La Belgique |
La physionomie économique dun pays, établie à un moment déterminé de lhistoire économique, nest que le reflet des évolutions des forces économiques qui ont prévalu dans le passé plus ou moins récent. Une présentation des principales structures économiques caractérisant léconomie belge simpose donc simultanément à la mise en évidence des évolutions significatives qui ont été à lorigine des structures dominantes actuelles et qui sont le point de départ des évolutions futures. Cette analyse dynamique, complément indispensable à la compréhension des structures économiques actuelles, est effectuée sur la base des principales données macroéconomiques disponibles, et plus spécialement des comptes nationaux qui seuls permettent de fournir une vue synthétique cohérente des variables caractéristiques de léconomie belge. La période dobservation sétend sur les trois décennies qui ont suivi lannée 1953, les données cohérentes relatives aux comptes nationaux faisant défaut avant 1953 ; elle se justifie en outre par le fait que la période retenue recouvre lessentiel des transformations intervenues après les remises en ordre réelles et monétaires consécutives à la Seconde Guerre mondiale, ainsi que les premières conséquences des mutations issues des chocs pétroliers et monétaires de la dernière décennie. Loption choisie qui privilégie les faits et leur signification par rapport à lanalyse directe des politiques menées est conditionnée par la constatation que dans le cadre de la Belgique pays qui connaît un degré de libéralisme élevé en matière déchanges extérieurs, combiné avec un degré douverture de son économie largement orienté vers létranger les politiques économiques internes ne permettent pas dexpliquer lessentiel de lévolution du réel. Ce dernier doit être saisi comme tel et, en même temps, il faut mettre en relief les éléments de sa configuration résultant des choix dobjectifs et de la poursuite des politiques. La difficulté principale dun tel essai de synthèse réside dans le choix des éléments retenus. Dans un premier temps, un bilan de la dynamique globale de léconomie belge sera dressé à partir de lexamen des taux de réalisation obtenus pour les quatre objectifs du carré magique de la politique économique (expansion, plein emploi, stabilité des prix et équilibre extérieur). Ensuite, une vue synthétique sera donnée des principales modifications intervenues dans lorigine sectorielle du produit national et dans son affectation, qui permettra notamment de révéler la contribution respective des divers éléments de soutien de lactivité économique (consommation, investissement et commerce extérieur). Enfin, on étudiera les éléments qui affectent plus spécifiquement les orientations internes de la politique économique belge, à savoir la répartition spatiale des activités économiques et la situation des finances publiques. |
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En ce qui concerne lévolution du produit national brut à prix constant, il convient de mettre en exergue laccélération progressive du rythme dexpansion de léconomie belge au cours des deux premières décennies observées. Le taux moyen daccroissement qui sétablissait modestement au taux annuel de 3,3 p. 100 au milieu de la décennie cinquante saccélère progressivement pour se situer à 4,5 p. 100 dix ans plus tard et plafonner à 5,5 p. 100 au début des années soixante-dix. La croissance de léconomie belge, initialement inférieure à celle des autres pays de la C.E.E., devient ainsi comparable aux performances réalisées par ses partenaires européens après la création du Marché commun. Depuis 1973, un net ralentissement de lexpansion est enregistré et, pour la dernière période quinquennale 1983-1987, le rythme de croissance atteint à peine 1,6 p. 100. En outre, si, durant les deux premières décennies, léconomie belge ne subissait que des fluctuations de croissance lactivité augmentant plus ou moins vite, mais ne reculant pas, sauf une faible baisse en 1958 , lamplitude et la fréquence des variations conjoncturelles se sont profondément modifiées au cours des dix dernières années où deux reculs en valeur absolue en 1975 et en 1981 ont été enregistrés. Cette rupture de rythme est étroitement liée à la conjoncture mondiale, les exportations constituant en Belgique une part importante du produit national et se trouvant largement dépendantes de la situation économique des principaux pays clients. Le produit intérieur brut atteint, en 1988, 5 604 milliards de francs belges, soit, pour une population de 9 885 000 habitants, un produit par tête de 567 000 francs belges ou 15 420 dollars. Compte tenu des réserves qui simposent dans lutilisation dun tel chiffre global comme indicateur du niveau de vie (comparabilité des prix, des structures dactivités et de besoins, des méthodes denregistrement comptable), renforcées par linstabilité croissante du marché des changes, on peut cependant admettre que le niveau de vie moyen du pays se situe parmi les plus élevés du monde occidental, se situant approximativement au niveau de la moyenne de la Communauté économique européenne et inférieur de 30 p. 100 à celui des États-Unis. |
