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Ne pense (*Robertet) que ceste *Rome cy
Soit ceste *Rome la, qui te souloit tant plaire,
On n'y fait plus credit, comme lon souloit faire,
On n'y fait plus l'amour, comme on souloit aussi.
La paix, & le bon temps ne regnent plus icy,
La musique & le bal sont contraints de s'y taire,
L'air y est corrompu, *Mars y est ordinaire,
Ordinaire la faim, la peine, & le soucy.
L'artisan desbauché y ferme sa boutique,
L'ocieux advocat y laisse sa pratique,
Et le pauvre marchand y porte le bissac :
On ne voit que soldartz, & morrions en teste,
On n'oit que tabourins, & semblable tempeste,
Et *Rome tous les jours n'attend qu'un autre sac.
Nous ne faisons la court aux filles de Memoire,
Comme vous, qui vivez libres de passion :
Si vous ne sçavez donc nostre occupation,
Ces dix vers ensuivans vous la feront notoire :
Suivre son Cardinal au Pape, au consistoire,
En capelle, en visite, en congregation,
Et pour l'honneur d'un prince, ou d'une nation,
De quelque ambassadeur accompagner la gloire :
Estre en son rang de garde aupres de son seigneur,
Et faire aux survenans l'accoustumé honneur,
Parler du bruit qui court, faire de l'habile homme :
Se pourmener en housse, aller voir d'huis en huis
La *Marthe, ou la *Victoire, & s'engager aux Juifz
:
Voila, mes compagnons, les passetemps de *Rome.