Chroniques d'un voyage en Russie
(Moscou: Marie et Jean-Pierre devant le monument aux astronautes)
(pour profiter au maximum du voyage, attendez patiemment l'éclosion des images et de la trame musicale)
Départ de Montréal le 1 mai 1968
Départ de Montréal sur le cargo Transontario de la ligne Poseidon, en direction de
Hambourg.
Nous somme retenus aux quais par des retards syndicaux. Le cargo est chargé à pas de tortue. Les officiers du navire allemand ne cachent pas leur impatience et leur ressentiment envers le port de Montréal, ses installations désuètes et son militantisme syndical. A la vue du port de Hambourg quelques jours plus tard, nous comprendrons pourquoi.
Traversée de l'Océan atlantique du 1 au 10 mai.
Nous avons passé 10 jours en mer et avons expérimenté avec désagrément la lourdeur de la cuisine allemande. Notre digestion n'est pas terminée encore et si nous avons sauté quelques repas, ce n'est pas du aux affres du mal de mer.
Le voyage est sans histoire. Une mer calme. Des passagers retraitants, des dames presque âgées et des hommes presque jeunes. Un américain qui connaît l'art de se faire des amis (selon Dale Carnegie) et qui n'aime pas nécessairement les noirs (aucune surprise là). Son épouse lui signale des bâtiments à l'horizon, comme pour l'arracher à d'autres amitiés naissantes. Des hôtes allemands, comme arrachés à regret du dernier reich. Un capitaine habitué au transport de "couples" amerloques et qui ferait mieux dans un night club. Un compagnon de table allemand, qui revient bredouille d'une chasse au travail au Canada. Il semble inconfortable chez ces "fritzs" dont il méprise l'attitude. Enrich est un garçon gentil, qui aime bien Marie qui le lui rend bien. Sa galanterie et ses manières un peu efféminées, très peu germaniques le cadre assez mal dans ce décor de rescapés du dernier Reich.
Finlande le 1 juin 1968.
Après avoir traversé en vitesse les pays nordiques déjà visités en 1963, nous pénétrons avec angoisse en Russie par le poste frontière de Viborg. Les contrôles sont serrés. Les douaniers accomplissent leur tâche avec gêne. Ou est-ce parcequ'ils ne sont pas habitués à cette routine, le pays n'est ouvert aux voyageurs routiers que depuis peu de temps, ou simplement parce qu'en pays centralisés, les fonctionnaires se paralysent eux-mêmes de peur d'exécuter des tâches hors normes. Oh que cela ressemble à notre propre paradis social-démocrate qui s'embourbe lentement mais sûrement dans les dédales kafkaïens de la centralisation bureaucratique. Les pommes de terre nous auront longtemps préoccupées et de fait, on nous les confisque sans pouvoir expliquer pourquoi.
(Moscou, monument aux travailleurs)
Passage en Russie, le 1 juin 1968
Dès notre entrée en Russie, c'est le camion-campeur qui ne cesse d'impressionner. Il nous crée une certaine gêne comme si nous devions nécessairement être des privilégiés du système capitaliste pour posséder un tel engin. Et pourtant, n'est-ce pas là l'habitat naturel des hippies, ces marginaux du capitalisme occidental. Si j'explique à tous ces fans que je ne suis pas nécessairement riche pour posséder un tel engin, je captive mon auditoire mais ne convainc pas.
Sur la route de Viborg, tortueuse et mal découpée, les jeunes se jettent littéralement sur nous, créent des barrages "touristiques" pour échanger le "shewing gum" cet insipide symbole de l'Amérique contre de magnifiques boutonnières léninistes. Je sens qu'il préféreraient nous donner Lénine au complet dont ils se seraient passés avec joie. Mais connaissent-ils vraiment Lénine?. Si l'Amérique devait gagner la guerre froide avec du "chewing gum", ce sera alors sans honneur. Mais les guerres ne se gagnent jamais dans l'honneur.
