Extrait de Instincto Magazine n° 35, novembre-décembre 1990, Chronique par G.-C. Burger

Rien qu'un petit bout de viande...

Mais voyons, on ne va quand même pas t'empoisonner... disait sa vieille maman à Jean-Luc en lui offrant une petite tranche de mouton. D'un mouton qu'ils avaient élevé eux-mêmes au pré, en plein air toute l'année, rien que de l'herbe et du foin du du domaine, quoi de plus naturel ?

Oh ! il y a bien eu quelques petits déchets de pain, mais vraiment pas grand chose, parce que chez les parents de Jean-Luc, on économise la nourriture, on ne va pas l'acheter pour la mettre aux animaux...

Jean-Luc n'en revient pas. II a fait des cauchemars toute la nuit. La plus mauvaise nuit depuis qu'il a conunencé l'instincto. Cela fait cinq ans sans exception maintenant. Et le lendemain, il avait les sinus complètement bouchés, avec une bonne diarrhée par surcroît. Rien que pour un petit bout de viande.

La théorie ? II y croyait. Comme tous les bons instinctos. Il savait bien que le pain contient des molécules anormales, des protéines pas forcément très orthodoxes produites par une céréale sélectionnée depuis des milliers de générations. Et, pardessus le marché, dénaturées par la cuisson. Tous les instinctos dignes de ce nom savent que des molécules de ce genre peuvent détraquer le système nerveux et peutêtre bien d'autres choses..

Mais quand on pense à ce que mangent les autres gens, aux kilos de saloperies qu'ils ingurgitent, on ne peut tout de même pas imaginer que trente grammes de mouton réputé naturel puissent avoir un effet pareil.

Pourtant, ce genre d'expérience est classique. Il faut, pour que les effets soient observables, une alimentation naturelle et sans exception depuis suffisamment longtemps pour que l'organisme ait retrouvé un fonctionnement 100% normal. Les différences apparaissent alors de façon claire et l'on peut vraiment prendre conscience des effets produits par des aliments tant soit peu transformés.

Si la base alimentaire est imparfaite, les troubles sont déjà présents, noyés dans l'habitude que l'on prend de son propre corps et atténués par l'accoutumance. D'où les nombreux malentendus qui surviennent et l'impression que chacun peut garder d'avoir raison. Je me souviens de ce que m'affirmait un certain docteur, épris d'instincto mais pas de rigorisme: "on peut très bien pratiquer votre méthode avec la viande du commerce, surtout si elle est biologique..." II n'en avait sans doute jamais constaté les effets sur luimême, pour la simple raison qu'il n'était jamais resté assez longtemps sans en manger pour y voir clair. Il se montrait même si convaincant que je me laissais peu à peu glisser vers les compromis..

Cette expérience vécue vient à point pour me faire reprendre conscience des dérapages qui menacent à chaque instant les adeptes du régime Burger. Des quantités apparemment minimes d'aliments non conformes suffisent à tout détraquer. L'ennui c'est que ces quantités sont si faibles qu'on ne peut décemment croire qu'une nuisance soit possible.

Lorsqu'une telle expérience est isolée, elle est utile: elle permet de remettre les pendules à l'heure en donnant une mesure de l'influence que la nourriture dénaturée peut avoir sur l'état de l'organisme. Lorsqu'elle est répétée, elle a exactement l'effet contraire. L'absorption systématique de molécules perturbatrices induit un état de trouble chronique que l'on perçoit finalement comme un état normal. Les malaises digestifs s'estompent en quelques jours. Les cauchemars de la première nuit font place à une excitation larvée du système nerveux. Un glissement s'opère même sur le plan psychologique. L' aggressivité, l'irritabilité, la tendance à l'angoisse s'installent et accaparent la conscience, celleci se porte d'avantage vers le mental et délaisse peu à peu le plexus solaire. La nature profonde de l'être se transforme insensiblement pour devenir de plus en plus extérieure et insensible.

Mais les choses se font lentement au fil des jours, et l'on a tout le temps d'oublier l'état d'origine pour se faire une raison. De toute manière, ceux qui nous entourent sont dans le même état, toute notre culture s'est construite autour d'individus porteurs des mêmes perturbations. On se trouve finalement mieux installé dans l'anomalie universelle que dans un état normal trop exceptionnel...

La médecine, elle aussi a élaboré tous ses critères de normalité en fonction de cette anomalie généraliste. Si, après quelques années de nourriture parfaite, votre organisme se cabre pour une petite exception, on vous dit: "votre régime vous a fragilisé..." Si votre désintoxication se fait sous forme de diarrhée, on vous menace de déminéralisation. Si votre système immunologique multiplie vos éosinophiles, on vous voit déjà grouillant de mille parasites. Et lorsqu'un microbe se met sagement au travail pour faire vos nettoyages de printemps, on vous condamne aux antibiotiques sans autre forme de procès...

Depuis des générations, le cru est connu pour déclencher toutes sortes de malaises, allant du vomissement à la diarrhée consomptive, en passant par l'indigestion et mille autres réactions insolites que l'on prend pour autant de maladies. C'est toute une pression psychologique qui pèse sans cesse sur celui qui s'oppose au régime dominant. Culinaire rime avec totalitaire. Ascétique avec hérétique. Naturiste avec fantaisiste.

Difficile dilemne auquel je n'ai jamais su comment échapper: d'un côté, les faits nous obligent à dénoncer la nocivité d'aliments que tout le monde considère comme anodins; de l'autre, le simple fait de manger cru nous donne déjà une couleur sectaire, si bien que tout semblant de rigorisme en appelle déjà au fanatisme. Nombreux sont ceux qui ont voulu éviter l'écueil en faisant les concessions nécessaires à un minimum de convivialité et qui se sont retrouvés tout au fond de la casserole...

Libre, naturellement, à chacun de faire les expériences qu'il entend. Libre à nous de faire la nôtre et d'en communiquer les conclusions. Il est clair que la dénaturation des aliments a des conséquences sur la santé beaucoup plus graves qu'on ne voudrait le croire. Le nombre de molécules détraquées que l'on rencontre dans les aliments les plus coutumiers suffit largement à chambouler nos fonctions immunologiques. Comme les milliards d'individus qui peuplent la planète et ses hôpitaux ne laissent pas passer un jour sans en avaler une certaine quantité, nul ne peut apercevoir le phénomène. Et l'on continue à cuire sans se douter de rien...

Une autre conséquence est celleci: ceux qui veulent pratiquer l'instinctothérapie et en tirer des résultats certains ne peuvent le faire que s'ils disposent d'aliments suffisamment parfaits. Or de tels aliments sont introuvables dans le système de production-distribution existant, traversé lui aussi par l'inconscience générale des effets de la dénaturation.

Donc (le syllogisme est parfait), l'instinctothérapie n'est possible que si l'on dispose d'un système de production-distribution indépendant, basé sur une prise de conscience authentique de ces nocivités. C'est pourquoi nous avons consacré ce journal au gigantesque effort entrepris pour résoudre le problème d'un approvisionnement correct, nommé "la société de vente des produits naturels". Sans lui (elle), nos tentatives de sagesse alimentaire seraient condamnées à l'échec. Chaque instincto doit en rester conscient. C'est à ce prix que jaillira la solidarité nécessaire à la survie du mouvement...


Remplacé un nom propre par "la société de vente des produits naturels" le 16-10-2002
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