Le Jeûne

Le jeûne fait partie des anciens rites, communs à toutes les religions. Les contestataires, à tout coup, demandent : Comment Dieu nous crée-t-Il des bouche, dents, oesophage et estomac pour manger, puis nous dit "Abstenez-en vous !" Comment nous crée-t-Il la beauté et la passion, puis nous dit "Baissez vos regards et tenez-vous chastes !" Est-ce raisonnable ?

"Ce serait la seule chose raisonnable !" leur dis-je. Dieu te donne le cheval pour que tu le montes, non qu'il te monte ; pour que tu le diriges et le domptes, non qu'il te le fait.

Or ton corps, c'est entre autres ton cheval, créé afin que tu le montes, maîtrises, orientes, domptes et mobilises à tes fins. Le contraire - lorsque c'est le cheval qui te mobilise à ses fins et te dirige où il désire - est inconcevable !

D’ici, le fait de contôler son désir, de gouverner son penchant et de brider son estomac s’avère le trait caractéristique de l’être humain. Homme tu seras juste au moment que tu résistes ce que tu aimes et supportes ce que tu détestes … Mais lorsque s’abandonner à ta faim et tes passions devient une obsession, tu seras un animal que fait bouger une botte de trèfle et que fait réprimer un bâton ! D’ailleurs, Dieu ne nous a pas créé pour cela … Il nous a créé la passion pour l’escalader, ambitionnant une autre supérieure. On a à maîtriser l’agitation bestiale de la passion du corps et s’en servir pour accéder au plaisir de l’admiration visuelle de la beauté, pas plus. On aurait à gravir encore cette dernière pour trouver plaisir dans la passion de l’esprit pour la culture, le savoir et la sagesse. Ensuite on saurait briguer une ascension plus grande, celle de la réalité, pour la viser, la rechercher et mourir pour elle. 

Des voies ascendantes d’envie ! L’envie du corps fangeux s’en tient au plus bas, alors que l'envie de ce qui est vrai et exemplaire, au sommet. Au paroxysme, c’est l’envie la plus sublime : celle de Dieu, Maître de toute perfection… le Vrai, Exalté soit-Il. 

Dans ce Hadith Transcendant (Qudsî) : « Oh …fils d’Adam, Je t’ai créé pour Moi et créé les choses pour toi. Ne te laisse donc pas distraire par ce qui est pour toi de Celui pour Lequel tu es ! » 

Ainsi, Dieu nous a-t-Il assujetti la nature, avec ses lois, richesses et trésors, la prédisposant à notre service. Quel effort avons-nous déployé pour faire que le chameau emporte nos fardeaux ou que le chien garde nos maisons, ou que les bêtes nous profitent de leurs fourrures, chairs et peaux ? C’est ainsi qu’elles ont déjà été créées : assujetties et dociles. A nous d’autre part, selon les desseins et le mandat divins, de chevaucher ces montures pour émigrer vers le but, i.e. vers Dieu, le Parfait… uniquement vers Lui. 

« O homme! Toi qui t'efforces vers ton Seigneur sans relâche, tu Le rencontreras alors. » (s.84, v.6)

« Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent. » (s.51, v.56)

Or, l’adoration ne tient que d’après une connaissance.

Et la vie c’est un voyage pour reconnaître Dieu. La connaissance de Dieu et de Ses attributs parfaits entraîne Son adoration… comme ça ! D’instinct, et sans grand effort ! Et quel effort faut-il pour succomber à l’amour d’une belle ? C’est seul l’instinct qui se charge de nous faire fondre au moment de regarder son visage... Qu’en serait-il du moment d’introduction à Celui qui renferme toute perfection, et dont provient toute beauté ? Nous nous Y fondrions d’amour.

Le jeûne n’est justement que le premier exercice dans ce voyage. 

C’est l’exercice de monter à cheval, de savoir entraîner, domestiquer son cheval. Comment ? en résistant à la faim et à la peine. En voici la leçon de discipline, de politesse et d’obéissance par excellence ! 

Des notions « belles » et raffinées, qui n’ont rien à avoir avec les suggestions du jeûne d’aujourd’hui : devinettes, boutades, railleries, tentes-siwân, noix et veillées. Celui qui jeûne s’adonne au rappel de Dieu plutôt qu’à la télé… il se retire pour prière, adoration nocturne et lecture réfléchie du Coran, non pas pour danse et répétition de chansons obscènes.

Le ramadan a toujours été le mois des expéditions et du martyre dans le sentier de Dieu. (…) Et c’est là le sublime jeûne … pas celui d’oisiveté, ni celui de sommeil le jour durant puis de veille face à la télé pendant toute la nuit … Pas celui de réveil paresseux pour se rendre le matin au travail, ni de nervosité, ni d’irritation, ni d’impatience envers les gens non plus…. Dieu se désavoue d’un tel jeûne ; Il le renvoie à son auteur sans l’accepter. Ce dernier n’en récolte que la faim et la soif.

Le jeûne n’est autre que d’enfourcher le corps monture à la quête assidue de Dieu, suivant la voie des bonnes actions, de la bonne parole et de l’adoration sincère. 

Demande-toi alors quel est ton lot de tout cela pendant le ramadan et tu sauras à quel point tu pratiques le culte du jeûne !

Extrait de "L'Islam ... C'est Quoi?" du Dr. Moustafa Mahmoud