Instincto Magazine, juin 1994, n° 62 ; Chronique par G.-C.
Burger
Nicole, ma fidèle compagne, peut être considérée à juste titre comme la mère de l'instinctothérapie. Présente à mes cotés tout au long de ces longues années d'expériences, fidèle aux règles que nous mettions au point, sans faire jamais le moindre écart, elle représentait pour tous l'idéal de la méthode et de sa mise en pratique.
Au delà de laspect dramatique dune mort apparemment
injuste, lapparition dun cancer dans un organisme
que lon pouvait croire protégé contre les
maladies de civilisation nous met inévitablement en conflit
avec ce que nous affirmons des bienfaits dune alimentation
naturelle.
Lorsque le physicien rencontre un fait qui semble contredire la
théorie précédement admise, il commence par
sassurer quil ne sagit pas dun hasard.
Puis il cherche à comprendre pourquoi la théorie
ne permettait pas de prévoir lexception. Il lui reste
alors à compléter ou à changer la théorie
de manière à faire disparaitre la contradiction.
Cest ainsi quavance toute science.
Dans le cas présent, je crois que lélémentaire
sagesse consiste à réagir avec la même objectivité.
La survenue dun cancer dans le cadre de linstinctothérapie
contredit la théorie de ladaptation généique
à lalimentation originelle. Tout ce que nous avons
pu dire de linstinct alimentaire, garant dun équilibre
nutritionnel correct et dun bon fonctionnement du système
immunitaire, semble seffondrer. Cela fournit dailleurs
à nos détracteurs un argument de taille, dont ils
ne manqueront pas de semparer... La premiére question
que nous devons nous poser me parait être celle-ci: le fait
contradictoire est-il vérifiable et, surtout, reproductible
? Sagit-il dun fait isolé imputable à
une prédisposition individuelle particuliérement
fragile, ou dun simple accident toujours possible quand
on connaît la complexité des mécanismes moléculaires
sur lesquels repose la santé ? Seule lobservation
peut permettre de répondre à cette question, plus
précisément lobservation statistique, vu que
la maladie est un phénomène régi par les
lois du hasard. Heureusement, avec le recul que nous avons aujourdhui
et le nombre des personnes qui ont pratiqué linstinctothérapie,
nous commençons à pouvoir tabler sur des nombres
suffisants. Combien de cancers ou de tumeurs avons-nous vu apparaître
chez des personnes pratiquant la méthode ? Il ny
en a pas eu beaucoup : ils se comptent sur les doigts de la main,
lorsque le nombre des pratiquants se chiffre plutôt par
milliers. Si lon déduit des cas constatés
le nombre des guérisons observées par ailleurs,
le bilan reste singuliérement positif
Dans la population nourrie traditionnellement 40 individus
sur l00 sont atteints de cancer au cours de leur existence. Si
lespérance de vie est de 72 ans, cela fait en moyenne
un cancer tous les 180 ans dexistence. Un tel calcul ne
donne evidemment quun ordre de grandeur, il a toutefois
une valeur indicative. Si lon additionne bout à bout
le nombre dannées pendant lesquelles les instinctos
que nous connaissons ont pratiqué la méthode, et,
dautre part, le nombre de cancers observés, on se
situe manifestement bien en-dessous des chiffres classiques. En
admettant par exemple que 1000 instinctos aient pratiqué
pendant 5 ans en moyenne (il y en a eu en fait beaucoup plus),
nous trouvons 5000 années-instincto, ce qui donne pour
un total de peut-être 5 cancers constatés, l000 années
dexistance au lieu de 180. Il y aurait donc au moins cinq
fois moins de chances de présenter un cancer avec linstinctothérapie
quavec la nourriture classique, et les chiffres réels
sont certainement bien plus favorables.
Cela nous renvoie aux résultats de la paléopathologie,
qui recense un taux dincidence de cancer inférieur
à 0,1 % dans la période qui précède
le néolithique, cest-à-dire avant lart
culinaire, les céréale et les produits laitiers.
Il semble normal quune alimentation naturelle, proche de
lalimentation paléolithique, nous place dans des
conditions nettement meilleures que le reste de la population.
Les chiffres cités plus haut vont effectivement dans ce
sens, mais nous pouvons espérer mieux, les chiffres de
la préhistoire nous y autorisent.
Quoiquil en soit la logique nous porte à comparer
les différents cas qui se sont présentés
et à chercher déventuels dénominateurs
communs dans lespoir de mettre en lumière les mécanismes
qui ont pu intervenir.
Parmi les causes éventuelles, nous pouvons dores
et déjà prendre en considération les possibilités
suivantes:
Il va sans dire que plusieurs causes peuvent se superposer, ce qui ne simplifie pas le problème.
Voilà donc le canevas sur lequel nous devons raisonner si nous voulons éviter de nous perdre dans des considérations oiseuses. Reste maintenant à faire linventaire des faits dont nous disposons et à les examiner avec un maximum dobjectivité.
Je me posais déjà ces questions alors que létat de santé de Nicole saggravait ne sachant trop que penser, loin de prévoir une issue si brutale. Cest à ce moment même que je recevais un téléphone de Suisse, dont le contenu rejoignait exactement mes inquiétudes. Jécrivais le soir même un brouillon darticle pour le numéro dlnstincto-Magazine que je mapprêtais à publier. Je crois utile de donner ici le contenu intégral de ce texte, laissant au lecteur le soin den déchiffrer le ton plutôt léger en se rapportant à la situation de lépoque, qui permettait encore tous les espoirs:
«Allo, ici Patrick, il y a longtemps que je ne tai
pas donné de nouvelles.... Je te téléphone
parce quil marrive un truc que je ne comprends vraiment
pas : une tumeur dans le mamelon droit, qui s est développée
tout à coup, alors que je pratique linstincto depuis
des années...»
