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Ce Brave qui se croit, pour un jacque de maille
Estre un second *Roland, ce dissimulateur,
Qui superbe aux amis, aux ennemis flateur,
Contrefait l'habile homme, & ne dit rien qui vaille,
*Belleau, ne le croy pas : & quoy qu'il se travaille
De se feindre hardy d'un visage menteur,
N'ajouste point de foy à son parler vanteur,
Car oncq homme vaillant je n'ay veu de sa taille.
Il ne parle jamais que des faveurs qu'il a,
Il desdaigne son maistre, & courtise ceulx la
Qui ne font cas de luy : il brusle d'avarice,
Il fait du bon Chrestien, & n'a ny foy ny loy :
Il fait de l'amoureux, mais c'est, comme je croy,
Pour couvrir le soupçon de quelque plus grand
vice.
Encores que lon eust heureusement compris
Et la doctrine Grecque, & la Romaine ensemble,
Si est-ce (*Gohory) qu'icy, comme il me semble,
On peult apprendre encor', tant soit-on bien appris.
Non pour trouver icy de plus doctes escripts
Que ceulx que le François songneusement assemble,
Mais pour l'air plus subtil qui doucement nous amble
Ce qui est plus terrestre, & lourd en noz esprits.
Je ne sçay quel Demon de sa flamme divine
Le moins parfait de nous purge, esprouve, & affine,
Lime le jugement, & le rend plus subtil.
Mais qui trop y demeure, il envoye en fumee
De l'esprit trop purgé la force consumee,
Et pour l'esmoudre trop, luy fait perdre le fil.