Le jardin secret de Michou 

Entrevue d'embauche assez spéciale!

 

Ma seule et unique entrevue d'embauche "en femme":

Nous sommes là, tous les trois, assis sur des chaises droites, en un genre de petit cercle, au beau milieu d'une salle de montre dont les murs sont tapissés d'étagères remplies de produits pour la coiffure. Les deux hommes qui m'interview n'ont pas encore atteint la quarantaine. L'un des deux à l'air super sympathique mais le plus jeune, le patron, a un air renfrogné qui devrait me rendre mal à l'aise. Pourtant, il n'en est rien.

Je n'essaie pas de me présenter comme une "vraie" femme. Je fais quand même attention à ma voix et à mes gestes pour que ma masculinité ne soit pas trop agaçante. Mais, je jurerais que celui des deux hommes qui à l'air sympathique m'engagerait sur le champ et irait peut-être même plus loin...

Nous sommes en octobre 2002, par une belle fin d'après-midi particulièrement ensoleillée et chaude. Cela fait plus de deux mois que je suis revenue dans la région de Québec et que je suis à la recherche d'un emploi.

Au tout début, j'étais pleine d'espoir parce que mes premières recherches dans les journaux me laissaient entrevoir une plus grande disponibilité d'emplois que dans la région de Montréal, d'où je venais de déménager. Mais, après deux mois de recherches intensives, je commençais à me rendre compte que mon âge et mon cheminement de carrière m'handicapaient autant à Québec que dans la région que je venais de quitter.

Un bon matin, au début du mois, j'aperçois, dans un quotidien local, une petite annonce demandant un (ou une) secrétaire-comptable pour une entreprise distributrice de produits destinés aux salons de coiffure. J'avais, dans le passé, déjà postulé plusieurs postes de ce genre mais sans succès et la vue de cette petite annonce n'avait pas l'heur de raviver mes espoirs plus qu'il ne le faut.

Donc, prévoyant n'avoir rien à perdre, je décide que, pour la première fois, c'est "Michou" qui serait mise à contribution cette fois-ci.

À ma grande surprise, environ une semaine plus tard, mon cellulaire me transmet la voix d'un homme qui me fixe un rendez-vous en relation avec cet emploi.

Bien sûr, je suis tout excitée de ce qui m'arrive. D'une part, parce que cela fait déjà longtemps que je n'ai même pas été convoquée pour une entrevue d'embauche, mais aussi, parce que c'est une première dans ma vie de "femme à temps partiel". Vous pouvez donc imaginer l'excitation que je peux ressentir. Comme pour la plupart des femmes cependant, je crois que ce qui me préoccupe le plus c'est le choix des vêtements que je porterai pour cette occasion.

À cette période de l'année, ce choix comporte un plus grand défi qu'en toute autre saison. Une journée, le service météo prévoit de la pluie et un temps frisquet mais, en réalité, il fait beau soleil et la température monte à 20o C. Une autre journée, il est prévu du soleil alors qu'il fait un temps gris et froid pendant toute la journée. Dans de telles conditions, je n'ai d'autre choix que de prévoir plusieurs ensembles, mais quel casse-tête.

Aujourd'hui. le jour de l'entrevue, il fait un temps superbe et le thermomètre marque presque les 25o C. Malgré cette chaleur inattendue, aussi tard dans la saison, je m'en tiens quand même à un ensemble sobre, qui me semble convenir à une femme de mon âge, pour ce genre de circonstances (voir la photo dans le coin supéreur gauche). Seule petite concession, je ne porte pas de veston et les manches de ma blouse sont ouvertes des poignets jusqu'aux épaules. Évidemment, la situation l'exigeant, je dois me contenter de chaussures qui ont un air plutôt conservateur, comparativement à ce que je porte habituellement. Mais, la hauteur de mes talons atteint quand même 12 cm (4½"). Je suis cependant, convaincue que ça n'y paraît presque pas.

Je sais bien que je suis surqualifiée pour le poste. Et, espérer me faire embaucher comme une femme, qui a des attributs plutôt masculins, tient plus du rêve que de la réalité. Mais, je dois avouer que je trouve cette expérience très excitante.

Même l'individu qui a l'air un peu renfrogné, me traite très bien. Et, que dire de l'attitude super sympatique et même engageante de l'autre homme. J'ai l'impression que s'il en avait le pouvoir, il m'embaucherait sur le champ.

Pendant toute la durée de l'entrevue, je ne ressens aucune rétiscence de la part de mes interlocuteurs. L'attitude de chacun est des plus ouverte. Au tout début de l'entrevue, il y a bien eu une ou deux questions en relation avec ma manière de me vêtir. Mais, cela a été fait comme s'il fallait meubler la conversation tout en satisfaisant une curiosité bien légitime. A aucun moment, je ne ressens quelqu'animosité que ce soit. Et l'atmosphère est, on ne peut plus, agréable.

En bout de compte, j'ai tellement adoré mon expérience que, si l'opportunité se présentait de nouveau, je n'hésiterais pas un instant à recommencer. Mais, comme vous devez vous en douter, je n'ai évidemment pas obtenu le poste et, à ce jour, je continue à vivre comme une retraitée qui accepterait bien un petit supplément de revenu, si l'ocasion se présentait.

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Dernière mise-à-jour: 9 mai 2004

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