Que diriez-vous si lun de vos anciens amis, instinctivore
de longue date, vous téléphonait en ces termes ?
Que cest impossible ! Quavec une alimentation naturelle,
un tel accident ne peut pas se produire. Les améliorations
observées avec linstinctonutrition dans tous les
secteurs de la santé ne sauraient souffrir exception pareille.
La paléopathologie ne nous enseigne-t-elle pas quautrefois,
avant lirruption de la gastronomie, le taux dincidence
du cancer était insignifiant ?
Cette nouvelle vient pourtant confirmer une hypothése qui
me paraît de plus en plus vraisemblable au fur et à
mesure que passent les années... Mais, dabord, voyons
les faits:
- As-tu vu un médecin ?
- Il me dit que cest probablementt un dérèglement
hormonal, mais quil faut opérer immediatement...
- A -t-il pratiqué une biopsie ??
- Je my suis opposé.
- Et depuis quand as-tu remarqué; cette tumeur ?
- En novembre dernier... Elle a rapidemment pris le volume dune
pièce de cinq francs. .. Il faut dire quejai eu un
choc affectif avec mon divorce...
Le facteur psychique joue un rôle capital. Dans les deux
ans qui ont précédé mon propre cancer, il
y a maintenant trente cinq ans, jai traversé, moi
aussi, une situation très traumatisante... Mais, à
tout hasard, dis-moi si tu nas pas fait des excès
de protéines dans les temps qui précédaient,
trop de viande par exemple ? Simple coïncidence ou relation
de cause à effet, Patrick me raconte alors un fait qui
pourrait paraître insignifiant, mais qui vient sinsérer
de manière étonnante dans la ligne de mes intuitions
: il sest acheté pendant les vacances dété
un cochon chez un éleveur, puis il la consommé
tout entier en trois mois. Précisons quil est célibataire
et quil sest trouvé seul pour engloutir cette
montagne de protéines. A la fin de cette période,
il sentait comme une pression un peu douloureuse dans les deux
mamelons. Puis apparaissait du côté droit une tumeur
qui, en quelques semaines, atteignait le volume dune grosse
noix.
Il peut paraître surprenant de mettre un simple excès
de protéines en rapport avec lapparition dune
tumeur. Cest pourtant un enchaînement de faits que
jai pu observer maintenant à plusieurs reprises.
Il est vrai que rien ne prouve jusquici le caractère
malin de la tumeur de Patrick (en fait une gynécomastie).
Il sagit néanmoins dune formation néoplasique,
donc de cellules qui prolifèrent et témoignent dun
désordre au niveau des mécanismes de régulation
de la multiplication cellulaire. Que ces cellules métastasent
et méritent la définition de tumeur maligne, donc
de cancer, ou que la prolifération reste locale et soit
déclarée bénigne, cela ne change pas grand
chose au fond du problème.
Si le cas de Patrick était unique, le phénomène
pourrait être attribué au hasard. A première
vue, il parait inexplicable, vu que la pratique de linstincts
sest soldée dans un bon nombre de cas par des régressions
de tumeurs malignes ou bénignes. Tout le monde a entendu
parler de la «guérison spontanée» du
tératome trophoblastique indifférencié de
Jean-Jacques Besuchet, un type de cancer foudroyant qui ne comptait
pas une seule guérison depuis quexistent les annales
de la médecine. Même succès fracassant avec
la leucémie mycloblastique du petit Pascal R., condamné
par la faculté après léchec de deux
chimiothérapies, qui rétablissait en quelques mois
une moëlle normale et se trouve toujours en vie, vingt ans
plus tard, en parfaite santé. Bien dautres cas sont
encore venus susciter notre étonnement et nous convaincre
que le cancer est une maladie de civilisation ou, plus exactement,
dalimentation civilisée.
Ceci nexclut pas linfluence dautres facteurs,
en premier lieu du facteur psychique Sans aller suivre les docteurs
Hamer ou autres qui en font un dogme, il est vrai que lon
trouve dans la plupart des histoires de cancéreux des antécédents
plus ou moins traumatisants. Une telle relation de cause à
effet sexplique dailleurs fort bien : un niveau dangoisse
accru peut perturber le système immunitaire. Il nest
donc pas étonnant que parmi les quelques trois cents cellules
cancéreuses qui apparaissent chaque jour dans lorganisme
par suite de mutations spontanées, lune puisse déjouer
les mécanismes de défense et se multiplier anarchiquement
lorsque le stress dépasse certaines limites.
La réalité du facteur psychique ne doit pourtant
pas nous faire oublier le facteur alimentaire. Ce dernier agit
directement au niveau des molécules qui constituent nos
cellules, ou qui sont mises en jeu dans nos mécanismes
de défense.
Il y a dabord les molécules cancérigènes.
Celles-ci ont occupé pendant des décennies lavant-scène
de la recherche sur le cancer. Tout le monde sait aujourdhui
que de nombreuses substances peuvent induire la prolifération
de tumeurs, en provoquant des mutations au sein de lacide
désoxyribonuclélque. Il suffit en principe quune
erreur de copie sinsinue, chez une seule cellule, dans les
gènes qui contrôlent la multiplication cellulaire,
pour que celle-ci puisse engendrer une tumeur.
