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Qui est amy du coeur est amy de la bourse,
Ce dira quelque honneste & hardy demandeur,
Qui de l'argent d'autry liberal despendeur
Luymesme à l'hospital s'en va toute la course.
Mais songe là dessus, qu'il n'est si vive source,
Qu'on ne puisse espuiser, ny si riche presteur,
Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur,
Ayant affaire à gens qui n'ont point de resource,
*Gordes, si tu veuls vivre heureusement Romain,
Sois large de faveur, mais garde que ta main
Ne soit à tous venans trop largement ouverte,
Par l'un on peult gaigner mesmes son ennemy,
Par l'autre bien souvent on perd un bon amy,
Et quand on perd l'argent,.c'est une double perte.
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Ce ruzé Calabrois tout vice, quel qu'il soit,
Chatouille à son amy, sans espargner personne,
Et faisant rire ceulx, que mesme il espoinçonne,
Se jouë autour du coeur de cil qui le reçoit.
Si donc quelque subtil en mes vers apperçoit
Que je morde en riant, pourtant nul ne me donne
Le nom de feint amy vers ceulx que j'aiguillonne,
Car qui m'estime tel, lourdement se deçoit,
La Satyre (*Dilliers) est un publiq exemple,
Où, comme en un miroir, l'homme sage contemple
Tout ce qui est en luy ou de laid, ou de beau.
Nul ne me lise donc, ou qui me vouldra lire,
Ne se fasche s'il voit par maniere de rire,
Quelque chose du sien protrait en ce tableau.