonie manque de capitaux propres ; c’est particulièrement net dans la région Mons-Borinage. Enfin, la Wallonie ne tient plus les rênes du pouvoir comme au XIXe siècle, et elle accuse le gouvernement, trop flamand à son gré, de favoriser la partie flamande du pays, par exemple pour la mise en place des infrastructures de transport. C’est pourquoi la Wallonie s’est, peu à peu, ralliée à l’idée du fédéralisme.

L’extraction de la houille a pris fin en 1984. La sidérurgie a réussi à se maintenir ; les compagnies se sont regroupées en une seule société, Cockerill-Sambre ; la productivité a augmenté et des accords de synergie (partage des types de produits) ont été signés avec le Luxembourgeois A.R.B.E.D. Mais une nouvelle sidérurgie s’est installée sur l’eau, en Flandre, à Gand. Dans la région Mons-Borinage, on a créé quelques industries et développé le tertiaire. Charleroi a bénéficié de sa situation au sud de l’axe ABC : plusieurs industries de transformation s’y sont installées, on s’est orienté vers les équipements télématiques, la récupération d’énergie, mais une raffinerie n’a eu qu’une existence éphémère. Liège a joué ses cartes traditionnelles : position de carrefour, passé et cadre historique, pôle de recherche, environnement privilégié, enthousiasme, pour attirer de nombreuses industries modernes ; des P.M.E. se sont orientées vers la haute technologie. La situation demeure préoccupante mais, à la fin de la décennie 1980, les Wallons avaient commencé à reprendre confiance dans leur avenir.

La région bruxelloise est située au milieu de l’axe ABC, qui est fortement industrialisé. S’y sont installées des industries de transformation (automobile) et aussi des industries lourdes (chimie), mais Bruxelles et sa proche banlieue se sont fortement désindustrialisées.

 

Une agriculture de qualité

 

L’agriculture, qui ne contribue plus que pour 1,9 % au P.N.B., n’emploie que 2,4 % des actifs (140 000 personnes), dont un peu plus de la moitié seulement travaille à temps plein. Sa productivité, cependant, est remarquable : elle fournit 3 % des productions de la C.E.E., avec seulement 1 % des actifs et 1,1 % des terres cultivées de la Communauté. La petite exploitation de type familial reste la règle ; la superficie moyenne (horticulture exclue) est de 22,4 ha. Cette agriculture est principalement tournée vers l’élevage de bovins et de porcins, et aussi vers les cultures horticoles et florales, souvent sous serre et avec chauffage. Les prairies et les cultures fourragères occupent 57,8 % de la surface cultivée, l’horticulture 3,7 %, et l’agriculture 38,2 %.

C’est une agriculture qui obtient de hauts rendements : 67 ou 68 q/ha pour le blé, 53 à 56 t/ha pour la betterave à sucre, 40 à 43 t/ha pour les pommes de terre. La culture est intensive depuis le Moyen Âge, période où la jachère disparut pour la première fois en Europe ; on faisait ainsi quatre récoltes en trois ans. Cependant, les conditions naturelles n’étaient pas exceptionnelles : on avait, certes, des limons au sud, mais des sables au nord et des sols alourdis par une eau qu’il a fallu maîtriser. Il fallait nourrir une population, abondante grâce au commerce et à l’industrie ; une industrie textile qui trouvait sa main-d’œuvre grâce à l’agriculture : pour un laboureur, il fallait deux à trois journaliers, qui étaient tisserands en dehors des périodes de pointe agricoles. Le sol est devenu fertile grâce aux engrais urbains mais surtout à la suite d’un travail opiniâtre.

Les diversités régionales sont grandes. Dans le Sud-Est ardennais, en Lorraine belge, l’herbe occupe les deux tiers du sol, les fermes se groupent en villages allongés comme en Lorraine française. En Ardenne au sens strict, la forêt tient une très grande place ; l’élevage est l’activité principale, et l’herbe occupe, dans la partie centrale, plus de la moitié de la superficie cultivée ; les exploitations s’étendent sur 20 à 50 ha ; c’est le faire-valoir direct qui prédomine. Les fermes sont des maisons-blocs groupées en villages. En Famenne et en Fagne, on trouve moins de forêts (surtout des petits bois) et, dans cette région humide, le pourcentage des sols en herbe peut atteindre de 65 à 85 % ; les exploitations ont 30 ha et plus. Le Condroz bénéficie de ses calcaires recouverts d’argiles et de limons ; les terres labourées y occupent à peu près autant de place que l’herbe ; on y cultive du blé et de la betterave à sucre, mais la ressource principale reste l’élevage : on cultive pour nourrir le bétail. Les exploitations sont parmi les plus grandes de Belgique avec une moyenne de 33 ha, et beaucoup dépassent 100 ha. Les fermes se groupent en gros villages alignés au sud des tiges ; la maison-bloc ardennaise fait place, au nord, à une ferme à cour fermée. Le faire-valoir indirect prédomine : les exploitations appartiennent souvent à la noblesse.

