Chroniques d'un voyage sur les traces de Marco Polo (suite)
L'Afghanistan

afghanistan Jenny, Peter et Marie bien emmitoufflés dans leurs afghans et prêts à affronter le rude hiver d'Afghanistan.


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Carte montrant la traversée des pays de l'Asie Centrale, de la Turquie à l'Inde en passant par l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan).

sur les traces de Marco Polo en Asie

23 janvier, poste frontière afghan
Au poste frontière Afghan, nous sommes victimes de quelques imprévus et reçus d'une façon très cavalière. Il nous faut garder tout notre sang-froid et faire preuve d'humilité pour accepter sans perdre patience, les procédures. Nos compagnons anglais font preuve d'impatience et ils s'énervent. On exige de nous, qu'on emmène un officier militaire jusqu'à Kandahar. Nous n'avions pas l'intention de nous rendre jusque là puisqu'il se fait déjà tard. Mais l'on nous fait chanter; on exige de nous d'emmener l'officier faute de quoi, nos passeports ne nous seront remis que le lendemain. Chez le directeur des douanes, une technicité sur le carnet nous retient une autre heure; devant ce délai, l'officier abandonne et nous pourrons heureusement quitter seuls. Nous filons jusqu'à la porte de Kandahar où nous nous préparons à passer la nuit, dans un endroit désertique, et contre toute prudence. Un homme qui habite tout près nous invite chez lui; étant exténués par la route, nous refusons son invitation. Il nous conseille d'aller coucher dans les rues de Kandahar. Les endroits désertiques en Afghanistan sont le royaume des bandits et nous risquons d'y laisser nos biens et notre peau. Nous avons de la peine à imaginer parelle situation puisque nous sommes à deux pas de l'aéroport international de Kandahar. Je prends la décision de quitter, contre l'avis de Peter, et nous nous dirigeons vers Kandahar où nous bivouaquerons pour la nuit sur un terrain vague du centre de la ville.

24 janvier, Kandahar
Le matin, nous parcourons rapidement les rues de Kandahar. Les noms qui sonnaient comme des contes de fées à mes oreilles commencent à perdre tout leur mystère. Kandahar, ce n'est qu'un immense bazar, sale, poussiéreux et sans intérêt. Nous continuons notre route en direction de Gahzni où nous arriverons au début de la nuit. La route est belle et asphaltée, un peu anachronique dans ce pays si archaïque, il y a peu de circulation. Tous ces efforts auraient pu être dirigés vers un autre domaine et profiter plus équitablement aux populations du pays. Imaginez une route de 100 kilomètres, où des bus rapiécés circulent lentement et dangereusement, où la circulation est presque absente, où vous allez donner, la nuit, sur une clôture non éclairée , non signalisée. La route de Kandahar à Kabul a été financée par les Américains, celle de Kandahar à Herat, par les Russes.

Nous avons peine à reconnaître une ville dans ces quelques lumières qui pointent à l'horizon. De peine et de misère, nous trouvons un chemin qui mène à la ville, une afiche indique un hotel où nous allons nous parquer pour la nuit. Dans la soirée, un policier vient vérifier nos passeports. Nous aurons une agréable conversation avec lui et découvrirons chez cet homme, beaucoup de sympathie et de simplicité. Demain, il nous montrera la ville, le bazaar et les afghans.

25 janvier, Gazni
voyageurs en costumes afghans

Au lever, notre policier nous attends. Mon auto est immobile, elle ne veut plus démarrer. Avec l'auto de Peter, nous faisons la tournée de Ghazni: un mausaulée, le musée, les minarets, les vielles rues. La vieille ville se cache derrière des murailles d'une grande étrangeté. Les boutiques de manteaux "afgans" nous retiennent tout le reste de l'avant-midi. Nous sommes fascinés par la qualité du travail et le prix peu élevé. J'achète un "afghan" pour Marie et nous reviendrons plus tard, pour essayer d'autres "afgans". Nous dinons à l'hotel où le restaurant abonde de gens venus par le bus. Parmi eux, des voyageurs japonais, européens et canadiens, aussi des gens que nous avons vus ailleurs. Après avoir de nouveau fait la parade des boutiques et acheté des "afghans" pour moi et Peter, nous parcourons les boutiques où l'on vend d'anciens objets à très bon marché.

26 janvier, Gazni
vue de Gazniafghanistan

Après une autre nuit à Ghazni, nous nous dirigeons sur Kabul. C'est le début des montagnes. A 30 kilomètres de Ghazni, un touriste en difficulté nous arrête sur la route. C'est un français en route vers Kabul où il est professeur. Il vient de London où il a achté une Land Rover dont le distributeur à sauté. Il est là depuis 2 jours, sans nourriture, et personne pour lui prêter secours. Il est armé et bien au chaud. Nous promettons d'avertir ses amis ou l'ambassade de France, ce que nous ferons dès notre arrivée à Kabul. La route sur Kabul est enneigée. Un taxi local a fait une embardée hors de la route. Nous prêtons assistance mais nous devrons héler un car rempli d'afghans qui soulèveront littéralement le car jusqu'à la route. A Kabul, accidentellement, nous tombons sur le restaurant Kyber, le rendez-vous des européens. Nous coucherons sur les terrains face au restaurant.