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Dans un premier temps, et ce jusquau milieu des années soixante, lexpansion générale de lactivité économique saccompagne dune nette amélioration du marché de lemploi. Le taux de chômage, qui sélevait à 4,5 p. 100 au début des années cinquante, diminue progressivement pour se situer à un niveau minimum de 1,8 p. 100 au milieu de la décennie soixante. La stagnation prononcée de la population active au cours de cette période a renforcé lefficacité des efforts entrepris par les pouvoirs publics pour résoudre le chômage structurel. Depuis 1959, une politique dindustrialisation ou de diversification dactivités a été développée dans les régions où ce type de chômage sévissait davantage. Cette action a porté des fruits en Flandre occidentale et a permis simultanément, dans cette province comme dans le Hainaut occidental, de fixer en Belgique une part croissante des travailleurs frontaliers qui recherchaient un emploi en France. Les efforts dadaptation menés par les pouvoirs publics se révèlent cependant insuffisants pour résorber le chômage dans les nouvelles régions de régression structurelle qui se situent davantage dans le sillon industriel wallon (déclin des charbonnages, dune partie des fabrications métalliques et de la sidérurgie). En outre, alors que ses niveaux nont pas changé entre 1953 et 1964, la population active belge connaît à partir de 1965 une progression continue. Celle-ci coïncide avec lentrée sur le marché du travail de la génération née après la guerre, pour laquelle on constate une forte hausse du taux dactivité féminine par rapport à la population féminine totale. À partir du premier choc pétrolier, le ralentissement de lexpansion économique sest traduit, en Belgique, par une dégradation rapide du marché de lemploi, précédant de quelques années lévolution constatée chez ses partenaires européens au début des années quatre-vingt. La rapidité de réaction du marché de lemploi en Belgique est liée à la préoccupation des secteurs soumis à la concurrence internationale de maintenir un niveau de compétitivité suffisante pour pallier les pressions de linflation interne et le ralentissement de la dynamique générale de la demande internationale. La caractéristique essentielle de la structure des exportations sorientant vers une augmentation des produits bruts et semi-finis et une diminution de produits très achevés, les variations de prix permises à lexportation sinscrivent dans des limites compatibles avec les hausses de prix enregistrées dans les principaux pays concurrents. Le maintien relatif des taux de pénétration sur les marchés mondiaux na donc pu être obtenu que par des gains de productivité considérable de la main-duvre et donc au détriment du plein-emploi , gains indispensables pour compenser une croissance des coûts salariaux liés à la hausse des prix intérieurs. |
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Malgré lattention constante et prioritaire accordée à la stabilité des prix, en raison notamment du caractère de plus en plus ouvert de léconomie belge, une dégradation continue des performances se manifeste au cours de la période analysée, suivant dailleurs en cela un processus constaté à léchelle mondiale. Il convient également de signaler que si, en début de période, les prix du commerce extérieur étaient restés relativement stables, ils augmentent, ensuite, progressivement à un rythme qui tend à se rapprocher de celui de linflation intérieure. Comme dans tous les pays occidentaux, la hausse des prix de détail est nettement plus forte que celle des prix de gros ; elle sexplique principalement par le relèvement des prix de services, les prix des produits alimentaires augmentant aussi davantage au détail que ceux des autres produits. Tout ceci montre que les hausses se sont opérées davantage dans les types dactivité les moins soumis à la concurrence étrangère (services, agriculture, distribution), et que la performance densemble des prix belges ne devrait pas handicaper sérieusement léquilibre de la balance des paiements. |
