Instincto Magazine, décembre 1989, n° 24 ; Témoignage par O. G.
Déjà 3 ans se sont écoulés depuis le début de notre expérience instincto. Au départ, un cancer chez moi (avec tous les traitements classiques), des amis qui n'ont pas pu s'empêcher de nous dire que l'instincto c'était génial (qui ont eux-mêmes tenté l'aventure durant 6 semaines mais avec des "week-ends cuits" tout en même temps, d'où abandon malgré leur conviction dans l'instincto), une conférence de Guy-Claude BURGER, puis le livre et enfin un week-end d'introduction a Montramé... Et hop, nous voila embarqués pour 15 jours d'expérience avec nos trois enfants a l'époque (21 mois, 4 ans 1/2 et 6 ans 1/2). Depuis, nous avons prolongé l'expérience et agrandi la famille avec la petite dernière "conçue puis née 100 % crue". De ces 3 ans, que d'anecdotes à raconter mais aussi que d'interrogations reçues tant à travers notre propre cheminement qu'à travers la vie du groupe instincto local, celui de Grenoble, sans lequel notre expérience aurait certainement été tout autre. Pêle-mêle voici ce qui nous a marqué au cours de ces trois ans.
Pourquoi y a-t-il eu si peu d'enfants instinctos, ou pourquoi tant de parents instinctos maintiennent-ils leurs enfants dans un état mi-cru, mi-cuit ? Au départ, nous, nous avons changé du jour au lendemain l'alimentation de toute la famille, après en avoir discuté longuement, avec les enfants bien évidemment : du 100 % traditionnel au 100 % cru... Bon nombre d'instinctos, à l'époque, bien plus "expérimentés" que nous, n'en n'ont pas cru leurs yeux, ni leurs oreilles et même certains nous ont plutôt mis en garde contre. Pourtant aujourd'hui nous sommes persuadés que c'était là le meilleur moyen pour démarrer avec les enfants : d'une part nous étions tous plongés d'un coup dans la même expérience ; d'autre part c'était pour eux le moyen de tout de suite "s'éclater" en mangeant autrement, ce qui est loin d'être le cas avec tous les régimes mi-cru, mi-cuit (fradiniste ou autre). Et nous ne pouvions pas continuer a leur offrir à manger quelque chose de cuit comme certains (devinez qui...) l'ont dit et écrit bien avant nous : qui d'entre nous donnerait du poison à l'enfant qui lui demande a manger ? Au vu de tout cela nous nous interrogeons même. Si les enfants d'instinctos demeurent « mi-crus, mi-cuits »: n'est-ce pas au bout du compte parce que les parents ont quelque part besoin de se garder une porte de sortie (... sortie vers le cuit !) et qu'au fond d'eux-mêmes il demeure une ambiguïté face a l'instincto ?
La vie de notre groupe local est très riche : son premier rôle est de permettre à tout un chacun de partager ses expériences, ses doutes, ses questions, ses échecs, etc... et de les partager sans être jugé. Cette fonction du groupe répond à un besoin essentiel car, nous le savons, l'instincto est quelque chose de suffisamment déstabilisant. De plus cette vie de groupe est une expérience unique. Certes elle est faite de tâtonnements, d'erreurs, d'avancées, de problèmes, et aussi d'amitiés comme dans beaucoup de vies de groupes. Mais là, nous y avons vécu quelque chose de plus : c'est le premier groupe dans lequel nous sommes entrés et avec qui nous partageons un bout de route, ou nous vivons quelque chose que je qualifierai de "démocratique" au sens le plus noble du terme si celui-ci n'était pas galvaudé de nos jours. En effet, il est très ouvert, composé de personnes très disparates mais chacun petit a petit y prend sa place; il n'y a pas de « chef » mais chacun met ses compétences au service des autres; chacun essaie d'y exprimer ses idées, tout le monde y est accueilli (l'instincto, «mi-cru, mi-cuit », sympathisant, ami, conjoint ou enfant d'un membre du groupe, etc...) et tout cela sans l'ombre d'un "leader tout-puissant" ou d'un "commerce" qui trop souvent dans un groupe entache le fonctionnement (à Grenoble tout repose sur le bénévolat des uns et des autres, chacun à son tour et en fonction de ses possibilités).
L'instincto ... et la méta ??? Que de curiosités attirées par le sujet (« vous qui allez faire le stage, j'espère au moins qu'au retour vous arriverez à nous expliquer », etc...). Eh bien non, ce n'est pas un sujet dont on peut parler directement et brutalement de nos jours. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans le domaine de l'amour (ce qui inclut mais va bien au-delà de la sexualité) nous avons 100 fois plus de choses « très simples » à redécouvrir, je dis 100 fois plus, que dans celui de l'alimentation et c'est encore sous-évalué ! La méta c'est « tout naturellement » quelque chose qui se vit, qui se «ressent », une expérience et pas quelque chose qui se dit comme ça vite fait, mal fait. La méta, c'est tout comme l'instincto « remonter aux sources », c'est « remonter aux sources » de notre morale en se débarrassant de nos préjugés acquis au fil des ans, c'est vivre et agir en suivant ce que l'on ressent profondément comme juste, comme vrai. Apres avoir suivi ce stage, disons simplement qu'il nous a ouvert les yeux sur beaucoup de choses que nous pressentions mais sans bien les comprendre et les analyser. II faut ajouter, en tant que chrétiens, que nous n'y avons rien trouvé de contraire à notre Foi, bien au contraire.