Du moins, ce serait le cas si lorganisme nétait
pas capable de repérer les cellules victimes de telles
mutations. Heureusement, le système immunitaire a plus
dun anticorps dans son sac. Sa fiabilité est même
digne dadmiration : si les chiffres des théoriciens
sont exacts, parmi les dix mille milliards de cellules dun
organisme humain qui se reproduisent en moyenne tous les sept
ans, trois cents cellules cancéreuses environ font leur
apparition quotidiennement. Cest-à-dire environ 100
000 par année, ou encore cinq millions au cours dune
existence de cinquante ans; et seule une personne sur trois est
atteinte actuellement de cancer. Rares sont les systèmes
de sécurité qui ne laissent passer entre leurs mailles
quun délinquant sur cinq millions, disséminés
au milieu de dix mille milliards dindividus à surveiller!
La probabilité dapparition dun cancer dépend
en définitive de deux paramètres. Dabord du
nombre de cellules cancéreuses fabriquées chaque
jour : plus il y en a,plus il y a de chances que lune dentre
elles trompe la vigilance dusystème immunitaire. Deuxièmement
du degré de vigilance de ce système immunitaire.
Il est donc indispensable, si lon veut comprendre les mécanismes
qui interviennent dans la genèse dun cancer, dexaminer
les facteurs susceptibles dabaisser le potentiel immunitaire.
Cest bien ainsi que raisonne la médecine quand elle
sinquiète de laction des médicaments
immunodépresseurs, du HIV et de ses effets immunodéficients,
des tares génétiques affectant certains mécanismes
immunitaires, ou encore lorsquelle invoque le fameux facteur
psychique. Un seul coupable manque au banc des accusés
: le facteur alimentaire, dont on néglige encore les effets
sur le système immunitaire.
La logique la plus élémentaire laisse pourtant prévoir
que labsorption quotidienne de molécules anormales,
pénétrant dans le sang sans avoir été
démontées correctement par les mécanismes
digestifs, peut perturber le travail de nos globules blancs. Les
lymphocytes, par exemple, sont là qui veillent en permanence
pour maintenir lordre : dès que pénètre
une molécule anormale, étrangère au fichier
des molécules appartenant à lorganisme (molécule
que lon appelle «antigène»), ils la repèrent,
lui collent un anticorps qui la neutralise et la fait repérer
par dautres globules blancs, chargés de lévacuer.
Cest également de cette façon que notre système
de défense reconnait une bactérie, un virus, ou
une cellule anormale : les molécules étrangères
(ou «antigène») que porte Iélément
indésirable permettent aux lymphocytes de le reconnaître
et de lui coller un anticorps qui signe sa destruction. Lessentiel
de nos mécanismes de défense se joue donc au niveau
des molécules étrangères au fonctionnement
normal de lorganisme. Or, une alimentation inadaptée
aux données génétiques de notre espèce
constitue de toute évidence une source importante de molécules
étrangères.
Si lon entend percer le mystère du cancer, il faut
donc examiner avec attention laction que peuvent exercer
sur notre système immunitaire les myriades de molécules
non naturelles apportées par lalimentation quotidienne
et susceptibles de pénétrer dans les masses circulantes.
Il est vrai que, pendant des décennies, les nutritionnistes
se sont coulés des jours tranquilles en sappuyant
sur la théorie de la barrière intestinale. Seules
étaient censées passer dans le sang les molécules
alimentaires complètement dégradées : les
protéines se présentent sous la forme de longues
chaises réunissant entre cinquante et mille acides aminés
; les enzymes digestifs découpent ces longues chaînes
en petits tronçons, qui peuvent franchir les membranes
des cellules formant la paroi de lintestin lorsquils
sont assez petits. Ainsi pénétraient seulement les
acides aminés isolés, ou des éléments
de chaine comprenant deux ou trois acides aminés au plus.
Cette théorie avait ceci de commode quelle permettait
docculter le problème de lalimentation : on
pouvait absorber nimporte quoi sans risquer le moindre ennui.
Cest sans doute pour cette raison quelle se maintint
si longtemps au zénith des sciences de la nutrition !
Malheureusement, la belle théorie était fausse.
Des découvertes plus récentes ont montré
quun certain pourcentage de molécules incomplètement
dégradées passent bel et bien dans lorganisme.
Dès lors, il fallait remettre en question tous les raisonnements
des nutritionnistes et des étiopathologistes, puisque laxiome
de départ était faux. Chaque aliment non naturel
devait être soumis à examen, dans la crainte quil
ne puisse être soupçonné de provoquer lintrusion
de molécules étrangères. Il fallait en tout
premier lieu sinquiéter des différentes sources
de protéines anormales, non présentes dans la palette
alimentaire primitive, car les protéines sont les molécules
les plus antigéniques, cest-à-dire celles
qui interfèrent le plus fréquemment avec le système
immunitaire.
Bizarrement, rien de tout cela na été fait.