Viborg Répino, le 1 juin 1968
Il y a comité de réception à la gare de Viborg. L'Intourist nous accueille timidement dans des bureaux vétustes et encombrés. Une vision kafkaïenne qui ne sera pas la dernière. Les finlandais qui visitent Leningrad en masse, vous bousculent, vous arrachent sans vergogne votre place. Les fonctionnaires d'Intourist sont peu empressés à vous signaler les attraits du pays, il n'y a pas de dépliants touristiques. Ces fonctionnaires possèdent leur passeport d'emploi ad vitam eternam d'où leur manque de motivation. Il nous faudra inventer notre voyage, à partir de notre mémoire et de la rare littérature que nous rapportons d'Occident.
Nous approchons de Leningrad. Les villages enfouis dans les arbres respirent le passage du temps. Ils ont un certain charme. La Russie serait-elle en train de se montrer, de ne plus avoir honte d'elle-même? Nous faisons un arrêt à Selenogarsk. Nous y découvrons un parc qui fait grand étalage de son mauvais goût malgré la présence d'arbres, d'oiseaux, de la nature et du charme de la promenade. Nous arrivons au camping de Repino où nous procédons aux formalités d'installation. Puis impatient, nous partons tard pour Leningrad situé à 44 kilomètres du camping.
(Leningrad, forteresse Pierre et Paul)
Leningrad le 2 juin 1968
Nous apercevons Leningrad au loin. Il y a peu d'autos ce qui contraste avec les villes occidentales, Helsinki où nous étions il y a deux jours. Nous roulons dans les faubourgs de Leningrad, croyant être au coeur de la ville, nous sommes un peu déçus de la voir si ordinaire, puis soudain, un pont sur la Néva que nous traversons. Enveloppée dans le "myst" du soleil couchant , nous apercevons les palais qui se mirent dans la Néva. Tous ces pastels qui se fondent avec les couleurs de l'eau du ciel font un effet époustouflant.
Nous retiendrons cette sublime image de Leningrad qui nous fera oublier un instant, l'absurdité de sa bureaucratie étatique. Outre l'étonnante beauté des musées et de la ville, nous devrons faire face à l'inefficacité bureaucratique pour tenter de vivre, de manger, de circuler, de dormir, de s'informer, de se ravitailler, triste sort réservé à l'année à ceux qui n'auront pas le bonheur, comme nous de sortir du pays dans un mois. Mes sympathies socialistes en prennent un coup, et je ne peux m'empêcher de m'insurger contre ces intellectuels désincarnés qui ont pu inventer un système économique aussi aberrant.
Bien qu'il y ait peu d'autos, nous avons peine à circuler dans la ville. Nous traversons d'immenses "no man's lands" où nous sommes les seuls à circuler. Nous nous trouvons dans des sens interdits sans la signalisation appropriée. Ce n'est que le lendemain, très tard, après plusieurs infractions, que nous apercevrons très haut perché, à près de 20 mètres dans les airs et bien en-deça de l'entrée de la rue, le cercle barré signalant les sens interdits, comme si ces signalisations étaient destinées à des voyageurs aériens. Nous nous inclinons encore une fois, devant l'irrationalité bureaucratique. Le peu de raisonnement derrière ce type d'installation dont l'absurde est tellement évident vous fait penser qu'il n'est là que pour servir une autre cause: non pas prévenir le citoyen d'une règle mais de le prendre en défaut d'avoir transgressé cette même règle comme si le rôle de l'état se limitait à punir. Ce même principe existe dans les rues de Montréal, où les autorités utilisent la signalisation pour engraisser les coffres de l'état en utilisant une signalisation confuse, détournant ainsi de son but premier la raison de la signalisation. Les fonctionnaires de l'état ne servent qu'à cela, créer des embûches au citoyen magnifiant ainsi le pouvoir abusif de l'état.
Camping de Repino le 2 juin 1968
A chaque arrêt du véhicule, nous sommes entourés d'enfants comme si nous étions des extraterrestres. Ce soir, nous recevons un adulte d'une trentaine d'années qui a passé quelques années en Allemagne. Nous échangeons dans la langue allemande dont je connais quelques phrases passe-partout. Nous buvons notre première bière russe sur la rue, échangeons des photos et nos adresses respectives. Il est significatif que les seuls contacts que nous ayons à date soient avec des jeunes ou des adultes ayant déjà séjourné en occident. La population ordinaire nous ignore comme si elle craignait d'être prise en flagrant délit de sympathie occidentale. Quant aux agents du gouvernement, il est manifeste qu'on ne peut impunément les réveiller de leur torpeur bureaucratique.
