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Ce pendant que tu dis ta *Cassandre divine,
Les louanges du Roy, & l'heritier d'*Hector,
Et ce *Montmorancy, nostre François *Nestor,
Et que de sa faveur *Henry t'estime digne :
Je me pourmene seul sur la rive Latine,
La *France regretant, & regretant encor
Mes antiques amis, mon plus riche tresor,
Et le plaisant sejour de ma terre Angevine.
Je regrete les bois, & les champs blondissans,
Les vignes, les jardins, & les prez verdissans,
Que mon fleuve traverse : icy pour recompense
Ne voiant que l'orgueil de ces monceaux pierreux,
Où me tient attaché d'un espoir malheureux,
Ce que possede moins celuy qui plus y pense.
Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie,
Et plus heureux celuy, dont l'immortalité
Ne prend commencement de la posterité,
Mais devant que la mort ait son ame ravie.
Tu jouis (mon *Ronsard) mesmes durant ta vie,
De l'immortel honneur que tu as merité :
Et devant que mourir (rare felicité)
Ton heureuse vertu triomphe de l'envie.
Courage donc (*Ronsard) la victoire est à toy,
Puis que de ton costé est la faveur du Roy :
Ja du laurier vainqueur tes temples se couronnent,
Et ja la tourbe espesse à l'entour de ton flanc
Ressemble ces esprits, qui là bas environnent
Le grand prestre de *Thrace au long sourpely blanc.