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Cest effectivement ce qui apparaît à lexamen des soldes successifs des opérations courantes de la balance des paiements, tout au moins durant la période de 1953 à 1987 (tabl. 1). Au cours de ce quart de siècle, les comptes extérieurs de la Belgique ne sécartent pas systématiquement de la position déquilibre. Ce résultat a pu être obtenu avec laide précieuse dune politique monétaire polarisée sur la recherche de cet équilibre. Cependant, à la veille du premier choc pétrolier, lapparition de surplus importants à caractère permanent traduit une sous-évaluation de la parité du franc belge. Si cette sous-évaluation a permis dans un premier temps damortir limpact du premier choc pétrolier sur les comptes extérieurs de la Belgique qui sont relativement équilibrés durant la période 1973-1977 , elle a également accentué les tendances inflationnistes au cours de cette période et explique notamment laccélération nettement plus forte de linflation constatée en Belgique par rapport à lévolution observée dans les principaux pays concurrents. La dégradation de la position compétitive des exportations belges qui sensuivit et la forte détérioration des termes déchange subie par léconomie belge au cours des années quatre-vingt, à la suite du second choc pétrolier et de lappréciation du dollar américain, sont à lorigine du renversement rapide des résultats des comptes extérieurs dont le déficit représente en moyenne 5,3 p. 100 du produit national brut pour 1980-1982. Lévolution des avoirs extérieurs nets de la Banque nationale de Belgique et la position du franc belge au sein du système monétaire international ont été en étroite corrélation avec cette rupture nette de tendance. Au cours de la période 1953-1973, les réserves de change du pays connaissaient une augmentation substantielle, du même ordre de grandeur que celle des importations en valeur, et la solidité extérieure du franc belge était largement assurée ; la Banque nationale pouvait résister sans difficulté aux quelques vagues de spéculation qui ont secoué le franc belge lors des événements du Zaïre et lors des premiers soubresauts monétaires européens de la fin des années soixante. À partir de la dévaluation de 1949, le taux de change officiel ne subit aucune modification au cours des trois décennies qui suivent, et les variations du taux de change sont contenues sans difficulté à lintérieur des limites fixées par les accords de Bretton Woods tout dabord, des accords monétaires européens ensuite. Cependant, la dégradation de la situation économique générale et des comptes extérieurs en particulier nécessitent des interventions de plus en plus importantes et quasi continues de la Banque nationale pour contenir le franc belge dans les limites fixées par le système monétaire européen. Finalement, en février 1982, le gouvernement décide de dévaluer le franc dont la parité est abaissée, avec laccord de ses partenaires européens, de 8,5 p. 100. Ces changements de cap de politique économique intérieure, combinés au nouvel environnement international de la période 1985-1987, nettement plus favorable grâce à la baisse du dollar et au contre-choc pétrolier, facilitent la réalisation des objectifs externes de la politique économique. Cela se traduit par un retour rapide à léquilibre de la balance des paiements courants et même, en fin de période, à lapparition dun surplus important. En outre, la rapidité de transmission des fluctuations des prix internationaux sur les équilibres de prix intérieurs permet, dans un contexte de baisse des prix internationaux, de réduire le taux dinflation qui se situe à nouveau à un niveau comparable à celui quon observe en moyenne dans les principaux pays concurrents et permet de préserver lessentiel de lavantage compétitif obtenu lors de la dévaluation de 1982. |