(Leningrad, le long de la Neva)
Leningrad le 3 juin.
Ce matin, nous faisons notre première tentative d'approvisionnement en nourriture. Les commerces sont difficiles à identifier, ils n'ont rien à voir avec ce que nous connaissons en occident. Les épiceries sont situées dans les sous-sols et peu ou pas annoncées. L'étalage est restreint et peu invitant, il se limite à quelques conserves, des pots de confiture d'un âge certain qui décorent les vitrines minuscules. Il n'y a aucune diversité. Vous pouvez apercevoir une quantité démesurée d'un produit d'une utilité incertaine alors que le reste des tablettes est vide. Ici le principe de l'offre et de la demande est un concept inexistant. Les fonctionnaires de Moscou sont les seuls à savoir et à décider quant et quoi le peuple doit manger.
Nous nous mettons à penser qu'on a laissé chez-nous des marxistes, des socialistes, des gens de gauche, qui vantent les charmes de l'état providence, l'entrepreneurship de l'état, la bureaucratie, la centralisation tout azimut, et qu'avant d'entrer en URSS vous partagiez vous-aussi ces principes et vous commencez à regretter vos idéaux de jeunesse, à avoir honte d'avoir eu tort.
A l'intérieur du magasin (sic), vous découvrez à tâtons et sans que personne vous aide, les principes qui régissent l'achat des biens de consommation. Vous devez d'abord payer vos achats à la caisse et percevoir ensuite vos biens à chacun des comptoirs spécialisés en y présentant votre coupon de caisse. L'exercice est pénible, contraire à la logique et froisse vos habitudes.
A titre d'exemple, pour acheter un morceau de fromage vous payez d'abord à la caisse un montant correspondant à 250 grammes de fromage. Vous présentez votre ticket de caisse au comptoir en ayant soin d'inscrire en langue russe la quantité et le nom du fromage. Pour atteindre le poids exact, l'employé s'ingénie à découper la brique de fromage en petits morceaux jusqu'à ce qu'il ait atteint la quantité exacte indiquée sur le ticket. Belle logique commerciale. On peut facilement imaginer que des bureaucrates de Moscou reçoivent ce ticket de caisse, le comptabilisent, le comparent avec la production de fromage du dernier plan quinquennal et en prime, peuvent refiler au KGB le nom des soi-disant serviteurs de l'état qui auraient présenté des déséquilibres inexplicables entre les entrées et les sorties de fromage.
Après multiples manoeuvres pour comprendre le principe, nous procédons dorénavant de cette façon. Marie se met en ligne à la caisse (en Russie, tout le monde semble en perpétuelle ligne d'attente), j'écris en Russe sur un bout de papier, le nom et la quantité des produits convoités, Marie obtient son coupon de caisse d'une caissière bien barricadée derrière son écran vitré, pour éviter sans doute les attaques des clients exaspérés, et qui ne fait aucun effort pour aider cette extraterrestre qui ne sait même pas nommer les choses, elle paie le compte avec son lot de kopecks, revient avec le coupon de caisse qu'elle montre à la tenancière imperturbable du comptoir de distribution des choses qui lui rend le produit contre son coupon de caisse. Il aura fallu écrire le "Capital" pour penser à un système aussi simple et logique. Il y a des Internationales dont on se passerait avec bonheur.
Ce matin, après quelques heures de formalités administratives, probablement supervisées par quelques fonctionnaires kafkaïens isolés dans des buildings insipides de Moscou, nous avons enfin pu acheter 4 pains bâtons (oui, en russe ça s'appelle des bâtons) pour une valeur d'un rouble, 10 oeufs de première qualité pour 1,30 roubles et quelques tranches de bon fromage pour une valeur de 60 kopecks. On se paie par la même occasion d'excellentes glaces, mais chères. Ainsi, une briquette (on utilise ici aussi le terme français) genre "revel" au chocolat pour 30 kopecks ou une glace dans un cône rond et plat pour 20 kopecks.
Le dimanche soir, tous les russes semblent manger leur glace. Au prix qu'elle coûte, on se dit que la valeur du rouble n'est pas la même pour les occidentaux que pour les russes ce qui nous découvrirons plus tard. en effet, avant d'entrer en Russie, nous devions acheter obligatoirement pour une valeur de $10,00 par jour de roubles au pair avec le dollar américain. Nous découvrirons plus tard que cette valeur est divisible par 10 sur le marché noir.