Les articles scientifiques annonçant le passage de protéines
alimentaires non dégradées dans le sang sont restés
lettre morte, et tout le monde continue de raisonner comme si
la théorie de la barrière intestinale était
un dogme infaillible. On fait juste une petite exception pour
lenfant, considéré comme plus fragile : on
explique en effet les intolérances du nounisson au lait
de vache par une sensibilisation de son système immunitaire
aux protéines bovines. Mais ladulte peut toujours
enfourner tout ce quil veut dans son tabe digestif sans
coup férir. La théorie de la barrière intestinale
est valable pour le gros de la population, imaginez la catastrophe
sil fallait renoncer aux bons petits plats, aux bonnes petites
sauces, et aux bons petits bénéfices de lindustrie
alimentaire...
Voilà donc ce que jécrivais au début de lannée.
Avec le recul, je ne puis que métonner moi-même
de navoir pas su voir assez clair dans ce domaine ni, surtout,
assez tôt. Chacun est victime des mêmes occultations,
et il ma fallu des années, plus le drame de la maladie
et de la mort pour mobliger à vaincre ces résistances.
Lun des grands lieux communs qui ma joué un
mauvais tour, et qui vous joue à vous aussi peut-être
le même mauvais tour, cest cette loi de la diététique
qui veut que lorganisme ait quotidiennement besoin de 25g
de protéines. Pendant longtemps, les nutritionistes ont
enseigné que le corps nest pas capable de stocker
les acides aminés comme il le fait pour les sucres. Un
apport protidique journalier paraissait donc indispensable et
cette notion a été enseignée comme une vérité
première pendant des décennies.
Il est vrai quune idée de ce type, directement liée
aux angoisses de survie, reste facilement ancrée dans lesprit,
alors même que lon sait à quel point les besoins
de lorganisme varient de jour en jour et que seul linstinct
permet de déterminer leur nature et leur importance réelle.
Les vieux mécanismes sont toujours présents et je
constate moi-même leur intrusion dans la pratique quotidienne.
Lorsquaucun aliment riche en protéines ne déclenche
un appel instinctif notable, je me dis automatiquement, comme
si cela montait irrésistiblement de mon inconscient: «
si je nai pas ma ration de protéines, je vais manquer
de lessentiel». Aussitôt se dressent les spectres
de la maigreur, des carences, des maladies, de la mort...
Les observations dont je dispose à ce jour me font penser
plutôt linverse : un excès régulier
de protéines peut engendrer effectivement les troubles
les plus dangereux, désordres immunitaires, maladies auto-immunes,
amaigrissement, dégénérescences tissulaires,
tumeurs, mort. Les découvertes de Toronto sur le diabète
démontrenteffectivement quune protéine étrangère
(la sérumalbumine bovine) peut pénétrer dans
les masses circulantes et entrainer la destruction dun organe
par le système immunitaire. Nous trouvons dans ce schéma
de raisonnement, confirmé par une expérience analytique
difficilement contestable, exactement les éléments
de notre propre raisonnement : les protéines étrangères
apportées par les aliments les plus divers, pour peu quelles
ne soient pas dégradées complètement par
suite de troubles digestifs même insignifiants, peuvent
induire des troubles du système immunitaire; or, le système
immunitaire joue un rôle prépondérant dans
le maintien de la santé, ses dysfonctionnements ouvrent
la voie à tous les désordres, tels que maladies
infectieuses, allergiques, autoimmunes etcancéreuses. Il
y a donc lieu de craindre un rapport étroit entre la qualité
ou la quantité des protéines ingérées
dans lalimentation quotidienne, quelle soit cuite
ou crue, et pratiquement toutes les maladies.
A la clé du raisonnement, nous trouvons le problème
de la digestion. Ce sont les imperfections des processus digestifs
qui déterminent la proportion des protéines non
dégradées, -ou incomplètement dégradées.
Il nous faut donc un peu élargir notre manière de
penser, et ne pas attribuer troubles et maladies à la présence
seule de molécules dénaturées ou inadaptées
à nos enzymes digestives, mais à toute cause susceptible
de perturber nos mécanismes digestifs.
Cette façon de voir nous permer dexpliquer la survenue
dune maladie auto-immune ou dun cancer dans le cadre
dune alimentation apparemment naturelle : il suffit derreurs
minimes pour induire des imperfections digestives qui, par surcroît,
restent inapparentes ou à peine sensibles. Elle permet
aussi de mieux comprendre linfluence du facteur psychique
: il est facile dobserver quun niveau trop élevé
de stress trouble profondémentla digestion. Un deuil ou
un chagrin damour peut suffire pour que le repas tout entier
reste bloqué pendant des heures au niveau de lestomac.
Un stress prolongé, abaissant le potentiel digestif et
augmentant la proportion de protéines étrangères
pénétrant dans lorganisme, peut donc engendrer
les maladies les plus graves. Le malheur veut que notre psychisme
est ainsi construit que nous réagissons généralement
au stress en augmentant nos rations alimentaires. Il faudrait
au contraire les diminuer pour les adapter à un potentiel
digestif amoindri.
Cest exactement ce qui mest arrivé lors
de mon propre cancer. Jai connu de graves ennuis de famille
dès lâge de vingt-quatre ans. Par suite de
toutes sortes de péripéties, javais assez
dargent pour compenser par la boulimie, je me suis jeté
plus que jamais sur les yaourts et les bons fromages suisses au
point que la fondue bourguignonne navait plus quune
saveur de carton (signe manifeste de surcharge en protéines).
A vingt-six ans je développais un sarcome lymphoblastique
du pharynx qui maurait emporté rapidement si je nétais
intervenu immédiatement.