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Pays dindustrialisation ancienne, la Belgique en connaît lévolution sectorielle fréquemment décrite : déclin de la part du produit national représentée par les activités de type primaire, au bénéfice dabord de la part du secondaire et ensuite de celle du tertiaire. Il est habituel de comparer, à des intervalles de dix-sept ans, la composition sectorielle du P.N.B. sur lensemble de la période. Le recul des industries extractives y est particulièrement net, de même que celui de lagriculture, de la sylviculture et de la pêche. Au cours de la première sous-période, le transfert de valeur ajoutée sopère encore partiellement au bénéfice du secondaire, notamment de la construction et des fabrications métalliques, et en faveur de lensemble du secteur tertiaire. Entre 1970 et 1987, le repli des activités de type primaire seffectue au seul bénéfice des services. Les pertes de compétitivité subies par lensemble des secteurs industriels font apparaître en fin de période un processus de désindustrialisation qui affaiblit limportance relative des valeurs ajoutées dorigine industrielle. Ce processus est encore plus accentué au niveau de la répartition de lemploi : en 1980, lemploi industriel ne représente plus que 35 p. 100 de lemploi total contre 42 p. 100 dix ans auparavant et 45 p. 100 en 1960. Un examen plus détaillé de la ventilation de la production industrielle par secteurs dactivité permet de dégager une caractéristique essentielle de cette structure, à savoir une orientation vers la production de produits bruts et semi-finis et une déficience dans la production de produits très achevés. Les branches comme la sidérurgie, lindustrie des non-ferreux, la cimenterie, le verre, qui concernent essentiellement des produits bruts ou semi-finis sont plus développés en Belgique que dans les autres pays industrialisés. Une situation inverse se présente pour la chimie et lindustrie des fabrications métalliques qui produisent des biens plus élaborés. Cette situation se retrouve au sein de chacune des branches dactivité où les sous-secteurs de première transformation des produits sont en général plus développés que les autres. Cette spécialisation de la production qui se répercute sur la structure du commerce extérieur constitue un handicap dans le contexte international actuel caractérisé par un net ralentissement de lexpansion de la demande mondiale pour ces demi-produits. Dautre part, les efforts dindustrialisation de plusieurs pays du Tiers Monde portent sur ces mêmes produits, de telle sorte que le taux de pénétration de la Belgique sur ses marchés traditionnels a baissé sous leffet combiné dune substitution à limportation dans les pays sous-développés et de la concurrence de ces nouveaux produits sur les marchés des pays industrialisés. |
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Dautres caractéristiques importantes de léconomie belge se dégagent à lexamen de limportance relative que prennent les grandes catégories daffectation du produit national, à savoir : la consommation (privée et publique), la formation intérieure brute de capital (cest-à-dire linvestissement), les exportations et importations de biens et services. Un premier trait significatif est le degré croissant douverture de léconomie belge au commerce extérieur, cela se traduisant par laccroissement de longue période qui représente la part tant des exportations que des importations dans le produit national : dun tiers au milieu des années cinquante, cette part passe successivement à la moitié avant le premier choc pétrolier pour sélever à 80 p. 100 en 1988. Par habitant, la Belgique présente le montant de biens exportés le plus élevé des pays industrialisés. La Belgique est la dixième puissance commerciale du monde, ce qui est évidemment remarquable, même si lon tient compte que létroitesse du territoire conduit nécessairement lindustrie des petits pays à trouver à létranger une part importante de ses débouchés. Cela constitue un des aspects majeurs de la politique économique poursuivie par tous les gouvernements, et qui consiste à rechercher au maximum les avantages de croissance et de productivité résultant de la division internationale du travail, elle-même conséquence dun libre-échange plus intensif. À ce titre, la Belgique sest généralement classée en tête des pays européens, en ce qui concerne tant la diminution des droits de douane que lélimination des restrictions quantitatives et des obstacles à la circulation des capitaux. Cette politique a été poursuivie de façon intensive dans le cadre dun espace restreint (Benelux, C.E.C.A., Marché commun), de façon moins accentuée vis-à-vis densembles plus vastes (pays membres de lO.E.C.E. ou du G.A.T.T.). Cependant, cest surtout avec les pays partenaires du Marché commun que se sont développés les échanges extérieurs de la Belgique : les exportations de marchandises à destination de ces derniers représentaient, en 