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Conte, qui ne fis onc compte de la grandeur,
Ton *Dubellay n'est plus. Ce n'est plus qu'une souche
Qui dessus un ruisseau d'un doz courbé se couche,
Et n'a plus rien de vif, qu'un petit de verdeur.
Si j'escry quelquefois, je n'escry point d'ardeur,
J'escry naïvement tout ce qu'au coeur me touche,
Soit de bien, soit de mal, comme il vient à la
bouche,
En un stile aussi lent, que lente est ma froideur.
Vous autres ce pendant peintres de la nature,
Dont l'art n'est pas enclos dans une protraiture,
Contrefaites des vieux les ouvrages plus beaux.
Quant à moy je n'aspire à si haulte louange,
Et ne sont mes protraits aupres de voz tableaux,
Non plus qu'est un *Janet aupres d'un *Michelange.
Ores, plus que jamais, me plaist d'aymer la Muse,
Soit qu'en François j'escrive, ou langage Romain,
Puis que le jugement d'un Prince tant humain,
De si grande faveur envers les lettres use.
Donq le sacré mestier où ton esprit s'amuse,
Ne sera desormais un exercice vain,
Et le tardif labeur que nous promet ta main,
Desormais pour *Francus n'aura plus nulle excuse.
Ce pendant (mon *Ronsard) pour tromper mes ennuys,
Et non pour m'enrichir, je suivray, si je puis,
Les plus humbles chansons de ta Muse lassee.
Aussi chascun n'a pas merité que d'un Roy
La liberalité luy face, comme à toy,
Ou son archet doré, ou sa lyre crossee.