Le cas de Nicole est absolument parallèle : lintervention
de la justice, du fisc et des médias qui menaçaient
de détruire toute luvre à laquelle elle
se consacrait depuis des années, a provoqué chez
elle, particulièrement sensible à la reconnaissance
sociale, une dépression larvée quelle a compensée
en mangeant davantage. Lun de ses aliments de prédilection
fut alors la viande, liée pour elle à tout un passé
affectif. Elle prit lhabitude den grignoter régulièrement,
la découpant pour nos curistes presque tous les jours,
au point que les fruits de mer lui devinrent de plus en plus désagréables
au goût. Au bout de trois ans de ce régime, elle
présentait des saignements utérins quelle
ne prit malheureusement pas au sérieux, et naccepta
pas non plus de réduire ses rations carnées. Se
sentant à labri sous Iétendard de linstinctothérapie,
ayant assisté à de nombreuses guérisons associées
à de fortes consommations viande, se réfugiant par
surcroit dans lidée quune bonne ration de protéines
doit fortifier lorganisme, elle ne renonça à
cette consommation quasi rituelle que beaucoup trop tard ( trois
semaines avant son décès). Fait significatif : pendant
la même période, elle avait vu réapparaître
une grosse varice à la jambe gauche, guérie depuis
des années, qui révélait manifestement une
détérioration de son équilibre immunitaire.
Les varices sont attribuées en effet à des mécanismes
autoimmuns qui fragilisent la paroi veineuse de sorte quelle
ne résiste plus normalement à la pression sanguine.
Nous trouvons exactement le même rapport dinteraction
entre facteur psychique et facteur immunitaire dans le cas de
Patrick. De gros ennuis, divorce, séparation de son enfant,
tracasseries judiciaires, solitude, provoquent un état
dépressif; il compense en mangeant davantage, surtout de
Ia viande comme il en a déjà lhabitude ; quelques
mois plus tard, une tumeur est déjà visible, sa
vitesse de croissance permit den situer le point de départ
pendant Ia période de surcharge (Patrick avant depui lontemps
lhabitude de commencer ses repas par une ration de viande
et névitai pas les associations nocives, comme cétait
lusage en Suisse lors des débuts de Iinstincto).
Mais ce ne sont pas les seuls cas qui vont dans ce sens. Le
fameux Dr Hamer assure par exemple, que chaque cancer est leffet
dun traumatisme psychologique. Avec une alimentation classique
que rien néquilibre sinon les habitudes quotidiennes
et les sensations de satiété, il est évident
que tout individu sujet à un choc affectif se trouve porté
à augmenter ses rations. Rien ne vaut lestomac plein
pour compenser le vide du cur. Une moins bonne surveillance
des sensations de réplétion conduit inévitablement
à des surcharges répétitives. Celles-ci engendrent
alors la maladie en désorganisant régulièrement
le système immunitaire. Dans lignorance de ces mécanismes
(le problème alimentaire est complètement occulté
par Hamer), il ne reste à incriminer que le choc psychologique.
A ce propos, Nicole avait tenté, il y a deux la ans, la
méthode Hamer. Déçue, elle avait alors essayé
plusieurs techniques psychologiques ou spirituelles qui nont
eu, malgré toute son adhésion, aucun effet. Je crois
quelle aurait eu beaucoup plus de résultats
en rétablissant simplement un équilibre protidique
convenable.
Il est toutefois possible quexiste une influence directe
du psychisme sur la santé. Pour le démontrer, il
faudrait séparer les variables, cest-à-dire
bien distinguer les cas où Ion aurait soit un trouble
psychique, seul, sans trouble digestif, soit une surcharge alimentaire
sans choc psychique, soit un choc psychique doublé dune
surcharge alimentaire, et compter statistiquement les troubles
de santé apparaissant dans ces différents
cas. Mais ce nest pas chose facile, et la médecine
a préféré régler le problème
en évacuant purement et simplement le facteur alimentaire,
quitte à se rabattre sur le facteur psychique. Cest
évidement lexplication facile qui satisfait tout
le monde. Mais pour oser tenir ce langage, il aurait fallu prendre
soin dabord de demontrer par une étude statistique
que lalimentation na pas d influence sur lesystème
immunitaire et, par ailleurs, chercher à élucider
les mécanismes par lesquels létat psychique
influencerait directement la croissance tumorale. Rien na
été entrepris dans ce sens.
Il est dailleurs paradoxal de constater quune médecine
qui se veut scientifique nie à priori le rôle de
lalimentation, alors quil sagit de mécanismes
moléculaires parfaitement objectivables, et quelle
préfère mettre en avant linfluence du psychisme
qui tient de lirrationnel et ne peut être soumise
à aucune recherche analytique de type scientifique.
Aux trois cas cités plus haut, sajoutent encore
quelques autres observations. Le cas de Jean-Jacques Besuchet
atteint en 1976 de tératome trophoblastique indifférencié,
qui vit disparaître ses métastases en neuf mois dinstinctothérapie.
Quatre mois plus tard, son cancérologue confirmait officiellement
la guérison spontanée. Mais, peu après, Besuchet
passait par un drame passionnel : tombé éperdument
amoureux dune femme qui lui disait: «cest moi
ou linstincto», il fut en proie à un violent
conflit intérieur. Oscillant entre le cuit et le cru, abandonné
sous prétexte quil ne se donnait pas tout entier
à son nouvel amour, compensant par la boulimie avec la
viande à la clé (chaquejour trois ou quatre viandes
différentes au menu, et cela pendant plusieurs années),
il développait en 1983 un nouveau cancer, indépendant
du précèdent, qui lemporta en moins dune
année. En guise de soin, il fit encore des retraites spirituelles
où la seule nourriture était le pain et le fromage.