27 janvier, Kabul
route de Kabul

Nous venons de passer une semaine à Kabul, du 27 janvier au premier février. Cela a commencé le soir du 27. Peter a fait connaissance avec un groupe de personnages locaux dont un industriel d'origine italienne, Walter. C'est un fabricant de bières locales, dans un pays dont la religion interdit l'alcool. Nous sommes invités à leur table après de sournois calculs que nous faisons, sur l'avantage que nous pouvons retirer de les courtiser. Nous passons la soirée en leur compagnie. Les amis américains se joignent à nous. Ils sont un peu ivres et finalement, tout tourne mal. L'un d'eux fait des conneries, il débletère sur les femmes et nous quittons les lieux, Marie et moi alors que Peter reste là. Les jours qui suivront, l'ami afghan fera tout pour se faire pardonner ses mauvaises manières au point où nous en serons gênés. Il nous invitera à un repas fantastique réunissant la "gent aristocratique" de Kabul. Le soir, nous devions assister à une danse afghane, rendez-vous qui ne se réalisera jamais; l'ami de Walter est ivre et discriminé par les autres membres du groupe de sorte que nous feindrons de perdre la route pour éviter d'être au rendez-vous. Cet ami de Walter nous a été présenté le second jour, devant servir d'intermédiaire entre nous et les échangeurs de monnaie. Il nous aura nui plutôt qu'aidé, mais il était entendu que nos amis de Kabul devaient nous aider. Cette fois-çi, ce fut un fiasco et l'ami, bien que travaillant au ministère des Finances, n'aura rien fait qui puisse augmenter la valeur de nos transactions, mais il sera notre sangsue jusqu'à la fin de notre séjour, profitant de Walter.

Lors de notre séjour sur le parking du restaurant Kyber Pass, nous aurons plusieurs fois l'occasion de manger au restaurant et de nous gaver de frivolités, tels ces gateaux à l'occidentale qui nous ont fait défaut depuis le début de ce voyage autour du monde. Les amis afghans sont toujours là attablés. Un soir, nous sommes présentés au fils du roi Zahir Shah, qui habite et étudie en Suisse. Il est là durant ses vacances, comme un sbama; citoyen.

Un matin sur le parking du restaurant Kyber, nous entendons des voix venant d'un haut-parleurs. Nous sommes accueillis par le commentaire: "good morning, good sleep?" . Nous sommes d'abord médusés puis en ouvrant les rideaux, nous apercevons un véhicule immense, garé près de notre camping-car, une sorte de caravane équipée pour la plus dangeureuse des expéditions. Le propriétaire est un allemand. Il s'adresse ainsi aux gens sur la route, à l'aide de ce haut-parleur, pour dégager la route ou saluer les population, c'est une sorte d'original qui est apparu tout imbu de lui-même.

30 janvier, Kabul
Nous sommes invités par les amis Afghans à un repas somptueux dans un bâtiment du gouvernement sis au pieds des hautes montagnes au bout du boulevard principal de la ville. Marie et l'amie australienne ne sont pas habillées convenablement dans ce pays où la convention est stricte pour les femmes, elle portent des "jeans". Elles seront les seules femmes sur place et fort convoitées par ces hommes avides. Le repas est somptueux, de la dinde qui nous rappelle nos noëls à la maison.

Depuis le début de notre séjour à Kabul, Marie est malade. Il fait très froid et cela n'aide pas. Elle frisonne. Nous visitons les bains publics pour prendre une douche, ces endroits ont un aspect trop douteux, nous renonçons d'autant que les femmes ne sont pas admises. Nous allons dans un petit hotel où nous pourrons prendre une douche en déboursant un léger montant d'argent.

1 février, Kabul, le Kyber Pass
Nous quittons Kabul sous la neige et le froid. Il me faut mettre les chaines pour sortir de la ville. Hors de la ville, l'une d'elles se casse, au moment d,entreprendre un dangereux col verglacé. la descente est continue, pendant une centaine de kilomètres, jusqu'à Jalalabad, qui repose dans une plaine fertile, sous un soleil intense. Nous roulons vers la frontière, anxieux de faire connaissance avec le fameux Kyber Pass. Nous passons la frontière Afghane avec aisance, puis la frontière pakistanaise pour se retrouver, avant la nuit, dans la passe. La différence est énorme. Nous sommes littéralement figés sur la route, en constant danger de mort, ne sachant plus s'il faut rouler à gauche ou à droite, pour éviter les "fous de la route". Le "Kyber pass" nous laisse sur notre appétit. Le mystère est disparu. C'est une monstrueuse route sinueuse, rien de plus, sans spectaculaire et bordée de travaux de défenses, des forts, des abris militaires. Nous restons sur notre appétit. Au loin, la plaine de Peshawar se profile, nous serons là à la tombée de la nuit. Visite de Taxila et ses maisons anciennes ainsi que son musée.



Marco Polo ou le voyage imaginaire (Voyages et photos de l'auteur, 1964 et 1967) © 2001 Jean-Pierre Lapointe

Suite du voyage au Pakistan


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