|
|
Quel est celuy qui veult faire croire de soy
Qu'il est fidele amy ? mais quand le temps se change,
Du costé des plus forts soudainement se range,
Et du costé de ceulx qui ont le mieux dequoy.
Quel est celuy qui dit qu'il gouverne le Roy ?
J'entends quand il se voit en un païs estrange,
Et bien loing de la court : quel homme est-ce, *Lestrange
?
*Lestrange, entre nous deux je te pry dy le moy,
Dy moy, quel est celuy qui si bien se deguise,
Qu'il semble homme de guerre entre les gens d'eglise,
Et entre gens de guerre aux prestres est pareil ?
Je ne sçay pas son nom : mais quiconqu'il puisse
estre,
Il n'est fidele amy, ny mignon de son maistre,
Ny vaillant chevalier, ny homme de conseil.
Nature est aux bastards volontiers favorable,
Et souvent les bastards sont les plus genereux,
Pour estre au jeu d'amour l'homme plus vigoreux,
D'autant que le plaisir luy est plus aggreable.
Le donteur de *Meduse, *Hercule l'indontable,
Le vainqueur Indien, & les Jumeaux heureux,
Et tous ces Dieux bastards jadis si valeureux
Ce probleme (*Bizet) font plus que veritable.
Et combien voyons nous aujourdhuy de bastards,
Soit en l'art d'*Apollon, soit en celuy de *Mars
Exceller ceux qui sont de race legitime ?
Bref tousjours ces bastards sont de gentil esprit :
Mais ce bastard (*Bizet) que lon nous a descrit,
Est cause, que je fais des autres moins d'estime.