Le cas dElly Schncider est tout aussi parlant : guérie
dix-huit ans auparavant dun mélanome malin, elle
présentait après dix-huit ans dinstinctothérapie
sans rechute, un nouveau cancer auquel elle succombaiten une année
environ. Ce nest que maintenant, après des années
de recul, que nous pouvons comprendre ce qui sest passé
: présente à Montramé à lépoque
du «fradinisme», doctrine introduite par un médecin
qui mettait en doute le fonctionnement de linstinct et prônait
lintervention du mental dans le choix des menus (interdiction
des avocats, des bananes, des concombres et autres préceptes
compliqués) Mme Schneider se laissait déstabiliser
et se mettait à manger répétitivement des
quantités considérables de viande, faisant confiance
plus aux valeurs diététiques quà son
propre instinct. Rentrée chez elle et continuant sur sa
lancée, elle se découvrait bientôt une tumeur
pulmonaire. Le déséquilibre protidique et le trouble
digestif systématique expliquent aisément cette
étonnante et tardive récidive.
Le cas de M. Lefort, que je cite dans La Guerre du Cru, est tout
aussi éloquent. Aprés quelques mois de séjour
à Montramé, ce patient également condamné
par la médecine,voyait disparaitre spontanément
une importante métastase pulmonaire ainsi quune petite
tumeursur un doigt. Pendant cette même période, il
avait consommé de grande quantités de viande, étonné
lui-même par lintensité des appels instinctifs
quil pouvait resentir. Puis, gardant le souvenir de leffet
positif de cette période hyperprotidique, il tentait de
reproduire les mêmes rations en couvrant sa table quotidiennement
dun choix impressionnant de viandes et de morceaux différents.
Quelque deux ans plus tard, éclatait une tumeur cérébrale
que plus rien ne put maîtriser.
Reste encore le cas de Jeanine N. : un douloureux problème
de couple la déstabilisait complètement il y a six
ou sept ans. Elle compensait elle aussi par la nourriture, se
rabattant sur la viande, toujours facile à manger quand
le reste ne passe plus. Suite à cette période de
surcharge apparaissait une tumeur au col de lutérus
quelle se refusaità faire enlever et qui finissait
par se généraliser.
Rien ne vaut lexpérience sur soi-même. Depuis longtemps le problème des protéines, et particulièrement celui de la viande, était au rang de mes préoccupations. Pour y voir un peu plus clair, javais décidé déjà en 1982 de faire une expérience sur moi-même. Nous étions alors installés aux Berbeaux, au Sud de Toulouse, et nous avions trouvé un éleveur de bovins dans larrière pays, encore fidèle aux anciennes méthodes. Nous disposions ainsi dune qualité de viande que nous navionsjamais eue jusque là, car, en Suisse, le bétail reçoit du foin pendant toute la période hivernale. Le séchage au soleil, en particulier les ultra-violets, entrament une dénaturation moléculaire, et des molécules anormales accumulées dans lorganisme animal faussent évidemment les observations quant aux effets de la viande. Cétait donc loccasion de réaliser une expérience plus précise : consommer le maximum dune viande de boeuf, parfaite, en marrêtant à la limite supérieure de larrêt instinctif, afin de faire apparaître les éventuelles nocivités des protéines animales.
Il me fallut plusieurs années de ce régime carné pour voir pointer les premiers troubles : saignements des gencives, moins bonne résistance au soleil, kératinisation dans la paume de la main droite (peau sèche avec zones cornées), ongles cassants et bosselés à deux doigts, crevasses au pouce et à lindex, corne crevassante aux talons, épaississement des ongles des doigts de pied, pilosité nettement augmentée dans les oreilles, autant de troubles mineurs qui sinstallaient progressivement et me donnaient à réflèchir : sagissait-il de simples signes de vieillissement, ou fallait-il y voir les effets directs dune surcharge de viande ? Ces symptômes étaient manifestemment liés au métabolisme des protéines, car la corne, les ongles, les poils, sont constitués de kératine. Tout se passait comme si une sorte de pression moléculaire apparaissait sous leffet de la surcharge régulière, et que les glandes chargées de former les éléments kératinisés fonctionnaient à une allure anormale, sans pouvoir contrôler correctement les matériaux utilisés.
Les choses se confirmèrent quand je vis apparaître sur un tendon, tout près de la rotule du genou gauche, une tumeur dont le volume saccroissait de mois en mois. Au bout dune année, par prudence et par curiosité, je demandais à un ami chirurgien denlever cette excroissance qui avait déjà le volume dune grosse noisette. Lexamen histologique montra quil sagissait dun hygroma, tumeur bénigne, en principe non invasive. Je vois encore le médecin me répondre avec commisération lorsque je lui demandais sil ne pouvait y avoir un lien entre une consommation exagérée de protéines et la croissance de cette tumeur. Ce sont des questions que lon ne pose pas, voyons : croire que les protéines passent de lassiette à la tumeur, comme sil sagissait de vases communiquants, est totalement infantile. Pourtant la suite de lexpérience devait me donner raison. Je continuai à manger de la viande, après comme avant lopération. Six mois plus tard environ, je constatais que la tumeur avais réapparu. Au lieu de réopérer, je décidai cette fois de mettre fin à ma surcharge de protéines. Je continuai à manger de la viande, mais en prenant garde de la mettre au menu seulement si son odeur était vraiment plus attirante que celle de tous les autres aliments, et de la manger si possible en monodiète, en évitant toute association susceptible de perturber sa digestion.