(passage sur la qualité des produits et le prix élevé des produits les plus naturels, supprimé le 9-10-2002)
« L'instincto n'est pas possible sans se couper de beaucoup de gens, de beaucoup de choses » entend-on souvent dire. Affirmation vraie et fausse à la fois. Vraie car vivre l'instincto élimine toutes les relations superficielles, inutiles et tant mieux, on se sent ainsi plus léger, débarrassé ! Affirmation fausse car l'instincto n'exclut pas du tout les ren-contres, mais il faut savoir y mettre un peu de simplicité et parfois beaucoup d'humour : imaginez, par exemple, notre tête au mariage de mon frère, dans un restaurant, lorsque nous avons découvert que tout était prévu pour que nous puissions déguster nos paniers de légumes et de fruits... tous les six bien soigneusement isolés dans une salle séparée de celle des autres convives de la noce !! En fait, à travers cette affirmation, ne cherchons-nous pas trop facilement un prétexte pour revenir en arrière (...vers quoi ?) car il est vrai que, avec un peu d'expérience instincto, on ne peut guère faire autrement que de continuer la remise en question entamée sur le plan alimentaire et l'étendre à tous les domaines de notre vie. Mais finalement n'est-ce-pas à travers toutes ces remises en question successives (...et sans fin ?) que nous pouvons avancer ?
L'instincto et la médecine, ou plutôt les médecines. Attention ! Dans ce domaine, les avis exprimés ici n'engagent que moi et ne sont tirés que de notre propre expérience ! Après 15 jours d'expérience instincto, l'ainé de nos enfants a voulu revenir au cuit, mais deux jours avant d'arrêter il avait fait une « otite- éclair » (légère douleur un soir et le lendemain matin plus rien, sauf sur l'oreiller où tout avait coulé !). Avec la reprise du cuit il a fait une rechute d'otite magnifique (douleur, fièvre, oreille enflée derrière le pavillon, etc...) et croyant bien faire avec le retour au cru nous lui avons donné le traitement homéopathique qu'il avait régulièrement pour ses otites auparavant. Et là, surprise : force nous a été de constater que contrairement a ce que nous observions habituellement depuis plusieurs années, ce traitement homéopathique n'apportait aucun résultat, au contraire, c'était comme s'il entretenait l'otite. Depuis, cela nous a « vaccines » et, au lieu d'intervenir quand un trouble survient, nous laissons faire, avec un suivi médical si besoin, c'est-à-dire que nous surveillons avec le médecin, examen a l'appui si nécessaire, l'évolution et l'absence de complications. Le seul traitement : casse + sentir le mieux possible les appels et les arrêts. Et a voir l'expérience des uns et des autres, j'en viens même à me demander si tous les traitement médicaux, qu'ils soient allopathiques ou des médecines « douces », ne sont pas des artifices propres à tromper notre instinct. Tant que nous n'avons aucun référentiel médical construit sur la base d'une alimentation originelle, comment pouvons-nous différencier une réaction positive du corps de celle qui est négative. C'est là que réside toute l'ambiguïté des confrontations que nous pouvons avoir avec le milieu médical : un phénomène d'élimination pourra être considéré par les médecins comme quelque chose de néfaste, voire de dangereux pour l'organisme, alors que ce dernier a peut-être tout simplement besoin de cette élimination pour pouvoir se reconstruire naturellement grâce à une alimentation originelle, sans compter que ce qui peut être considéré comme un phénomène dangereux dans le référentiel culinaire ne le sera sans doute plus du tout dans le cru. Il nous est souvent bien difficile de par notre culture, de par nos habitudes, d'arriver à laisser faire notre corps plutôt que de se fier aux propos vite alarmistes des (très puissantes dans leur « savoir ») blouses blanches.
En conclusion je dois vous dire que tout ce que nous avons découvert depuis 3 ans... ce n'est pas le fruit du hasard. Nous avons énormément appris. Premièrement en observant nos 4 enfants vivre l'instincto. Deuxièmement en rencontrant d'autres instinctos, Guy-Claude et Nicole, l'équipe de Montramé, le groupe local de Grenoble... et en réfléchissant à leurs expériences. Troisièmement en essayant d'être attentifs a nos propres erreurs... mais de tout cela, croyez-moi, nous ne regrettons pas le moins du monde l'expérience « folle mais merveilleuse » que nous ouvre l'instincto.
O. G.