1988, 74,2 p. 100 du total des exportations belges contre 51,0 p. 100 en 1950 et 58,1 p. 100 en 1960 ; lévolution était similaire pour les importations. Quant à la structure par produits du commerce extérieur et plus particulièrement celle des exportations , elle correspond assez bien à celle de la répartition sectorielle de la valeur ajoutée : par rapport aux autres pays industrialisés, on observe des indices de spécialisation élevés pour les produits bruts ou semi-finis (acier, verre, fils, etc.), normaux pour les produits alimentaires et chimiques, mais bas pour les biens déquipement. Parmi les trois modalités daffectation interne du produit national, seule la consommation publique présente une évolution constante tout au long de la période dobservation. La hausse continue de la part relative des dépenses publiques courantes ne présente pas de différence notable par rapport à lévolution constatée dans les autres pays industrialisés. Par contre, laffectation du produit national entre la consommation privée et linvestissement évolue différemment selon les périodes observées. Dans une première phase, cest-à-dire entre 1953 et 1973, un déclin quasi continu de limportance relative de la consommation privée correspond à laccroissement sensible de la part de linvestissement. Cette augmentation de la propension à investir de léconomie belge permet à la part de linvestissement dans le produit national, structurellement faible en début de période, de sétablir au début des années soixante-dix à un niveau comparable à celui qui est observé chez les partenaires du Marché commun. Daucuns attribuent à cette évolution la cause principale de laccélération imprimée tant à la croissance du produit quà celle de la productivité depuis 1960. Cette augmentation de la part des investissements doit tout dabord être liée à laction des pouvoirs publics. Dautre part, les investissements des pouvoirs publics se sont fortement développés, tant au niveau de lÉtat quà celui des autres collectivités publiques ; la progression a été, dans les deux cas, nettement plus forte que celle du produit national et a connu quelques variations conjoncturelles qui furent en partie la résultante de contraintes budgétaires, mais pour partie aussi leffet dune politique délibérée déquilibre conjoncturel. Dautre part, la réalisation de projets dinvestissement a été facilitée par les lois dexpansion de juillet 1959 et décembre 1970, destinées à favoriser le développement économique et qui ont amplifié et élargi, de façon considérable, les avantages offerts par les pouvoirs publics aux investissements privés. Tout au long de cette période, la forte progression de la propension à investir des entreprises a été dune façon générale favorisée par le développement rapide des diverses sources de financement. Dans ce contexte, deux facteurs explicatifs spécifiques à cette période méritent dêtre soulignés. En premier lieu, le volume de lépargne dégagée par les ménages saccroît non seulement en raison de la hausse des revenus disponibles mais également sous linfluence dune hausse continue de la propension à épargner. Ainsi, la proportion des revenus épargnés qui ne représentaient que 7 p. 100 des recettes des ménages en 1950 double au cours du troisième quart du XX e siècle pour sétablir à 14 p. 100 à la veille du premier choc pétrolier.Le développement et la diversification des systèmes de collecte de lépargne par les institutions financières ont permis une plus forte mobilisation des capacités dépargne des ménages. Dautre part, les variations du patrimoine ont élargi le pouvoir dachat du revenu disponible des particuliers indépendamment de la croissance de leur revenu courant sous laction conjointe des gains en capital obtenus sur les plus-values immobilières et de la valorisation des actifs financiers. En second lieu, un apport étranger a renforcé la capacité de financement de linvestissement en Belgique. Cet apport est dû notamment aux retombées de la création du Marché commun qui incitait les investissements étrangers, américains principalement, à importer des capitaux en Europe plutôt que dexporter des biens réels. Cette tendance a dailleurs été amplifiée par la surévaluation du dollar au cours de cette période. Depuis le premier choc pétrolier, un renversement complet des évolutions des parts relatives entre la consommation privée et linvestissement est observé. Lappauvrissement de léconomie belge nétant pas dans un premier temps répercuté sur le revenu disponible global des