Le miracle ne se fit pas attendre: ma tumeur récidivante
disparut spontanément en quelques mois, il nen reste
aujourdhui pas la moindre trace. Les autres troubles, au
niveau des ongles, poils, etc. semblent plus longs à sévanouir.
Mais je peux voir par exemple aux gros orteils, une zone où
longle normalement constitué avance lentement et
remplace Ie vieil ongle anormalement épais et opacifié.
Ces détails, pris séparément, peuvent paraître
insignifiants. Leur convergence, comme leur concommitance avec
ma consommation de viande, montrent cependant quils ne sont
certainement pas leffet du hasard. Bien que surprenants
par rapport aux données traditionnelles de la diététique,
ils sajoutent à un bon nombre dobservations
déjà faites précédemment et concordent
parfaitement avec la théorie du passage de protéines
mal dégradées dans le sang.
Lenjeu est dimportance, car la présence de
protéines indésirables dans Iorganisme, désorganisant
le travail du système immunitaire, permet dexpliquer
précisément les troubles et les maladies dont la
médecine est incapable délucider les causes.
Si cette hypothèse se vérifie, il faudra reprendre
toute létiopathogénèse à zéro
Les statistiques ont déjà montré que le taux dincidence du cancer est plus élevé dans les régions du monde où lon consomme plus de protéines. Cest une protéine du lait de vache que lon accuse maintenant de franchir la barrière intestinale et de déclencher la destruction auto-immune des cellules du pancréas, responsable du diabète juvénile. La polyarthrite elle-même, modèle de maladie auto-immune, semble induite par des protéines alimentaires. Les maladies cardio-vasculaires sont attribuées officiellemenl à un mauvais équilibre protidique, cette conclusion, tirée dune récente étude épidémiologique réalisée à Lyon, a même fait la une sur les écrans de télévision. Il ne faudra peut-être plus attendre longtemps pour que la médecine officielle admette que la plupart des maladies ne sont que les manifestations éparses dun phénomène fondamental : chaque fois que surviennent desdifficultés digestives, par suite de pratiques alimentaires non conformes aux données génétiques de lorganisme, certaines molécules complexes apportées par les aliments ne sont pas dégradées correctement, franchissent la barrière intestinale, et pénètrent dans les masses circulantes. Limmunologie nous enseigne la suite : une pénétration répétée dantigènes entraine soit des phénomènes dintolérance, soit des phénomènes de tolérance. Une telle situation ouvre la voie à toutes les maladies: infectieuses, autoimmunes et néoplasiques. Autant dire que la médecine devra reprendre sa copie à zéro et rendre au facteur alimentaire la place quelle lui a toujours refusée.
Quoi quil en soit, nous avons intérêt, nous aussi, à réviser notre copie. Nous devons impérativement perfectionner notre pratique, de manière à éviter toute cause de mauvaise digestion. Dune instincto prônant une confiance aveugle dans les mécanismes instinctifs de lodorat et du goût, nous devons passer à une optique beaucoup plus prudente: de petites erreurs répétées dans la pratique journalière, pour peu quelles provoquent des difficultés digestives, même dapparence insignifiante, peuvent suffire pour ouvrir la voie aux maladies que nous prétendons éviter. Il ne suffit pas de manger cru pour être à labri des maladies dites de civilisation, loin de là : il faut retrouver léquilibre alimentaire et digestif idéal, tel que le réalise toutanimal en obéissant à ses instincts. Pour cela il nous faut réapprendre à obéir de façon beaucoup plus précise aux différents signaux que nous donne notre propre organisme.
Une question se pose encore : pourquoi la viande figure-t-elle
au dénominateur commun de presque tous les cas de tumeurs
que nous avons pu observer ? Je vois à cela deux raisons
: les protéines des mammifères sont plus proches
des nôtres que toutes les autres. Ils sont nos cousins germains
dans larbre généalogique de lévolution
et se différencient de nous par un nombre de mutations
beaucoup plus faible que les oiseaux, les reptiles, les poissons,
les crustacés, ou les mollusques.
Or, des protéines ressemblant à celles que synthétise
notre propre organisme peuvent induire dautant plus facilement
notre système immunitaire en erreur. Le travail de nos
lymphocytes consiste précisément à distinguer
les antigènes du «moi» des antigènes
du «non moi». Cest ainsi quil reconnaît
les bactéries, les virus, les cellules cancéreuses
et les grandes molécules dorigine extérieure
(venins, pollens, poussières déposées sur
les muqueuses, etc). La pénétration régulière
de molécules alimentaires présentant des configurations
plus ressemblantes aux antigènes quil utilise pour
ce travail de repérage, peut de toute évidence linduire
plus facilement en erreur. De telles confusions peuvent lamener
soit à attaquer les cellules de lorganisme portant
des protéines analogues, soit à ne pas reconnaître
des éléments étrangers ou anormaux. Ainsi,
nous voyons sexpliquer dune part les maladies auto-immunes
et allergiques, dautre part les maladies bactériennes,
virales et cancéreuses.