Camping de Repino le 3 juin 1968
Ce dimanche soir, nous allons marcher dans les allées bordées d'arbres. Au loin, on entend des chants russes et l'on voit s'approcher un groupe d'hommes et de femmes qui chantent et dansent au son d'un accordéon. Nous les suivons jusqu'au bord du golfe de Finlande où ils s'arrêtent à nouveau pour chanter et danser devant un sanatorium. Repino ou nous campons, est un lieu de cure et de villégiature. Nous continuons notre marche et nous rencontrons de jeunes russes, garçons et filles, qui nous parlent en anglais.
On nous demande si nous avons des choses à vendre. Un d'entre eux, portait un "jeans" acheté d'un touriste au prix de $15.00. Il n'y a pas de "jeans" dans les magasins de Russie. Les jeunes nous parlent des Beattles, des Rolling Stones, des Monkeys, des Papas et Mamas, des groupes que nous connaissons à peine étant plus près des chanteurs français que de la musique anglo-saxonne. On sent la proximité de Leningrad avec l'Occident et de son influence malgré l'inviolabilité des frontières pour les citoyens de ce pays.
On voudrait échanger nos adresses, personne n'a de stylo. On se donne rendez-vous mardi soir. En revenant au camping, nous allons au restaurant et discutons avec un américain rencontré la veille. A 11 heures, c'est la fermeture du restaurant, nous continuons à parler tout en se dirigeant vers notre voiture, un Finlandais qui avait fêté à Leningrad se joint à nous, et nous parle dans sa langue, nous en français ou en anglais, personne ne se comprend ce qui ne nous empêche pas de devenir des amis d'un soir. Il nous donne un "chewing Gum", et Marie se fait offrir une paire de bas de Nylon qu'il mesure sur sa jambe en lui donnant une bise sur la joue. Marie qui est très belle, provoque toujours des attitudes d'une facture comique, qui pourraient être bien autre chose si je n'étais pas là. On se quitte, il fait froid, la police omniprésente semble nous avoir à l'oeil.
(Kalinin, paysage et isbas)
Route de Repino 4 juin 1968
Aujourd'hui, nous découvrons malgré nous qu'il ne faut pas déroger aux itinéraires des routes rouges de l'Intourist, lesquelles sont les seules ouvertes aux regards des étrangers. Les états totalitaires choisissent ainsi les choses qu'ils veulent montrer aux étrangers, qui ne laissent que rarement la place à des incursions dans les lieux où le peuple vit.
Sur la route du retour de Leningrad, nous bifurquons en direction d'un village dans le but de photographier quelques Isbas. Nous sommes interpellés par des policiers. Après une longue conversation inintelligible avec des policiers peu rassurants, je dois utiliser une astuce pour me sortir du pétrin. Je feins d'être égaré et demande la direction de Viborg en disant que nous sommes à la recherche de notre camping. Nous nous en tirons ainsi, sans autre aléas bureaucratique insoupçonné ni bakchich.
Le premier soir, après une journée fatiguante dans les musées, en route vers le camping, nous sommes interpellés à une intersection par un policier pour une soi-disant infraction. Croyant être dans mon droit, j'argumente longtemps, entretiens la confusion linguistique exprès, jusqu'à l'exaspération, refuse de donner le rouble expiatoire sans une contravention officielle. J'apprends plus tard que tous les touristes subissent ce contretemps et vont payer aux officines de la police, les contraventions dont ils ne connaissent pas la raison ni le pourquoi.
Leningrad le 5 juin 1968
Le lendemain, à la même intersection, je constate que la veille, j'avais effectivement commis une infraction à un virage à gauche non-permis du à mon ignorance des subtilités de la signalisation dans le pays. Une flèche verte indiquait le droit de virage à gauche, qui en toute logique, aurait due apparaître avant et non après la pleine lumière verte. On comprend qu'un étranger comme moi, se soit engagé dès l'apparition de la lumière verte. J'ai en mémoire la signalisation routière en France qui est d'une impressionnante logique et je m'explique mal que cette même logique n'existe pas ailleurs ni même dans mon pays malgré l'origine française de ses habitants. Ils y auraient oublié semble-t-il leur logique cartésienne.