ménages, les dépenses de consommation privée augmentent plus rapidement que le produit national. Simultanément, les conditions favorables qui avaient précédemment stimulé linvestissement se dégradent. La situation des finances publiques ne permet plus laccroissement des investissements publics et empêche la mise en uvre dune politique daide à linvestissement privé. Les entreprises sont confrontées au tarissement de leurs principales sources de financement. Sous laction conjuguée dune offre de fonds propres moins dynamique du fait de la réticence de lépargne vis-à-vis des placements à risque, le recours massif aux fonds de tiers est progressivement rendu plus malaisé par les besoins de financement des pouvoirs publics et le resserrement de la politique monétaire nécessité pour la défense du franc belge. Depuis 1978, les taux dintérêt nominaux se maintiennent à des niveaux largement supérieurs à celui des anticipations inflationnistes et des attentes de rentabilité des investissements. Ainsi, progressivement, laffectation interne du produit national revenait à sa structure du début des années cinquante, caractérisée par une proportion élevée de dépenses de consommation privée et une faiblesse de la propension à investir. Les politique des revenus et des finances publiques rendues plus restrictives depuis 1982 ont permis de freiner ces évolutions structurelles, se traduisant notamment par un recul des composantes tant publiques que privées de la consommation globale. Par contre, en matière dinvestissement, le regain dinitiatives prises par les entreprises privées na pu, dans un premier temps, que compenser, en matière dinvestissements en actifs fixes, le recul des investissements publics et des constructions de logement. |
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Au cours des années soixante-dix, les problèmes régionaux ont pris une acuité croissante en Belgique. Progressivement, ils ont conditionné les choix de politique économique. Cette préoccupation est liée à la juxtaposition en Belgique de facteurs plus ou moins traditionnels à lorigine des prises de conscience régionale tels le refus des disparités économiques ou la volonté daccroître lefficacité du pouvoir en modifiant la structure politico-administrative à un élément linguistique primordial jouant un rôle de catalyseur et se traduisant en termes dantagonisme entre deux communautés. La différence culturelle, linguistique et, à certains égards, administrative entre la Flandre, la Wallonie et la région bruxelloise, conduit à examiner lévolution économique comparée de ces trois régions. Les indices de niveau de vie comparés, montrent quun renversement complet des positions relatives de la Flandre et de la Wallonie sest opéré entre 1955 et 1976. Grâce à un taux de développement constamment supérieur à la moyenne nationale, le retard économique de la Flandre a pu être annulé, tandis quà linverse la région wallonne, qui dépassait la moyenne nationale en 1955, accuse en fin de période un sous-développement relatif comparable à celui de la Flandre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le phénomène sexplique pour partie par des raisons sectorielles (déclin des activités dominantes de la Wallonie), pour partie par des facteurs de localisation dinvestissements, notamment la localisation maritime et portuaire de la Flandre. Il est possible enfin que dautres éléments telles la répartition spatiale des dépenses publiques, lexpansion démographique ou lexistence de facteurs sociologiques plus ou moins propices au développement contribuent à éclairer cette modification du poids économique relatif de ces deux régions. Quelles quen soient les causes, le phénomène se traduit par un déplacement du chômage structurel en direction du bassin industriel wallon et par une paupérisation relative du sud du pays. La position privilégiée quoccupe en termes relatifs la région bruxelloise doit être tempérée par le fait quune partie importante de lactivité économique de la région est effectuée par des non-résidents. Durant la décennie soixante-dix, lemploi disponible à Bruxelles était occupé à concurrence de plus de 40 p. 100 par des navetteurs, en majorité originaires de Flandre. |