Toute molécule dorigine extérieure franchissant
la barrière intestinale tout en restant assez complexe
pour inquiéter le système immunitaire peut en principe
induire de telles confusions. Il faut donc prendre garde à
toute surcharge alimentaire de quelque nature quelle soit
: les protéines végétales comme les protéines
animales sont des antigènes, cest-à-dire déclenchent
des réactions immunologiques, mais cest aussi le
cas de certains lipides et de certains polysaccharides (sucres
complexes).
Toutefois, les protéines issues de la viande des mammifères,
comportent des séquences dacides aminés plus
ressemblantes aux protéines humaines. Ce sont elles qui,
en cas de surcharge, auront le plus de chances de dérouter
notre système immunitaire.
Je ne peux que regretter de navoir pas su formuler plus
tôt ce raisonnement, pourtant assez évident, voire
mathématique. Jaurais pu éviter peut-être
bien des drames, y compris le décès de ma propre
femme. A ma décharge, je dois dire que mes avertissements,
basés auparavant davantage sur lintuition, sont restés
le plus souvent sans écho. Besuchet par exemple, achetait
fréquemment de la viande chez des producteurs que je lui
déconseillais pour avoir remarqué, en la testant,
des saveurs anormales. Lorsqu une viande est «mal
élevée», les substances qui sy accumulent
faussent le fonctionnement du sens du goût, le plus souvent
en effaçant larrêt instinctif. Laliment
dénaturé est généralement plus fascinant,
et cela suffit à expliquer une boulimie de viande. De même
la possibilité dabsorber un cochon entier en trois
mois : le porc acheté par Patrick provenait dun producteur
français qui fournit un certain nombre dinstinctos,
et dont jai déjà signalé que les tests
étaient négatifs.
Rien détonnant donc à ce que linstinct
fonctionne mal avec une viande produite dans de mauvaises conditions
: des saveurs parasites peuvent amener à en manger démesurément,
facilement deux à trois fois plus que normalement
Dans le cas de Nicole, il ny a eu pourtant que de la viande
répondant à tous nos critères délevage.
Comment se fait-il que linstinct ne lait pas protégée
? Jaurais, là aussi, pu y penser plus tôt :
les animaux délevage, comme les vaches, les cochons,
les moutons, ont été sélectionnés
au cours des générations et leur chair ne présente
plus les saveurs de leurs ancêtres sauvages. La viande de
bison, de sanglier, de chamois, est extrêmement forte en
goût, et Iarrêt instinctif ne permet guère
de dépassement. Jai pu le constater au cours de ma
période de surcharge : un morceau de chamois envoyé
par un ami suisse me parut si fort au goût, presque brûlant
comme une figue sauvage, que je ne pus en avaler une bouchée.
La possibilité existe donc de se surcharger assez facilement
avec une viande délevage, même si lanimal
est élevé dans des conditions naturelles : sa génétique
nest plus naturelle, et nos mécanismes alliesthésiques
ne peuvent nous protéger normalement.
La règle, que jenseigne depuis que jai pris
conscience du phénomène, est la suivante : il ne
faut consommer que de la viande produite dans des conditions correctes,
dépourvue de toute saveur trompeuse. Il ne faut consommer
quen «phase lumineuse» et sarrêter
dès que son «bouquet» commence à disparaître.
De plus, il faut éviter de consommer un autre aliment au
même repas, cela risque de compliquer les mécanismes
digestifs et de faire échouer la dégradation des
protéines étrangères.
On est ainsi conduit à consommer la viande plus rarement
quitte à en consommer alors une plus grande quantité.
Cette façon de faire réunit tous les avantages :
elle permet de disposer dune ration de protéines,
dacides gras, de vitamines B 12, etc, suffisante pour satisfaire
toutes les cellules du corps ; elle garantit une dégradation
aussi complète que possible des protéines étrangères
vu que les mécanismes digestifs ne sont perturbés
ni par un débordement dû à la quantité,
ni par des réactions chimiques indésirables dues
à de mauvaises associations .
A vrai dire, il y a bien des années que je recommandais
de consommer la viande en respectant ces règles, simplement
par souci de reproduire les conditions naturelles : le chimpanzé
ne trouve pas chaque jour une côtelette de phacochère
suspendue à une branche. Il ny a pas de frigo dans
la forêt vierge, et lorsque les petits amis de Jeanne Goodal
attrapaient leur marcassin, ils se le partageaient en un seul
repas, les restes étant vite dévorés par
vautours, fourmis ou asticots...
La technique, doublée de notre esprit de récurrence,
nous permet malheureusement de recommencer tous les jours, les
saveurs adoucies des viandes sélectionnées ne nous
protègent pas impérativement contre la répétition,
et celle-ci induit automatiquement des désordres du système
immunitaire.
Il ne faudrait pas déduire de tout cela que la viande
est nocive en soi. Lexpérience a montré par
ailleurs quelle peut jouer un rôle essentiel dans
la reconstitution de lorganisme, dans la reprise du poids
et dans la guérison de maladies, notamment du cancer. Ce
qui est nocif, cest le déséquilibre.
Développer une angoisse face aux protéines animales,
comme le font bien des végétariens, est aussi nocif
que le préjugé diététique poussant
à en consommer tous les jours. Tout aliment est nocif lorsquon
en consomme des quantités exagérées. Le rejet
dune classe daliments peutconduire à des carences
tout aussi nuisibles.
La seule solution nous est donnée par Iinstinct :
lui seul peut nous indiquer quel aliment nous devons consommer
et nous arrêter avant la surcharge. Encore faut-il connaître
ses lois et ne pas déjouer ses précieux mécanismes.