Au nord de l’Ardenne s’étendent des plateaux limoneux. À l’extrémité est, le haut pays de Herve est un bocage herbeux consacré à l’élevage ; ses fermes sont dispersées. À l’ouest commence la " région limoneuse ", et la Hesbaye offre un contraste violent avec ses champs ouverts et ses gros villages, ses labours qui occupent près de 70 % de la surface agricole ; on y cultive blé et betterave à sucre. De grosses exploitations de plus de 100 ha, qui s’écartent des villages où se groupent des fermes plus modestes. Plus à l’ouest, encore, Brabant et Hainaut ont des traits assez semblables, mais avec un peu plus de forêts.

Puis viennent les plaines et collines flamandes. En Campine, la mise en valeur date des XVIIIe et XIXe siècles ; la lande a fait place à des forêts ou à des exploitations agricoles ; les bois occupent un septième du sol ; l’herbe occupe les deux tiers de la superficie cultivée dans des exploitations très petites, de l’ordre de 10 ha, le plus souvent en faire-valoir direct. Dans les deux provinces de Flandre, héritières d’une grande tradition, le travail minutieux et la polyculture étaient la règle, associant céréales, plantes industrielles, horticulture et élevage ; là, en revanche, peu d’herbe : un peu plus de 20 % de la S.A.U. dans le Sud, limoneux, et environ 35 % dans le Nord, sablo-limoneux ; on s’est orienté vers un élevage semi-industriel et, plus spécialement dans un triangle Anvers-Bruxelles-Gand, vers des spécialisations : légumes, fruits, plantes ornementales, fleurs (30 millions d’azalées par an), parfois de plein champ, mais souvent en serres chauffées au gaz. Les exploitations sont petites : 10 ha en moyenne, souvent moins de 5 ha, car cette agriculture à haute valeur ajoutée nécessite beaucoup de travail, et peu de familles travaillent leur terre à plein temps ; cela se situe dans un milieu où les densités dépassent, souvent largement, 100 et où une ville reste toujours à proximité. Les fermes sont isolées et de gros " bourgs " regroupent services et rurbains.

 

Le commerce extérieur

 

L’économie belge a toujours reposé sur le commerce : elle doit importer matières premières et énergie et elle exporte ses produits fabriqués ; en outre, des marchandises étrangères transitent par son territoire. Belgique et Luxembourg sont le neuvième exportateur mondial avec 3,5 % du total mondial. On réalise mieux l’importance en tenant compte des exportations par habitant : 11 500 dollars (contre 3 700 en France). Cela explique la tradition libre-échangiste, ainsi que la création de l’union douanière avec le Luxembourg (Union économique belgo-luxembourgeoise, ou U.E.B.L.), le 28 juillet 1921, et la formation, avec les Pays-Bas, le 3 février 1958, du Benelux. Le premier partenaire est l’Allemagne, suivie par la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. La balance commerciale est souvent légèrement négative, en raison de l’importance des achats de produits énergétiques et du fait que la Belgique n’incorpore pas assez de valeur ajoutée à ses productions.

 

Forces et faiblesses

 

Des points noirs subsistent, aggravés par les querelles linguistiques et les complexités du système fédéral, mais les rivalités peuvent être des stimulants. Le budget est fortement déficitaire (375 milliards de francs belges en 1991) ; cela entraîne une politique d’austérité qui, parfois, assombrit le climat social. La dette est assez lourde : ses intérêts absorbent 35 % des dépenses publiques. Les capitaux belges ont eu tendance à partir à l’étranger, les investissements n’ont pas été assez importants en Belgique, et des capitaux étrangers y ont acquis des positions importantes ; notamment la Compagnie de Suez, qui a pris le contrôle de la Société générale, dont dépend un tiers de l’économie belge ; 44 % du P.N.B. sont fournis par des entreprises multinationales. Le chômage est important : plus de 372 000 sans-emploi en décembre 1991 (10,9 % de la population active).

Au début des années 1980, la Belgique s’essoufflait, et l’on pouvait se demander si elle serait capable de rajeunir ses structures. Dès la fin de la décennie 1980, l’économie belge montrait sa valeur. Les départs de capitaux étaient freinés, les investissements augmentaient ; la balance des paiements est devenue positive ; le franc belge, amarré au mark allemand, est solide.

La Belgique occupe une position remarquable, au sud du delta de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin ; elle appartient à la partie la plus peuplée de l’Europe, l’Europe rhénane, dont elle est un débouché sur la mer du Nord ; elle est bien placée pour les relations Ouest-Est. Elle est aussi au contact des civilisations latines et germaniques : cette double appartenance en fait un microcosme de l’Europe et constitue un atout considérable au moment de la construction européenne.

 

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