Nous sommes en
octobre 2002, par une belle fin d'après-midi
particulièrement ensoleillée et chaude. Cela fait plus de
deux mois que je suis revenue dans la région de Québec et
que je suis à la recherche d'un emploi.
Au tout début,
j'étais pleine d'espoir parce que mes premières recherches
dans les journaux me laissaient entrevoir une plus grande
disponibilité d'emplois que dans la région de Montréal, d'où
je venais de déménager. Mais, après deux mois de recherches
intensives, je commençais à me rendre compte que mon âge et
mon cheminement de carrière m'handicapaient autant à Québec
que dans la région que je venais de quitter.
Un bon matin, au début du mois, j'aperçois, dans un quotidien local, une
petite annonce demandant un (ou une) secrétaire-comptable pour
une entreprise distributrice de produits destinés aux salons
de coiffure. J'avais, dans le passé, déjà postulé plusieurs
postes de ce genre mais sans succès et la vue de cette petite
annonce n'avait pas l'heur de raviver mes espoirs plus qu'il
ne le faut.
Donc, prévoyant n'avoir rien à perdre, je décide
que, pour la première fois, c'est "Michou" qui
serait
mise à contribution cette fois-ci.
À ma grande
surprise, environ une semaine plus tard, mon cellulaire me
transmet la voix d'un homme qui me fixe un rendez-vous en
relation avec cet emploi.
Bien sûr, je suis
tout excitée de ce qui m'arrive. D'une part, parce que cela
fait déjà longtemps que je n'ai même pas été
convoquée pour une entrevue d'embauche, mais aussi, parce
que c'est une première
dans ma vie de "femme à temps partiel". Vous
pouvez donc imaginer l'excitation que je peux ressentir. Comme pour la
plupart des femmes cependant, je crois que ce qui me
préoccupe le plus c'est le choix des vêtements que je
porterai pour cette occasion.
À cette période
de l'année, ce choix comporte un plus grand défi qu'en toute
autre saison. Une journée, le service
météo prévoit de la pluie et un temps frisquet mais, en
réalité, il fait
beau soleil et la température monte à 20o C. Une
autre journée, il est prévu du soleil alors qu'il fait un
temps gris et froid pendant toute la journée. Dans de telles
conditions, je n'ai d'autre choix que de prévoir plusieurs
ensembles, mais quel casse-tête.
Aujourd'hui. le jour de
l'entrevue, il fait un temps superbe et le
thermomètre marque presque les 25o C.
Malgré cette chaleur inattendue, aussi tard dans la saison,
je m'en tiens quand même à un ensemble sobre, qui me semble
convenir à une femme de mon âge, pour ce genre de circonstances (voir la photo dans le
coin supéreur gauche). Seule petite concession, je ne porte
pas de veston et les manches de ma blouse sont ouvertes
des poignets jusqu'aux épaules. Évidemment, la situation l'exigeant, je
dois me contenter de chaussures qui ont un air plutôt
conservateur, comparativement à ce que je porte
habituellement. Mais, la hauteur de mes talons atteint quand
même 12 cm (4½"). Je suis cependant, convaincue que ça n'y paraît presque pas.
Je sais bien que
je suis surqualifiée pour le poste. Et, espérer me faire
embaucher comme une femme, qui a des attributs plutôt
masculins, tient plus du rêve que de la réalité. Mais, je
dois avouer que je trouve cette expérience très excitante.
Même l'individu
qui a l'air un peu renfrogné, me traite très bien. Et, que dire de l'attitude super sympatique et
même engageante de l'autre homme. J'ai l'impression que
s'il en avait le pouvoir, il
m'embaucherait sur le champ.
Pendant toute la
durée de l'entrevue, je ne ressens aucune rétiscence de la
part de mes interlocuteurs. L'attitude de chacun est des
plus ouverte. Au tout début de l'entrevue, il y a bien eu une ou deux
questions en relation avec ma
manière de me vêtir. Mais, cela a été fait comme s'il
fallait meubler la conversation tout en satisfaisant une
curiosité bien légitime. A aucun moment, je ne ressens
quelqu'animosité que ce soit. Et l'atmosphère est, on ne
peut plus, agréable.
En bout de
compte, j'ai tellement adoré mon expérience que, si
l'opportunité se présentait de nouveau, je n'hésiterais pas
un instant à recommencer. Mais, comme vous devez
vous en douter, je n'ai évidemment pas obtenu le poste et, à
ce jour, je continue à vivre comme une retraitée qui
accepterait bien un petit supplément de revenu, si l'ocasion
se présentait.