Ce lendemain, nous revoyons nos amis russes rencontrés la veille au camping. En les abordant, ils nous semblent froids, ils nous entraînent vers la mer. Ils nous racontent alors les démêlés qu'ils ont eus avec la police depuis qu'ils nous ont parlé. Nous échangeons des idées sur les systèmes politiques qui nous séparent. Ils sont naturellement portés à surestimer notre système économico-politique, puis après quelques comparaisons, des chiffres, la balance se fait entre les deux systèmes qui finissent par s'équilibrer. Nous ne cherchons jamais à tomber dans le piège dans lequel les canadiens et les américains tombent plus souvent qu'autrement, celui de faire la propagande politique de notre système. Nous nous contentons de les juger pour notre propre compte.
Nous trouvons généralement le ton nécessaire pour tempérer l'ardeur de nos interlocuteurs à considérer notre univers comme le seul viable, en prenant pour acquis qu'ils seront impuissants à quitter le leur en masse et qu'ils devront le gérer (ou le renverser) de l'intérieur.
Bien que nous préférions l'enfer occidental au paradis soviétique, à quoi bon faire valoir ce seul et unique avantage dont ils sont d'ailleurs conscients, qui est celui de la libre circulation des biens et des personnes. Mais pour combien de temps encore, devant la montée irrésistible de la social soi-disant démocratie qui envahit l'occident et l'âme des occidentaux comme une religion sournoise.
Cette jeunesse que nous rencontrons n'est pas endoctrinée, elle n'est pas communiste et ne le sera pas tant qu'elle n'aura pas goûté aux tares de notre système. La fausille et le marteau sont des symboles plus largement déployés par certaines foules ignares qui paradent sur les grands boulevards de Paris, ou qui professent dans les enceintes universitaires manifestant ainsi leur inconséquence à rêver d'un illusoire paradis socialiste. Si la Russie ne change pas, sa jeunesse la fera changer tôt ou tard. Elle est trop consciente et trop près des influences occidentales pour qu'elle en soit protégée indéfiniment. La révolution bolchevique devra payer un jour pour son contrôle excessif sur les échanges des biens et des idées.
A Viborg, nous faisons brièvement connaissance avec une enseignante de français qui nous demande des adresses de correspondants pour ses élèves. Nous la référons à regrets à la C.E.C.M. cet antre de sectaires d'un temps révolu.
Ce soir, les employés du camping sont agglutinés autour du téléviseur public. Ils y ont appris en même temps que nous, la tentative d'assassinat sur la personne de Bob Kennedy. On sentait un grand émoi et une certaine tristesse sur les visages, comme une manifestation de solidarité au-delà des systèmes politiques qui nous émeut mais ne nous surprend pas. Il y a une certaine tristesse vu d'ici, à voir l'Amérique se débarrasser ainsi de ses leaders comme cela ce fait dans les états totalitaires. Ils peuvent ainsi juger que l'Amérique n'est peut-être pas le paradis de leurs rêves.
(Novgorod, la cathécrale Ste-Sophie)
Novgorod le 7 juin.
Pendant le nettoyage de ma voiture au camping de Novgorod, je me lie d'amitié avec un ancien pilote d'avion. Nous parlons de choses et d'autres, et particulièrement de son travail sur de petits appareils destinés à l'arrosage aux insecticides, des terres agricoles communales. Il nous parle également de son séjour à Berlin au sein de l'armée russe durant le blocus de la ville. Nous étions à Berlin à ce moment. Nous vidons ainsi, une bouteille de champagne russe avec un ami d'un jour.
A Novgorod, nous visitons le Kremlin et des villages où sont conservées plusieurs maisons traditionnelles en bois, appelées des izbas.
(Les jardins de Pédrovoretz)
Sur la route, nous nous arrêtons au fameux parc décoré de fontaines prétentieuses, des statues peintes couleur or aménagé comme jardin d'été des ksars. Nous apercevons déambulant d'un pas pressé dans les jardins, Sammy Davis Junior, ou était-ce son sosie parfait.
Marco Polo ou le voyage imaginaire (Voyages et photos de l'auteur, 1968) © 1997 Jean-Pierre Lapointe