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Au début des années quatre-vingt, la Belgique présente, parmi lensemble des pays industrialisés, les finances publiques les plus obérées : le solde net à financer de lensemble des pouvoirs publics sélève à 12 p. 100 du produit intérieur brut, soit une proportion trois fois plus élevée que la moyenne européenne. Lampleur de ce déséquilibre ne sexplique pas uniquement par référence à la phase de récession économique récente, mais par des causes plus lointaines. Pendant les années soixante, le déficit public atteignait annuellement plus de 2 p. 100 du produit intérieur brut ; toutefois ce déficit concernait uniquement les investissements publics. Depuis le début des années soixante-dix, la situation se détériore rapidement, même avant le premier choc pétrolier. Cette détérioration trouve essentiellement son origine dans laccélération des dépenses du pouvoir central. Dans un système de dépenses étroitement liées à lévolution des prix intérieurs, en raison du système dindexation généralisée des rémunérations des fonctionnaires, la croissance inflationniste de léconomie entraîne une augmentation nominale des dépenses publiques relativement plus forte que celle des recettes plus dépendantes de la croissance réelle des activités économiques. De plus, lajustement rapide opéré par le marché de lemploi, suite au ralentissement de lexpansion économique, a provoqué une véritable explosion des charges résultant du chômage et des programmes de promotion de lemploi : celles-ci représentent, en 1981, 4,3 p. 100 du produit intérieur brut. Au début des années quatre-vingt, un processus cumulatif se manifeste avec laugmentation considérable des charges dintérêt, le budget de la dette publique devenant le budget le plus important de lÉtat central. Les difficultés de financement du déficit ont provoqué un glissement vers les modalités de financement à court terme et demprunt à létranger. Afin de reprendre le contrôle de la situation, plusieurs plans dassainissement des finances publiques ont été appliqués au cours des dernières années, limitant dans un premier temps la croissance des dépenses à la seule augmentation des prix ou imposant ensuite, en 1987, une réduction de la valeur nominale des engagements de tous les départements ministériels 8,5 p. 100 en moyenne . Lensemble de ces mesures, combinées à un rééchelonnement partiel du service de la dette publique, sest traduit par une sensible réduction du solde net à financer qui se situe en fin de période à 6 p. 100 du produit intérieur brut. Cependant, lampleur de la dette accumulée, qui représente 125 p. 100 du produit intérieur brut et le service de la dette publique qui en résulte 10 p. 100 du produit intérieur brut nont pas rendu aux autorités publiques la marge de manuvre économique et sociale nécessaire pour une utilisation des instruments budgétaires non uniquement liée à des préoccupations de gestion purement comptable. Léconomie belge apparaît donc tributaire des avantages et des difficultés de sa vocation internationale et de son industrialisation ancienne. Ces deux caractéristiques expliquent la forte sensibilité conjoncturelle de lactivité économique, de même quelles entraînent dimportantes adaptations structurelles traduites par un taux de chômage particulièrement élevé. La politique douverture croissante vers lextérieur trait dominant de la politique de croissance de la Belgique à moyen et long terme a été largement payante dans le cadre de lenvironnement international dynamique de laprès-guerre, stimulé par une libéralisation des échanges. Mais les perturbations de léconomie mondiale, provoquées par laccumulation des déséquilibres internationaux et latténuation des effets positifs liés à la création du Marché commun, ont rendu beaucoup plus malaisée la réalisation des objectifs de politique économique belge. Cette dégradation est liée aussi bien au manque de maîtrise des variables constitutives de la demande finale mais également à la perte defficacité et de contrôle dans lusage des instruments de politique économique. Léconomie belge se trouve confrontée à quatre déséquilibres importants : celui de lemploi, des comptes extérieurs, des finances publiques et de la répartition spatiale des activités économiques. Dans un premier temps, la résorption de ces déséquilibres a été liée à un redressement de la demande mondiale, sans ajustement interne profond. Ensuite, lapprofondissement des déséquilibres a fait apparaître la nécessité dune réaffectation plus profonde des ressources disponibles ; mais lassainissement des finances publiques et la répartition de la charge dappauvrissement relatif de léconomie belge posent des difficultés politiques qui freinent laction publique en ce domaine. |
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