Question 2 : étude morphologique et sémantique de eût
été
Comprendre la question
La question comporte deux "dimensions" :
-
morphologie : étude de la forme, donc ici, identification et examen
de l'ensemble des "morphèmes"
-
sémantique : valeur sémantique de l'ensemble, et des constituants
Les problèmes posés
Ces problèmes sont d'ordre différent et supposent des connaissances
"grammaticales" sûres, ou à tout le moins, un "esprit philologique"
:
-
justifier l'emploi du mode et du temps
-
expliquer succinctement la problématique des temps composés
à travers cet exemple
-
la morphologie verbale (la formation des formes conjuguées) : l'identification
des morphèmes grammaticaux et de leur fonction
Le "traitement" : vers une réponse ordonnée
l'ensemble :
Verbe "être" conjugué (ou employé)
au subjonctif plus-que-parfait, à la troisième personne du
(au) singulier. Cette forme transcrit un irréel du passé
dans un système corrélatif avec le plus-que-parfait de l'indicatif
: il eût été ... si l'un de nous avait eu ...
rem.
L'on peut ici parler de
"concordance des temps" selon le modèle latin, entre la proposition
principale et la subordonnée.
Certaines grammaires parlent
de "conditionnel passé deuxième forme", mais la valeur sémantique
d'irréel du passé suffit. L'on notera cependant que le français,
à la différence du latin, dispose de deux modes pour référer
à ce qui ne relève pas du "factuel" (indicatif) : le "conditionnel"
et le "subjonctif". Ici, le système corrélatif incite à
penser qu'il s'agit d'un subjonctif, au sens presque étymologique
: la corrélation tanscrivant l'interdépendance (presque hypotaxique)
entre les deux procès.
Cette forme composée comporte un auxiliaire
de conjugaison qui porte les marques de personne, et un verbe auxilié,
au participe passé, qui "porte" le sémantème. L'interrelation
entre le temps et le mode de l'auxiliaire et le participe passé
constitue un temps nommé "composé".
- été : participe passé
du verbe "être" :
- ét- > est- ; radical
du verbe
- -é final : désinence participiale
homologue à celle des verbes en -er à l'infinitif (le problème
est le même pour "aller").
- eût : auxiliaire de conjugaison "avoir",
conjugué au subjonctif imparfait.
- eu- est le radical passé
du verbe "avoir"
- ^t : la forme -st, désinence de la
troisième personne du singulier, a vu l' -s transformé en
accent circonflexe sur la voyelle le précédant : d'une part
cet -s n'était plus prononcé, d'autre part la substitution
de l'accent circonflexe permettait aux imprimeurs des temps préclassiques
"d'économiser" des -s.
- la survivance de cet accent circonflexe
distingue "eût été" (subjonctif plus-que-parfait) de
la forme sans accent "eut été" (indicatif passé antérieur)
et se trouve ainsi motivée : l'accent gardant pleinement sa fonction
de signe diacritique (à l'écrit).
Comme vous pouvez le constater, il faut traiter de
la question selon une perspective prioritairement synchronique.