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Je n'escris point d'amour, n'estant point amoureux,
Je n'escris de beauté, n'aiant belle maistresse,
Je n'escris de douceur, n'esprouvant que rudesse
Je n'escris de plaisir, me trouvant douloureux :
Je n'escris de bon heur, me trouvant malheureux
Je n'escris de- faveur, ne voyant ma Princesse
Je n'escris de tresors, n'aiant point de richesse
Je n'escris de santé, me sentant langoureux :
Je n'escris de la court, estant loing de mon Prince
Je n'escris de la *France, en estrange province,
Je n'escris de l'honneur, n'en voiant point icy ;
Je n'escris d'amitié, ne trouvant que feintise
Je n'escris de vertu, n'en trouvant point aussi
Je n'escris de sçavoir, entre les gens d'eglise.
Si je monte au Palais, je n'y trouve qu'orgueil,
Que vice desguisé, qu'une cerimonie,
Qu'un bruit de tabourins, qu'une estrange armonie,
Et de rouges habits un superbe appareil :
Si je descens en banque, un amas & recueil
De nouvelles je treuve, une usure infinie,
De riches Florentins une troppe banie,
Et de pauvres Sienois un lamentable dueil :
Si je vais plus avant, quelque part ou j'arrive,
Je treuve de *Venus la grand' bande lascive
Dressant de tous costez mil appas amoureux :
Si je passe plus oultre, & de la *Rome neufve
Entre en la vieille *Rome, adonques je ne treuve
Que de vieux monuments un grand monceau pierreux.